Inachevée

Inachevée


Je te vois encore flotter dans des tenues de bal. Quand une valse t’arrache le cœur, il faut bien danser. Alors tu tournes, tu voltiges dans des froufrous d’écume.

Tu claques tes talons d’ectoplasme sur le flot de couleurs qui t’inonde. Tu vois des nuages de feuilles dans le ciel, tourbillons de bourrasques en effervescence.

Tu te souffles en bulle de verre.

Mais le tonnerre te rappelle et te voilà happée par la houle. Les oreilles sifflantes, tu sens le sel de ton visage mouillé sur tes mains de gosse. Tu as l’âme qui te serre à en crever.

L’ascension est trop forte pour ta pauvre niche de spectre. Submergée, tu as des poussées lacrymales. Ne crois pas que c’est de l’amour, idiote.

C’est bien plus fort que cela.

Comme je n'ai pas arrêté de voir la " scène du bal " dans le Guépard, je reviendrai chercher ce qui peut être plus " fort que l'amour"; la mort mise à part ?

Faut-il qu'un texte soit totalement hermétique pour être qualifié de "poétique" ? Je n'ai pas compris à quoi correspond le titre.
Désolée.

Dans ces froufrous d'écume j'ai reconnu la danse gracieuse et fascinante d'une méduse.
J'espère que tu ne m'en voudras pas, Saint Georges. Je te signale au passage que je rêve depuis toujours d'un aquarium où évoluerait, rien que pour moi, le ballet fluorescent de ces fleurs animées.
Plus fort que l'amour ... un petit tas gélatineux sur la plage ? :-(

Que j'ai aimé ressentir cette sensation de tournoiement ! Avec cette utilisation -qui pourrait paraître excessive mais non- de vocables en tous genres, tu réussis à faire passer cette idée de grâce et de mouvement. Idem pour les regrets et l'amertume, c'est plutôt bien restitué à mes yeux.

Il y a ces phrases courtes qui percutent, ces image qui chahutent l'entendement, et le mystère ultime, tout ça qui fait que j'aime beaucoup cette ambiance fumeuse.