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Poil d'Argent (imagine-moi blanc)

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Lucy
kazar
Chako Noir
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Poil d'Argent (imagine-moi blanc) Empty Poil d'Argent (imagine-moi blanc)

Message  Chako Noir Lun 27 Oct 2008 - 17:26

(préface m...ique) malgré mon absence je ne suis pas resté inactif pour autant, voici une nouvelle plus ou moins achevée il y a deux semaines environ. peut-être un peu trop niaise, un peu trop fleur bleue, ou enfantine. je ne sais pas, c'est vous qui voyez.
enfin, pour une lecture plus agréable: http://www.mediafire.com/?m40lmtzkzwh



Poil d’Argent
Imagine-moi blanc


Peindre un décor.
C’est par là que tout commence, non ?
Rêver un site, un paysage,
le saisir du bout de la plume et le redessiner avec les mots,
haut en couleurs, en lumières, l’odeur du lieu se substituant presque à celle de l’encre, l’envol d’un papillon retrouvé dans la courbe d’une lettre.
La feuille de papier devient le pétale d’une rose, les épines figées dans telle ou telle péripétie.
Chaque blanc est un nuage, au dessus le soleil et en dessous la pluie, une pluie d’un noir de jais.
Et voilà que, pris d’un élan fiévreux, on couche entre les lignes une prairie verdoyante, parsemée de pâquerettes et de boutons d’or resplendissant sous l’œil bienveillant de l’astre du jour.
Arrêtez-vous un instant et rêvez-le, ce paysage.
Imaginez la plaine fleurie, respirant l’herbe fraîche, le thym et la lavande,
parfums suaves voguant au grès de la brise tiède.
Ajoutez à cela un ciel azur vierge de tout nuage, le clapotis d’un ruisseau se faufilant sous les cimes d’un bosquet, ainsi qu’un timide chant d’oiseau, clair et mélodieux, se répondant un peu plus loin, à lui-même, avec trois ou quatre voix.
Imaginez un pareil semblant de paradis.
Chaque corolle, chaque racine, le rossignol qui chante et la cigale qui danse, tous ensembles dans la même fresque.
Imaginez tout cela.
Mieux: soyez-y.
Que demander de plus ?
Il fait doux, la nature sourit.
C’est parfois dans une telle simplicité que l’on retrouve les plus grandes beautés.

Cependant beauté n’est pas immuable.
Soudaine folie furieuse, on va changer le décor.
Ou plutôt, vous allez le faire.
Vous avez toujours en tête l’image du beau pré ensoleillé ?
Bien. Conservez le cadre. Simplement…
Simplement, recouvrez à présent la prairie d’un immense manteau blanc, du plus étincelant des blancs.
Enneigées l’herbe luxuriante, immaculées les fleurs délicates.
Les écureuils hibernent, les arbres se dévêtissent de leur parure verte.
Les brindilles fluettes, sous l’effet du gel, ont rompu il y a longtemps.
L’air s’est refroidi, le silence est désormais maître en ces lieux.
Seul un chêne, fier et majestueux, ose braver la quiétude de la lande, son tronc robuste dressé avec panache face à l’envahisseur omniprésent serti de blanc.
L’écorce est éreintée, la poudreuse se faufile dans les moindres interstices.
Le bois se brise peu à peu, et la bise offre une bien funeste étreinte.
L’arbre souffre en silence.
Sa bravoure l’emportera, comme elle l’a toujours emporté.
L’hiver le défie, années après années, et toujours le chêne s’en sort vainqueur.
Alors l’année suivante, lors de son retour, le froid le provoque avec mesquinerie comme pour se venger du cumul des défaites passées.
Et toujours, invincible et superbe, l’arbre survit à la funeste saison.

Isolée parmi les branches, envers et contre tout, subsiste une feuille flétrie, brunie par les intempéries de la saison, usée par le temps et le défiant encore, là où toutes ses sœurs ont scellé leur abandon depuis bientôt deux lunes.
Et cette petite feuille, seule sur son arbre, attend patiemment que l’hiver la prenne aussi. Misérable et meurtrie, désespérément seule, elle n’aspire pourtant qu’à tomber, tomber et gagner un repos bien mérité, toucher enfin cette terre qu’elle n’a jusque là que toujours vu d’en haut.
Mais le sort en aura voulu autrement. Condamnée à se raccrocher vainement à la vie, la feuille se meurt au fil de sa peine.
Pas une bourrasque pour l’atteindre, pas un flocon pour l’ébranler, la pauvre désespère de se voir ainsi humiliée : celle à qui la mort n’aura pas été accordée.
Alors, au fil des jours, elle médite. Elle se dit que peut-être finalement ce n’est pas si mal d’être encore en vie bien après que les autres aient trépassé. Ainsi elle verra ce que nulle autre avant elle n’a jamais vu. Elle assista aux premières neiges, elle assistera à la renaissance de la frondaison. Elle se voit déjà, au retour de la belle saison, s’enorgueillir auprès des jeunettes de ce qu’elle aura vécu. Elle imagine une nouvelle verdeur aux côtés des pousses fragiles, pour qui elle sera au moins un mentor, sinon une idole ! La feuille d’un an plus âgée, ce qui en soi est déjà plus que toute une vie ! Rien que d’y penser elle en rougit par avance : ce brillant avenir, ce statut de doyenne… quelle riche existence en perspective ! À coup sûr elle sera adulée, admirée, louée ; le vrai bonheur !
Dans son for intérieur, la feuille sourit.

