Homicide intemporel

Une Photo. Comme un point de non retour. Un mot tronquée de sa dimension graphique. La seconde capturée, emprisonnée dans un monde déjà mort depuis longtemps.
Ce temps qui, à peine vivant, avait déjà commencé à basculer dans le monde du souvenir.

L'instant qui s'assassine lui-même.

Homicide intemporel.
Alibi ? Immortel.
Réincarnation du réel.
Réaction en chaîne.
Secondes qui se succèdent.
Verdict ? Tue ton propre présent.
Amendement ? Capture impersonnelle.
Homicide intemporel.


Est-il vraiment possible que ce sourire n'est été que le temps d'un éclair ? Tes cheveux n'auront-ils donc plus jamais ce mouvement immobile, cette sauvagerie qui te caresse la joue ?
Quel était le nom de cette étincelle dans ton regard ? Était-elle due au soleil, à l'ombre du monde qui t'enveloppait ? Émanait-elle de ton esprit ? Où était-ce seulement le reflet de l'objectif que tu fixais. Réflexe illusoire d'un monde parfait.
Concentré de bonheur qui se révèle aux yeux du photographe. Un sourire. Toujours. Comme si un fil intangible reliait tes yeux à tes lèvres.
Raccourci brut d'un monde qui s'étire dans tes peines.
Expresso. Réalité rêvée. Trop serré pour embrasser le réalité distendue.

Déjà morte entre tes lèvres.
Comme un baiser à la postérité.

Les clichés s'amoncellent dans les tiroirs de ton passé comme autant de cadavres témoin d'un temps qui peine à ressusciter. Malgré tes paroles, les mots que tu lis, comme en filigrane, dans les nuances de gris, ta mémoire s'estompe, grignotant petit à petit les sensations, les pensées, les visions qui vivaient dans le grain de ta peau. Comme lavée de sa vie, gommée. Comme si, le léger flou qui évoquait pour toi le mouvement, qui réfutait la mort du temps, s'était étalé, gagnant ta mémoire par les ténus méandres de tes souvenirs, ne laissant que la netteté d'un passé figé.
Alors seulement, tu acceptes de te conjuguer à l'imparfait.
Le passé simple viendra... lorsque s'effaceront les traces de tes pas.

Tous ces instants jetées dans une boîte de fer blanc. Toutes ces secondes qui revivaient faiblement en toi disparaîtront lorsque ta mort arrachera les perfusions de ta conscience.
Dates délavées.
Clichés fanés balancés sur ta tombe.

Instantanés assassinés.

Je ne suis pas arrivée au bout du poème que j'ai trouvé, à vue de ma comprenette limitée, d'un hermétisme prétentieux et esthétiquement vide.

Je me suis donc arrêtée après ce paragraphe :
"Est-il vraiment possible que ce sourire n'ait été que le temps d'un éclair ? Tes cheveux n'auront-ils donc plus jamais ce mouvement immobile, cette sauvagerie qui te caresse la joue ?
Quel était le nom de cette étincelle dans ton regard ? Était-elle due au soleil, à l'ombre du monde qui t'enveloppait ? Émanait-elle de ton esprit ? Où était-ce seulement le reflet de l'objectif que tu fixais. Réflexe illusoire d'un monde parfait.
Concentré de bonheur qui se révèle aux yeux du photographe. Un sourire. Toujours. Comme si un fil intangible reliait tes yeux à tes lèvres.
Raccourci brut d'un monde qui s'étire dans tes peines.
Expresso. Réalité rêvée. Trop serré pour embrasser le réalité distendue. "
qui m'a paru un mélange cauchemardesque des pubs Ulstra-Brite et Nespresso. Pas pour moi, désolée.

"Les clichés s'amoncellent dans les tiroirs de ton passé"... Je ne saurais mieux dire !

Ultra-Brite, pardon.

Il y a des choses qui m'ont arrêtée, parce qu'elles m'ont plu ( par exemple : cette sauvagerie qui te caresse la joue ? ou Le passé simple viendra et Dates délavées.), mais dans l'ensemble j'ai trouvé le ton grandiloquent et l'écriture inutilement compliquée, à trop vouloir rechercher l'effet poétique. Une plus grande simplicité dans l'expression aurait sûrement réussi à faire passer l'émotion avec plus d'efficacité.

Je suis partagée avec ce texte.
Il a des allures volontairement forcées, il y a des tentatives de jouer la carte du saccadé symbolique et puis en même temps, l'envie de raconter une histoire, mais les deux ne se marient pas vraiment, quelque chose coince. Peut-être trop d'effets tuent l'effet, je ne sais pas, mais là, je pense qu'il faut faire un choix et sabrer, si on veut rester dans ce registre du suggéré, en jouant à fond la carte des mots porteurs. Ici, c'est trop dilué par moments, pas assez à d'autres.

Je n'aurais pas mis ce texte dans la rubrique poésie mais dans celle de la prose.

Un petit traité sur le temps qui se veut un brin philosophique ayant comme support des photos dans une boîte en fer.
Un mélange d'emphase et de paraphrases casse vite le désir de poursuivre la lecture.

Ce texte gagnerait en effet à être traité dans la simplicité qui le rendrait plus poétique.


Je pense à la chanson de Trenet .."Que reste-il de nos amours?" : mots simples et émotion réelle.