J’ai rêvé
+2
Anne Veillac
andrea
6 participants
Page 1 sur 1
J’ai rêvé
J’ai rêvé d’une grande maison pleine de livres. Des livres qui parlent de la nuit et des bêtes affolées.
Maintenant, quand je me promène, je vois des chiens noirs, et j’ai peur.
La nuit, mon sommeil expulse les bêtes noires… Je commence à haïr tout ce qui est noir. Et mon arrière grand-père était noir.
L’autre jour j’ai rêvé que je montais au ciel. J’ai mis tous les livres l’un sur l’autre et j’ai franchi toutes les marches. Sur un nuage de coton j’ai fait halte. J’ai voulu le percer, l’eau a coulé et je suis tombée dans un tourbillon de rêves.
Depuis hier je suis à l’hôpital, une blessure au cœur. Je ne veux parler à personne, je hurle sans arrêt. Je ne me suis pas regardée dans la glace. Je connais ma physionomie, mon ombre se reflète parfois sur les vitres de la fenêtre. Je sais, je suis devenu affreuse. Quand je dors je sens une présence. Je l’ai épiée, un jour je l’ai reconnue : C’était mon image avant l’accident ; j’ai vu cette couleur, celle de mon arrière grand-père, un indien de race.
Il n’y a pas une couleur préférable à celle–ci. Elle habille le visage, lui offre un regard. Elle éclaire les yeux, ceux de ma race et aussi de ceux qui n’en sont pas revenus.
Le médecin me recommande de sourire…de me rappeler de l’accident, d’écrire tout ce qui arrivé…
Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où.
J’en veux à mes parents qui m’ont acheté tous ces livres sur la race des aborigènes
Maintenant, quand je me promène, je vois des chiens noirs, et j’ai peur.
La nuit, mon sommeil expulse les bêtes noires… Je commence à haïr tout ce qui est noir. Et mon arrière grand-père était noir.
L’autre jour j’ai rêvé que je montais au ciel. J’ai mis tous les livres l’un sur l’autre et j’ai franchi toutes les marches. Sur un nuage de coton j’ai fait halte. J’ai voulu le percer, l’eau a coulé et je suis tombée dans un tourbillon de rêves.
Depuis hier je suis à l’hôpital, une blessure au cœur. Je ne veux parler à personne, je hurle sans arrêt. Je ne me suis pas regardée dans la glace. Je connais ma physionomie, mon ombre se reflète parfois sur les vitres de la fenêtre. Je sais, je suis devenu affreuse. Quand je dors je sens une présence. Je l’ai épiée, un jour je l’ai reconnue : C’était mon image avant l’accident ; j’ai vu cette couleur, celle de mon arrière grand-père, un indien de race.
Il n’y a pas une couleur préférable à celle–ci. Elle habille le visage, lui offre un regard. Elle éclaire les yeux, ceux de ma race et aussi de ceux qui n’en sont pas revenus.
Le médecin me recommande de sourire…de me rappeler de l’accident, d’écrire tout ce qui arrivé…
Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où.
J’en veux à mes parents qui m’ont acheté tous ces livres sur la race des aborigènes
andrea- Nombre de messages : 41
Age : 51
Date d'inscription : 18/03/2009
Re: J’ai rêvé
C'est un texte fort, qui dit avec des mots simples des choses profondes, intimes, des blessures. J'aime que le texte joue sur le flou, que la frontière entre la réalité et le rêve ne soit pas parfaitement définie. J'aime la simplicité expressive de l'écriture.
Invité- Invité
Re: J’ai rêvé
J'ai eu envie de lire ce texte en lisant le titre. Et je n'ai pas été déçue. Il y a beaucoup de force évocatrice dans ce texte.
Re: J’ai rêvé
Fort et beau andrea.
J'aurais juste un bémol, très léger, sur la dernière phrase et la précision qu'elle apporte, ça casse un peu le mystère mais en même temps, ça donne une autre lecture au texte, donc l'idée se défend.
J'aime la violence des idées et des mots, ce découpage presque fébrile et tout ce qu'il véhicule.
J'ai pris du plaisir à te lire, vraiment.
J'aurais juste un bémol, très léger, sur la dernière phrase et la précision qu'elle apporte, ça casse un peu le mystère mais en même temps, ça donne une autre lecture au texte, donc l'idée se défend.
J'aime la violence des idées et des mots, ce découpage presque fébrile et tout ce qu'il véhicule.
J'ai pris du plaisir à te lire, vraiment.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: J’ai rêvé
Sans les trois dernières lignes, c'est impeccable. On sent l'angoisse, oui, bravo pour l'image des chiens noirs, notamment.
Mais bon, la fin... ça : "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." c'est pas possible, faut pas l'écrire, surtout pas. Ah non.
Mais bon, la fin... ça : "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." c'est pas possible, faut pas l'écrire, surtout pas. Ah non.
Ichimaru Gin- Nombre de messages : 23
Age : 38
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: J’ai rêvé
par curiosité, Ichi, peux-tu expliquer ?Ichimaru Gin a écrit:ça : "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." c'est pas possible, faut pas l'écrire, surtout pas. Ah non.
je me demande depuis le début pourquoi je pense la même chose
Re: J’ai rêvé
Ya deux aspects que j'aime pas dans ces trois dernières phrases. Le premier, Sahkti en a parlé, c'est qu'elles sont plus précises que les précédentes. Pas forcément qu'elles nous apprennent plus, puisque par exemple "Depuis hier je suis à l’hôpital" donne plus de renseignements, mais surtout elles nous cachent moins. Fini l'interprétation, et dans un texte aussi court, et où on a pas le temps de construire un personnage autour du narrateur, c'est à mon avis une erreur.
Le 2e aspect, c'est sur la forme. Elles sont disposées seules, avec saut de ligne entre elles, et ça fait un peu slogan à la fin d'un poème qu'on se demande comment achever. D'ailleurs on voit l'arrivée de points de suspension, comme pour meubler.
Et la phrase donc en particulier "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." bah moi ça me donne l'impression que le narrateur se plaint devant moi, et que, en tant que lecteur, je sers plus à rien que recevoir sa complainte.
D'autant qu'à mon avis, si on a lu correctement le début : on a compris l'angoisse de pas savoir où ni quand elle est née.
Le 2e aspect, c'est sur la forme. Elles sont disposées seules, avec saut de ligne entre elles, et ça fait un peu slogan à la fin d'un poème qu'on se demande comment achever. D'ailleurs on voit l'arrivée de points de suspension, comme pour meubler.
Et la phrase donc en particulier "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." bah moi ça me donne l'impression que le narrateur se plaint devant moi, et que, en tant que lecteur, je sers plus à rien que recevoir sa complainte.
D'autant qu'à mon avis, si on a lu correctement le début : on a compris l'angoisse de pas savoir où ni quand elle est née.
Ichimaru Gin- Nombre de messages : 23
Age : 38
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: J’ai rêvé
C'est aussi, ai-je ressenti, comme si une autre histoire s'amorçait et justifiait la présente, sans que cela soit pour autant nécessaire parce que le reste parle en effet très bien de lui-même, andrea a bien maîtrisé cette sensation d'angoisse (à mes yeux).Ichimaru Gin a écrit:Et la phrase donc en particulier "Je ne sais pas quand je suis née, je ne sais pas où." bah moi ça me donne l'impression que le narrateur se plaint devant moi, et que, en tant que lecteur, je sers plus à rien que recevoir sa complainte.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: J’ai rêvé
Presque tout a été dit mais je ne laisserai pas ce texte disparaître si vite. Allons une 2ème chance!
Petie remarque: le début, très haché, me donnait plus l'impression d'un carnet de notes (intéressantes d'ailleurs) que d'un texte construit. Mais la mayonnaise prend. Il suffisait d'un peu de patience de ma part.ça, c'est pas toujours gagné ! :-)
Petie remarque: le début, très haché, me donnait plus l'impression d'un carnet de notes (intéressantes d'ailleurs) que d'un texte construit. Mais la mayonnaise prend. Il suffisait d'un peu de patience de ma part.ça, c'est pas toujours gagné ! :-)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|