Mais des fois, elle imagine un tout autre destin. Et si l’hiver n’avait pas de fin ? Et s’il n’était qu’un portail vers l’au-delà qui ne se referme que lorsque tous sans exception sont de l’autre côté ? L’attendrait-elle éternellement, cet hiver qui déjà n’en finissait pas ? Y aurait-il un autre printemps ?
Et l’angoisse la saisit, elle se tortille dans tous les sens, afin d’abréger ce cycle infernal, de mettre fin à toutes ces élucubrations sans queue ni tête.
A-t-il seulement conscience du temps qui passe, ce malheureux petit bout de végétal ? Face à ce casse-tête métaphysique, Jim leva les yeux un instant de son cahier, une expression de doute insoluble se figeant sur son visage. À un âge où l’on ignore encore le mot métaphysique, il n’était pas de taille à affronter le problème.

Jim retourna à son cahier, griffonna encore deux ou trois mots, puis rabattit la couverture grise et le rangea dans son sac à dos.
Ce cahier était un vrai trésor, et personne ne le savait. Entremêlant des histoires de pirates, de vaisseaux spatiaux, quelques mots de Verlaine ou Prévert, des tables de multiplication et toutes sortes de petits dessins, de babils de barbouillage, les quelques dizaines de pages qu’il contenait étaient un flot imaginatif d’une richesse déconcertante pour qui daignait y plonger les yeux.
À l’intérieur toutes les pensées d’un gamin de huit ans se retrouvaient réunies, se confrontaient, se répondaient, à la fois entre elles et en elles-mêmes.
Combien de mines de crayon, de cartouches d’encre, de coups de gomme ou d’effaceur s’étaient brisées, vidées, assénés sur le petit cahier sans jamais le faire ployer ? Jim lui-même l’ignorait.
Quand on aime, on ne compte pas.
Jim aimait profondément son cahier, et jamais il n’avait répertorié le nombre d’embrassades qu’il avait partagé avec lignes et interlignes. Il prenait sa plume, fronçait un sourcil, plissait les deux yeux et les fixait sur les pages blanches qu’il noircissait avec entrain, respectant la marge et sans sauter de lignes.
Ou alors juste une fois, pour marquer une séparation.
Ou bien parce que la maîtresse avait ordonné une dictée.
Il ne fallait pas mêler une dictée scolaire et carrée à un débordement d’inventivité bouillonnante. Il y avait des choses sacrées.
Et ce cahier était leur temple.


_______________



Pour son âge, Jim était plutôt petit. Des cheveux châtains, des yeux noisette, un petit nez retroussé entouré de quelques discrètes tâches de rousseur ; sa physionomie pouvait se résumer à peu près à l’image du petit garçon rêveur. Chétif et l’air un peu ahuri de l’enfant qui rêve de la Lune et s’arrête à un nuage, il avait une vivacité et une sensibilité étonnantes.
Et puis une gentillesse naturelle qui engendrait irrésistiblement le sourire de tous, pour le plus grand bonheur des parents.

Assis sur une pierre, l’œil absent et grelottant à intervalles irréguliers, le petit garçon contemplait cette feuille accrochée à son arbre. Déjà il lui avait écrit un poème, une petite prose presque rimée, qu’il pourrait réciter le lendemain devant ses camarades de classe.
Il tâtonna machinalement le cahier à travers le sac, puis en détourna son attention.
Désormais son regard était figé sur un point bien plus éloigné, à l’Est.
Tout là bas, à quelques centaines de mètres, il y avait la forêt. Haute et immense, sombre et grandiose, une citadelle de conifères s’élevait au dessus de la neige aux frontières de la plaine. Le contraste entre les deux ensembles était considérable, d’autant plus que les premières lueurs du matin semblaient naître des cimes, et l’effet de contre-jour obscurcissait un peu plus la forêt aux yeux de Jim.
Lui-même vêtu d’un parka rouge et d’un pantalon de toile beige, il ne se fondait pas vraiment dans son environnement. Mais qu’importe, s’il était là, c’était pour être vu.
En vérité, Jim attendait.

De plus en plus le soleil se détachait de la voûte sylvestre, et rien ne bougeait.
Et puis soudain une minuscule ombre sembla se mouvoir au-delà des sapins.
Ce n’était pas un mirage, l’ombre se rapprochait. Jim eût un sourire.
- Tu es en retard, Poil d’Argent, dit-il.
Une silhouette se dessinait au fur et à mesure que l’ombre avançait.
Une longue silhouette svelte et élancée, toute en grâce et en finesse, comme sculptée au fil d’un cours d’eau.
Deux oreilles et un museau apparurent, blancs crème comme un clair de lune.
Deux petits yeux en amande promenaient leur pupille jaune de part et d’autre du museau fin et pointu.
Et tout derrière, à peine dissimulé par le buste mince, un long panache touffu de poils argentés remuait lestement au rythme des pas, à la cadence rapide et légère, avec un soupçon de désinvolture qui rendait son allure aussi harmonieuse et candide que cela était possible.
- Tu m’as manqué, ami, sourit Jim avec une expression de joie confuse dans la voix.
- Tu m’as manqué aussi, répondit le renard.

Ils se regardèrent longuement, assis dans la poudreuse, se mirant dans la pupille de l’autre. Une soudaine chaleur envahit Jim, le sourire que lui rendit le renard était comme un soleil pour lui.
- Un instant j’ai douté de ta venue, dit le petit garçon.
- J’avais peur que tu ne viennes pas, que tu restes auprès de ton foyer. Mais tu me donnes tort, et j’en suis heureux.
- Je pensais que peut-être tu ne m’avais pas vu.
- Aucun animal n’arbore les couleurs que tu portes. Comment aurais-je pu ne pas te repérer ?
Le regard amusé du renard se tourna vers le parka rouge vif, le garçon éclata de rire.
- Il paraît qu’il y a des animaux qui ne voient pas les couleurs…
- Quand bien même je ne les verrais pas, je te reconnaîtrais entre mille, répondit Poil d’Argent.
Ces paroles achevèrent de réchauffer Jim, il n’avait à présent plus froid du tout.

- Tiens, tant que j’y pense.
Jim fouilla dans son sac et en tira un petit paquet enveloppé dans du papier d’aluminium.
- Voilà, rôti de porc aux pruneaux. Maman s’est surpassée.
Le renard écarquilla les yeux et se jeta sur ce que le garçon lui présentait.
- Elle l’a cuisiné hier, expliqua Jim d’une voix monocorde. Mon oncle et ma tante venaient dîner, alors ce fut le rendez-vous gastronomique de la saison. Tu as de la chance, hier ça aurait été un vulgaire steak haché.
- J’ai toujours adoré la cuisine de ta mère, répondit Poil d’Argent en passant sa langue plusieurs fois sur ses babines, avant de fondre à nouveau sur la viande avec voracité.
Le petit garçon admirait la façon dont le renard déchiquetait la chair aussi aisément que si ses dents avaient été une armée de couteaux. Son museau fin s’empourprait du sang de porc. De temps en temps, le goupil poussait un petit glapissement de joie, faisant sursauter Jim à presque à chaque fois.
Il était difficile de dire lequel était le plus ravi des deux, du renard qui faisait le festin de sa vie et du garçonnet tout heureux de faire le régal de son ami.

Très vite Poil d’Argent eut fini, et après s’être léché, pourléché et lustré consciencieusement, il s’étira et regarda Jim avec toute la gratitude qu’il lui était possible de montrer.
- Cela faisait longtemps.
- Oui, très…
- Depuis… attends que je me souvienne.
- L’été dernier ? Peut-être au début de l’automne ?
- Exact, tu est venu à plusieurs reprises pendant les vendanges.
- Oui, c’est tout à fait cela !
Jim frétillait d’enthousiasme. En définitive cela n’était pas si loin, mais pour un petit garçon ce « pas si loin » était déjà l’éternité.
- Ah les vendanges, soupira le renard. J’aime bien cette époque de l’année : les lièvres sont complètements affolés et ne savent plus où se cacher. Pour moi, c’est un buffet à volonté.
- Vraiment ?
- Oui. Vous les hommes inventez des engins vraiment effrayants pour nous les animaux. C’est gigantesque, c’est bruyant, et aveugle aussi. Il ne faut pas te mettre en travers de leur route, car ils ne te verront pas et te broieront sans se soucier de ton sort. Mais au moins, c’est la panique pour tout le monde, et il est bien connu que lièvres et lapins ne sont pas les plus intelligentes des créatures.

Le renard savait toujours comment faire rire Jim. Il assortit ses mots d’un sourire narquois et imita le lapereau paniqué qui fuit devant la mécanique sans trop savoir où aller, avant de se laisser piéger sous la griffe du prédateur.

- Je n’arrive pas à croire que j’ai pu passer autant de temps sans toi, dit finalement le garçon.
Le renard haussa les épaules. Jim ne s’attendait pas à voir son ami lui répondre de cette façon, et naturellement lui en demanda la raison.
- C’est que, vois-tu, tu songes toujours à l’instant présent. Les autres animaux font cela aussi, mais moi, à force de fréquenter un humain, je me suis humanisé.
Jim ne comprenait pas.
- C’est que, reprit le renard, bientôt viendra le temps où tu te lasseras de moi ; tu trouveras des amis qui te ressemblent, et tu ne viendras plus me rendre visite à l’orée de ma forêt.
- Qu’est-ce que tu racontes ? protesta Jim. Je viendrai toujours te voir ! Toujours !
Le renard sourit, mais n’était pas convaincu pour autant. Jim était déconcerté.
- Tu es gentil, petit bout d’homme, et je sais que ton affection est sincère, mais tu es à un âge où beaucoup de choses commencent à changer. Bientôt tes amis seront des humains comme toi, tes jeux seront les leurs, et tu ne te soucieras plus de ton ami à fourrure resté dans la forêt.
- Ce n’est pas vrai ! Tu dis des sottises, répliqua Jim, furieux.
- Et pourtant je ne mens pas. Ce n’est qu’une question de temps. Dans la plus tendre enfance on tend à se créer des compagnons de jeu fictifs, des amis imaginaires et secrets, des amis à partager avec personne.
- Mais tu n’est pas imaginaire !
- Bien sûr que non, sourit Poil d’Argent.
- Alors pourquoi cesserions-nous d’être amis ?
- Pour le moment tes parents te laissent peut-être vagabonder à ta fantaisie, mais bientôt ils s’inquiéteront de voir que tu ne recherches pas l’amitié des tiens.
- Et alors ? rétorqua Jim, esquissant une moue hautaine. Ils ne m’intéressent pas, ils n’ont pas ta belle fourrure, ni ton humour, ils n’ont pas tes qualités.
- Mes qualités humaines ?
Jim ne répondit rien.
- Bientôt tu t’apercevras que tu es comme eux et qu’ils sont comme toi, et tes parents te pousseront à les fréquenter de plus en plus. Et ton vieil ami renard se retrouvera bon pour les oubliettes.
- Qu’est-ce que tu racontes, jamais je ne t’oublierai !
- Peut-être. J’espère que non. En tout cas je peux t’assurer que moi je ne t’oublierai pas.
Ils se regardèrent silencieusement pendant un moment, interdits.
- Il est hors de question que je te raye de ma vie, conclut Jim.
- Merci, répondit simplement le renard.
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Poil d'Argent (imagine-moi blanc) Empty Re: Poil d'Argent (imagine-moi blanc)

Message  Chako Noir Lun 27 Oct 2008 - 17:28

Machinalement ils se levèrent et se mirent en route. Jim avait besoin de se dégourdir les jambes, et le goupil ne demandait pas mieux que de vagabonder à ses côtés, jappant comme un jeune chiot heureux de retrouver la main caressante du maître.
- Dis moi Jim, vas-tu à l’école ?
- Oui, cela fait déjà deux ans. Je ne te l’avais pas raconté ?
- Peut-être. J’ai dû oublier.
- Tu vois que ta mémoire n’est pas infaillible, minauda le garçon.
- Tu as raison, soupira Poil d’Argent en lui rendant à moitié son sourire.
- Qu’y a-t-il ?
- Rien, je suis fier de toi. Maintenant tu dois savoir lire et compter.
- Ah, pour ça, oui. Je connais mes tables par cœur !
- Des fables ?
- Aussi !
- C’est bien.
- Un jour, j’écrirai un poème sur nous deux.
Poil d’Argent s’arrêta un instant, et adressa à Jim un de ces regards qui témoignent d’une amitié sincère et d’une profonde reconnaissance.
- Au fond on est pareils toi et moi, petit d’homme. Moi aussi je préfère ta compagnie à celle des miens. Eux ne s’intéressent qu’à manger et à des plaisirs que tu es trop jeune pour comprendre, alors que toi, tu peux m’apprendre à faire des additions ou me réciter La Fontaine. Vraiment, tu me manqueras beaucoup quand tu t’en iras.
- Mais tu tiens tant que ça à ce que je m’en aille pour remettre sans arrêt la question sur le tapis ?
- Bien sûr que non, je n’y tiens pas, répondit le renard sèchement. Simplement je ne me fais pas d’illusion, école signifie camarades d’école. Tu m’oublieras sans même t’en apercevoir.
- Tu m’agaces, Poil d’Argent. C’est vrai quoi, depuis tout à l’heure tu n’arrêtes pas de répéter que bientôt je vais t’oublier et je ne viendrai plus, alors que je ne vois vraiment pas pourquoi je ferais cela. Tu es mon meilleur ami.
- Oui, tu as raison, je suis désolé.

Poil d’Argent baissa la tête, Jim était déconcerté.
Soudain, pris sans doute d’un éclat de génie, son visage s’illumina.

- Tu sais quoi ? Je vais te faire une faveur qui scellera notre amitié pour toujours.
Le renard eut dans le regard cette lueur de soudaine impatience mêlée de joie et de surprise, comme un enfant au matin de Noël.
- Voilà. Je vais te donner un nom.
- Un nom ?
- Oui, un vrai nom.
- Mais j’en ai déjà un, protesta l’animal.
- Non, « Poil d’Argent » est un surnom. On n’appelle pas les gens « Poil d’Argent ». Je veux te donner un vrai nom, un nom unique qui ne sera qu’à toi et que tu pourras transmettre à tes enfants.
L’intéressé eut un mouvement de recul, dubitatif, puis effectua une cabriole et commença à s’agiter dans tous les sens.
- Eh bien, tu es nerveux ?
- C’est que… je ne sais pas ce que ça fait d’avoir un nom, répondit le goupil.
- Laisse-moi t’en donner un au lieu de gesticuler.
Le renard adopta aussitôt une posture de toutou sage, une sorte de garde à vous de quadrupède.
- Voilà. À partir d’aujourd’hui, ton nom sera…
Le garçon marqua une pause d’une seconde à peine, le temps d’une fraction de réflexion, et clama joyeusement le nom du renard, aussi spontanément que s’il avait été prémédité longtemps à l’avance.
- À partir d’aujourd’hui, ton nom sera Akijawa.
- Akijawa, répéta le renard. Akijawa.

Il le redit encore et encore, comme pour imprégner chaque atome de son être de ce nom, comme pour en perpétuer l’écho indéfiniment à l’intérieur de lui-même. Il ferma les yeux, les rouvrit, et répondit simplement : « Merci. »
Il ne savait pas pourquoi, mais il était heureux.

- C’est étrange, mais d’une certaine façon, je crois qu’il n’y a pas de plus beau cadeau que celui que tu me fais. C’est comme déclarer aux yeux du monde que j’existe, que je suis plus qu’un simple morceau de terre qui a pris vie, avoir un nom c’est clamer haut et fort que l’on existe et que l’on mérite d’être reconnu et estimé. En me donnant un nom, tu me fais cadeau de mon unicité. Désormais je suis un être à part, je suis Akijawa le renard, Akijawa au poil d’argent, et ce nom est à moi et mon sang et personne d’autre. Je ne sais comment te remercier.
- Vis et ne m’oublie pas, c’est tout ce que je te demande.
- Je suis très touché, vraiment, dit le renard tout ému.
Il sentit une larme de joie perler à sa paupière.
Avoir un nom était pour lui tout nouveau, et pourtant c’était comme s’il avait toujours été en lui, en son essence même.
- Il y aura toujours un peu de toi gravé au fond de moi, je te le promets.
Il était difficile de savoir lequel l’avait dit, mais pour sûr tous deux le pensaient sincèrement. Et si ce n’était pas l’un qui avait parlé, l’autre l’aurait fait à sa place.

