Chimères du Bien avortées
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CROISIC
Titia_____
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Chimères du Bien avortées
Je suis la piteuse infortunée de l’histoire et cela ne me sied. Si les princes et fées n’existent, les sanguinaires et scélérats, eux, festoient. Ils se repaissent du pus de nos plaies et nos austères consciences leur ouvrent le chemin. Je pensais qu’il me fallait chérir mon âme d’enfant comme le secret de la maturité vraie, insolent paravent aux désenchantements. Mais cette infectieuse sensibilité aux êtres et à leurs mondes, foutue cohorte de serviles manants, étriqués égocentriques, consomme les derniers replis sains de mon âme condescendante.
Il me faut colmater les fissures au ciment grossier, grumeleux, et rendre les armes, comme tous, désabusée. Je ne pourrais jamais rien changer à ce qui m’enceint, je ne peux que transfigurer le regard que j’y porte. Tardive résolution, entravée jusqu’alors par l’écœurant carcan de mes puériles, inutiles, stériles considérations bien-pensantes. Les fers de ce que je croyais être l’empreinte divine de la conscience du Bien cèdent à mes chevilles écorchées d’avoir trop tirer. Je ferai miens péchés et malversations et ainsi ne craindrai plus ni les cruels ni les bons. Que soient castré l’amant trop léger, immolé le presque beau bafoué, transcendés les paradoxes de l’intelligence scrupuleuse, altruiste, cadenassante. Je divorce de ma culpabilité chérie et de mes angoisses parricides.
Ma tristesse se fera colère, mes doutes convictions commodes et mon pardon vengeance. Ainsi affranchie et résistante, l’échine redressée, j’évoluerai dans cet univers divulgué, facile, mauvais, foulant de mon talon effilé les décombres de mes antiques chimères avortées.
Il me faut colmater les fissures au ciment grossier, grumeleux, et rendre les armes, comme tous, désabusée. Je ne pourrais jamais rien changer à ce qui m’enceint, je ne peux que transfigurer le regard que j’y porte. Tardive résolution, entravée jusqu’alors par l’écœurant carcan de mes puériles, inutiles, stériles considérations bien-pensantes. Les fers de ce que je croyais être l’empreinte divine de la conscience du Bien cèdent à mes chevilles écorchées d’avoir trop tirer. Je ferai miens péchés et malversations et ainsi ne craindrai plus ni les cruels ni les bons. Que soient castré l’amant trop léger, immolé le presque beau bafoué, transcendés les paradoxes de l’intelligence scrupuleuse, altruiste, cadenassante. Je divorce de ma culpabilité chérie et de mes angoisses parricides.
Ma tristesse se fera colère, mes doutes convictions commodes et mon pardon vengeance. Ainsi affranchie et résistante, l’échine redressée, j’évoluerai dans cet univers divulgué, facile, mauvais, foulant de mon talon effilé les décombres de mes antiques chimères avortées.
Titia_____- Nombre de messages : 140
Age : 44
Date d'inscription : 08/10/2009
Re: Chimères du Bien avortées
J'ai plutôt bien aimé cette logorrhée qui crie l'impuissance, ça me parle. C'est dense juste ce qu'il faut, un brin de la naïveté du désespoir, ça ne devient jamais gratuitement agressif ou bêtement encoléré puisque ça parle de souffrance, puisque ça hurle l'hypersensibilité. J'ai le sentiment que ce texte est sorti d'un jet, qu'il a été peu retravaillé. Belle écriture imagée.
mes chevilles écorchées d’avoir trop tiré.
Que soit castré l’amant trop léger,
mes chevilles écorchées d’avoir trop tiré.
Que soit castré l’amant trop léger,
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
J'ai un peu coincé sur les négations amputées : cela ne me sied, n'existent et sur l' abondance d'adjectifs.
Le texte parait enflé, les termes employés lui donnant un embonpoint assez expressif : comme si tu t'étais servi de cette enflure pour mettre à distance la douleur de renoncer à des vertus plus authentiques... C'est très curieux, j'aime et je n'aime pas, en même temps !
Je le relirai pour tâcher de m'accorder au moins avec moi-même !
Le texte parait enflé, les termes employés lui donnant un embonpoint assez expressif : comme si tu t'étais servi de cette enflure pour mettre à distance la douleur de renoncer à des vertus plus authentiques... C'est très curieux, j'aime et je n'aime pas, en même temps !
Je le relirai pour tâcher de m'accorder au moins avec moi-même !
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
Je suis d'accord avec Easter(Island), cela me paraît bien fichu et élégant, dense comme j'aime moi aussi. Bon, ça ne fait guère avancer le schmilblic (pas d'histoire, pas vraiment de narration), mais j'ai apprécié ce flash.
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
Je suis une guimauve matricide....et j'ai aimé votre texte. Je le fais remonter bien volontiers, car j'ai compris votre inquiétude dans commentaires de prose. Je lis tous les textes et tous les poèmes, mais je me sens souvent stérile au niveau du commentaire car je suis pratiquement toujours la dernière à intervenir - avant Sahkti, qui pour moi, clôt le débat.
Re: Chimères du Bien avortées
J'ai relu, Titia. Je vois mieux les raisons de mon commentaire précédent : si le fond me touche beaucoup ( c'est vrai que l'hypersensibilité s'y dévoile à chaque ligne) je persiste à ne pas être d'accord sur la forme : trop trop trop d'adjectifs ! Cet excès nuit beaucoup à la force du propos, selon moi. Une petite cure - je ne dis pas d'amaigrissement, mais d'allègement lui donnerait tout de suite une autre allure, tu ne penses pas ? Il faut faire plus confiance aux mots : chaque substantif n'a pas besoin de trainer son qualificatif, ...
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
Titia_____ a écrit:Je suis l' infortunée de l’histoire et cela ne me sied. Si les princes et fées n’existent pas, les sanguinaires et scélérats, eux, festoient. Ils se repaissent du pus de nos plaies et nosaustèresconsciences leur ouvrent le chemin. Je pensais qu’il me fallait chérir mon âme d’enfant comme le secret de la maturitévraie, insolent paravent aux désenchantements. Mais cette infectieuse sensibilité aux êtres et à leurs mondes, foutue cohorte deservilesmanants, étriquéségocentriques, consomme les derniers replis sains de mon âme condescendante. ?
Il me faut colmater les fissures au ciment grossier, grumeleux, et rendre les armes, comme tous, désabusée. Je ne pourrais jamais rien changer à ce qui m’enceint, je ne peux que transfigurer le regard que j’y porte. Tardive résolution, entravée jusqu’alors par l’écœurantcarcan de mes puériles,inutiles, stérilesconsidérations bien-pensantes. Les fers de ce que je croyais être l’empreinte divine de la conscience du Bien cèdent à mes chevilles écorchées d’avoir trop tiré. Je ferai miens péchés et malversations et ainsi ne craindrai plus ni les cruels ni les bons. Que soient castré l’amant trop léger, immolé le presque beaubafoué,transcendés les paradoxes de l’intelligencescrupuleuse, altruiste,cadenassante. Je divorce de ma culpabilité chérie et de mes angoisses parricides.
Ma tristesse se fera colère, mes doutes convictions commodes et mon pardon vengeance. Ainsi affranchie et résistante, l’échine redressée, j’évoluerai dans cet universdivulguéfacile, mauvais, foulant de mon taloneffiléles décombres de mes antiques chimères avortées.
juste une proposition...
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
Merci beaucoup CROISIC !
Je vous assure, rien de stérile à juste dire « j’ai aimé votre texte » : ça me fait tellement plaisir )
Peut-être qu’effectivement tous ne s’abstiennent pas pour avoir détesté…
coline Dé : mais j’aime ce style, dense. Il me semble qu’il ne l’est pas trop.
Et puis, j’avoue que j’aurais beaucoup de mal à retirer des adjectifs parce que, à mon sens, chacun ici a sa raison d’être, au niveau du fond, du sens, pas seulement de la forme, et précise mon ressenti et ma pensée.
Quoi qu’il en soit, sincèrement, merci beaucoup de m’avoir donné votre avis et, même si pour cette fois je ne suis pas trop d’accord, j’apprécie que vous m’ayez fait part de vos propositions.
Je vous assure, rien de stérile à juste dire « j’ai aimé votre texte » : ça me fait tellement plaisir )
Peut-être qu’effectivement tous ne s’abstiennent pas pour avoir détesté…
coline Dé : mais j’aime ce style, dense. Il me semble qu’il ne l’est pas trop.
Et puis, j’avoue que j’aurais beaucoup de mal à retirer des adjectifs parce que, à mon sens, chacun ici a sa raison d’être, au niveau du fond, du sens, pas seulement de la forme, et précise mon ressenti et ma pensée.
Quoi qu’il en soit, sincèrement, merci beaucoup de m’avoir donné votre avis et, même si pour cette fois je ne suis pas trop d’accord, j’apprécie que vous m’ayez fait part de vos propositions.
Titia_____- Nombre de messages : 140
Age : 44
Date d'inscription : 08/10/2009
Re: Chimères du Bien avortées
Titia, si tu me vouvoies afin que j'en fasse de même pour toi, dis-le moi, sinon tu peux me tutoyer.
Je m'incline devant tes raisons : c'est bien à toi que le texte doit plaire en premier ! Et je suis bien placée pour savoir que c'est très difficile d'amputer !
Peux-tu m'expliquer ce " condescendante" où j'avais mis un point d'interrogation, car je ne comprends pas ?
Je m'incline devant tes raisons : c'est bien à toi que le texte doit plaire en premier ! Et je suis bien placée pour savoir que c'est très difficile d'amputer !
Peux-tu m'expliquer ce " condescendante" où j'avais mis un point d'interrogation, car je ne comprends pas ?
Invité- Invité
Re: Chimères du Bien avortées
C'est vrai que c'est trés chargé, mais cette charge est le poids que porte et dont veut se délester la narratrice. A mon sens..
J'aime bien, parce que j'aime bien les jungles.
J'aime bien, parce que j'aime bien les jungles.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Chimères du Bien avortées
J'espère que cela vous a fait du bien de sublimer votre rage et votre dépit...
La réalité est en effet un piège mortel pour les Bisounours à la nature trop tendre.
surtout lorsqu'il s'agit de l'imprévisible nature humaine...
Un texte à l'expression forte et puissante...
J'apprécie les retouches effectuées par Coline.
Le texte perds en grandiloquence ce qu'il gagne en punch.
La réalité est en effet un piège mortel pour les Bisounours à la nature trop tendre.
surtout lorsqu'il s'agit de l'imprévisible nature humaine...
Un texte à l'expression forte et puissante...
J'apprécie les retouches effectuées par Coline.
Le texte perds en grandiloquence ce qu'il gagne en punch.
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Chimères du Bien avortées
La profusion d’adjectifs alourdit le texte et le fait qu’ils précèdent le plus souvent le nom crée un martèlement que je trouve assez pesant, cela donne une dimension guindée au texte, artificielle. cf. « piteuse infortunée » « austères consciences », « insolent paravent » « infectieuse sensibilité » « Tardive résolution » etc...
Cela génère une certaine monotonie accentuée par quelques tournures ternaires (« mes puériles, inutiles, stériles considérations », « univers divulgué, facile, mauvais » etc...) qui viennent encore scander le texte et amplifier la torpeur du lecteur.
Bref, s’il y a une recherche sur la forme pour renforcer le fond, et notamment l’aspect « litanie », je trouve que cette recherche prend le pas sur le reste pour donner l’impression d’un texte un peu factice, froid, quasi mécanique.
Cela génère une certaine monotonie accentuée par quelques tournures ternaires (« mes puériles, inutiles, stériles considérations », « univers divulgué, facile, mauvais » etc...) qui viennent encore scander le texte et amplifier la torpeur du lecteur.
Bref, s’il y a une recherche sur la forme pour renforcer le fond, et notamment l’aspect « litanie », je trouve que cette recherche prend le pas sur le reste pour donner l’impression d’un texte un peu factice, froid, quasi mécanique.
Re: Chimères du Bien avortées
Le style est dense, avec une allure qui me paraît volontairement chargée afin d'exprimer la richesse des émotions qui l'habitent, mais aussi leur complexité.
J'ai eu le sentiment que derrière chaque mot se cachait quelque chose, une mise à nu, un effleurement de l'intime et que cette débauche de vocables servait aussi et peut-être avant tout à masquer sa pudeur.
Dès lors, outre l'élégance que cela confère à la forme du texte, je trouve que ça apporte pas mal de sensibilité et d'humanité au propos.
J'ai eu le sentiment que derrière chaque mot se cachait quelque chose, une mise à nu, un effleurement de l'intime et que cette débauche de vocables servait aussi et peut-être avant tout à masquer sa pudeur.
Dès lors, outre l'élégance que cela confère à la forme du texte, je trouve que ça apporte pas mal de sensibilité et d'humanité au propos.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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