Fellations des bouches bées
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Lucy
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Roz-gingembre
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Fellations des bouches bées
« Quelque chose, on dirait de l’air. Moins, une attente sans objet, puisque les objets ne font que
dessiner le vide sur lequel ils se détachent. Ce désir, seul, minuscule, mais tenace. Une sorte de
lueur, comme sous une porte. Ou entre les paroles, cette rumeur filtrée qu’on entend parfois, si on
s’arrête. [...] Passage ou frôlement, trace, éclat ou germe –, saisissement. Mais sans rien qui
saisisse qu’une absence si proche. Alors on est là aussi, parce que c’est là. Juste le temps de ne
pas le dire. D’en laisser comme le nimbe sur une page. »
Jacques Ancet in Journal de l’air
Comme s’il était ici ou là. Ombre tourne. A la revoyure des voilà.
A ces pieds gelés des Sibéries froides.
A ces avions frontaux dessinant la mort de leur oeil gauche.
Que n’ai-je à faire de l’inquiétude ?
J’ai dix neuf ans d’espoir fou à donner.
Et le ciel à caresser avec ma langue.
Encore des morceaux de souches à découvrir.
Progressif vers l’extérieur, sur le fleuve séculaire.
Ici.
Là.
Dans l’échappée du rêve de tes miels baisers, dans l’immédiat puéril, l’or filtrant les lumières
violettes, le nectar hâtant le pas comme s’il était ici où là, creusant comme un son.
L’indéfinitif.
Fellations des bouches bées
Au Pélican.
Bar.
17h. Une femme mince revient de ses visites à l’hôpital.
« Elle s’en allait ».
Elle se mit à gémir.
Je regardai bêtement le serveur la servir.
Café.
Panorama.
« Souviens-toi du bateau ivre ».
La vie est une cellule. J’ai soif. J’ai mal au foie. L’escalier monte et nos visages se touchent.
Presque.
Le sang vous bat trop dans l’oreille. Ne vous dérangez pas. Seul, le hasard me préoccupe.
A mon Amour, l’enfant que j’ai porté. Mon aussi.
Si je savais seulement te sourire. Mon aussi.
Tour d’oraison, parce qu’un jour le soleil a commencé.
Altérité. C’est dégueulasse.
Les épaules.
Nous sommes trop forts, nous survivrons.
Nous sommes là.
Nous vivrons contre.
Tout contre la colère, la haine.
Nous vivrons de la façon provocante.
Des noeuds gigantesques et des COEURS de monde.
Nous vivrons.
Les poings humides sur la table.
Nous vivrons, nos baisers perdus et jamais retrouvés.
Nous vivrons sous ciel.
Ciel contre-ciel.
Nous ne sommes pas intelligents.
Nous sommes beaux.
L’instant, bouche bée, nous regarde.
L’enfant.
Nous sommes tellement forts que cela nous sauvera.
Sauver ?
Se sauver ?
NOUS SAUVERA.
Je voulais te dire.
Ma peine. Telle quelle. Ni mécanique, ni cantique.
Mortelle. Des ambitions passées. Les femmes et les filles des femmes.
Alors , quand un homme se penche, QUEL QU'il soit, il restera maladroit.
Addenda.
Mais il fait face.
Il est rempli de l’âme du bleu. LA POSOLOGIE, son odeur, un clone lui fermera
les paupières.
L’attraction du désastre. Des astres nés. Je creuse la tête. La tête de la terre se détourne. La chose est vieille, mal née.
dessiner le vide sur lequel ils se détachent. Ce désir, seul, minuscule, mais tenace. Une sorte de
lueur, comme sous une porte. Ou entre les paroles, cette rumeur filtrée qu’on entend parfois, si on
s’arrête. [...] Passage ou frôlement, trace, éclat ou germe –, saisissement. Mais sans rien qui
saisisse qu’une absence si proche. Alors on est là aussi, parce que c’est là. Juste le temps de ne
pas le dire. D’en laisser comme le nimbe sur une page. »
Jacques Ancet in Journal de l’air
Comme s’il était ici ou là. Ombre tourne. A la revoyure des voilà.
A ces pieds gelés des Sibéries froides.
A ces avions frontaux dessinant la mort de leur oeil gauche.
Que n’ai-je à faire de l’inquiétude ?
J’ai dix neuf ans d’espoir fou à donner.
Et le ciel à caresser avec ma langue.
Encore des morceaux de souches à découvrir.
