Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

J'entends nos cerveaux mourir

+6
Plotine
Rebecca
CROISIC
Ba
silene82
The mec bidon
10 participants

Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty J'entends nos cerveaux mourir

Message  The mec bidon Lun 7 Sep 2009 - 5:48

J'avais cloué des planches de bois sur les fenêtres de ma chambre quelques années auparavant. En faisant cela, j'avais fâché pour toujours cette pièce avec la lumière. Elle était le dernier bastion du monde contre la clarté. Je n'étais même plus sûr de la couleur de ses murs, ils avaient peut-être été jaunes à une époque... le mot « couleur » n'avait de toute façon plus aucun sens ici.

La tête lourde d'avoir trop dormi, je me dirigeai vers le salon. La pendule du couloir indiquait seize heures. L'éclatante lumière du soleil d'août m'éblouit à travers la baie-vitrée. J'eus alors furtivement la désespérante impression d'être enfermé dans une cage de verre devant les portes du paradis.

Mon premier regard sur l'écran. Elle était sur le coup depuis neuf heures du matin, d'après l'historique. Son dernier message datait de vingt minutes : « Pourquoi tu ne réponds pas ? ». Mon premier mensonge : « Excuse-moi, je n'étais pas chez moi ».

Le petit déjeuner, c'est le repas le plus important de la journée. Je le savais depuis mes huit ans, ils l'avaient dit dans une émission sur La Cinquième. Aujourd'hui, c'était steak-haché ketchup avec un grand bol de café noir. Pendant que la viande cuisait, je constatai que cette barge m'avait appelé treize fois depuis ce matin.

Cette fille, elle s'appelait Prague, comme la ville. Son truc pour se donner de la contenance, c'était Bach, Mozart, Balzac et toute cette fameuse clique de types chiants et morts. Elle aimait parler d'eux avec suffisance, quand elle n'écrivait pas ses saloperies de poèmes lyriques dégoulinants de merde enrobée de pétales de roses. C'était sa façon d'être marginale, et plus elle agaçait les autres, plus elle se sentait flotter loin au dessus d'eux. Mais moi, je l'aimais bien. Tout le monde fait semblant d'aimer des artistes, mais c'est juste pour la façade. Ça sert à ça, l'art, on peut faire semblant de le comprendre pour acquérir une belle image à montrer en société. Elle avait juste choisi une image d'une autre couleur pour se démarquer. La façade n'est pas importante, ce qui compte, c'est de savoir que personne ne cache rien derrière, sinon on n'aurait pas besoin de camoufler ce vide. Quoi qu'il en soit, ses faux-airs de bourgeoise m'excitaient, et c'est tout ce qui compte.

Elle n'était pas farouche, il suffisait d'être clair dans ses intentions. J'ai ingurgité mon steak-haché, puis je lui ai demandé de se ramener. Je la fixais dans les yeux et j'y voyais un bel automate sur lequel on aurait dessiné un sourire éternel. Elle œuvrait à faire briller ses yeux, pour qu'ils aient l'air pétillants. Elle feignait de s'intéresser à ma journée, j'imagine que c'est l'usage avant de copuler pour la première fois avec quelqu'un. Dans le doute, je lui posais aussi des questions pour ne pas la heurter dans ses habitudes. S'en est suivi une discussion assommante. Sa vie n'a aucun intérêt et la mienne non plus, sinon on n'en serait pas là. Tout le monde s'emmerde, alors les gens baisent, si la vie était intéressante l'espèce humaine n'aurait jamais proliféré.





À suivre, enfin p'tetre.
The mec bidon
The mec bidon

Nombre de messages : 554
Age : 33
Localisation : Caché
Date d'inscription : 17/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Lun 7 Sep 2009 - 5:58

Alors là, un texte rempli de pépites cruelles ! J'ai adoré ; belle écriture, tranchante et froide, qui joint à l'aigu de la lame la capacité de démolition du TNT.

A partir de "Son truc pour se donner de la contenance", je voudrais tout citer ! Avant, c'est plus classique mais se laisse lire sans déplaisir.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Lun 7 Sep 2009 - 8:29

Si tous les mecs bidons étaient comme toi, on serait rasés de plus près : c'est tranchant, ça passe au ras, ça laisse le feu...
La suite ? oui, vite !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Lun 7 Sep 2009 - 8:53

Je ne souscris pas nécessairement aux vues du narrateur mais les flèches empoisonnées que l'écriture décoche me plaisent plutôt même si je préfère réserver mon enthousiasme pour le moment.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  silene82 Lun 7 Sep 2009 - 11:37

Tout le monde s'emmerde, alors les gens baisent, si la vie était intéressante l'espèce humaine n'aurait jamais proliféré.

Qui c'est qui nous changerait nos couches en gériatrie si on se reproduisait pas?
Ouais; sans pousser les cris d'extase des dames plus haut, j'aime assez le ton, assez typique de ce dont je me souviens comme vision du monde à votre âge, malgré l'absence des outils à rapprochement que vous évoquez. Mais le script n'a pas changé sur le fond.
silene82
silene82

Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Lun 7 Sep 2009 - 13:46

J'ai ingurgité mon steak-haché, puis je lui ai demandé de se ramener.
y'a un décalage de ton, le mec est désinvolte mais pas grossier.
Un air de Kundera mais moins bien: à retravailler pourqui pas, mais aussi à continuer, une nouvelle ne se suffit pas d'amourettes, fussent-elles de fesses à l'envers nappée de propos plutôt interressants comme l'étude du chiant et du faux.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Ba Lun 7 Sep 2009 - 16:12

Ok pour le steak, mais coller Bach, Balzac au rayon des " chiants " je ne suis pas certaine qu'ils y restent...
Ensuite tout est affaire de goût, un Goriot au ketchup vaudra sûrement une fugue à la moutarde et pourquoi pas un exégète pour disserter sur l'inconvénient d'être carnivore.
Olympe de bouge
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  CROISIC Mar 8 Sep 2009 - 8:20

Vous allez adorer vieillir ! On baise moins souvent mais la vie devient passionnante.
J'ai aimé vous lire.
CROISIC
CROISIC

Nombre de messages : 2671
Age : 69
Localisation : COGNAC
Date d'inscription : 29/06/2009

http://plumedapolline.canalblog.com/

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Rebecca Mer 9 Sep 2009 - 22:34

Oui tu peux faire suivre
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  The mec bidon Mer 16 Sep 2009 - 20:36

On a dû se démêler plus vite que je ne l'aurais aimé. Alors qu'on venait de finir de jouer pour la première fois, elle m'a dit :
— Je suis désolée... Je dois partir pour jouer dans ma pièce de théâtre, je t'en avais parlé l'autre jour tu te rappelles ?
— Non.
— Je suis vraiment désolée, je suis déjà en retard je dois filer tout de suite, tu ne m'en veux pas ?
— Non non.
— Tu ne fais rien là ? Tu veux peut-être venir me voir ? Ça me ferait plaisir
— J'ai des trucs à faire.
— C'est pas grave, je viens passer la nuit chez toi en rentrant d'accord ?
— Non, dors chez toi. Dépêche-toi t'es déjà en retard.
J'avais prononcé cette dernière phrase sèchement, avec un ton volontairement agacé. Ça l'a fait rire, d'un rire désespéré et hystérique qui sonnait faux. Elle m'a regardé nerveusement pendant une seconde bizarre, comme si elle cherchait un sourire sur mon visage. Je n'ai pas bronché, alors elle a cessé de couiner puis elle est partie sans me dire au revoir. C'était du cinéma, au fond elle s'en moquait.

Des potes devaient arriver trois heures plus tard. Je passai ce temps sur l'ordinateur à écraser des ennemis de pixel. Le but du jeu était simple : plusieurs dizaines de milliers d'internautes réunis dans un monde en trois dimensions, ils se croisaient et se collaient le pointeur sur la tronche. Le plus lent des deux mourrait virtuellement, puis renaissait immédiatement et tentait sa chance une nouvelle fois. Pour gagner, il suffisait de penser le moins possible et de viser la tête. Trois heures, c'était à peine le temps qu'il fallait pour se mettre dans le bain, mes amis étaient déjà à la porte.

Celui qui toquait, je l'appelais Michelin. Il était petit et adepte de la musculation, au final il ressemblait à un gros cube sur pattes, d'où son surnom. L'autre, c'était un crétin. Si on l'avait invité, c'était simplement parce qu'il pouvait ramener du shit en quantité, je ne parlerai donc plus de lui. De toute façon, s'il était bien présent pendant la soirée, il n'a fait qu'acte de présence et les rares fois où il a décidé de l'ouvrir ce n'était que pour baver des idioties.

Au début, c'était marrant, comme d'habitude avec Michelin. On se sifflait tout le whisky à deux, on commençait à chavirer et à gueuler n'importe quoi. Mais après c'est toujours pareil, une fois bourrés on commence à causer comme des lopettes : on parle de nos faiblesses et de ce qu'on pense, ce dont on a honte, ce qui ne devrait jamais sortir de nos bouches. Au début, on a embrayé sur la famille. Chez lui tout le monde s'engueule et divorce, chez moi tout le monde est crevé depuis longtemps, et ceux qui sont vivants se tapent dessus ou finissent en taule. Puis d'un coup, il s'est mit à me parler comme ça :
— Tu sais, tu m'inquiètes. Enfin pas ici hein, avec toi on se marre toujours alors ça va, mais dans la vie en général. Tu crois qu'on a été créés pour passer notre vie défoncés sur un canapé à rien foutre ?
— Parle pour toi. Je fais des trucs : rien que tout à l'heure j'ai baisé Prague. Et je compte bien recommencer.
— T'es dingue ou quoi ? Depuis quand tu tapes dans la bourgeoise ? Et puis ça ne change rien, tu ne peux pas passer ta vie à la sauter. Le reste du temps tu fais quoi ? Tu te lèves le soir et tu traines chez toi comme un ours dans sa caverne. T'as changé ces derniers temps, tu picoles plus et tu vis moins. Tu pionces quoi, douze heures par jour ? Quand c'est pas plus...

J'ai eu envie de lui répondre : « C'est toujours plus, et je t'emmerde ». Mais Michelin, je ne voulais pas me fâcher avec. Il était trop bourré pour se rendre compte qu'il était con. Voici un mec qui avait abandonné son BEP pâtisserie parce que c'était trop de bouleau, et qui ne comprenait toujours pas qu'il faisait partie des nôtres. Pourquoi s'inquiéter pour moi, quand c'est toute une génération qui s'étouffe le cerveau, qui le laisse moisir en refusant de l'utiliser, qui ne le maintient en vie que grâce à des subterfuges pour l'occuper sans jamais le faire fonctionner. Bienvenue chez nous, mon pote. Bienvenue chez les victimes du culte de l'enfant roi, du shit, de la télé réalité et des jeux vidéos. Bienvenue parmi les jeunes bons à rien, dans dix ans tu seras dans la rue à mendier ta bouffe comme nous tous.

S'il connaissait la suite des événements, il aurait retenu sa langue. Le réveil que j'allais lui infliger plus tard n'allait pas lui plaire, c'est pourtant lui qui m'avait parlé le premier de vie gâchée par la torpeur.
The mec bidon
The mec bidon

Nombre de messages : 554
Age : 33
Localisation : Caché
Date d'inscription : 17/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Mer 16 Sep 2009 - 21:01

Oui, j'aime toujours cette ambiance, ces notations cruelles, à part une partie que je vous dirai plus bas.

Je trouve ceci :
"Elle m'a regardé nerveusement pendant une seconde bizarre, comme si elle cherchait un sourire sur mon visage. Je n'ai pas bronché, alors elle a cessé de couiner puis elle est partie sans me dire au revoir. C'était du cinéma, au fond elle s'en moquait."
très crédible, bien vu comme notation, et ceci :
"Je passai ce temps sur l'ordinateur à écraser des ennemis de pixel."
bien marrant.

Remarques :
"Le plus lent des deux mourait (et non "mourrait" qui est la forme du conditionnel) virtuellement"
"il s'est mis à me parler comme ça"
"tu traînes chez toi"
"c'était trop de boulot (le bouleau, c'est l'arbre)"
"Bienvenue chez les victimes du culte de l'enfant roi, du shit, de la télé réalité et des jeux vidéos." : oh les pauvres chous ! Qu'est-ce qui les empêche, vraiment, de se bouger le neurone ? ce genre de victimisation comme quoi bouhou on a eu la vie trop facile, il nous aurait fallu une bonne guerre, je trouve ça un peu lourd, quoi ; du coup votre narrateur perd, pour moi, de son caractère lucide et sans compkaisance...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  The mec bidon Jeu 17 Sep 2009 - 1:46

Les bouteilles étaient toutes vides, et nous avions encore soif. Alors Michelin m'a passé quelques billets. À la frontière Belge, même à cinq heures du matin on peut acheter de quoi se remplir comme un tonneau. J'y suis allé seul. L'aube pointait déjà, c'était drôle, depuis quelques temps je confondais l'aube et le crépuscule. Il faut dire que le crépuscule arrivait pendant mon matin, et l'aube à la fin de ma journée. Cette pensée me déprimait un peu, je ne comprenais pourtant pas à l'époque ce qu'elle avait de triste. Mais c'est à ce moment qu'il est venu me l'expliquer. Tout est allé très vite, j'ai entendu des scooters au coin de la rue. Il y en avait beaucoup, avec des cris. Puis je les ai vus, on aurait dit un détachement de la cavalerie des raclures. Ils s'arrêtaient à mon approche et continuaient à faire vrombir leurs petits moteurs ridicules, comme s'ils se croyaient sur des Harley. Ils se parlaient en hurlant « Il est où Sofiane ? »
Il est arrivé après, Sofiane : son scooter avait du mal à suivre les autres. Il faut dire que ces engins sont conçus pour déplacer un être humain, ce ne sont pas des portes-charges. Ce gros sac était tellement énorme que son foutu ventre touchait presque la minuscule roue avant de son véhicule. On aurait dit un éléphant sur un vélo. Une fois l'hippopotame en face de moi, les autres ont cessé de hurler, ils se sont tus net. Et ce type m'a fixé d'un air bête et méchant. Avant même qu'il ait fait quoi que ce soit ses yeux ne laissaient aucun doute ; j'étais en face de quelqu'un d'une stupidité sans limites, et il était farouchement énervé contre moi, sans aucune raison.
— Tu m'as dis nique ta mère ? M'a-t-il demandé en hurlant.
Cette question, je la connaissais bien, c'était une institution dans la région. On pourrait la traduire en français comme ceci : « Je m'ennuie, j'ai envie d'agresser quelqu'un, réponds ce que tu veux et après on se cogne. ». En général, j'aime bien quand ça m'arrive. Mais là j'étais torché, ce mec pesait facile cent soixante kilos et il y avait une bonne dizaine d'abrutis avec lui qui m'encerclaient. Ils étaient tous probablement armés, ces cons se trimballent généralement avec un couteau dans la poche. Foutu pour foutu, je lui ai craché à la gueule et j'ai balancé mon poing dans la tronche d'un de ses potes. Au moins j'en aurais touché un avant de me prendre la race de ma vie.