Ils se promenèrent encore quelques temps, jouèrent et chahutèrent dans la neige.
Akijawa flaira la piste d’un rongeur et détala au triple galop à sa poursuite ; Jim rit de la vivacité de l’animal et de ses mimiques.
Mais le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel. La mère de Jim allait s’inquiéter de ne point voir son fils de retour pour déjeuner, le temps des adieux approchait.
Jusqu’à devenir inévitable.
Le garçonnet comme le goupil redoutaient cet instant, mais ils durent se rendre à l’évidence : toutes les bonnes choses ont une fin.
- Je n’aime pas avoir à te dire au revoir, Poil d’Argent.
- Alors ne dit rien, répondit l’autre.
Jim ne resta muet. Qu’aurait-il répondu de toute façon ?
- Moi aussi, je veux te faire un présent, reprit Akijawa. Jim, tu vois le rocher là-bas ?
Il regarda dans direction que le renard lui indiquait. En effet il y avait une grosse pierre un peu plus loin.
- Oui, je le vois.
- Et bien en dessous il y a un objet que j’aimerais t’offrir. Suis-moi.
Les deux amis s’approchèrent du rocher, Akijawa creusa une artère. Il y fourra son museau clair, et en ressorti un anneau brillant, d’une extrême finesse, qu’il déposa dans la main de Jim.
- C’est de l’or blanc, s’exclama le garçon. Une bague en or blanc, elle est vraiment magnifique !
Il la passa à l’auriculaire de sa main droite, une expression de jubilation pétillant dans le regard.
L’anneau était serti de motifs obscurs qui contrastaient avec la vive clarté de l’or. On aurait dit deux filaments d’ombre qui s’entrecroisaient indéfiniment à intervalles réguliers sur une fleuve de lumière. Brillant comme une étoile en plein jour, léger comme une aile de papillon, on l’aurait dit taillé pour le doigt de Jim.
- Merci, elle est vraiment très belle.
- Lorsque tu la regarderas, vois à travers elle le regard d’Akijawa le renard qui te contemple en retour.
- Jamais mes yeux ne la quitteront.
Leurs deux âmes étaient en parfaite osmose, une profonde béatitude les unissait.
L’un avait un bijou à chérir, l’autre un nom à dire et redire. Ce jour là, chacun d’eux avait reçu un trésor. Aucune valeur n’aurait su leur être attribuée.

Mais de nouveau, la notion du temps leur revint à l’esprit.
- Akijawa, il faut vraiment que je m’en aille.
- Je sais.
- Crois-tu que je reviendrai demain ?
- Je ne peux en décider à ta place.
- Et si je reviens demain, seras-tu là, toi ?
- Je ne sais pas. Les animaux ne sont pas conçus pour songer à l’avenir.
- Je croyais que tu t’étais humanisé.
- T’es-tu animalisé, toi ?
- Tu as raison.
Jim soupira. De nouveau il avait froid.
- Tu trembles, petit d’homme, dit le renard.
- Le vent me glace les os.
- Tu te réchaufferas devant ta cheminée.
La gorge d’Akijawa se serra. À peine avait-il prononcé sa phrase qu’il la regrettait déjà.
- En vérité je suis triste, Akijawa.
- Je le suis aussi, petit d’homme.
- Je ne veux pas ne plus te revoir. Jamais.
- Notre peine est la même.
Le petit garçon s’assit brutalement et fondit en larmes. Le renard posa sa tête sur son genou. Il se voulait rassurant, mais lui-même n’était pas convaincu de l’être tout à fait.
Une longue minute de silence s’en suivit.

Finalement il reprit le dessus, et la parole par la même occasion.
- Tu dois retourner parmi les tiens, trancha Akijawa, sans autre forme de procès.
- Oui, tu as raison. Mais je veux qu’ils sachent.
- Qu’ils sachent quoi ?
- Qu’ils sachent qui m’a offert cet anneau.
- Oh…
Le renard rougit.
- Ce… ce n’est pas la peine, vraiment, bredouilla-t-il.
- Je veux qu’ils sachent que tu étais mon ami, je veux qu’ils sachent que tu existes.
- C’est gentil mais… qui va te croire ?
- Pourquoi ne me croirait-on pas ? répliqua Jim, étonné.
- Parce que… je suis un renard. Personne ne croira que tu es l’ami d’un renard.
- Mais tu as un nom ! Je leur dirai que tu as un nom !
- Non tu ne le leur diras pas. Ou plutôt si, tu essaieras de le dire, tu vociféreras, tu t’emporteras, tu pourras le rire et le pleurer ce nom que tu m’as donné, ce nom qui est le mien ; pour eux tu resteras un petit garçon imaginatif, et moi une fantasmagorie.
Jim demeura interdit, horrifié par ce que son ami venait de dire. Et pourtant, en son for intérieur, il savait que le renard avait raison. Il détestait cette idée, et pourtant il devait bien reconnaître qu’elle était irréfutable.
- Pour moi tu existes, dit-il alors tout simplement.
- Je ne suis qu’un renard.
- Je ne suis qu’un petit garçon.
- Nous nous comprenons, conclut Akijawa qui avait retrouvé d’un coup sa gaieté naturelle.

Puis, après avoir balbutié un vague « au revoir », Jim remis d’aplomb son sac à dos sur ses épaules et, après avoir souri une dernière fois à son ami, avoir une dernière fois gravé son image dans sa mémoire, il s’en alla sans se retourner.


_______________



Jim retrouva sa maison, se déchaussa, se dévêtit, et courut dans sa chambre. Il plongea sur son lit, et se retrouva allongé sur le dos pendant une bonne demi-heure, le regard dans le vide, les pensées en l’air.
Sa maman l’appela. Jim vint à son assiette mais ne mangea guère. On lui posa la question « tu n’as pas faim ? », mais il ne répondit rien. Son corps était bien là, mais son esprit était absent, encore auprès du vieux chêne au pied duquel il se trouvait encore quelques heures plus tôt. Ce chêne, songea-t-il, que faisait-il là, tout seul, au beau milieu d’une plaine entourée de conifères ? Il devait y avoir une raison. Peut-être était-ce un ancien seigneur du coin qui l’avait planté là il y a des siècles ? Peut-être avait-il poussé par erreur, un gland qui s’était égaré et avait enfanté à l’endroit de sa perte ?
Ces questions étaient bien plus importantes que le potage, et Jim sortit de table le ventre vide.

Sa mère avait voulu lui faire remarquer que la bague était un colifichet sans aucune valeur. Mais ce n’était pas vrai, Jim savais qu’elle était d’or blanc.

Il s’enferma dans sa chambre à double tour. Qu’importe qu’il fasse beau ou mauvais, cet après-midi il resterait à l’intérieur.
Il sortit le cahier de son sac, tailla son crayon, et tourna les pages jusqu’à ne trouver que du blanc entre les lignes. Il mordilla le bout du crayon, la mine distraite, puis se mit à écrire.

