L’atelier
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L’atelier
L’atelier
Une bille de plomb minuscule me nargue.
De gauche à droite
De droite à gauche
Elle accélère au courant d’air.
La page s’étire et baille, fait le gros dos, se griffe aux agrafes. La bille est prisonnière entre deux lignes.
Dehors, Marine traverse la chaussée. Ses seins roulent sous son pull rayé.
La plume transperce le papier comme une flèche de Cupidon. La bille se fige dans le trou.
Le porte-plume, jeté dans l’encrier, éclabousse le cahier. Des fourmis déambulent, conciliabule, sur la feuille. Elles font la ronde, s’abreuvent des gouttes violettes. J’en tire une par la patte. Les lettres se resserrent. Je tourne la page et la lisse de la main. Marine se couche nue dans la marge. Les fourmis reviennent. Elles s’amassent le long de la ligne rouge. Marine remue, princesse au petit pois (tout petit). Ses fesses sont blanches ; son corps irrigué par des veines bleues. Quadrillage.
La fenêtre tremble. Dans la rue vide, volent les papiers gras. Eliane est partie au loin le vent tresse nos soupirs.
Marine a faim.
« - Si nous jouions au Poker, lui dis-je.
- Je suis déjà à poil, me répond-elle. »
Je lui tends un bas de soie. Elle le déroule sur sa jambe. New York. Les bruits du marché montent jusqu’à l’atelier. Marine à l’encre de Chine. Mon modèle me tue. Les larges vitres sont immobiles sous le givre. Je donne mes frites à Marine. Elle les enfonce dans ses lèvres. J’éjacule sur le tapis.
Les fourmis se sont frayées un chemin. Elles s’engouffrent par la petite porte dans la ligne rouge brisée. Marine se tortille sous les piqûres. Les insectes lui pénètrent le corps. Au fil des pages, elle se dessèche. Je peints la mort. Au fusain. Le tapis est bleu marine.
Des escrocs me guettent à la sortie de salles de jeu. New York se fait justice. Le poisson jaunâtre dans la barquette sent le souffre pourtant Marine me tente toujours. Je tourne les pages à l’envers. Ma main se ride.
Dehors le vent se pose. Je sors le chien. Dans les poubelles, je cherche la trace d’Eliane. Son rire PVC. Papiers gras. Des tresses.
Prisonnières entre deux trottoirs, les bouches d’égout me regardent. J’aperçois Marine par le hublot de sa salle de bains. Elle chante et j’imagine ses gros seins dans l’eau. Noyés.
Le dog est lent. La porte est massive. Dans la chambre, la plume m’attend.
Les fourmis parlent vite. C’est bientôt la fin de l’histoire. Quelques toiles sans cadre. Un trafiquant d’art, trois putes et des œuvres maquillées. Le cri dans un bateau.
Il reste quatre pages au cahier lorsque je mets le point final, minuscule. Comme une bille. De plomb.
Ma chambre est un Van Gogh et le lit sent le bleu. La rue est raide. Marine me suce encore. Les volets claquent et le plafond blanchit.
New York dort sous la neige.
Akinorev le 26/04/2009
Une bille de plomb minuscule me nargue.
De gauche à droite
De droite à gauche
Elle accélère au courant d’air.
La page s’étire et baille, fait le gros dos, se griffe aux agrafes. La bille est prisonnière entre deux lignes.
Dehors, Marine traverse la chaussée. Ses seins roulent sous son pull rayé.
La plume transperce le papier comme une flèche de Cupidon. La bille se fige dans le trou.
Le porte-plume, jeté dans l’encrier, éclabousse le cahier. Des fourmis déambulent, conciliabule, sur la feuille. Elles font la ronde, s’abreuvent des gouttes violettes. J’en tire une par la patte. Les lettres se resserrent. Je tourne la page et la lisse de la main. Marine se couche nue dans la marge. Les fourmis reviennent. Elles s’amassent le long de la ligne rouge. Marine remue, princesse au petit pois (tout petit). Ses fesses sont blanches ; son corps irrigué par des veines bleues. Quadrillage.
La fenêtre tremble. Dans la rue vide, volent les papiers gras. Eliane est partie au loin le vent tresse nos soupirs.
Marine a faim.
« - Si nous jouions au Poker, lui dis-je.
- Je suis déjà à poil, me répond-elle. »
Je lui tends un bas de soie. Elle le déroule sur sa jambe. New York. Les bruits du marché montent jusqu’à l’atelier. Marine à l’encre de Chine. Mon modèle me tue. Les larges vitres sont immobiles sous le givre. Je donne mes frites à Marine. Elle les enfonce dans ses lèvres. J’éjacule sur le tapis.
Les fourmis se sont frayées un chemin. Elles s’engouffrent par la petite porte dans la ligne rouge brisée. Marine se tortille sous les piqûres. Les insectes lui pénètrent le corps. Au fil des pages, elle se dessèche. Je peints la mort. Au fusain. Le tapis est bleu marine.
Des escrocs me guettent à la sortie de salles de jeu. New York se fait justice. Le poisson jaunâtre dans la barquette sent le souffre pourtant Marine me tente toujours. Je tourne les pages à l’envers. Ma main se ride.
Dehors le vent se pose. Je sors le chien. Dans les poubelles, je cherche la trace d’Eliane. Son rire PVC. Papiers gras. Des tresses.
Prisonnières entre deux trottoirs, les bouches d’égout me regardent. J’aperçois Marine par le hublot de sa salle de bains. Elle chante et j’imagine ses gros seins dans l’eau. Noyés.
Le dog est lent. La porte est massive. Dans la chambre, la plume m’attend.
Les fourmis parlent vite. C’est bientôt la fin de l’histoire. Quelques toiles sans cadre. Un trafiquant d’art, trois putes et des œuvres maquillées. Le cri dans un bateau.
Il reste quatre pages au cahier lorsque je mets le point final, minuscule. Comme une bille. De plomb.
Ma chambre est un Van Gogh et le lit sent le bleu. La rue est raide. Marine me suce encore. Les volets claquent et le plafond blanchit.
New York dort sous la neige.
Akinorev le 26/04/2009
Re: L’atelier
J'ai beaucoup aimé, c'est bizarre et angoissant...
Une remarque : "Je peins la mort", et non "peints".
Une remarque : "Je peins la mort", et non "peints".
Invité- Invité
Re: L’atelier
Ah, et grand bravo pour : "Ma chambre est un Van Gogh et le lit sent le bleu."
Invité- Invité
Re: L’atelier
Et :
"Mon modèle me tue".
Superbe texte et si tu le permets, je le mets sur mon blog.
Amicalement.
"Mon modèle me tue".
Superbe texte et si tu le permets, je le mets sur mon blog.
Amicalement.
Re: L’atelier
Oui, sur ton blog no problem, merci de penser qu'il y sera à sa place
Salutations combattives, LOL ;-))
v.
Salutations combattives, LOL ;-))
v.
Re: L’atelier
Et tu n'oublieras pas de mettre la phrase:
v.
< modifié >
en italique car elle m'a échappé ici.La fenêtre tremble. Dans la rue vide, volent les papiers gras. Eliane est partie au loin le vent tresse nos soupirs.
v.
< modifié >
Re: L’atelier
Au début j'ai trouvé ça "mignon", puis au fil de la lecture : habile (très), intrigant et maîtrisé... Arrivée au bout, je ne sais quoi en penser, si ce n'est que j'ai bien aimé cette ambiance indéfinissable, onirique, un texte qui fourmille di'dées, part dans toutes les directions mais garde le fil, frictionne l'imagination...
Je me suis également arrêtée sur la poésie de cette phrase : "Ma chambre est un Van Gogh et le lit sent le bleu".
Je me suis également arrêtée sur la poésie de cette phrase : "Ma chambre est un Van Gogh et le lit sent le bleu".
Invité- Invité
Re: L’atelier
Etrange, poétique, érotique, écriture serrée, des idées et des mots mélés. Oui j'ai beaucoup aimé cet atelier dans lequel je me suis un instant glissé.
Re: L’atelier
J'ai pensé à une mise en abîme de l'acte d'écriture, la plume qui court sur le papier et se perd dans l'histoire, avant de créer elle-même son histoire. Ceci à cause de la bille de plomb mais plus loin, en lisant la plume jetée dans l'encrier, je ne sais plus. Bille de plomb et plume = pas pareil. Va alors pour un tableau.
Il y a également des airs confus dans ce texte mais ceux-ci me plaisent. Ils donnent naissance à des scènes hétéroclites, décousues, qui ont pas mal de charme.
J'aime également l'atmosphère générale qui se dégage de ce texte, mystérieuse, poétique. Le tout est réussi et agréable à l'oreille (et au regard!)
Il y a également des airs confus dans ce texte mais ceux-ci me plaisent. Ils donnent naissance à des scènes hétéroclites, décousues, qui ont pas mal de charme.
J'aime également l'atmosphère générale qui se dégage de ce texte, mystérieuse, poétique. Le tout est réussi et agréable à l'oreille (et au regard!)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L’atelier
J'aime sans savoir pourquoi. Ce qui me pose problème. Il va falloir que j'y retourne pour être sûr. En tous cas des images me plaisent
La fenêtre tremble. Dans la rue vide, volent les papiers gras. Eliane est partie au loin le vent tresse nos soupirs.
La fenêtre tremble. Dans la rue vide, volent les papiers gras. Eliane est partie au loin le vent tresse nos soupirs.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: L’atelier
Ah oui !
Moi, qui suis cliente pour les trucs étranges qui me baladent, me sortent de mes pompes, j'aime !
Moi, qui suis cliente pour les trucs étranges qui me baladent, me sortent de mes pompes, j'aime !
Invité- Invité
Re: L’atelier
J’aime bien le texte, bien que je ne le comprenne pas…
Pour moi, il s’agit de poésie, car ce qui est raconté est plus que ce que les mots disent. Je ne comprends généralement pas la poésie, même si je l’apprécie parfois.
En tout cas il y a de la force, du vrai, de l’humour, de l’amour… Un bon cocktail !
Pour moi, il s’agit de poésie, car ce qui est raconté est plus que ce que les mots disent. Je ne comprends généralement pas la poésie, même si je l’apprécie parfois.
En tout cas il y a de la force, du vrai, de l’humour, de l’amour… Un bon cocktail !
Re: L’atelier
Un paysage un quadrillage en forme d'interminables graffitis
pattes de mouches ou de fourmis qui s'agglutinent sur notre rétine
et voilà que surgit Marine au regard couleur d'ancre
et nous bille en tête on s'entête on chavire on plonge on délire
On entend les cris vains
d'une écriture sans rature
Et moi j'aime bien
parir à l'aventure
pattes de mouches ou de fourmis qui s'agglutinent sur notre rétine
et voilà que surgit Marine au regard couleur d'ancre
et nous bille en tête on s'entête on chavire on plonge on délire
On entend les cris vains
d'une écriture sans rature
Et moi j'aime bien
parir à l'aventure
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: L’atelier
Merci beaucoup pour le poste. Il est vraiment utile.
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redroseggs- Nombre de messages : 1
Age : 38
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: L’atelier
Tu nous perds entre tes lignes, tes esquisses.
La balade déboussole un peu, tu joues avec l'abîme, le temps et les images, parfois on aimerait bien s'arrêter un peu, se raccrocher à quelque chose. Mais se laisser porter, ce n'est pas désagréable non plus.
La balade déboussole un peu, tu joues avec l'abîme, le temps et les images, parfois on aimerait bien s'arrêter un peu, se raccrocher à quelque chose. Mais se laisser porter, ce n'est pas désagréable non plus.
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