Pendant deux secondes, ça a été le bordel, ils m'ont tous sauté dessus à la fois. J'en ai cogné un dans la mêlée, je crois. Mais tout a rapidement pris forme : trois débiles me tenaient, et le gros Sofiane m'envoyait son énorme poing sur la tronche en gueulant :
— Alors, tu fais quoi maintenant ? Moi j'te nique fils de putain ! J'te nique fils de putain !
Au début je me marrais. Je me disais : « Il est con lui, je sens rien, je suis trop bourré ». Mais j'ai vu qu'il ne s'arrêtait pas, et j'ai commencé à imaginer que j'aurais sacrément mal le lendemain. La gueule qu'il était en train de me faire ! Prague voudrait encore de moi avec toutes les bosses que j'allais avoir sur la tronche ?
— J'te nique fils de putain ! Qu'il répétait sans cesse, et moi j'ai entendu un bruit bizarre dans ma bouche, et j'ai dû cracher un truc qui me gênait. Trois dents. Il me niquait, ce fils de putain.
Les autres types me tenaient ferme, et je me prenais des coups dans les couilles. Même ivre-mort, ça fait mal les burnes, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que ce n'était pas très fair-play de leur part.
Il avait une bonne droite, et il ne s'essoufflait pas vite pour un obèse. Un coup dans l'estomac m'a fait vomir un bon demi-litre de steak-haché au whisky-coca. J'ai réussi à le toucher avec ma gerbe, mais il s'est essuyé sur mon visage, avant de m'envoyer de sérieux coups dans les yeux qui m'ont empêché de voir la suite.

Je ne me souviens plus de tout, après. Quand ils sont partis, ils ont cherché tous les bouts de dents que j'avais craché pour me les piquer et m'empêcher de me les faire reposer. Si ça c'est pas mesquin ! Je suis resté un moment allongé sur le trottoir parce que je le trouvais confortable. Et c'est à ce moment que j'ai compris. Il m'avait donné le bon état d'esprit. Il m'avait montré la source des problèmes de tout un chacun, il m'avait fait vivre pendant cinq minutes. Je voulais insuffler de la passion à ces morceaux de bidoche ambulants, leur faire ressentir ce qui me secouait les tripes là, maintenant. Si jusque là je ne vivais pas, ce sale porc m'avait donné naissance. Les choses sérieuses pouvaient commencer, j'allais leur montrer à tous, j'allais leur faire mal, à lui et aux autres, pour qu'ils comprennent qu'il est l'heure de se réveiller.
The mec bidon
The mec bidon

Nombre de messages : 554
Age : 33
Localisation : Caché
Date d'inscription : 17/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 4:36

Le ton a changé, la lecture toujours agréable. Je ne suis pas fan des scenes de bagarre, alors je me suis ennuyé un peu sur la fin, qui s'oriente vers le road trip entre le 8 et le 12 de l'allée des Alouettes. C'est peut-être le moment de s'arracher, j'attend la suite avec plaisir.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 4:39

Mais c'est à ce moment qu'il est venu me l'expliquer
qui est venu l'expliquer ? Le crépuscule ? Moi ça me va, mais moi n'est pas un lecteur normal.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 6:06

Oui, on sent qu'il va se passer des trucs ! Moi aussi j'ai bien aimé, et surtout ça :
"Je ne me souviens plus de tout, après. Quand ils sont partis, ils ont cherché tous les bouts de dents que j'avais craché pour me les piquer et m'empêcher de me les faire reposer. Si ça c'est pas mesquin !"

J'aime cette irruption du comique dans le trash.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  silene82 Jeu 17 Sep 2009 - 14:06

CROISIC a écrit:Vous allez adorer vieillir ! On baise moins souvent mais la vie devient passionnante.

