Combat de négresses nues dans la neige
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Combat de négresses nues dans la neige
Les gros bourdons de soleil, zèbres du ciel, ont commencé à envahir la plaine translucide, glacis de l’illumination. Les paysans de tous les bords de la fazenda sont accourus; les courbaturés, les hommes de main, les va-nu-pieds, insectes vivant de méchanceté et de menus larcins. Minus habens, il est selon les humeurs du propriétaire, des jours de servitude, de peine à creuser la terre profonde.
Quant vient « Le Jour d’EDGAR », les mines s’allongent , comme on va à confesse, on s’habille, on devient élégant. A la musique des cuivres, l’immense gerbe émigre vers le nord. La tribu sans souliers se prosterne devant le culte des sénateurs.
Apprêtées, polies à la cire, les deux antilopes en carbone sont emmenées dans le ce cercle qui dira la loi; elles combattront enchaînées comme des pense-bêtes, la vaincue rastaquouère finira étranglée, sultane pendue par une ficelle. Le Jocrisse les présente à l’assemblée des ripailleurs fous, il examine sans ménagement leurs chairs, leurs peaux, leurs oreilles et leurs dents. Du cou jusqu’aux chevilles, serrées, tressées de mille maux piquants. L’une d’elles a les seins en forme de tire-bouteilles, elle porte son huitième enfant et la plus jeune est tellement fière qu’elle fera monter les enchères au plus offrant.
Le grand couteau sémaphore s‘enfonce d‘un ton sévère, alors le gong de la montagne retentit. Les yeux des béotiens aux formes trapues, moins que le nez et plus que le visage, s’excitent comme des aiguillons.
Seul au milieu de ce contingent microbien, l’homme au grand chapeau, immense émissaire , le mangeur de serpents admire la lutte des fumeuses noires sur le sol glacé, leurs babines retroussées comme des ballots d’argent.
Au niveau des genoux puis en bas, l’une tombe. Amanie, huitième merveille du monde au ventre rond, s’enfuyant dans la transparence.
Maintenant, pendant, demain.
Ailleurs, elle ira.
La négresse blanche dont le secret sera respecté jusqu’aux nuits tombantes, dont le feuillage est plus touffu qu’un songe, les yeux des flèches roses, le coeur d’une noyée rejetée par les fleuves du grand pôle.
Il neigera noir au fond des douves, dans le culte de la déesse-bougie, les cétoines s’habilleront d‘ors, garde-chiourme avec leurs masques de gitans formeront cercle autour de l’évanouissement de la princesse, porteurs de silence et de bronze.
Et lui, l’homme qui mange les serpents cherchera au-delà de l’abécédaire, les pas continuels sans pente, sans fin, sous le manteau de la neige, la lumière du jour, le mélange de pus et de sang.
Dévoué à la sanie.
Terrible hallebardier, serpent de la négresse, Rodrigue battant ses flancs à raviver les charmes de la machine-nue, l’étreinte de son étreinte, l’être de son être, Son Allégresse, l‘épiderme des sédiments, la ferrure dorée.
Vers sa genèse, il marchera à pas de géants, sous son manteau de fourrure il cachera son idée noire, grattera la terre huileuse, à se rendre hideux et blême sous le ciel plombé du vol des frelons. Des décennies passeront en minces filets de prières, assis dans le feu de la force obscure.
Quant vient « Le Jour d’EDGAR », les mines s’allongent , comme on va à confesse, on s’habille, on devient élégant. A la musique des cuivres, l’immense gerbe émigre vers le nord. La tribu sans souliers se prosterne devant le culte des sénateurs.
Apprêtées, polies à la cire, les deux antilopes en carbone sont emmenées dans le ce cercle qui dira la loi; elles combattront enchaînées comme des pense-bêtes, la vaincue rastaquouère finira étranglée, sultane pendue par une ficelle. Le Jocrisse les présente à l’assemblée des ripailleurs fous, il examine sans ménagement leurs chairs, leurs peaux, leurs oreilles et leurs dents. Du cou jusqu’aux chevilles, serrées, tressées de mille maux piquants. L’une d’elles a les seins en forme de tire-bouteilles, elle porte son huitième enfant et la plus jeune est tellement fière qu’elle fera monter les enchères au plus offrant.
Le grand couteau sémaphore s‘enfonce d‘un ton sévère, alors le gong de la montagne retentit. Les yeux des béotiens aux formes trapues, moins que le nez et plus que le visage, s’excitent comme des aiguillons.
Seul au milieu de ce contingent microbien, l’homme au grand chapeau, immense émissaire , le mangeur de serpents admire la lutte des fumeuses noires sur le sol glacé, leurs babines retroussées comme des ballots d’argent.
Au niveau des genoux puis en bas, l’une tombe. Amanie, huitième merveille du monde au ventre rond, s’enfuyant dans la transparence.
Maintenant, pendant, demain.
Ailleurs, elle ira.
La négresse blanche dont le secret sera respecté jusqu’aux nuits tombantes, dont le feuillage est plus touffu qu’un songe, les yeux des flèches roses, le coeur d’une noyée rejetée par les fleuves du grand pôle.
Il neigera noir au fond des douves, dans le culte de la déesse-bougie, les cétoines s’habilleront d‘ors, garde-chiourme avec leurs masques de gitans formeront cercle autour de l’évanouissement de la princesse, porteurs de silence et de bronze.
Et lui, l’homme qui mange les serpents cherchera au-delà de l’abécédaire, les pas continuels sans pente, sans fin, sous le manteau de la neige, la lumière du jour, le mélange de pus et de sang.
Dévoué à la sanie.
Terrible hallebardier, serpent de la négresse, Rodrigue battant ses flancs à raviver les charmes de la machine-nue, l’étreinte de son étreinte, l’être de son être, Son Allégresse, l‘épiderme des sédiments, la ferrure dorée.
Vers sa genèse, il marchera à pas de géants, sous son manteau de fourrure il cachera son idée noire, grattera la terre huileuse, à se rendre hideux et blême sous le ciel plombé du vol des frelons. Des décennies passeront en minces filets de prières, assis dans le feu de la force obscure.
Re: Combat de négresses nues dans la neige
Le mot négresses me gêne un peu, même si je sais qu'il n'a aucune connotation péjorative dans ta bouche. C'est juste que le je le trouve réducteur parce qu'il oriente d'emblée la pensée vers quelque chose et ça restreint peut-être la (ma) lecture.
C'est un tableau assez dur que tu esquisses ici, avec plus de sobriété que dans d'autres textes et c'est sans doute ce qui en fait ressortir la force; ce n'est pas pour me déplaire.
C'est un tableau assez dur que tu esquisses ici, avec plus de sobriété que dans d'autres textes et c'est sans doute ce qui en fait ressortir la force; ce n'est pas pour me déplaire.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Combat de négresses nues dans la neige
Une très très belle écriture pour ce texte empreint de violence mais aussi d'espoir.
Invité- Invité
Re: Combat de négresses nues dans la neige
ça porte et ça transporte, on dépasse la simple signification pour atteindre la sensation. Je me suis pris au jeu, j'ai aimé.
Re: Combat de négresses nues dans la neige
voilà un texte de Lol que je suis arrivé à lire jusqu'au bout, sans efforts, et en le comprenant :-)))
et en écho à la remarque de Sahkti, le mot négresse ici est tout à fait adéquat
comme il n'a rien de péjoratif en bien des circonstances, il est employé couramment chez nous sans que personne ne pense à mal ni ne le relève
et j'espère ailleurs aussi, si tant est qu'il ne s'agisse pas bien sûr d'une conversation orientée xénophobie ou à caractère racial
ça me rappelle un de mes textes pour un exo en direct ici même, j'avais raconté un truc en pensant à une véritable élection locale de miss aux Antilles à laquelle j'avais assisté en plein air, eh bien l'animateur au micro sortait souvent des phrases du style "et voici... oh la belle négresse ! voici miss Antigua, on applaudit !"
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/exercice-en-direct-jeudi-1er-juin-21h-t418-80.htm#18638
c'est même flatteur, je trouve
bien sûr, si tu te mets à dire le mot en l'affublant d'un adjectif très défavorable, tu auras toujours quelqu'un pour te traiter de raciste
et en écho à la remarque de Sahkti, le mot négresse ici est tout à fait adéquat
comme il n'a rien de péjoratif en bien des circonstances, il est employé couramment chez nous sans que personne ne pense à mal ni ne le relève
et j'espère ailleurs aussi, si tant est qu'il ne s'agisse pas bien sûr d'une conversation orientée xénophobie ou à caractère racial
ça me rappelle un de mes textes pour un exo en direct ici même, j'avais raconté un truc en pensant à une véritable élection locale de miss aux Antilles à laquelle j'avais assisté en plein air, eh bien l'animateur au micro sortait souvent des phrases du style "et voici... oh la belle négresse ! voici miss Antigua, on applaudit !"
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-ecrits-prose-f1/exercice-en-direct-jeudi-1er-juin-21h-t418-80.htm#18638
c'est même flatteur, je trouve
bien sûr, si tu te mets à dire le mot en l'affublant d'un adjectif très défavorable, tu auras toujours quelqu'un pour te traiter de raciste
Re: Combat de négresses nues dans la neige
J'ai eu le même a priori que Sahkti au vu du titre mais rassurée : en même temps, j'aurais été étonnée d'y voir autre chose.
Juste une question : ce texte s'insère-t-il dans un ensemble ? Il me semble avoir lu de toi des poèmes ou textes en proses qui iraient bien avec celui-là... Ce que j'en dis, ^^. Je suis curieuse, voilà tout !
Juste une question : ce texte s'insère-t-il dans un ensemble ? Il me semble avoir lu de toi des poèmes ou textes en proses qui iraient bien avec celui-là... Ce que j'en dis, ^^. Je suis curieuse, voilà tout !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Combat de négresses nues dans la neige
Lucy a écrit:J'ai eu le même a priori que Sahkti au vu du titre mais rassurée : en même temps, j'aurais été étonnée d'y voir autre chose.
Juste une question : ce texte s'insère-t-il dans un ensemble ? Il me semble avoir lu de toi des poèmes ou textes en proses qui iraient bien avec celui-là... Ce que j'en dis, ^^. Je suis curieuse, voilà tout !
Tu as raison je crois bien Lucy : ce texte m'en rappelait un autre ; je suis allée vérifier, parce que ça me turlupinait depuis le début... C'est donc à "Chaos va mourir" que je pensais. Différent mais écho quand même.
Invité- Invité
Re: Combat de négresses nues dans la neige
Je me le suis relu quelques années après ( putain de catalogue ! ou l'on n'a pas d'accès -ou au hasard- ).
Période de l'esclavage. Les négresses ont été transportées dans les états du nord. L'hiver, la neige. Elles sont enchaînées, nues, c'est un état proche d'un protestantisme dur. Sur une sorte de ring, elles combattent, neige blanche sur fond noir.
Erotisme malsain, grosses et peut-être laides. Un regard apeuré.
Jeux du cirque après la messe du dimanche.
Un texte écrit comme un fantasme et une rebellion.
Au bord du bord...du bord.
UN de mes plus beaux textes.
Période de l'esclavage. Les négresses ont été transportées dans les états du nord. L'hiver, la neige. Elles sont enchaînées, nues, c'est un état proche d'un protestantisme dur. Sur une sorte de ring, elles combattent, neige blanche sur fond noir.
Erotisme malsain, grosses et peut-être laides. Un regard apeuré.
Jeux du cirque après la messe du dimanche.
Un texte écrit comme un fantasme et une rebellion.
Au bord du bord...du bord.
UN de mes plus beaux textes.
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