Progressif vers l’extérieur, sur le fleuve séculaire.
Ici.
Là.
Dans l’échappée du rêve de tes miels baisers, dans l’immédiat puéril, l’or filtrant les lumières
violettes, le nectar hâtant le pas comme s’il était ici où là, creusant comme un son.
L’indéfinitif.
Fellations des bouches bées
Au Pélican.
Bar.
17h. Une femme mince revient de ses visites à l’hôpital.
« Elle s’en allait ».
Elle se mit à gémir.
Je regardai bêtement le serveur la servir.
Café.
Panorama.
« Souviens-toi du bateau ivre ».
La vie est une cellule. J’ai soif. J’ai mal au foie. L’escalier monte et nos visages se touchent.
Presque.
Le sang vous bat trop dans l’oreille. Ne vous dérangez pas. Seul, le hasard me préoccupe.
A mon Amour, l’enfant que j’ai porté. Mon aussi.
Si je savais seulement te sourire. Mon aussi.
Tour d’oraison, parce qu’un jour le soleil a commencé.
Altérité. C’est dégueulasse.
Les épaules.
Nous sommes trop forts, nous survivrons.
Nous sommes là.
Nous vivrons contre.
Tout contre la colère, la haine.
Nous vivrons de la façon provocante.
Des noeuds gigantesques et des COEURS de monde.
Nous vivrons.
Les poings humides sur la table.
Nous vivrons, nos baisers perdus et jamais retrouvés.
Nous vivrons sous ciel.
Ciel contre-ciel.
Nous ne sommes pas intelligents.
Nous sommes beaux.
L’instant, bouche bée, nous regarde.
L’enfant.
Nous sommes tellement forts que cela nous sauvera.
Sauver ?
Se sauver ?
NOUS SAUVERA.
Je voulais te dire.
Ma peine. Telle quelle. Ni mécanique, ni cantique.
Mortelle. Des ambitions passées. Les femmes et les filles des femmes.
Alors , quand un homme se penche, QUEL QU'il soit, il restera maladroit.
Addenda.
Mais il fait face.
Il est rempli de l’âme du bleu. LA POSOLOGIE, son odeur, un clone lui fermera
les paupières.
L’attraction du désastre. Des astres nés. Je creuse la tête. La tête de la terre se détourne. La chose est vieille, mal née.
Re: Fellations des bouches bées
Je lis toujours tes textes avec le plus grand des intérêts. Probablement en raison de leur atmosphère plombée de paradoxes, de colère et d'espoirs vains.
Je ne les comprends pas.
Je ne cherche pas à les comprendre.
Je les ressens, et c'est ce re sens qui les fait miens : mes paradoxes, ma colère et mes espoirs vains
On appelle cela de la poésie
Je ne les comprends pas.
Je ne cherche pas à les comprendre.
Je les ressens, et c'est ce re sens qui les fait miens : mes paradoxes, ma colère et mes espoirs vains
On appelle cela de la poésie
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Fellations des bouches bées
Ah, j'aime beaucoup. Les assonances sont parfaites, ni lourdes, ni bloquant la lecture.
Et le reste... J'adore.
Bravo
Deux vers magnifiques.Comme s’il était ici ou là. Ombre tourne. A la revoyure des voilà.
A ces pieds gelés des Sibéries froides.
...mais du coup ce vers m'embète. Rythme et sonnorités qui passent mal.A ces avions frontaux dessinant la mort de leur oeil gauche.
Pareil ici.Progressif vers l’extérieur, sur le fleuve séculaire.
Un peu simple... J'éviterais d'ajouter le "là", perso.Ici.
Là.
Et re... : magnifique.Dans l’échappée du rêve de tes miels baisers, dans l’immédiat puéril, l’or filtrant les lumières
Je sais bien que la répétiton de "ici" et "là" est volontaire... mais elle meviolettes, le nectar hâtant le pas comme s’il était ici où là, creusant comme un son.
J'ai bloqué sur ce vers. Je le trouve beaucoup plus plat qu'il ne devrait.Nous vivrons de la façon provocante.
Et le reste... J'adore.
Bravo
Re: Fellations des bouches bées
Que dire ? Se répéter sans cesse, voilà tout ce qui m'attend lorsque je me plais ( me risque ? ) à te commenter.
De belles choses, à mon sens :
"J’ai dix neuf ans d’espoir fou à donner.
Et le ciel à caresser avec ma langue.
Encore des morceaux de souches à découvrir. "
Puis :
" Je regardai bêtement le serveur la servir.
Café.
Panorama. "
Ou encore :
" Tour d’oraison, parce qu’un jour le soleil a commencé. "
Et je m'en tiendrai là.
Merci, Lol !
De belles choses, à mon sens :
"J’ai dix neuf ans d’espoir fou à donner.
Et le ciel à caresser avec ma langue.
Encore des morceaux de souches à découvrir. "
Puis :
" Je regardai bêtement le serveur la servir.
Café.
Panorama. "
Ou encore :
" Tour d’oraison, parce qu’un jour le soleil a commencé. "
Et je m'en tiendrai là.
Merci, Lol !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Fellations des bouches bées
Tout à coup je prends conscience, et ça fait un moment que je te lis, que la différence de ta poésie, c'est la surprise, l'inattendu... ces mots qui cueillent le lecteur au détour d'une phrase, alors qu'il commençait à s'installer dans une idée, une image. Et il ne s'agit pas que de ça... le rythme aussi, ces ruptures, ces retours à la ligne, tout participe d'une ambiance qui t'est propre. Et pour finir, encore et toujours, ce que je remarque, ce qui m'interpelle, c'est l'érudition sous-jacente à ton travail - je chosis sciemment le mot. Rien d'anodin.
Invité- Invité
Re: Fellations des bouches bées
Easter(Island) a écrit:Tout à coup je prends conscience, et ça fait un moment que je te lis, que la différence de ta poésie, c'est la surprise, l'inattendu... ces mots qui cueillent le lecteur au détour d'une phrase, alors qu'il commençait à s'installer dans une idée, une image. Et il ne s'agit pas que de ça... le rythme aussi, ces ruptures, ces retours à la ligne, tout participe d'une ambiance qui t'est propre. Et pour finir, encore et toujours, ce que je remarque, ce qui m'interpelle, c'est l'érudition sous-jacente à ton travail - je chosis sciemment le mot. Rien d'anodin.
Merci. Merci.
Avec leur aveu dans la gorge
Et l'horreur de ne pouvoir
Imaginer une rose
Dans leur mémoire qui brûle
J.Supervielle
Re: Fellations des bouches bées
J'aime assez l'ensemble de tes textes. Celui-ci me plaît également. Rien que le fait du "Journal de l'air" me transmet des vibrations où j'ai envie d'aller voir ce qui se passe.
J'aime beaucoup ce que tu fais.
L'intro en italique est de toi?
J'aime beaucoup ce que tu fais.
L'intro en italique est de toi?
Re: Fellations des bouches bées
je ne sais pas commenter tes textes, en sont-ils d'ailleurs? ils existent, comme une oeuvre d'art dont on se dit j'aime, j'aime pas; et puis qu'on vient revoir de nouveau en se disant cette fois "mais pourquoi faut-il toujours essayer d'interpréter ce qu'à voulu dire l'auteur, apprécie puisque tu es là devant "
Re: Fellations des bouches bées
Oui, mais n'y a-t-il pas toujours le besoin de comprendre, même partiellement ?loic a écrit:je ne sais pas commenter tes textes, en sont-ils d'ailleurs? ils existent, comme une oeuvre d'art dont on se dit j'aime, j'aime pas; et puis qu'on vient revoir de nouveau en se disant cette fois "mais pourquoi faut-il toujours essayer d'interpréter ce qu'à voulu dire l'auteur, apprécie puisque tu es là devant "
mouss- Nombre de messages : 208
Age : 51
Date d'inscription : 27/11/2008
Re: Fellations des bouches bées
Jacques Ancet, Journal de l'air, trône sur ma table de chevet et je m'y replonge régulièrement avec plaisir.
J'ai aimé ce texte Lol pour ses images, pour sa structure, mais aussi et surtout pour ce qu'il raconte, cette façon d'évoquer les choses, avec des mots justes et un rythme bien pensé. Ce n'est pas simple, on pourrait se contenter d'aligner les images sans véritablement leur prêter vie mais tu vas au-delà.
Juste un petit bémol sur le Nous, par moments trop présent.
J'ai aimé ce texte Lol pour ses images, pour sa structure, mais aussi et surtout pour ce qu'il raconte, cette façon d'évoquer les choses, avec des mots justes et un rythme bien pensé. Ce n'est pas simple, on pourrait se contenter d'aligner les images sans véritablement leur prêter vie mais tu vas au-delà.
Juste un petit bémol sur le Nous, par moments trop présent.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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