Cher journal.
Aujourd’hui, je crois que je viens de prendre une grande décision.
Je ne suis qu’un enfant et le resterai encore longtemps, mais je ne peux empêcher le temps d’agir.
Malgré moi je grandis.
Pour l’instant cela n’a pas trop de conséquences, sinon que d’une année à l’autre je passe dans la classe supérieure à l’école, que je dois changer mes vêtements parce qu’ils deviennent trop petits, ou que les gens m’appellent encore « madame » quand je réponds au téléphone.
Mais cela n’a guère d’importance.

Le fait est que je ne peux l’empêcher. J’ai beau vouloir de toute mes forces rester un petit garçon, je sais bien qu’un jour je serai un homme.
Et je viens de comprendre.
Je deviendrai un homme quoiqu’il arrive, et j’aurai beau essayer d’empêcher cela par tous les moyens, le seul résultat que j’obtiendrai sera que j’aurai perdu mon enfance.
Je l’aurai employée à rester jeune, sans l’être vraiment.
Je voudrai tellement que l’avenir soit le même que le présent que j’en oublierai de vivre mon présent.
Je voudrai tellement faire durer le passé pour empiéter sur l’avenir qu’un jour je m’apercevrai que je suis en retard de dix ans et qu’il est trop tard pour rattraper le temps perdu.

Alors j’ai pris une résolution.
Demain j’ai école. Je serai entouré d’autres enfants, des enfants comme moi.
Je ferai exprès de faire tomber mon stylo, qui roulera sous les pieds de ma voisine.
Elle le ramassera, me le tendra.
Je sourirai.
Et si elle me rend mon sourire, alors il faudra que je joue avec elle pendant la récréation.
Elle me parlera d’elle, d’images, de musique.
Et j’écouterai.
Je saurai tout d’elle.
Alors je lui dirai qui je suis, je lui dirai que j’aime écrire et me promener dans la forêt.
Si elle me le demande, je pourrai même lui réciter un poème de Rimbaud.
J’en ai lu un il y a deux jours qui me plaisait beaucoup.
Pas très long, en prose, facile à retenir.
« L’Étranger », je crois.
Oui, je crois que je lui réciterai « L’Étranger ».

Elle s’appelle Louise.
Elle a de longs cheveux bruns, ses yeux sont bleus comme l’océan et elle a des mains toutes douces.
En tout cas, ses mains ont l’air d’être toutes douces.
Beaucoup de filles ont les mains douces, il paraît, mais je crois que les siennes sont les plus douces de toutes.
Je ne sais pas pourquoi j’écris cela.
Peut-être pour te la présenter avant de mieux la connaître.
Je ne sais pas, ça n’a pas de sens.

Mais il n’y a pas qu’elle.
Il y a aussi le voisin de devant, et puis celui qui est à droite du voisin de devant, et celle qui est à gauche, et encore d’autres devant eux.
Il y en a une multitude.
Mais Louise sera la première.
Je commence d’abord par la personne la plus proche de moi.
Et puis j’aime bien le bleu.
J’aimais bien le jaune d’or des yeux d’Akijawa, le bleu océan de ceux de Louise me plaît tout autant.

Akijawa…
Oui, Akijawa, dans tout ça, que devient-il ?
Je ne sais pas.
Je crois qu’il a raison, que je dois me détacher de lui pour fréquenter des enfants comme moi.
Mon cœur se fend rien que d’y penser, mais le sort a fait qu’il est un renard, et moi un humain.
Je n’ai pas dit à maman qu’Akijawa était mon ami.
Je crois que je ne le lui dirai même jamais.
Ou alors dans un futur lointain, lorsqu’elle sera grand-mère et moi papa.
Lorsque l’évocation de mon amitié avec un renard passera pour une plaisanterie.
Peut-être en rira-t-elle, peut-être en riront-ils tous.
Et moi…

Peut-être que je rirai aussi, mais d’un rire jaune.
À cette époque, Akijawa sera déjà mort depuis longtemps, et mes premiers amis humains perdus de vue.
Peut-être même Louise.
Non, Louise, je ne veux pas la perdre de vue.
Elle sera la première amie que j’aie eu après Akijawa, et ce serait entacher le souvenir d’Akijawa que de cesser de voir Louise.

Mon bel Akijawa.
Beau et bon, comme l’idéal usé des Grecs antiques.
Mon ami sans pareil au pelage d’argent.
Jamais je ne cesserai de chérir ton nom.
Cette bague que tu m’as laissée, je l’aurais toujours avec moi, même lorsque mon doigt sera devenu trop gros pour la porter.
Je trouverai un compromis, je la mettrai dans ma poche, dans mon porte-monnaie, ou bien je la suspendrai à une chaîne que je porterai autour de mon cou.
J’y porterai la même attention que si tu était tout entier enfermé dedans.
Chaque matin je la ferai glisser entre mes doigts, ce sera comme si je caressais ta tête velue.
Chaque soir je la poserai sous mon oreiller, ce sera comme si tu dormais à mes côtés.
Jusqu’au jour où je descendrai au cimetière, elle sera toujours avec moi.
À jamais.

Et lorsque je ne serai plus, alors mes atomes dériveront et chercheront les tiens pour ne plus s’en défaire.
Je ne sais plus qui a écris cette phrase, mais je la réutilise à présent.
Nos deux âmes ne feront qu’une dans l’éternité.

L’éternité…
Jim et Akijawa, l’éternité…
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Message  Chako Noir Lun 27 Oct 2008 - 17:28

Le petit garçon referma son cahier, et resta impassible un moment.
Il ouvrit un tiroir de sa commode, le glissa dedans avec soin et respect.
Puis il se brossa les dents, rangea son crayon et retourna voir sa mère.
Cet après-midi ils devaient aller voir son grand-oncle qui était gravement malade.
L’humeur ne serait donc probablement pas au sourire.
Cela tombait bien, Jim n’avait pas envie de sourire.