Parle pour toi, eh; yen a c'est a contrario, ils croient que sortir la gaule, ça fait peur à la faucheuse...
silene82
silene82

Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Jeu 17 Sep 2009 - 14:29

Beaucoup aimé l'énergie et l'humour mis à décrire la bagarre, ça doit bien être l'un des premières fois où ce genre de scène ne m'ennuie pas, d'habitude je survole.
Mais pourquoi Michelin ne l'a-t-il pas accompagné ? Deux contre eux ça aurait donné quoi ? ;-)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Rebecca Jeu 17 Sep 2009 - 15:40

J'adore te lire.
C'est à se plier en deux de rire même quand c'est "trashique"
On ne s'ennuie pas , les scènes se déroulent , et moi j'me sens comme sur un trottoir roulant de mots déferlés , comme sur un tapis volant de mots déjantés...
Rebecca
Rebecca

Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  silene82 Jeu 17 Sep 2009 - 17:56

Bon boulot, ya pas. Drôle, bien vu. Manque juste la suite.
silene82
silene82

Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Plotine Jeu 17 Sep 2009 - 18:17

Je ne dirai qu'un mot : c'est très bon !
Plotine
Plotine

Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Crashtest kid Dim 20 Sep 2009 - 2:17

HAHA!! il est cool ton texte!

a+
Crashtest kid
Crashtest kid

Nombre de messages : 33
Age : 37
Localisation : NONDROGUéAUTEKNIVAL
Date d'inscription : 23/06/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Chako Noir Dim 20 Sep 2009 - 14:55

(lu les 2 premières parties pour l'instant, courte pause avant la suite)

La première, j'ai aimé en crescendo, le temps d'entrer dans l'ambiance.
La fin est meurtrière, ça me plaît.
Peut-être un ton un peu trop sec parfois à l'encontre de la demoiselle.
Et ça me fait aussi sourire, parce que je suis justement en train d'écrire un début de roman feuilleton du même acabit.
Et encore, mais ça c'est plus privé, parce qu'avec mes camarades de classe on a visité Prague l'an dernier, et c'était rudement chouette.
Le paradis pour un étudiant: la pinte de bière à moins de 50 cents, autant dire qu'on était pas souvent sobres. Et les profs avec nous, quoi de mieux?

La deuxième, je la reconnais. Je l'ai vécue je ne sais combien de fois l'an passé, et si avec la rentrée et les rhumes coriaces on était pas aussi fatigués mes potes et moi, on l'aurait vécue encore des tas d'autres fois ce mois-ci.
Orthographe: pour le taf, c'est boulot et non bouleau.
J'apprécie, parce que l'écriture colle aux scènes peintes, et que les-dites scènes collent à la vie d'étudiant comme un chewing-gum à une semelle.
La philosophie du jeune alcoolisé de plus de minuit qui craint son avenir en squat ou sur le trottoir. Mais ça doit en rire avant la fin, faut pas se pieuter avec du noir plein les pensées.
Je repose mes yeux deux minutes et j'attaque la suite.
:-)
Chako Noir
Chako Noir

Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Chako Noir Lun 21 Sep 2009 - 17:51

Bon, petite déception pour la chute du troisième paragraphe: ton héros, c'est ce mec qui s'est pris la branlée de sa vie dans Fight Club, ça sent un peu le remake..
Sinon le style s'assombrit un peu (même si les "Fils de putain" à répétition.. vrai qu'on a bien envie de l'assommer le gros Sofiane!)
Un peu trash quand même, je sais pas par quel coin tu le fais passer ton bonhomme pour qu'il lui arrive un truc pareil. Les mecs qui, après lui avoir largement diminué ses chances d'avoir des gosses plus tard, embarquent ses chicots en le laissant dans le caniveau, c'est quand même bien méchant!
J'espère que c'est pas du vécu au moins! (y a de plus en plus de textes qui relatent des souvenirs ces temps-ci sur VE..)
En tout cas on ne s'ennuie pas. Y a que la fin qui me laisse un peu perplexe, à cause de cette impression de suite toute tracée qu'elle me donne. Mais je me trompe peut-être..
Chako Noir
Chako Noir

Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Sahkti Dim 4 Oct 2009 - 9:28

Premier texte
Des trouvailles intéressantes, mélange d'amertume et de cruauté, qui plantent un décor et un personnage. Peut-être pas suffisamment à mon goût, c'est esquissé, prometteur mais incomplet. A suivre donc...

