Au clair de jour

Nuage a glissé sur la brume;
Son duvet était noir de pleurs
Pierrot a craint qu'il n'eût un rhume
Et qu'aux étoiles il ne fît peur.

Tout doux! Pourquoi tant de grisaille?
C'est l'heure où les terriens font trêve;
Ils n'ont que faire de ta mitraille
Bien avant que l'aube se lève!

Vois! La lune disait ainsi,
Vois ces astres au firmament!
Ils aiment défier le vent,
Et se suspendre à l'infini.

Quand, de la terre, les demoiselles
Ferment les yeux et font un voeu,
Ils leurs envoient des étincelles
Qui font des noeuds dans leurs cheveux.

Mais si tu pleures, ils ne pourront
Cueillir au ciel tous les serments,
Peut-être même, ils ne verront
Que mauvais présage et tourment.

Nuage ravala ses larmes
Et du croissant s'est approché
En implorant la belle Dame
Que sur son toit vienne jucher.

Au clair de jour, j'ai vu la lune;
Elle embrassait le blanc Nuage.
Toute la nuit lui fit hommage
De sa douceur et de ses dunes.

Je trouve votre poème joli (un peu trop "joli-poétique" à mon goût, cela dit c'est le sujet), mais un peu trop long ; il y a selon moi des baisses de qualité sur deux strophes qui me paraissent convenues (la quatrième et la cinquième). J'aime bien, en revanche; la première, la troisième et la dernière (surtout elle, avec sa grande douceur).

Par ailleurs, la ligature œ fait partie intégrante de la graphie ("vœu", "nœuds"). Sous Word, vous pouvez l'obtenir en tapant "Ctrl" + "&" suivi de "o". Sinon, vous pouvez toujours copier-coller le caractère ici même.

Si vous souhaitez écrire en vers classiques, je vous signale ceux qui, selon les règles de la prosodie française, ne sont pas des octosyllabes :
Et-qu'aux-é-toi-les-il-ne-fît-peur (9 syllabes)
Ils-n'ont-que-fai-re-de-ta-mi-traille (9)
Quand-de-la-te-rre-les-de-moi-selles (9)
Mais-si-tu-pleu-res-ils-ne-pou-rront (9)

Enfin, je pense qu'il y a un problème de régime des temps dans ces deux vers :
"Nuage ravala ses larmes
Et du croissant s'est approché",
le passé simple suivi par un passé composé dans deux propositions coordonnées, l'une juste après l'autre, ça m'a paru un peu bizarre.

J'ai trouvé le milieu long, failli décrocher (strophes 4 et 5), mais tu rattrapes bien le fil avec les strophes 5 et 6 dont j'aime la naïveté, la grande douceur.
Ma préférée est tout de même la première strophe, je craque toujours pour Pierrot.
Très joli poème Soliflore, à faire rêver, à transcender le quotidien.
Bravo, au passage, pour "tout doux", parfaitement à sa place.

J'ai apprécié la tonalité générale, cette manière d'esquisser des questions existentielles importantes via le dialogue simple et imagé; ça fonctionne plutôt bien.

Je suis un peu plus réservée sur le rythme et l'équilibre de celui-ci tout au long du texte; il me semble qu'il s'étiole par moments. Peut-être à cause de la longueur; peut-être aussi à cause d'un procédé répété de strophe en strophe sur le fond à explorer, avec un changement dans le style. Le début, surtout les trois premières strophes, sonne plus léger et enfantin alors qu'au fur et à mesure, le texte gagne en lyrisme et solennité. Sans être totalement dysharmonieux, ce mélange perd en fluidité..

Ceci dit, cela ne m'a pas empêchée d'aimer ce texte et la mélodie qu'il sussurre.

je passe te souhaiter le bonjour, soliflore (au début je croyais que l'avatar représentait un bonnet d'anne ;-)

de la poésie muscaricienne..

Je ne suis pas preneur de cette forme en général.

Je suis spécialement bougon devant la première strophe, que je trouve, appelons un chat un chat , ratée, car elle s'enlise pour échapper aux murs du Conte mais n'y survit pas. Le reste du poème est plus équilibré. j'ai lu jusqu'au dénouement, avec plaisir.