_______________



Le lendemain matin, à peine après que la nuit ait cédé la place au jour, Jim était levé.
Il s’était préparé à la hâte, avait avalé son chocolat en deux gorgées et ses tartines en trois bouchées, et était sorti aussi vite que possible.
Il avait une idée en tête.
Il marcha dans la neige, longtemps.
Et puis il retrouva le vieux chêne, là où un jour plus tôt il avait attendu Poil d’Argent.
Ses yeux gonflèrent sous la pression des larmes qui se bousculaient pour jaillir des paupières, mes Jim les reteint.
Son cœur battait la chamade, mais il savait ce qu’il faisait.

Il tira le petit cahier de son sac, déchira la feuille qu’il avait rempli la veille, et à l’aide d’un petit piton qu’il avait apporté pour cet effet, il la cloua à l’écorce de l’arbre centenaire.
Akijawa la verrait, il en était certain.
Il passerait par là quelques heures plus tard, et son regard se poseraient sur les mots de son ami.
Il saurait la lire.
Et quand bien même n’y parviendrait-il pas, il devinerait sans peine.

Jim contempla son ouvrage, une boule douloureuse coincée dans la gorge.
Il était satisfait.
Si Akijawa était passé par là, il se serait jeté dans ses bras pour fondre en larmes, mais le renard n’apparut pas.
Alors Jim remis son sac sur ses épaules et, le cœur contrit mais content, prit le chemin de l’école.
Là-bas, la petite Louise ne le savait pas encore, mais bientôt elle aurait un nouveau compagnon de jeu.
Jim admira une dernière fois la magnificence du vieux chêne.
Il arrêta son regard sur une branche.
Cette branche, il la connaissait bien.
Elle était vide à présent.
La petite feuille était tombée.
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Message  Invité Lun 27 Oct 2008 - 18:03

Une belle idée je trouve, j'ai aimé ce que le garçon raconte dans son journal, la conclusion du texte.

En revanche, au tout début j'ai failli décrocher car pour moi la descritpion de la nature était très "cliché" : "l’œil bienveillant de l’astre du jour", "la plaine fleurie", "l’herbe fraîche", "la brise tiède"...
J'ai retrouvé un intérêt pour l'histoire à partir de la feuille restée sur l'arbre, là aussi une belle idée.
La rencontre entre le renard et l'enfant m'a paru s'éterniser, traîner dans le pathos ; je l'aurais préférée plus ramassée.

En bref, un texte dont j'ai aimé l'idée de fond, la tendresse, mais qui m'a paru parfois déséquilibré, penchant vers le nunuche...

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Message  kazar Lun 27 Oct 2008 - 18:10

Mon pote, j'imprime et commente plus tard.
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Message  Chako Noir Lun 27 Oct 2008 - 18:28

socque a écrit:(...) parfois déséquilibré, penchant vers le nunuche...
tout à fait entre nous, c'est exactement ce que je craignais, et trouvai en me relisant... :-S
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Message  Lucy Mer 29 Oct 2008 - 19:44

C’est joli, Chako. Un peu long, parfois mais joli.
J’ai eu l’impression de me retrouver entre les univers de Miyazaki et Fruits basket pour les références. ^^
Petite question : pourquoi Poil d’argent devient Akijawa ? Pourquoi un nom à connotations nippones ?
Poil d’argent m’évoque des légendes amérindiennes lues il y a bien longtemps.
J’ai aimé ceci : « C’est comme déclarer aux yeux du monde que j’existe, que je suis plus qu’un simple morceau de terre qui a pris vie, avoir un nom c’est clamer haut et fort que l’on existe et que l’on mérite d’être reconnu et estimé. En me donnant un nom, tu me fais cadeau de mon unicité. »
Le choix d’un nom a une grande importance et tu l’as, en grande partie, démontré.
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Message  Chako Noir Mer 29 Oct 2008 - 20:20

Pour te donner une réponse quant à l'origine du nom Akijawa, je le tiens de mes cours sur la Grèce archaïque: c'est un terme hittite ("Ahhiyawa" d'après wikipedia, et c'est surement plus juste parce que sinon même google y connait pas) qui serait supposé désigner les Achéens homériques.

Et puis je sais pas, je trouvais qu'il n'avait pas de nation propre: autant il pouvait me faire penser au Ashitaka de Mononoke chez Miyazaki, ou bien au daemon Kirjava de La Croisée des Mondes de Pullman. Donc avec l'amérindien Poil d'Argent, on avait tous les continents ;o)

Quoiqu'il en soit, merci de ton commentaire =)

Pour la longueur, en fait c'était une limite minimum imposée pour un concours, donc j'ai rallongé un peu quelques passages et j'ai oublié de les raccourcir avant de poster ici (mea culpa)
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Message  Lucy Jeu 30 Oct 2008 - 19:37

J'ai appris quelque chose. Merci Chako ! ^^
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Message  Invité Ven 31 Oct 2008 - 14:55

Un peu mitigée. J'aime l'histoire, mais elle est à la limite de l'enfantin.
J'aime l'écriture, mais il y a des longueurs...très longues ! De jolies trouvailles et des clichés, bref... à retravailler, de mon point de vue.

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Message  Kilis Sam 1 Nov 2008 - 9:48

Il y a de beaux moments, vraiment. Dommage qu'ils soient perdus dans une soupe de mots. (trop de mots parce que cela manque de travail, je pense)
Tu oscilles entre plusieurs genres : le conte, la poésie, le récit, la nouvelle.
Ce qui n'est pas un problème en soi mais ici ça donne une sorte de patchwork pas tout à fait harmonieux.

