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Soirée d'été (exercice)

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Message  evaetjean Jeu 30 Mar 2006 - 8:09

SOIREE D’ETE
à partir de la toile « summer evening » de E.HOPPER


« Pfffff, quelle chaleur ! Ça te tente d’aller au musée ? Avec la clim, ce sera moins étouffant.
- Oui, pourquoi pas, de toute façon il n’y a rien d’autre à faire !!! »

Ainsi commence une nouvelle journée avec Coralie, sa meilleure amie. On les surnomme « Les inséparables ». Jamais l’une sans l’autre. Toujours pendues des heures au téléphone alors qu’elles ont passé leur après-midi ensemble. Pas grave, pensent-elles ! De toute façon elles ont constamment des choses super importantes à se dire ! Quand Lise dit ça, sa mère pourrait lui sauter à la gorge ! Etrange !!!

Lise est une jeune fille de 18 ans. Cheveux noirs coupés au carré, yeux marrons, nez fin et droit, pommettes saillantes. Elle est un peu ronde à son goût et surveille sa ligne, comme toutes les jeunes filles de son âge. Parfois on pourrait croire qu’elle arrive d’une autre époque. Elle s’habille rarement en jeans et porte plus volontiers des pantalons pattes d’éléphant. Aux pieds, elle met ses sempiternelles chaussures à semelles « très » compensées ! Déjà grande, elle semble géante mais ça l’amuse. Coralie est une jolie brune aux yeux bleus/gris, soucieuse de son poids également. Elle porte des jeans, préfère ses chaussures souples et légères aux chaussures lourdes de son amie. Elles sont semblables et différentes à la fois mais de véritables amies !

A gauche, à droite, encore à droite et…voilà le musée. Heureusement, au mois d’Août, Paris est moins encombré. Les Parisiens étant tous partis au bord de la mer ! La monnaie pour payer l’entrée. « Hummmm, je la paierai bien en nature moi ! Gloups, heuuuu, vu le tarif, je ne suis pas certaine qu’une nuit soit suffisante. » pense Lise.

« Lise, quand t’auras fini de rêvasser, tu donneras ton ticket à la dame ! Faut l’excuser, elle a l’imagination fertile.
- Tais toi et avance, lance Lise en poussant sa copine en avant. N’importe quoi, pourquoi tu dis ça ?
- L’éclat de tes yeux est très parlant. Plutôt pas mal comme mec mais vu le prix de l’entrée je pense qu’il l’ont mis là pour appâter !
- Dis donc la Sibylle, quand t’auras fini de prédire où vont mes pensées et à quoi sert l’autre tartuffe, tu me feras signe.
- Mince, tu as découvert qui j’étais réellement !
- Mais c’est que tu n’es plus toute jeune ! Dis, c’est à cause de ça les rides et compagnies ? Enfin trêve de plaisanterie, on va voir les peintures ?
- Ok, je te suis où tu veux ma belle ! dit Coralie dans un sourire.
- Bla, bla, bla ! Arrête ils vont tous croire que l’on est ensemble.
- Et alors on s’en fout.
- Bien sûr seulement ça ne donne pas envie de nous aborder.
- Tu arrives à penser à autre chose plus de 30 secondes ?
- Evidemment, je tiens jusqu’à 32 secondes !!!


- Ha, ha, ha !
- Tiens eux, au moins, ils forment un vrai couple. De qui est cette peinture ? De E. HO, HOP…
- E. HOPPER. N’oublie pas tes lunettes la prochaine fois !
- Je ne les ai pas oubliées, elles ont refusé de venir. Elles n’aiment pas les musées, il y a trop de monde, et puis elles ont peur de tomber et d’être ca…
- Comme d’hab tu ne les as pas prises. Elles te vont bien et puis t’attend quoi ? De ne plus rien voir du tout ?
- Oh certes elles me vont bien, je ressemble à un poisson derrière son bocal mais c’est tout à fait splendide, je n’en doute pas une seconde !! Regarde, elle au moins elle est
belle, dit Lise en désignant la jeune femme du tableau. Pas un bout de gras qui dépasse par-dessus sa jupe, un décolleté à en rendre fou plus d’un. D’ailleurs l’autre, il l’a bien remarqué. Blonde, les cheveux longs, enfin tout pour elle quoi. Je me demande ce qu’ils peuvent se raconter. Ooooh Coco je ne me sens pas bien, j’ai la tête qui tourne. Ce doit être la chaleur. Dis à ce chien qu’il arrête de me souffler son haleine pestilentielle sur le visage. Je vais …
Lise se sent partir, elle a la sensation de quitter son corps. Tout s’évanouit autour d’elle. Elle est légère, très légère.
-Lise, LIIIISE. Appelez les pompiers, vite ! crie Coralie en soutenant son amie.

« Oh ! Où suis-je ? Il fait sombre ici, je n’y vois rien. AAAAAH JE VAIS TOMBER !! Mais, mais je vole. Que se passe-t’il ? Coco, COCO REPONDS MOI. Enfin où es-tu ? J’y comprend rien, rien du tout. Tiens je la reconnais celle-là. Je l’ai vu où, déjà ? Cheveux blonds, jupe, décolleté flamboyant. MERDE, je suis DANS le tableau. C’est pas possible, je dois rêver, non c’est to-ta-le-ment impossible. Bon, résumons la situation :
- Je vole ;
- Je ressemble à un moustique, une libellule ou je ne sais quoi d’autre ;
- Je suis dans un tableau ;
- Je suis peut-être même COINCEE dans ce tableau ;
Oui tout va bien, tout va TRES TRES BIEN. Après tout c’est normal, c’est courant ce genre de chose. Mais c’est fou, hein, ça n’arrive qu’à moi !!! J’ai échappé à un truc bien pire, j’aurais pu arriver sous la forme d’un coyote et qui sait, je les aurais peut-être bouffés ces deux zozos ! Allez voilà, j’ai l’esprit qui déraille. Super !
Autant prendre le bon côté des choses, je vais aller les espionner. Moi qui crevait d’envie de savoir ce qu’ils se racontaient. C’est cool j’ai l’impression d’être un agent de la CIA, je vais faire gaffe quand je chouterai un moustique maintenant. Je ne voudrais pas avoir d’ennui avec les services secrets. Alors… »

Lise s’approche du porche où se tiennent les jeunes gens. La fille, une belle blonde, le corps penché en arrière, se soutient avec ses mains sur un muret. le visage triste, le regard vague. Le garçon est assis sur le muret. La même expression de douleur sur le visage, les yeux perdus dans ses souvenirs. Au moment où Lise vient voleter au-dessus d’eux, le garçon relève la tête vers la fille.

- Tu n’as pas froid ?
- Non, ça va, merci. Tu sais, le 16 juin est le même depuis qu’il nous a quittées. Tous les ans la journée est identique, maman ne sort pas et nous non plus. On doit rester enfermées dans la pénombre, elle ne reçoit personne. Et chaque fois je fais pareil : lorsqu’elle dort, je
me change, enlève tout ce noir, met des couleurs gaies, détache mes cheveux et sors prendre
l’air. Je reste parfois deux ou trois heures, perdue dans mes pensées. En général je suis seule, sauf ce soir puisque tu me tiens compagnie. Où allais-tu ainsi, Christopher ? demande Shirley.
- Je reviens de chez ma grand-mère. Mon oncle est décédé quelques jours avant ton père et elle commémore sa mémoire tout le mois. Foutue guerre qui nous a ravi bien du monde. La douleur est encore vive dans nos mémoires, il est vrai que cela ne remonte qu’à deux ans.
Les yeux de Christopher retournent dans ses souvenirs.
- C’est exact, je ne sais pas si j’ai vu maman sourire depuis la guerre. La vie reprend son cours mais c’est si difficile. Ils reconstruisent encore certains bâtiments et puis il y a aussi tout ces blessés que l’on croise matin et soir. Comment veux-tu oublier ? Comment peut-on surmo…
La voix de Shirley se brise dans un murmure.
- Chut ! La nuit est douce, l’air est frais. Ça fait beaucoup de bien après la chaleur de la journée. Shirley tu veux bien me faire un sourire ? Un tout petit sourire ! Juste une esquisse suffirait pour que je sois heureux.
Il prend délicatement le visage de Shirley dans ses mains et le tourne vers lui.

- Mais voyons, qu’est-ce que ça peut lui faire que tu sois heureux ou non ??!! Elle pense à son père. Ah ! Les hommes ! Faudrait toujours faire bonne figure pour qu’ils soient biens, à l’aise. Désolée, on n’a pas constamment envie d’avoir un sourire béat accroché aux lèvres, s’écrit Lise.

- Oh Christopher, tu es si gentil ! murmure Shirley en essuyant ses larmes.
- Je ne suis pas gentil, je me soucie de te voir si malheureuse. Je sais combien le manque d’un être cher est cruel, combien on peut souffrir et haïr la terre entière de nous l’avoir subtilisé. Mais tu ne peux pas lutter contre le sort.
- J’ai honte Christopher, tu es si courageux ! Tu as perdu tes parents quand tu n’étais qu’un enfant. Comment fais-tu pour être si optimiste ?
- J’ai simplement compris qu’il ne servait à rien de s’apitoyer sur soi. Ils ne sont plus là et ils ne reviendront jamais. Que je me lamente ou pas ne les fera pas revenir, que je pleure ou que je ris ne changera rien du tout. Mais pour moi et mon moral j’ai choisi le rire plutôt que les pleurs, d’être heureux plutôt que malheureux, dit Christopher dans un pâle sourire.

- En fait, c’est un homme bien celui-là ! Quelle vilaine fille je suis à dénigrer tout de suite. Je n’ai pas ce genre de souci. J’ai tout ce que je désire et mes parents sont là et bien vivants. Je serais perdue sans eux, mon Dieu, je préfère ne pas y penser, se dit Lise.


- Ah ! Le voilà ce sourire ! Il commençait à se faire attendre, lance Christopher.
- Merci ! Tu me redonnes un peu de goût à l’existence. J’ai tellement de mal à me dire qu’il est parti pour toujours. (Les yeux de Shirley s’embuent à nouveau.) Je rêve très souvent de lui. Je le vois là-haut. Il a l’air si heureux et si paisible. Je suis bien quand je me réveille après l’avoir vu. Il veille sur nous, je le sens. J’aimerais qu’il redonne l’envie de vivre à maman.
Une larme roule sur sa joue.
- Tu rêveras perpétuellement de lui. Pas toutes les nuits, juste de temps à autre. Il te rappellera son amour en te le soufflant au creux de l’oreille. Il te dira tout ce qu’il ne t’a jamais dit et tu en feras autant. Longtemps j’ai rêvé de mes parents. Ils viennent encore me voir dans mon sommeil. Enfant, je ne savais pas ce qu’était la mort. Pour moi ils m’avaient abandonné. (Christopher ferme les yeux et inspire profondément tant la douleur est vive.) Puis, je les ai vus. ils sont venus m’expliquer la mort. Ils m’ont dit qu’ils préféreraient être auprès de moi, pouvoir me prendre dans leurs bras. Depuis cette nuit-là, j’ai accepté leur départ et je sais qu’ils me protègent.
- Je regrette tellement de ne pas lui avoir dit l’amour que je lui portais. Je ne me souviens même plus si je lui ai dit UNE fois que je l’aimais. On ne dit jamais assez notre affection aux personnes qui nous entourent. On pense qu’ils le savent, qu’il est inutile de le leur dire. Seulement, lorsqu’ ils nous quittent, on ressent ce besoin cruel de leur crier : JE T’AIME. (La voix de Shirley résonne dans la nuit.) L’amour est un sujet tellement tabou qu’on n’ose jamais avouer nos sentiments. Les personnes ont du mal à comprendre qu’il existe plusieurs sortes d’amour :
- L’amour que l’on porte à ses parents ;
- L’amour que l’on porte à ses frères, ses sœurs ;…
Non, vraiment, on ne dit jamais assez ce que l’on éprouve ! Vois-tu, en ce moment, je donnerais tout ce que je possède pour prendre sa main dans la mienne et sentir son contact doux et rassurant. Je n’aurais plus cette occasion ailleurs que dans mes rêves, alors j’en profiterai pleinement sachant qu’à mon réveil il s’évanouira dans mes pensées.
Une douce lueur éclaire le visage de Shirley.
- Si tu savais mes regrets pour les avoirs mis en colère tant de fois à cause de bêtises. Et toutes les fois où je leur ai dit que je les détestais juste pour les faire enrager. J’ai honte. Ils sont partis quand j’avais huit ans, néanmoins je m’en veux toujours autant. Je n’ai jamais pu me souvenir de mes dernières paroles pour eux, du dernier câlin que je leur ai fait. Rien !
C’est une volute de fumée, je n’arrive pas à en extraire mes souvenirs. Quand ils sont décédés, j’ai longtemps dormi avec le manteau de maman et l’écharpe de papa. J’avais un grand besoin d’avoir leur odeur, j’avais peur d’oublier leur visage ou leur voix. Cependant je me rappelle d’eux comme si leur départ datait d’hier, je revois ma mère souriante et j’entends mon père me parler de ses passions. Il est vrai que j’aimerais pouvoir leur dire : JE VOUS AIME. Mais c’est…

La voix de Christopher est de plus en plus lointaine. Lise a la sensation de disparaître, d’être aspirée. Elle se met à hurler, tremble, cherche l’air qui manque à ses poumons.

- AAAAAAH !
- Lise, Lise ? Ça y est, elle revient à elle.
- Ooooh p’pa, m’man ! Où suis-je ? (une violente migraine l’étreint, elle porte sa main à son front.)
- Tu as fait un malaise au musée et tu as été transportée à l’hôpital. Coralie nous a prévenus. Repose-toi, on te verra plus tard, dit sa mère en l’embrassant sur le front.
- He ! P’pa, m’man !
- Oui ?
- Je vous aime ! chuchote Lise.



FIN
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