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Auprès de mon arbre

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Auprès de mon arbre Empty Auprès de mon arbre

Message  Invité Mar 14 Juil 2009 - 22:41

Auprès de mon Arbre…

« Pleurent les grands Micocouliers Se taisent toutes les abeilles… »

Dans la Crau, sous le soleil écrasant, a succombé belle Mireille, et c’est en ces termes que Frédéric Mistral nous montre les Micocouliers provençaux témoins éplorés d’une tragédie. Comme le poète, je ne suis pas loin de penser que nos amis les Arbres nous regardent vivre et peuvent souffrir de nos comportements. Après tout, comme nous, ils naissent, vivent et meurent.

Qui peut affirmer qu’ils n’ont pas d’âme ?
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J’ai planté un Saule. Ses branches-lianes pendent mollement vers le sol, mais n’allez pas croire qu’il pleure. Pourquoi pleurerait-il ? Il est heureux chez moi !
Il faut juste savoir que le Saule, pleureur ou pas, est toujours narcissique. J’ai donc pris soin de le placer au bord de la mare aux canards. Il n’a qu’à se pencher vers le miroir de l’eau pour voir sa belle chevelure, et tout le jour, courbé, il se mire…et s’admire.
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Du temps de François Villon, près du gibet de Montfaucon, il y avait quelques arbres. A chaque nouvelle pendaison, ils frémissaient d’horreur. Parmi eux se trouvait un Tremble.

Le malheureux en tremble encore !
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– Je suis Platane au bord des routes depuis plus de quatre-vingts ans. Aujourd’hui, certains voudraient me supprimer. Ils me disent « dangereux. » S’ils osaient, ils me traiteraient d’assassin.
Ce n’est pourtant pas moi qui me précipite sur ces engins bruyants pour stopper leur course folle. Je reste sagement aligné et j’accomplis la tâche que l’on m’a assignée : faire le plus d’ombre possible pour rafraîchir la route accablée de soleil. On devrait me remercier.
Quand je suis dans un square, les enfants aiment bien, avec leurs petits doigts, m’arracher des lambeaux de peau. Cela chatouille un peu, mais je les laisse faire. Ils sont ravis d’imaginer, aux endroits dénudés, des figures étranges, des animaux ou des pays aux contours fantaisistes. Les plus coquins effritent mes boules et s’en servent comme poil à gratter glissé dans le cou des copains. Effet garanti !
A l’automne, mes larges feuilles sont si belles, bronzées, dorées ou couleur cuir, qu’ils en choisissent toujours une pour la dessiner à l’école.
De plus, je sers de kiosque à musique à ces insectes violoneux qui, accrochés à ma peau desquamée, tout l’été scient le temps, consciencieusement.

Si je n’existais pas, il faudrait m’inventer !
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Voyage touristique à Egine, île grecque paradisiaque, surtout pour le Pistachier.
Il y règne en maître, assurant la prospérité de ce territoire qu’il recouvre en quasi-totalité. Dans l’autocar, de mon fauteuil surélevé, je surplombe cet océan de feuillage.
Un détail me surprend. Par-ci, par-là, à intervalles réguliers, des individus se dressent, plus gros et plus grands que les autres. J’apprends que, pour une bonne production de leurs fruits tant appréciés, chaque mâle Pistachier est toujours entouré de quatre Pistachiers femelles.

« Mais oui, mais oui madame, le Pistachier est polygame ! »
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Palétuvier, ton joli nom est romantique, il fleure bon les îles chaudes, l’exotisme, les lointaines Caraïbes, le voyage, la liberté.
Pourquoi faut-il que tes racines, aux attitudes révulsées, semblent vouloir se dépêtrer du limon gras de la mangrove ? On dirait des serpents affolés, tordus, noués, figés dans cette pose par quelque maléfice.
Avec tes frères d’infortune tu parais subir la torture. C’est pitié de vous voir serrés, racines entremêlées, prisonniers de l’impénétrable forêt.

Mystérieuse mangrove, tu me fais peur.
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– Je suis Baobab au Kenya. Je voudrais être à Bilbao.
– Pourquoi ?
Baobab à Bilbao…C’est rigolo !
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Saluez la générosité du Poirier, de l’Abricotier, qui vous offrent leurs fruits tout nus, prêts à croquer.
Le Noyer, le Noisetier, plus réticents, vous font travailler. Vous voulez déguster ? Faut casser la coquille.
Quant au Châtaignier, très sexy, il se fait désirer, entrouvre sa bogue, vous montre ostensiblement son fruit brun, rebondi et luisant, mais quand vous voulez toucher…
il vous pique !
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– Dis, Papé, pourquoi tu as mis des chiffons blancs dans le Prunier ?
– Heu ! … Pour que les oiseaux s’essuient le bec, après avoir dégusté mes prunes.
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Coupe claire dans la forêt. D’un vieux Chêne tordu, perclus de rhumatismes, personne ne voulut.
L’un dit : « Tu as vu son corps ? Je veux bien qu’on me pende si de ce tronc informe un ébéniste peut extraire une planche qui ne soit de guingois ! »
Un autre suggéra : « Puisque sa vie est quasiment finie, autant l’abattre et faire place nette… »
Entendant ces paroles, l’arbre tordu se tassa sur lui-même, et murmura cette humble prière :
« Dieu Sylvain, je t’en supplie, fais à ces hommes entendre raison. Je voudrais vivre en paix le temps de ma retraite. Je suis vieux, c’est un fait, mais je puis encore être utile… »
Alors vint le chef des bûcherons qui d’un ton magnanime ordonna à ses hommes de laisser ce Chêne tranquille.
Sitôt seul, notre arbre se redressa, tendit sa cime à gauche, à droite, pour épier alentour les regards indiscrets, puis, se voyant bien esseulé dans cet espace dévasté, s’étira tout à fait. Il s’ébroua, provocant une pluie de jeunes glands, fit frémir ses feuilles soudainement reverdies. Un zéphyr, qui parcourait ses branches, l’entendit pousser un soupir.

Les bûcherons ne sont pas revenus.

Depuis ce jour, le Chêne épargné offre ses glands aux sangliers et son ombre dentelurée aux pique-niqueurs du dimanche.
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Savez-vous comment se nomme le plus beau Bananier du monde ?
Joséphine Baker.
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– On m’appelle Ravenala, l’arbre du voyageur. Je vis à Madagascar et je suis aussi accueillant que les habitants de cette île.
Dans mes feuilles en forme d’éventail, je conserve précieusement l’eau de pluie, afin que le passant assoiffé puisse se désaltérer.

« Qui est passé repassera, auprès du Ravenala »
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Jean Ferrat a joliment chanté :
« A l’ombre bleue du Figuier Passent, passent les étés… »
Passent aussi les étés, à l’ombre légère de ta ramure épanouie, Albizia tout fleuri !
N’as-tu pas peur du soleil de juillet ? Il pourrait bien faire fondre très vite tes pompons blancs, frangés de rose, aussi frais que des sorbets.
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embellie

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Message  Mure Mer 15 Juil 2009 - 10:17

J'ai bien aimé me promener dans ce jardin.
Je regrette les traits séparateurs et le manque de lien entre chaque arbres.
Les arbres communiquent (je fais références aux acacias qui s'envoient un message d'alerte lorsque les girafes s'attaquent à l'un d'eux... les suivants se font "poison").
Ils auraient pu être (Hêtre) à une conférence ou un festival (à Crozon ? :-D) et se raconter l'un l'autre.

Mo passage préféré : lorsque le Platane parle !

Merci à vous.
Mure
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Message  Invité Mer 15 Juil 2009 - 10:39

J'ai préféré les mouchoirs du prunier, quelle jolie réponse !!
Aimé aussi le platane kiosque à musique.
L'exercice est intéressant et offre des variations infinies, je pense au séquoia, au sapin, à l'envahissant sycomore...
J'ai regretté le ton peut-être un peu twee, sentimental, presque sirupeux (je dis ça comme un clin d'oeil à l'exercice, en pensant à l'érable) de ces descriptions.

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Message  Sahkti Lun 3 Aoû 2009 - 12:46

Du temps de François Villon, près du gibet de Montfaucon, il y avait quelques arbres. A chaque nouvelle pendaison, ils frémissaient d’horreur. Parmi eux se trouvait un Tremble.
Le malheureux en tremble encore !

J'aime bien cette idée !

J’apprends que, pour une bonne production de leurs fruits tant appréciés, chaque mâle Pistachier est toujours entouré de quatre Pistachiers femelles.
« Mais oui, mais oui madame, le Pistachier est polygame ! »
Tout comme ceci, poétique et joli.

Quelques jolies déclinaisons, fraîches et touchantes, certes éphémères mais elles font du bien à l'esprit.
Sahkti
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