Une bonne idée qui mériterait d'être retravaillée du point de vue de l'écriture et de la construction du texte.
J'ai beaucoup aimé le questionnement de la petite feuille et son impact sur le ressenti de Jim à la fin.
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Message  bertrand-môgendre Sam 1 Nov 2008 - 16:43

Y'a du Prévert dans l'air ambiant, au moins en début de texte.
...Enneigées l’herbe luxuriante, immaculées les fleurs délicates. Problème sous la neige l'herbe recroquevillée est terne ;
... les arbres se dévêtissent de leur parure verte ... idem pour les feuilles avant d'être sèches et rabougries, ont connues le flamboiement de l'automne ;
...le silence est désormais maître en ces lieux ... en écoutant réelement la nature en hibernation tu seras surpris d'en prendre plein les oreilles ;
...L’arbre souffre en silence... le repos végétatif est un bien (ou mal) nécecaire assurant longue vie aux arbres ;
...Elle imagine une nouvelle verdeur aux côtés des pousses fragiles, pour qui elle sera au moins un mentor ... un mentor est-il toujoursaussi vert qu'il laisse le supposer. Je ne sais pas qui povrra répondre à cela (pardon, je suis hors sujet) ;
... s’empourprait du sang de porc ... attention, le rôti de porc aux pruneaux donne plus de sauce brune que de jus sanguinolant !

Sur le texte, le ton est frais, gardien d'une innocence collant au personnage. Le ton buccolique ne me déçoit pas et permet au rêve qui l'accompagne de conter cette histoire calme et reposante.
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Message  Chako Noir Sam 1 Nov 2008 - 19:51

Je saisis le problème. En fait je voulais faire une ellipse, passer directement de l'été à l'hiver sans transition, le truc qui marche impec dans un Tex Avery (genre le passage de la nuit au jour : la lune devient soleil), mais peut-être un peu tiré par les cheveux.
Le rôti de porc... non bon là j'avoue, sur le moment j'avais rien trouvé de mieux (en plus moi qui aime ça, je sais pourtant bien que la sauce est brune!) Je reformulerai avec un steak saignant, là au moins y aura pas confusion.
Quand à la mélodie de la nature en hiver, j'avoue ne pas avoir eu beaucoup d'occaz de prendre le temps de l'écouter. Mais promis, dès que possible, je m'y mets! Merci pour le conseil

Pili: ouep, je sais que c'est un peu bancal tout ça. En fait j'aimerais assez l'orienter vers le conte pour enfants. Donc simplifier les tournures trop longues en priorité, rafraîchir les lignes trop fournies.

Allez, je le laisse reposer un peu, je le rénove et je reposte (ou peut-être simplement un lien dans les babils... à voir)

ps: en général le mentor n'est plus un bleu, mais peut-on envisager une seconde jeunesse lorsque on a de jeunes poulains fringants sous son aile? En fait j'en sais trop rien ><
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Message  Krystelle Dim 2 Nov 2008 - 16:52

J’ai eu du mal à entrer dans ce texte et le passage sur la pauvre petite feuille « misérable et meurtrie » m’a semblé vraiment trop poussif ! Je n’ai pas été émue par le triste sort de la feuille, ni par la longue description initiale. J’ai donc été plutôt soulagée de voir apparaitre le garçonnet.

Je l’ai trouvé intéressant mais j’ai regretté la façon dont tu as cherché à nous le rendre d’emblée exceptionnel. « Il avait une vivacité et une sensibilité étonnantes », dis-tu, et je te crois sur parole, mais j’aurais aimé que tu ne nous le présentes pas d’une façon aussi évidente. Peut-être que cela aurait pu ressortir différemment, être suggéré au lieu d’être si clairement posé.

D’une manière générale, je n’ai pas trop réussi à y croire à ce gamin, il semble à la fois trop parfait et trop cliché parce que tu ne nous le fais pas vraiment respirer… Et puis, tu forces quand même un peu le trait sur la relation qu’entretient ce gosse avec le renard. Les « merci, je t’aime, tu es mon ami, moi aussi etc... », c’est vraiment trop, le message est passé, mais, là, c’est presque du bourrage de crâne.

Il y a des choses très positives dans ce texte, l’écriture est soignée c’est vraiment agréable. Et puis la dimension « fabuleuse » de ce texte (au sens propre) est intéressante mais pas complètement assumée. A qui s’adresse ce texte ? De mon point de vue, pas vraiment aux enfants, ni complètement aux adultes. C’est peut-être là que ça coince.

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Message  Sahkti Ven 14 Nov 2008 - 13:24

En ce qui me concerne, le texte ne fonctionne pas très bien.
Tu tentes d'interpeller le lecteur mais tu maintiens pourtant une distance qui empêche toute approche. Du genre "regardez-moi mais ne touchez à rien". Pourquoi pas si le contenu se révèle suffisamment prenant, mais ça n'est pas le cas ici, en raison d'une trop grande naïveté dans le propos et d'une manière un peu trop légère de traiter le tout.
Tu sembles d'ailleurs en être conscient puisque tu l'évoques toi-même en préambule.

Naïveté, pourquoi pas, puisque nous avons affaire au récit d'un enfant de huit ans, mais tout de même, quelque chose ne marche pas, difficile de dire quoi. Cette distance susmentionnée, un langage moyennement en adéquation avec l'idée générale, de trop longues phrases et une histoire qui s'étire encore et encore sans vraiment aboutir... bref, si l'idée et l'ossature me paraissent convenir, la forme laisse à désirer.

Le rythme me paraît aussi à revoir. L'alternance entre passé et présent n'est pas assez travaillée, la mélancolie a tendance à prendre parfois le dessus sur tout le reste. D'autant plus qu'ici, elle a la place pour s'installer, tout comme ces souvenirs auxquels j'ai du mal à accrocher.

Ton texte me paraît également être composé de divers genres que tu n'exploites pas assez, vacillant vers l'un puis l'autre, sans te fixer sur quelque chose. Cela participe aussi au côté un brin brouillon du rythme.

Au final, un texte dont la longueur fait ressortir certains aspects creux et candides. Dommage, parce que l'écriture est soignée.
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