Le sommeil

Le sommeil

Sur un lit dévêtu de satin bouillonnant
Deux corps entremêlés au sortir d’une fête,
La blonde vers la brune à demi se tournant,
Ont fait don à Morphée de leurs formes replètes.

La pose est alanguie, la lourdeur des paupières
Et les bras étendus témoignent du repos
Succédant aux ébats d’amantes coutumières
Des délices divins tant chantés par Sappho.

La brune au teint hâlé a renversé la tête
La blonde appuie sa joue sur son sein, doucement.
Ces modèles parfaits pour un tableau d’esthète
Sont bien attendrissants dans leur dépouillement.

Rondeurs épanouies, fins poignets et chevilles,
Quelques bijoux épars près des corps enlacés,
Parfum de liberté auréolant ces filles
Et discrète impudeur habilement tracée.

Hommage à toi, Courbet, pour l’amour, la tendresse,
Que tu mis à l’honneur sur cette couche rose,
Peignant, cheveux défaits, ces deux belles maîtresses.
Merci de l’avoir fait, avant qu’un autre l’ose.

embellie

En dehors du fait que le thème ne me touche pas particulièrement, j'ai vu là une qualité d'expression au service d'une grande délicatesse et finalement je me suis laissé séduire... (par les mots, seulement^^).

Bref, ce n'est pas le style que j'affectionne vraiment, mais aussi objectivement que je puisse en juger vous le maîtriser fort bien!

A quand la version entre hommes?

Belle illustration pour Baudelaire d'un poème sulfureux ( encore aujourd'hui ).

Une mise en forme formelle (!), sobrement élégante.
Embellie, je me permets de mettre le lien vers le tableau :

http://www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=6229&document_id=13956&image_number=9

la première strophe me gêne un peu et n'atteint pas la grâce des suivantes ce qui nuit à l'ensemble
on dirait presqu'écrit par 2 personnes de style différent
bon c'es mon humbe avis

doux dimanche à toi

Deux lectures possibles, mais j'avoue que la connaissance préalable du tableau a fait que je n'ai pas pu prendre assez de distance par rapport au texte.

Deux lectures donc, la première étant quasi une description de ce tableau de Courbet, tentative bien pensée mais pas assez aboutie à mon goût, parce que trop proche de la réalité, s'en détournant assez peu, mais là n'était sans doute pas le but.
La seconde lecture, en arrivant à faire abstraction de l'existence du tableau (difficile dans mon cas), permet justement au lecteur d'imaginer lui-même la scène et de créer l'image dans sa tête. Exercice intéressant surtout lorsqu'on compare l'imaginé au réel.

embellie a écrit:Merci de l’avoir fait, avant qu’un autre l’ose.

Est-il vraiment le premier à l'avoir fait?

Pour ce qui est du texte proprement dit, je regrette quelque peu que son aspect descriptif prenne le dessus sur les tournures poétiques; ça casse un peu le rythme et le charme, ça en deviendrait presque clinique dans le procédé.

J'aurais préféré qu'on se rende compte dès le début que cette poésie était un hommage à Courbet.
Sinon, je la trouve épatante, dans sa forme et dans son contenu.
C'est fin, c'est intelligent, avec beaucoup de poésie charmeuse et raffinée...

J'ai dû lire ici environ 150 poèmes, ce qui est relativement peu. Mais je tiens à dire qu'à mon sentiment, "Le Sommeil" est le meilleur.
On peut lui reprocher son académisme, mais il ne déparerait pas une anthologie de poètes du XIXème siècle, c'est-à-dire d'un siècle où l'écriture poétique n'admettait pas un vague charabia.
Je ne dis pas non plus qu'il faille encore écrire en alexandrins pour être un "vrai" poète - sauf à les maîtriser comme vous y réussissez sans jamais donner l'impression de l'effort, d'où la fluidité et la douceur de vos vers. Le tableau qui les inspire, la référence à Sapho me touchent aussi personnellement; mais dans ce genre d'exercice c'est évidemment la Beauté de la forme qui retient et occupe avant tout notre esprit, puis nos sens, même si ceux-ci s'éveillent aussi grâce au pouvoir de vos mots, de l'harmonie qu'ils créent, de leurs couleurs et surtout de leur faculté d'entraîner l'imagination ou la rêverie où ils veulent.
Cordialement.

Bonsoir, Embellie

Un beau travail d'observation autour du tableau de Courbet (A quand le même sur "l'origine du monde"?)

Observations fines , donc. je dirais comme quelqu'un d'autres, il manque la dimension personnelle qui aille au-delà du descriptif et qui nous ferait partager des émotions autres qu'esthétiques.
je ne sais pas si je me fais comprendre...

Sinon, c'est vraiment soigné.

Amicalement

Je suis touchée de l'accueil réservé à ce poème, très académique certes, et se bornant à une description.
Sahkti, Soliflore, j'aurais voulu y inclure des pensées personnelles, elles ne me manquent pas, mais je n'ai pas su les libeller d'une façon qui me convienne. Une strophe aurait suffi à l'enrichir. Je le sentais bien. Peut-être le reprendrai-je un jour, si l'inspiration me vient...
Madeline et Saint Jean-Baptiste, vos compliments me vont droit au coeur.
J'y suis d'autant plus sensible que j'écris très peu de poèmes.
Merci à tous.

Merci à Easther pour avoir mis le lien.
Ba, tu as dit "sulfureux" ? Bah !!!
Ento, la version entre Hommes n'est pas trop pour moi, mais si tu sais peindre fais d'abord le tableau, puis on verra...
Mitsouko, je trouve ta remarque juste, mais c'est vraiment moi qui ai tout écrit. Il faut attribuer à mon inexpérience la bâtardise de cette première strophe.

C'est marrant, je me suis laissée emportée sans voir la référence, je trouvais ça vraiment très visuel (donc j'imagine que c'est un bon point!) par contre, la dernière strophe m'a complètement sortie de cette atmosphère-torpeur, un peu brutalement, c'est dommage...
En général, pas trop attirée par la forme régulière, mais beaucoup aimé celui-ci.