Les cris miniatures

Je reste sans voix, c'est absolument magnifique, mieux charpenté encore que d'ordinaire me semble-t-il. Je me réjouis qu'apparemment vous démarriez quelque chose sur la durée !

Une réserve toutefois sur « Je n'explicite plus les soleils à paupières qui s’endorment à ta fenêtre », moins fort que le reste à mon avis, que j'estime donner dans le surréalisme un peu facile.

Mais ceci, là, alors !
« Les lueurs de l’âme sont infiniment fertiles : mon cul. »
« tes voiles saignantes descendant vers Harfleur » (cruauté du détournement ironique d'une icône poétique... ça me plaît)

Une remarque :
"le doux balancement, régulier, ininterrompu (et non "ininterrompue", à moins que vous ne rattachiez l'adjectif à la lamentation juste derrière ? Mais, à cause du point interposé, je crains que vous ne déroutiez trop le lecteur)"

La couche rose et noire du matin se dépose, découpée, visage mort-né saisissant la beauté.

Et ton texte est saisissant de beauté ! Vais rester sur cette note là, et m'éclipser pour en profiter encore. Contente de lire ce " à suivre ".

Je trouve que les idées s'enchaînent avec fluidité, il y a une vraie continuité d'une phrase à l'autre.
Et toujours la richesse du vocabulaire, les images inédites.

Le commentaire précédent s'adressait au passage précédent.


Plus d'action ici, un passage moins inattendu, moins surprenant.

D'après ce que j'ai pu vérifier dans le CNRTL, il y a de fortes chances pour que les piques de la longue phrase du début soient féminins, ce qui impliquerait quelques changements dans les accords qui suivent.


Note :
Juste ces rayons ensanglantés

Une grosse lourdeur ici :

Où est le solstice d’été, la musique de tes doigts sur mon torse, les mégots de cigarettes qui s’entassent, et toutes ces autres choses contribuant à mon quotidien ?

Superbe, ouais. Je pense décidément à Ducasse ! Vous arrive-t-il de passer à Paris ? J'avoue éprouver une curiosité, une envie de rencontrer le phénomène qui, à quinze ans, écrit aussi magnifiquement.

Remarques :
« en pics plus ou moins élevés »
« toutes ces autres choses contribuant à mon quotidien » : c’est personnel, je déteste l’emploi du mot « quotidien » comme substantif, je lui trouve un côté technocratique-comme-qu’on-cause-à-la-télé
« sa gorge en feux (« en feu », d’ordinaire) »
« ces rayons ensanglantés (et non « ensanglantées ») »

Et cette phrase détonante, admirable de cynisme :

Ma vie n’a jamais été rationnelle ; équilibrée, encore moins, mais bizarrement, là, maintenant, je demande du pragmatisme, rien qu’un peu, n’importe quoi, le cri d’un clochard souffrant, un enfant troué à l’entrejambe par deux balles,

Je réponds parce que c'est en haut.
Merci pour vos commentaires !

socque, pour répondre à vos propos flatteurs, je ne passe que très rarement à Paris, mais j'y pars une semaine pendant les vacances de Noël, si cela est susceptible de vous intéresser.

Ah ben oui, si votre semaine à Paris coïncide avec celle où je ne suis pas en Bretagne, je serai effectivement intéressée !

socque, si elle te rencontre, sera soumise à la question!
Nous aussi, on veut en savoir plus sur le petit génie de VE !
Toujours étonnée par ton univers !!!

Très joli texte, vraiment très bien écris ... peut être même trop bien écris pour un jeune de 15 ans ... mais après tout pourquoi pas ....

lu-k, il y a ici un problème de syntaxe à revoir :
Souvent, au téléphone, alors que mon érection matinale découper en deux le soleil, et les mains exotiques de ma partenaire éveillant un sanglot, je l’entendais crier, pleurer, me traiter de je-men-foutiste.

Bien aimé l'ambiance étrange, onirique,
Je cite mes deux passages préférés :

Ce fut trop agréable d’être moulés dans le moule des gens à part, de s’en aller voguant sur les pirogues du mal en levant un doigt d’honneur dérisoire, faussement hostile, comme la façon de dire que rien ne nous emmerde si ce n’est la différence.

et tout ceci poétique, même si je trouve que "Il a des yeux pâles comme les dunes du Sahara un jour de décembre à midi" est trop détaillé et perd en force (j'enlèverais " à midi")

Des lambeaux, transportés par un vent impalpable, accourent, s’époumonent, et semblent vouloir échapper à un homme, squelette mobile que j’aperçois à une dizaine de mètres de là où je suis. Je le vois s’avancer, les bras ballants, comme échappé des confins de la nuit ; ses allures de fantôme donnent le froid et j’entends les tambours qui sonnent au rythme de ses pas. Il est maintenant en face de moi, à quelques centimètres seulement ; dans un autre contexte, j’aurais juré qu’il voulait m’embrasser. Son sang semble écumer, ses lèvres craqueler et s’enorgueillir de souffrance. Il a des yeux pâles comme les dunes du Sahara un jour de décembre à midi. Sa figure est pleine de rides : il aurait connu les premiers arbres sur la côte encore grise de soleil.

Du suspense, je crois que c'est nouveau chez toi.

J'ai un peu moins aimé ce texte que les deux précédents, il y a, je trouve, une partie où vous frôlez le "joli-poétique", où j'ai eu l'impression que votre écriture se faisait un peu complaisante. Je pense à ceci :
"Nos deux contours rose bonbon (...) le drapeau des chagrins ne pouvait que nous ennuyer."

Sinon, le reste, oui, je l'ai trouvé aussi fort, avec une rage, une inquiétude prenantes.

Une remarque (Easter(Island) a buté aussi sur cette phrase) :
« alors que mon érection matinale découpait (non ?) en deux le soleil »

Ce n'est pas du plaisir à te lire, Lu-k, c'est du bonheur ! Et en plus, tu me donnes du talent : c'est après t'avoir lu que "cahnt de marins " est dorti comme une trainée d'étincelles ... Merci.

chant de marins est sorti .
J'ai les doigts qui bégaient !

Reprise du précédent commentaire. Oui, on est fainéant par chez moi ! ^^
Du bon, toujours. C'est que je risque de m'y habituer. A quand le prochain ?

Oups ! ébahi, sans "s".

Aussi :

Je jette une bref coup d’œil autour de moi.

Dans le moindre petit repli du monde

Et l’odeur moisie, mélange de larmes et de bâillements, (ou "moisit", s'il s'agit du verbe, ce qui me paraît improbable, ou encore "l'odeur de moisi" ?).

En te lisant, je me demandais comment tu travailles, si tu façonnes les formules ou si elles s'imposent à ta plume... Parce que je trouve parfois une certaine affèterie dont je me demande si elle est consciente ou pas.
J'adore la dernière phrase, prosaïque, qui remet les pendules à l'heure : Je le regarde, ébahis. C’est de la perversion, comme les décorations lumineuses aux charpentes des maisons à la veille de noël.

Pareil que Easter(Island), sauf qu'ici je trouve que vous frôlez l'afféterie sans y tomber. Un texte un peu moins soigné peut-être, il comporte des coquilles, ce qui est inhabituel chez vous. Mais magnifique, oui.

Ce texte est purement et simplement magnifique! Je ne suis pas très habile critique, mais si je peux résumer en une seule phrase : ces mots transpirent de sentiments, ils font frémir, ressentir, voir et vivre votre monde intérieur.

Et moi, j'ai rarement lu aussi beau ! Bravo.

“dégoûtée du spectacle bestial de nos corps désespérés, ivres : levrette face à la lune” : j’adore !

Quelques remarques :
“féerie sombre”
“J’écrase ma cigarette et cours”
“une fosse septique (et non “sceptique”, ici)”
“des bourbes nauséeuses”

Je suis stupéfaite, stupéfiée
Oui c'est mortellement cruellement beau sublimement laid ça creuse des failles et je défaille au bord du précipice du précipité de tes mots j'en perds la parole du reste je me tais je me terre au cimetière de tes cadavres exquis

Plus grand chose à dire après les commentaires précédents. C'est stupéfiant et ce que je trouve extraordinaire, c'est de trouver autant d'images personnelles sans qu'elles ne soient obscures, j'y plonge avec ravissement parce qu'elles résonnent toujours en moi, comme si elles m'appartenaient alors que je suis incapable de les traduire...Chapeau bas.

J'apprécie la recherche visible d'une certaine simplicité dans l'expression sans que cela fasse obstacle à l'originalité des images, à des associations de mots inattendues. Un bon équilibre lu-k.

Note :
notre cortège est disposé de façon assez militaire

Et la suite est aussi bonne que le début... Lu-K vous êtes bluffant!

Des images fortes, comme toujours, mais j'ai l'impression que vous vous êtes laissé emporter, j'ai moins aimé ce torrent arrangé en phrases parfois trop longues et confuses à mon goût, où je me perds.

Mes remarques :
« c'est de là d'où provient ce sourire » : je pense que « de là d’où provient » est fautif, qu’il y a une redondance de « de »
« les pétales animés (et non « animés ») d'une énergie grasse, mauvaise, encastrés (et non « encastrées ») »
« les membres atrophiés (et non « atrophiées ») »

Lu-k, je tiens juste à vous assurer que je vous lis.
Vous dire 'je suis sur le cul' serait vulgaire n'est-ce pas ?

De toute façon ça valait la peine d'être lu jusqu'au bout (beaucoup aimé la description de la descente vers le cratère, ainsi que celle du condamné). Mais alors quel choc cette ultime phrase m'a fait : "Quelque chose me monte à la tête, comme de l’alcool, ce créateur d’éternité, et je me sens partir, buvant d’un trait le goulot de l’oubli." !!!!

Encore plus que le style, c'est votre univers que je trouve superbe, un mélange d'horreur et de poésie qui fonctionne à merveille.
Vraiment envoutant.

Oui, c'est superbe ! La descente m'a paru un poil longue, manquant d'intensité, mais à partir de l'apparition du gars qui montre son cul en bas, c'est extraordinaire. Chapeau bas.

Quelques remarques :
« Leurs yeux sont écarquillés »
« les veines en saillie (et non « saillies ») sur le rouge »
« sa main calleuse du sable fin et immaculé (et non « immaculée ») »

J'ai vraiment adoré la lettre du frère, mais la suite me paraît un peu confuse, je vois mal le raccord avec le reste.
Vous avez vraiment des images uniques, tel ce « J’arrive à un grand couloir, long comme l’érection d’un dieu » !

Mes remarques de langue :
« je m’en suis piqué d’une tout particulièrement » : je pense que le « en » et le « d’ » son redondants, comme si vous écriviez « c’est de lui dont je t’ai parlé »
« des aller-retours »
« quatre cents dans un état semblable »
« le grand pieu (et non « pieux ») de fer »
« un frisson me parcourt des pieds jusqu’à la tête »

Ha ce "grand couloir, long comme l’érection d’un dieu" ! me réjouit !!! Bien vu, lu-k !
Bien aimé aussi "le biberon où dormait la douleur."

Le ton change je trouve, la violence s'exprime non seulement au travers des images mais aussi à travers lui (le ton).
La lettre est très belle. Je trouve personnellement que l'association réticente que fait le narrateur entre la disparition du voisin de chambre dans la lettre et sa présente situation est assez convaincante.