Les mots de ma mère

Les mots de ma mère

Mère, ma mère,
Aux vieux gestes de saule,
Mère ma timide aux berges des rivières,
Je me souviens de mars, des lumières gelées,
De ta main sur la mienne
En un gant doux de laine.


Mère, tes mots,
pauvres oiseaux perdus,
Par le vent dispersés par le temps,
À ma vitre
Je les entends qui frappent
De leurs ailes blessées.

En cette nuit d'absence où ton murmure ancien
Me fait comme une écharpe,
Ma mère au pas cassé
Au regard abaissé
Vers les ombres du soir,
J’entends sur le jardin la brume se froisser.

Un jour et ce fut le dernier,
Tu pris ce rendez-vous dans la nuit de néon,
L'anonyme hôpital où s'échouent les vieux corps.
(Monsieur, vous arrivez trop tard !)
Tes mots, alors tes mots,
Nuée de passereaux, ont crevé les nuages.

Hellian a écrit:Mère ma timide aux berges des rivières

Je t'admire de trouver de tels pour parler de ta mère... Elle le méritait sans doute. Elles ne sont pas toutes comparables, certaines donnent très tôt des raison de les détester.

J'aime les images désolées qui surgissent de ces mots ...

Ah oui, c'est très beau et pudique, sauf ces "ailes blessées" qui m'ont tout de suite plongée dans une imagerie pompeuse, étaient "trop"...

Une douceur douloureuse.
Une lecture qui me remue profondément. Merci Hellian.

Beaucoup d'émotion servie par une forme bien travaillée. La fin est trop explicite à mon goût (surtout la parenthèse)

Toute la sensibilité de Helllian dans ces vers.

Une belle image audacieuse :

J’entends sur le jardin la brume se froisser.

et l'abrupt de la dernière strophe propre à réveiller la douleur plus encore que la mélancolie qui précède.

ma mère,
Aux vieux gestes de saule

Ah comme je t'envie cette image et ses frémissements, Hellian ! La nostalgie d'enfance blottie, bercée sous ces feuillages discrets qu'on laisse sur la rive quand la vie nous emporte.Un portrait magnifique en trois mots.
La suite est un bel hommage à la tendresse retenue, qui crève à sanglots avec les nuages de la dernière strophe.

Le rythme libéré de ces "presqu'alexandrins" sans véritables rimes te va bien, rend ta plume plus légère, plus souple. J'ai vraiment beaucoup aimé.

Très émouvant et doux, Hellian.
Et la force exsude ici de la retenue.

J'aime vraiment beaucoup.

Bonsoir Hellian,

J'ai lu votre poème au moins trois fois ce matin et autant ce soir et j'en ferai peut-être autant avant de me coucher...

J'ai trouvé ce portrait touchant sans qu'il tombe coûte que coûte dans le larmoyant ... J'ai indirectement pensé à la chanson de Arno intitulé « dans les yeux de ma mère »...

En un gant doux de laine.

Je me demande si « En un doux gant de laine » n'aurait pas mieux sonné à mes oreilles, même si ça fait un peu « hindou »...

Délicat, comme un murmure qui contient un cri.

Magnifique poème sur votre mère dont émane une douleur presque indicible. Je suis très admirative de ce texte.
Amicalement
Claire d'Orée

Un texte plein d'amour et de douleur à la fois, mais tout en retenue, que je trouve très beau.
"Ah l'amour d'une mère.....

J'ai trouvé les ailes blessées un peu pesantes, un peu trop déjà vues. Navré de commencer par le négatif, j'avais peur de l'oublier.
Les mots de la fin, Hellian, la nuée de passereaux, comme un cortège de séraphins, qu'est-ce que c'est beau ! J'admire la pudeur, la modestie, et toute la portée poétique de ce texte. Surtout quand j'entends ta voix grave derrière les mots. Magnifique.

Touchée en plein coeur par ce poème....Hellian. Merci.

de la nostalgie dès le début,
du regret de n'avoir pas été present plus tot,
tout cela bien dit, bien ecrit,
et l'emotion est là

j'aime ... énormément !

Vos mots forment un rempart qu'on devine prêt à céder sous les coups de boutoir du chagrin.
L'emotion, quant à elle, passe et atteint le lecteur en plein coeur.

Mychelc

Suis d'autant plus touchée que c'est l'anniversaire de la mort de la mienne...Merci Hellian, c'est tellement juste et beau !

Une lecture menant à une autre, je ne regrette pas la mienne.

Voici une petite interprétation vocale de ce poème: