Itinéraires ordinaires : Amour à mort
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Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Dehors, le jour fatigué, la tête dans le cul des nuages, finit son boulot en saluant la nuit, sans bruit. Bientôt une lune froide, réconfortante, se posera doucement sur un des sommets de la chaîne de montagnes qui domine la vallée du Panshir.
Lahkdar me tend la pipe d’opium. Je n’ai plus la force de l’attraper. Il se penche, m’allonge la tête contre un coussin et glisse la pipe entre mes lèvres. J’aspire. Le bout noir rougit. Je suis nu et j’ignore pourquoi. Sûrement un autre pari stupide. Mon corps est couvert de griffures. Je suis raide. La tête, le corps, le sexe.
Lahkdar me parle de Massoud, je l’écoute à peine. Cette guerre ne me concerne pas. Je suis égoïste.
Je passe un doigt sur mon bras lacéré et pense à Nathalie.
Une blague me vient à l’esprit.
J’en fais part à mon hôte.
« Je vais te raconter une histoire, Lahkdar. C’est un mec qui arrive dans un bar, tout égratigné, la figure, les bras, les jambes, tout. Ses copains veulent savoir ce qui lui est arrivé. Le mec leur répond :
— Je viens d'enterrer ma femme !
Les autres lui demandent :
— Quel rapport avec tes griffures ?
— Elle ne voulait pas! »
Ça ne l’amuse pas. J’ai beau lui raconter toutes les blagues du monde, aucune ne le fait rire. Ça l’amuse d’autant moins qu’il ne parle pas français.
Il enchaîne sur Massoud, comme si je n’avais rien dit.
Je continue à penser à Nathalie, comme s’il n’était pas là.
Je jette un œil à la fenêtre.
« Chaque femme est une fenêtre
Par quoi me semble reconnaître
Un soir ce qui fut à jamais »
Nathalie adorait Aragon. Je lui lisais sans cesse. Je comprenais le mec, son adoration, son désespoir.
J’aimais Nathalie depuis toujours. Un ange discret et intelligent qui m’avait accordé son amitié, unique, sans borne. Une fille secrète qui m’avait ouvert la porte de son univers ; un bel endroit où je me prélassais lascivement. Une fille qui allait au bout de tout. Un démon romantique qui était prêt à mourir pour que le monde ressemble à l’idée qu’elle s’en faisait.
Elle est allée mourir dans la vallée du Panshir.
Par ce que cette conne n’avait pas réalisé que c’était moi qu’elle aimait. Parce qu’elle sortait avec un de ces salopards juste bons à transformer l’amour en désespoir.
Elle l’aimait.
Elle n’aimait pas le désespoir.
Un jour, elle est partie.
En Afghanistan. Un pays à même de lui faire oublier ses petits soucis, de remplacer ses chagrins sentimentaux par de vrais problèmes.
Lahkdar continue de me parler de Massoud.
« Je vais te dire un grand secret
Le temps c’est toi.
Le temps est femme… »
Soupire Aragon à mon oreille entre deux volutes.
« Tu sais pourquoi les poètes refusent l’incinération ? »
Lahkdar me regarde à peine, comme si je parlais entre parenthèses.
« Parce qu’ils aiment les vers… ».
— Why do you still talk to me in French ?
— ‘Cause, I don’t know any English joke.
— You are telling me jokes ! Are all the French as crazy as you are ?
Nathalie, elle, était folle. Je ne suis que fou d’elle.
« Rien ne finit rien ne commence
Raison ne trouve ni démence »
Parfois, entre deux vers, nous parlions de la vie, de la mort. Elle m’avait demandé de lui jurer que s’il devait lui arriver quelque chose, je ne la laisserais pas être enterrée dans un cimetière sinistre, que je la prendrais avec moi et que j’irais la déposer sur une jolie colline avec un arbre au sommet, que je la mettrais sous l’arbre, et qu’elle ferait partie à jamais de cet arbre… Nous étions deux gamins.
J’avais juré.
Un soir, elle est morte pour de bon, et je me suis retrouvé avec la tête pourrie par un chaos de sentiments contradictoires. Amour, peine, haine, lassitude, passion, colère… Le bordel classique quand la passion s’éparpille sur une mine. J’avais, en plus, une promesse à tenir. J’aurais pu faire semblant de penser que ce n’était qu’un pacte de gamin, genre frères de sang : « je te coupe, tu me coupes, on se mélange », un rite qui ne sert qu’à faire comprendre que les promesses ont une date limite de vie, qu’elles sont aussi légères que les premiers mots d’amour.
Mais, je n’ai jamais réussi à me convaincre. Il a fallu que je parte pour régler ça.
J’ai mis deux semaines pour parvenir jusqu’ici, à l’hôpital d’Anabah, où elle s’occupait d’enfants pour une organisation humanitaire quelconque. Deux semaines de voyage et de bonheur triste, de paysages plein les yeux, de gens plein le cœur. J’étais sorti de mon confort sans âme pour connaître l’émotion et regrettais de ne pas être parti avec elle quand il était encore temps.
Mes rêveries cessent un instant. Lahkdar mime le corps de Massoud au moment ultime.
« Can you Imagine ? ».
Ses bras s’écartent, il secoue la tête, hurle. Il ne sait pas bien faire l’explosion, mais il y met du cœur. Je suis bien certain qu’il n’était pas présent ce jour-là. D’ailleurs, je me demande s’il n’a même jamais connu Massoud autrement que sur CNN.
Je l’observe et mon cœur se serre.
Je revois les chiens.
Il y a deux jours, maintenant, un soir, pathétiquement défoncé, j’ai trouvé le cimetière et me suis décidé à aller la chercher. Elle était enterrée près d’un buisson d’épine. J’ai hésité un instant en me disant que, quelque part, cette sépulture n’était pas loin de ressembler au lieu qu’elle me décrivait jadis. Je savais, bien sûr, qu’il n’en était rien. Mais les arbres ici étaient rares et je me voyais mal me balader sur des kilomètres dans des montagnes hostiles, dans un monde en guerre, avec le corps de mon amie.
Lahkdar était avec moi, assis à quelques mètres, et fumait un joint.
On avait jeté Nathalie, à la hâte, dans un trou peu profond. Je mis pourtant longtemps à la sortir de là. Quand je découvris son corps et tirai le linceul, je réalisai que, finalement, le transport ne serait pas si complexe que ça, qu’il suffirait d’avoir un bon sac solide et imperméable. Je tirais sur un bras.
« Donne-moi tes mains
Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé »
Je tirai des morceaux d’elle en disant à mon guide qu’elle avait été vraiment jolie et qu’elle avait senti meilleur.
J’ignorais alors que je n’aurais pas à m’occuper de dénicher la place idéale pour l’inhumation sauvage.
J’ignorais qu’une meute de chiens sauvages allait nous faire fuir et se partager Nathalie en un banquet bruyant. Je ne les vis pas arriver, ils n’eurent pas le temps de me voir fuir.
Je revins plus tard, ils n’avaient rien laissé d’elle.
Je repasse la pipe d’opium à Lahkdar qui ne conte plus d’histoire.
Je n’ai plus envie de dire de blagues, plus envie de poèmes. Il me regarde inquiet et me dit, pour me réconforter, qu’Allah allait veiller à ce qu’ils la chient sous un arbre.
Je m’endors, bercé par la rumeur de la rivière et les gémissements du vent.
J’ai maintenant un but, un itinéraire tout tracé, ordinaire : je vagabonderai à jamais pour déposer des fleurs sur les merdes de chiens.
Lahkdar me tend la pipe d’opium. Je n’ai plus la force de l’attraper. Il se penche, m’allonge la tête contre un coussin et glisse la pipe entre mes lèvres. J’aspire. Le bout noir rougit. Je suis nu et j’ignore pourquoi. Sûrement un autre pari stupide. Mon corps est couvert de griffures. Je suis raide. La tête, le corps, le sexe.
Lahkdar me parle de Massoud, je l’écoute à peine. Cette guerre ne me concerne pas. Je suis égoïste.
Je passe un doigt sur mon bras lacéré et pense à Nathalie.
Une blague me vient à l’esprit.
J’en fais part à mon hôte.
« Je vais te raconter une histoire, Lahkdar. C’est un mec qui arrive dans un bar, tout égratigné, la figure, les bras, les jambes, tout. Ses copains veulent savoir ce qui lui est arrivé. Le mec leur répond :
— Je viens d'enterrer ma femme !
Les autres lui demandent :
— Quel rapport avec tes griffures ?
— Elle ne voulait pas! »
Ça ne l’amuse pas. J’ai beau lui raconter toutes les blagues du monde, aucune ne le fait rire. Ça l’amuse d’autant moins qu’il ne parle pas français.
Il enchaîne sur Massoud, comme si je n’avais rien dit.
Je continue à penser à Nathalie, comme s’il n’était pas là.
Je jette un œil à la fenêtre.
« Chaque femme est une fenêtre
Par quoi me semble reconnaître
Un soir ce qui fut à jamais »
Nathalie adorait Aragon. Je lui lisais sans cesse. Je comprenais le mec, son adoration, son désespoir.
J’aimais Nathalie depuis toujours. Un ange discret et intelligent qui m’avait accordé son amitié, unique, sans borne. Une fille secrète qui m’avait ouvert la porte de son univers ; un bel endroit où je me prélassais lascivement. Une fille qui allait au bout de tout. Un démon romantique qui était prêt à mourir pour que le monde ressemble à l’idée qu’elle s’en faisait.
Elle est allée mourir dans la vallée du Panshir.
Par ce que cette conne n’avait pas réalisé que c’était moi qu’elle aimait. Parce qu’elle sortait avec un de ces salopards juste bons à transformer l’amour en désespoir.
Elle l’aimait.
Elle n’aimait pas le désespoir.
Un jour, elle est partie.
En Afghanistan. Un pays à même de lui faire oublier ses petits soucis, de remplacer ses chagrins sentimentaux par de vrais problèmes.
Lahkdar continue de me parler de Massoud.
« Je vais te dire un grand secret
Le temps c’est toi.
Le temps est femme… »
Soupire Aragon à mon oreille entre deux volutes.
« Tu sais pourquoi les poètes refusent l’incinération ? »
Lahkdar me regarde à peine, comme si je parlais entre parenthèses.
« Parce qu’ils aiment les vers… ».
— Why do you still talk to me in French ?
— ‘Cause, I don’t know any English joke.
— You are telling me jokes ! Are all the French as crazy as you are ?
Nathalie, elle, était folle. Je ne suis que fou d’elle.
« Rien ne finit rien ne commence
Raison ne trouve ni démence »
Parfois, entre deux vers, nous parlions de la vie, de la mort. Elle m’avait demandé de lui jurer que s’il devait lui arriver quelque chose, je ne la laisserais pas être enterrée dans un cimetière sinistre, que je la prendrais avec moi et que j’irais la déposer sur une jolie colline avec un arbre au sommet, que je la mettrais sous l’arbre, et qu’elle ferait partie à jamais de cet arbre… Nous étions deux gamins.
J’avais juré.
Un soir, elle est morte pour de bon, et je me suis retrouvé avec la tête pourrie par un chaos de sentiments contradictoires. Amour, peine, haine, lassitude, passion, colère… Le bordel classique quand la passion s’éparpille sur une mine. J’avais, en plus, une promesse à tenir. J’aurais pu faire semblant de penser que ce n’était qu’un pacte de gamin, genre frères de sang : « je te coupe, tu me coupes, on se mélange », un rite qui ne sert qu’à faire comprendre que les promesses ont une date limite de vie, qu’elles sont aussi légères que les premiers mots d’amour.
Mais, je n’ai jamais réussi à me convaincre. Il a fallu que je parte pour régler ça.
J’ai mis deux semaines pour parvenir jusqu’ici, à l’hôpital d’Anabah, où elle s’occupait d’enfants pour une organisation humanitaire quelconque. Deux semaines de voyage et de bonheur triste, de paysages plein les yeux, de gens plein le cœur. J’étais sorti de mon confort sans âme pour connaître l’émotion et regrettais de ne pas être parti avec elle quand il était encore temps.
Mes rêveries cessent un instant. Lahkdar mime le corps de Massoud au moment ultime.
« Can you Imagine ? ».
Ses bras s’écartent, il secoue la tête, hurle. Il ne sait pas bien faire l’explosion, mais il y met du cœur. Je suis bien certain qu’il n’était pas présent ce jour-là. D’ailleurs, je me demande s’il n’a même jamais connu Massoud autrement que sur CNN.
Je l’observe et mon cœur se serre.
Je revois les chiens.
Il y a deux jours, maintenant, un soir, pathétiquement défoncé, j’ai trouvé le cimetière et me suis décidé à aller la chercher. Elle était enterrée près d’un buisson d’épine. J’ai hésité un instant en me disant que, quelque part, cette sépulture n’était pas loin de ressembler au lieu qu’elle me décrivait jadis. Je savais, bien sûr, qu’il n’en était rien. Mais les arbres ici étaient rares et je me voyais mal me balader sur des kilomètres dans des montagnes hostiles, dans un monde en guerre, avec le corps de mon amie.
Lahkdar était avec moi, assis à quelques mètres, et fumait un joint.
On avait jeté Nathalie, à la hâte, dans un trou peu profond. Je mis pourtant longtemps à la sortir de là. Quand je découvris son corps et tirai le linceul, je réalisai que, finalement, le transport ne serait pas si complexe que ça, qu’il suffirait d’avoir un bon sac solide et imperméable. Je tirais sur un bras.
« Donne-moi tes mains
Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé »
Je tirai des morceaux d’elle en disant à mon guide qu’elle avait été vraiment jolie et qu’elle avait senti meilleur.
J’ignorais alors que je n’aurais pas à m’occuper de dénicher la place idéale pour l’inhumation sauvage.
J’ignorais qu’une meute de chiens sauvages allait nous faire fuir et se partager Nathalie en un banquet bruyant. Je ne les vis pas arriver, ils n’eurent pas le temps de me voir fuir.
Je revins plus tard, ils n’avaient rien laissé d’elle.
Je repasse la pipe d’opium à Lahkdar qui ne conte plus d’histoire.
Je n’ai plus envie de dire de blagues, plus envie de poèmes. Il me regarde inquiet et me dit, pour me réconforter, qu’Allah allait veiller à ce qu’ils la chient sous un arbre.
Je m’endors, bercé par la rumeur de la rivière et les gémissements du vent.
J’ai maintenant un but, un itinéraire tout tracé, ordinaire : je vagabonderai à jamais pour déposer des fleurs sur les merdes de chiens.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
les poèmes sont tous d'Aragon et tirés de :
"les yeux d'elsa"
"le fou d'Elsa"
"les yeux d'elsa"
"le fou d'Elsa"
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
J'espère que personne ne passera " à travers " ce texte.
En tous les cas, moi, j'ai adoré.
C'est bourru.
C'est vivant.
C'est fort.
C'est bon.
En tous les cas, moi, j'ai adoré.
C'est bourru.
C'est vivant.
C'est fort.
C'est bon.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Le sens du détail qui tue.
Pas un raté, tu as pourvu à tout. L'essentiel est là.
Les extraits d'Aragon ne font que décupler mon plaisir de lecture. Je me sens vraiment bien dans ce texte.
Pas un raté, tu as pourvu à tout. L'essentiel est là.
Les extraits d'Aragon ne font que décupler mon plaisir de lecture. Je me sens vraiment bien dans ce texte.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Vraiment un très bon texte, Grieg. J'ai une préférence pour cet itinéraire qui n'a rien d'ordinaire. Que du bon !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Y a que le titre qui me plaît pas dans cet itinéraire. Pour le reste, c'est du tout bon !
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Pas ordinaire du tout, et splendide ! La cruauté, la dérision, un amour fou et poétique, ça fait bien rêver.
Et j'aime tellement ça que j'ai envie de te faire une petite critique : la négation me parait inutile dans la phrase où tu parles de CNN ( j'ai pas copié , mais tu vois ?)
Et j'aime tellement ça que j'ai envie de te faire une petite critique : la négation me parait inutile dans la phrase où tu parles de CNN ( j'ai pas copié , mais tu vois ?)
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
J'aurais dit " s'il a même jamais connu Massoud"
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Rien de moins ordinaire que cet itinéraire qui va jusqu'à fleurir les crottes de chiens tandis que flotte les fantômes de Massoud et d'Aragon! Surprenant ... L'amour a parfois de ces exigences!
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
J'avais déjà compris que Grieg écrivait disons avec... un certain brio et surtout une certaine puissance. Ce texte le confirme. Il y est question de tripes du début à la fin, parfois des nôtres, parfois de celles des autres, eux et les chiens.
Troublant parce qu'on y est.
Troublant parce qu'on y est.
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
je veux bien aller aux enfers, mais je soutiens que j'écris seul !Eddy a écrit:J'avais déjà compris que Grieg écrivait disons avec... un certain brio et surtout une certaine puissance. Ce texte le confirme. Il y est question de tripes du début à la fin, parfois des nôtres, parfois de celles des autres, eux et les chiens.
Troublant parce qu'on y est.
(d'accord, c'est pas très drôle, mais je ne peux m'empêcher de citer les répliques du "père noel est une ordure" quand j'en ai l'occasion)
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Bon, je te redis pas tout ce que j'ai déjà écrit sur le prosaïque, la poésie, la façon dont tu mêles tout ça avec culot.
Je ne reviens pas non plus sur le cynisme et l'arrogance de ta plume qui déboussole le lecteur (que tu as décidé de ne jamais ménager).
Mais je répète quand même ceci :
J’adhère, j’aime la manière dont tu nous promènes entre le beau et le trivial, j’aime aussi la façon dont tu te fiches du lecteur en le prenant sans cesse à contre-pied.
La relation "à-la-vie-à-la-mort" avec Nathalie m'importe peu, mais tu dépasses largement le cliché du pacte et de ce qui s'en suit. Pas tant grâce à ce que tu nous racontes, d'ailleurs, que grâce au style avec lequel tu le fais.
Je ne reviens pas non plus sur le cynisme et l'arrogance de ta plume qui déboussole le lecteur (que tu as décidé de ne jamais ménager).
Mais je répète quand même ceci :
J’adhère, j’aime la manière dont tu nous promènes entre le beau et le trivial, j’aime aussi la façon dont tu te fiches du lecteur en le prenant sans cesse à contre-pied.
La relation "à-la-vie-à-la-mort" avec Nathalie m'importe peu, mais tu dépasses largement le cliché du pacte et de ce qui s'en suit. Pas tant grâce à ce que tu nous racontes, d'ailleurs, que grâce au style avec lequel tu le fais.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Ah, grieg !
Comme tu mélanges les sentiments, les lieux, les impressions, les images, comme tu secoues le tout dans un super shaker, pour enfin nous le faire avaler. Et l'on boit cul sec. J'en suis saoule. J'adore.
Comme tu mélanges les sentiments, les lieux, les impressions, les images, comme tu secoues le tout dans un super shaker, pour enfin nous le faire avaler. Et l'on boit cul sec. J'en suis saoule. J'adore.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
grieg a écrit:les poèmes sont tous d'Aragon et tirés de :
"les yeux d'elsa"
"le fou d'Elsa"
Pétard... quel voyage... quelle écriture, encore une fois, quelle découverte.
J'aime vous lire, tous.
Vous êtes vivifiants.
Un merci vraiment, oui.
Grieg, tout remue dans ton texte.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Merci mille fois pour cet itinéraire pas banal, finalement on devrait lancer le thème "itinéraires pas ordinaires", ça serait plus drôle !
En tous cas ça m'a donné la pêche pour la journée ! Décalons, décalons, et nos regards mornes sous la pluie n'y verront que du feu.
En tous cas ça m'a donné la pêche pour la journée ! Décalons, décalons, et nos regards mornes sous la pluie n'y verront que du feu.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Un texte qui m'a entraînée malgré moi, malgré mes réticences sur le sujet. Une écriture puissante, dérangeante. Chapeau. La fin est extraordinaire !
J'ai une réserve sur la phrase :
"un rite qui ne sert qu’à faire comprendre que les promesses ont une date limite de vie", que je trouve trop lourde.
J'ai une réserve sur la phrase :
"un rite qui ne sert qu’à faire comprendre que les promesses ont une date limite de vie", que je trouve trop lourde.
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Y'a un peu trop de violons par endroits, mais c'est rudement bien écrit. Et bravo pour la fin
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
grieg a écrit: je vagabonderai à jamais pour déposer des fleurs sur les merdes de chiens.
le point final est dantesque^^
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
J'y reviens car je pense que c'est le meilleur des itinéraires ordinaires.
grieg a écrit:
les poèmes sont tous d'Aragon et tirés de :
"les yeux d'elsa"
"le fou d'Elsa"
et le C... d'Elsa ?
grieg a écrit:
les poèmes sont tous d'Aragon et tirés de :
"les yeux d'elsa"
"le fou d'Elsa"
et le C... d'Elsa ?
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
J'apprécie dans le récit cette distanciation qui met en relief la force du ressenti et aussi la mise en bouche au début qui à elle seule résume toute l'intensité du texte, les positionnements décalés (aller à la rencontre de la réalité /fuir /ironiser --le destin est lui-même ironique) ainsi que le style propre de l'auteur.
Akinorev31
Le bout noir rougit. Je suis nu et j’ignore pourquoi. Sûrement un autre pari stupide. Mon corps est couvert de griffures. Je suis raide.
Akinorev31
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Assez d'accord pour les violons à certains endroits. Pour le reste, décalé, dérrangeant, drôle, percutant
c'est bien fichu ce truc là :0)
c'est bien fichu ce truc là :0)
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Sur un plan personnel, ce texte me parle beaucoup, en raison des souvenirs douloureux et jamais effacés qu'il réveille.
Si je fais fi de cela (mais impossible, j'en conviens), j'apprécie le ton quelque peu désabusé du narrateur, cette colère triste qui sourd en lui.
Par contre, je déplore quelques détails superflus et un désir de trop expliquer certaines choses, au point de frôler parfois le journalisme au détriment d'un aspect plus littéraire Sans oublier le côté par trop larmoyant de ci de là.
Allez on va dire broutilles parce que l'écriture est belle, le sujet aussi, mais tu t'épanches parfois trop... :-)
Si je fais fi de cela (mais impossible, j'en conviens), j'apprécie le ton quelque peu désabusé du narrateur, cette colère triste qui sourd en lui.
Par contre, je déplore quelques détails superflus et un désir de trop expliquer certaines choses, au point de frôler parfois le journalisme au détriment d'un aspect plus littéraire Sans oublier le côté par trop larmoyant de ci de là.
Allez on va dire broutilles parce que l'écriture est belle, le sujet aussi, mais tu t'épanches parfois trop... :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Grieg, finalement le bon titre, c'est quoi ? Amour à mort ? Ou l'autre envoyé par mail aux Muses ?
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
perso, je préfère le titre "Lahkdar ..."
pas vraiment vu l'itinéraire ordinaire, pas vraiment non plus pourquoi notre bonhomme est nu.
A part ça, rien a redire. j'ai beaucoup aimé. j'ai rapidement oublié que je lisais un des textes de la "sélection" et ton histoire m'a emporté loin ... Bien sûr, c'est très noir, bien sûr, ça pourrait paraître excessif et pourtant, ça fonctionne à fond. Et j'ai particulièrement apprécié ton aisance à entreméler passé / présent, dialogues / pensées ...
pas vraiment vu l'itinéraire ordinaire, pas vraiment non plus pourquoi notre bonhomme est nu.
A part ça, rien a redire. j'ai beaucoup aimé. j'ai rapidement oublié que je lisais un des textes de la "sélection" et ton histoire m'a emporté loin ... Bien sûr, c'est très noir, bien sûr, ça pourrait paraître excessif et pourtant, ça fonctionne à fond. Et j'ai particulièrement apprécié ton aisance à entreméler passé / présent, dialogues / pensées ...
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Toujours cette façon incroyable de mêler le tragique au grotesque puis le grossier au poétique et vice versa...
J'allais dire : de façon vraiment intelligente.
J'allais dire : de façon vraiment intelligente.
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
avec toi c’est toujours du lourd, je veux dire : du fort. Tu fais rarement dans la demi-mesure, et là on est servis ! Je persiste à croire qu’on est loin d’un itinéraire ordinaire même si le quotidien de ce type c’est la guerre, ce que tu nous racontes est exceptionnel, non ? Oui. Et ton texte, je le dis, est exceptionnel. Alors pour ça : bravo.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Lu cette nuit, dans une chambre un peu glauque et la fatigue au bout du nez.
Beaucoup aimé l'ambiance. La dureté derrière laquelle se mure ton perso (derrière laquelle tu te mures ?) pour anticiper la vie et les saloperies à venir.
Comme un vaccin.
Et puis j'ai été étonné - d'abord choqué puis surpris puis convaincu - par la poésie qui s'échappe (malgré tout !!) de l'histoire, des remarques d'amoureux éternel (elle a déjà senti meilleur...(!!!)), de la conclusion.
Voir de la poésie dans une phrase qui parle de merdes de chiens...
C'est fort !
Pas sûr de l'ordinaire de cet itinéraire-là mais, encore une fois, l'ordinaire n'est pas universel.
Beaucoup aimé l'ambiance. La dureté derrière laquelle se mure ton perso (derrière laquelle tu te mures ?) pour anticiper la vie et les saloperies à venir.
Comme un vaccin.
Et puis j'ai été étonné - d'abord choqué puis surpris puis convaincu - par la poésie qui s'échappe (malgré tout !!) de l'histoire, des remarques d'amoureux éternel (elle a déjà senti meilleur...(!!!)), de la conclusion.
Voir de la poésie dans une phrase qui parle de merdes de chiens...
C'est fort !
Pas sûr de l'ordinaire de cet itinéraire-là mais, encore une fois, l'ordinaire n'est pas universel.
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Grieg aussi il sait purée de bien écrire pour ne pas être grossier, il me semble que la version que l’on trouve dans la revue Les Muses à Tremplin est améliorée, mais il faudrait que je vérifie, en tout cas, je me souviens que j’avais été impressionné par ce texte...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 48
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Je ne m'en remets pas, de ne plus avoir de textes de Grieg !
Invité- Invité
Re: Itinéraires ordinaires : Amour à mort
Je confirme.Peter Pan a écrit:il me semble que la version que l’on trouve dans la revue Les Muses à Tremplin est améliorée
Pour moi ça a été un honneur, du haut de mes 18 ans de l'époque, de me retrouver sur papier à côté de leurs mots. Y a vraiment eu de belles aventures par ici !
(mais je crois que l'Itinéraire ordinaire que je préférais, sur le moment c'était celui de kazar)
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
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