Lettre du voyageur au poète malade

Lettre du voyageur au poète malade


Je n'ai rien vu ! Rien vu !
Car tout est aussi beau à mes deux yeux, aux tiens,
Et à tous ceux du monde qui n'est pas avec nous.
Uniformément tout est beau de cent contrastes !
Sous un même soleil brillent combien d'étoiles !

Je serre entre deux doigts un des fléaux de l'homme
Je le terrasse en moi et le renvois au ciel.
En fait je suis un sacrifié
Par moi, pour moi.
Je bois à toi, mon frère amputé du bonheur,
L'Encarcané, prophète à ta robe de plomb !
Je bois ton or, ami, ton orgueil, ta rancœur !

Ici je suis l'étranger.
Si mon front se ternit je suis la chimère noire
L'explorateur perdu, fait de bric et de broc ;
Je suis un grain de sel dans les dunes de sable.
Brume dans la volute
Roc informe à genoux
Je me noie ou me dresse
Et suis enveloppé.


Et c'est sur l'indicible qu'il me faut dérouter.
Divaguer, partir loin, partir, juste partir, aller
Partout où je ne resterais pas.
Faire de chaque horizon un prochain port d'attache
Marcher vers lui, et un jour
Regarder à côté
Faire de cet horizon un nouveau port d'attache
Marcher vers lui, et un jour...
Regarder à côté


Restons tout deux, mon frère, étendus sur le sol
Qu'il soit de blé, de boue, de sable ou de granit
Soufflant doux l'air du soir
Qui porte mes pensées.

Il faut savoir dire : c'est beau
Et se taire.

J'aime habituellement ton travail, mais j'ai des problèmes de concentration ce soir, le vieux cerveau a besoin de repos. Donc je n'ai pas tout bien suivi dans le détail (je bute en particulier sur la deuxième strophe), la disposition n'aide pas non plus à mon avis. Pour le moment, j'ai retenu une ambiance et les deux vers de la fin, simples, limpides et qui remportent mon adhésion :

Il faut savoir dire : c'est beau
Et se taire.


Note :
Je le terrasse en moi et le renvoie au ciel.
Partout où je ne resterai pas.

Car tout est aussi beau à mes deux yeux, aux tiens
Un peu lourd, je trouve, surtout le coup des deux yeux

Et à tous ceux du monde qui n'est pas avec nousJ'en déduis que c'est le monde qui n'est pas avec nous mais c'est formulé de manière peu heureuse

Trois premiers vers, trois fois le mot tout
Idem avec les points d'exclamation, inutile d'en glisser autant.

J'ai du mal avec les renvois à droite, que je trouve non seulement peu heureux mais pas assez décalés par rapport au reste.

Dans l'ensemble, je trouve cela un brin confus et répétitif, même si je reconnais une certaine allure au poème. J'ai le sentiment que par moments, les effets tuent le reste et qu'à d'autres, tu ne vas pas assez loin au fond de tes idées. Bref, je suis moyennement convaincue, désolée.

Très beau.
Amicalement
Claire d'Orée

Sahkti a écrit:Car tout est aussi beau à mes deux yeux, aux tiens
Un peu lourd, je trouve, surtout le coup des deux yeux

Et à tous ceux du monde qui n'est pas avec nousJ'en déduis que c'est le monde qui n'est pas avec nous mais c'est formulé de manière peu heureuse

Trois premiers vers, trois fois le mot tout
Idem avec les points d'exclamation, inutile d'en glisser autant.

J'ai du mal avec les renvois à droite, que je trouve non seulement peu heureux mais pas assez décalés par rapport au reste.

Dans l'ensemble, je trouve cela un brin confus et répétitif, même si je reconnais une certaine allure au poème. J'ai le sentiment que par moments, les effets tuent le reste et qu'à d'autres, tu ne vas pas assez loin au fond de tes idées. Bref, je suis moyennement convaincue, désolée.

Bonjour hesscaël C.,

je sais, c'est un peu facile, mais tout pareil que ma copine !

Ton premier vers ne m'a vraiment pas donné envie de lire la suite qui est pourtant beaucoup plus réussie que ce dernier je trouve...
Comme dit copine, le coup des deux yeux quand même ! Surtout qu'après il y a deux doigts et tout deux...

C'est dommage parce que j'ai l'impression qu'il ne manque pas grand chose pour que ce poème me plaise beaucoup plus qu'à l'heure actuelle...