Suite
Ce qui suit me paraît plus développé, plus abouti, meilleur à mes yeux. Tu prends le temps d'explorer quelques pistes, de détailler certains éléments et ça donne de suite plus de consistance au récit.
J'aime également cette manière un peu froide de raconter, observateur extérieur qui narre au lecteur ce qui se déroule sous ses yeux.

Une suite est prévue ?
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  The mec bidon Dim 4 Oct 2009 - 12:52

Je m'étais promise de ne plus y songer, j'occupais mon esprit de toutes les manières possibles en ce but, mais cela finissait toujours par affleurer à la surface du flot de mes pensées. J'essayais de noyer mes méditations interdites grâce à L'automne à Pékin, mais même Vian ne me faisait plus rire, c'était préoccupant. Pire : j'y lisais un mauvais présage, et cela me faisait repenser à lui. Au fond je l'avais cherché ; c'était une drôle d'idée de le désirer à ce point, pourtant je n'ignorais pas à qui j'avais affaire. Mais tout de même, quel goujat ! J'avais obtenu ce que je désirais depuis des semaines, mais je me sentais sale, humiliée et lésée. Le pire, c'était cette petite lueur d'espoir qui résidait en moi ; j'espérais que son indélicatesse n'était qu'une de ces plaisanteries dont il a le secret. Je tentais de l'éteindre, mais je savais bien que c'était peine perdue. Cette lueur, il l'aurait aperçue – rien ne lui échappe jamais –, et il lui aurait suffit de quelques phrases et d'un simulacre d'éclat de rire pour me rassurer, pour que je crusse en lui dur comme fer et que je m'offrisse à lui à chaque fois qu'il aurait voulu de moi.

J'avais besoin de m'abrutir devant la télévision, j'allai donc au rez-de-chaussée. Alors que je mettais tout en œuvre dans les escaliers pour être discrète, afin de ne pas réveiller mon père, mon téléphone sonna, réduisant mes efforts à néant et me faisant sursauter. C'était un numéro inconnu.
— Allo Prague ? Comment ça va ?
— Qui est-ce ?
L'interlocuteur marqua une petite pause, et répondit avec une intonation étrange, peut-être de la déception.
— Bah … C'est Marc, je pensais que tu avais mon numéro.
— Marc ? Mais Marc comment ? Je n'en connais pas.
— Mais si, tu sais … le pote à Vince.
Mon cœur réagit à ce prénom en frappant deux coups.
— Je crois que je vois... Celui qui est assez petit, avec un bouc ?
— Ouais … lui. On était dans la même classe il y a trois ans.
C'était un type patibulaire, un petit extrêmement trapu, une boule de muscles avec un visage étrange. Tout le monde n'en disait que du bien, mais je n'ai jamais pu passer outre son aspect trop inquiétant. En plus, il lui arrivait de me fixer bizarrement, parfois. J'aurais cependant été incapable de savoir s'il en pinçait pour moi, c'était difficile à dire, à moins de s'appeler Vincent et de lire dans l'esprit des gens comme dans un livre ouvert.
— Je t'appelle à cause de Vince, il m'a raconté que vous étiez ensemble depuis peu... enfin si j'ai bien compris.
Il marqua un temps d'arrêt, comme s'il attendait une réponse. C'était gênant, alors je me suis tue. Finalement, il a repris.
— C'est pour ça que j'ai décidé de te prévenir ; il est à l'hôpital.
Sur le coup, j'ai juste été énervée contre cet imbécile qui balançait ses phrases par morceaux. Il s'était une nouvelle fois stoppé net après le mot « hôpital », et il était prêt à se taire à jamais, à moins que je ne le relance.
— Qu'est-ce qu'il a ? C'est grave ?
— Bah, il s'est fait taper dessus. Ils devaient être plusieurs, parce que quand même, pour péter la gueule à Vince, vaut mieux se lever tôt …
— C'est grave ? Répétai-je avec agacement.
— Pas trop. Le pire, c'est les dents pétées et les coquards. Il a perdu pas mal de sang à cause des plaies à la tête et c'est évanoui, c'est pour ça que la vieille qui l'a trouvé l'a emmené aux urgences, mais il devrait être rentré chez lui cet après-midi. Tu ferais bien d'aller le voir bientôt, il va avoir besoin de toi.
Je lui raccrochai au nez. De quoi se mêlait-il, cet idiot ? Vu la façon dont Vincent me traitait, ça m'aurait étonné qu'il lui eusse dit que nous étions ensemble. Et puis il n'avait besoin de personne, surtout pas de moi, même si j'aurais bien aimé ; je l'aurais materné, j'aurais apaisé sa douleur...
Je décidai de lui rendre visite ce soir, simplement par politesse. C'est tout à fait normal de faire ça quand il arrive un accident pareil à une connaissance, et je voulais voir s'il était défiguré, par pure curiosité.
The mec bidon
The mec bidon

Nombre de messages : 554
Age : 33
Localisation : Caché
Date d'inscription : 17/05/2009

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Invité Dim 4 Oct 2009 - 14:36

Je trouve que, dans ce passage, le mélange de niveaux de langage, entre monologue intérieur trivial et imparfaits ou plus-que-parfait du subjonctif, ne fonctionne pas : un tel mélange a en général valeur ironique, et, à mon avis, cela détonne dans l'ensemble du texte.

Sinon, je perçois cette partie comme une transition, on ne voit pas trop où ça peut mener... Pas inintéressante, non, mais pas cruciale non plus.

Remarques :
"Je m'étais promis (et non "promise", même pour une fille ; j'avais promis à qui ? à moi ; "promettre" est transitif indirect, non direct, et dans ce cas on n'accorde pas le participe passé au complément) de ne plus y songer"
"affleurer à la surface du flot de mes pensées" : maladroit, je trouve, un côté redondant
"il lui aurait suffi (et non "suffit") de quelques phrases"
"Il a perdu pas mal de sang à cause des plaies à la tête et s'est évanoui"
"ça m'aurait étonné qu'il lui eût dit"

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  lemon a Dim 4 Oct 2009 - 15:49

J'ai lu la première partie.

Je suis plus reservé sur le style. Vocabulaire pauvre et surabondance des verbes être et avoir dans le premier paragraphe notamment + le ton cynique de rigueur à 20 ans. Ca m'a géné. On en voit beaucoup trop dans ce genre, c'est typique, ca devient banal et ca ne vaut guère mieux que les poêmes dont tu parles. Il manque un décalage, un recul qui suggère que tu peux apporter quelquechose de différent au registre (et ne pas t'enliser dans un cynisme convenu).

J'ai arrêté au milieu de 2eme partie, par flemme, mais aussi parce que rien ne m'accrochait. Je veux dire au niveau de la trame. Je ne pense pas que le ton et quelques sentences lapidaires suffisent à maintenir l'intérêt. De mon point de vue, il faut travailler l'expression, élargir le champ lexical et distiller des éléments déclencheurs, un suspense ou une tension qui te donne envie de poursuivre l'histoire.

Bonne continuation.
lemon a
lemon a

Nombre de messages : 302
Age : 51
Date d'inscription : 04/12/2008

http://revuesqueeze.com/

Revenir en haut Aller en bas

J'entends nos cerveaux mourir Empty Re: J'entends nos cerveaux mourir

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum