Yeun Elez
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Hellian
loic
mychelc
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Yeun Elez
Seul le titre est en Breton ...
J'ai souvent vu ce lac, lisse et calme au printemps
Comme un diamant serti dans les monts de bruyère
Les nuées accourant s'y mirent en passant
Mais jamais je n'ai su d'où venait son mystère
Je l'ai vu devenir une flaque de sang
Epanchement pourpre d'une blessure amère
Dernière coulée d'or d'un soleil languissant
Au creux d'un vallon noir comme un drap funéraire.
Je me plais à penser aux animaux puissants
Qui lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent
Je m'enivre à compter tous ces siècles par cent
Et ces pluies innombrables, embrumant son eau claire.
Il n'est que silence quand tout est rugissant
Un oasis de paix dans la fureur des guerres
Seul le cri des canards dans les roseaux bruissants
Emaille parfois son clapotis millénaire.
Mais il est plus encor, j'en suis sûr, je le sens
Il est cette porte qu'en quittant cette terre
Mon âme empruntera, tremblant et gémissant
Pour jeter sa noirceur dans la boue des tourbières
Selon la légende, le " Yeun Elez " est une vaste tourbière, occupant une gigantesque cuvette au cœur des Monts d'Arrée. Le centre de cette cuvette était naguère rempli par une bourbe mouvante appellée le " Youdic " (Petite Bouillie). C'est là que la tradition bretonne situait la porte de l'enfer.
J'ai souvent vu ce lac, lisse et calme au printemps
Comme un diamant serti dans les monts de bruyère
Les nuées accourant s'y mirent en passant
Mais jamais je n'ai su d'où venait son mystère
Je l'ai vu devenir une flaque de sang
Epanchement pourpre d'une blessure amère
Dernière coulée d'or d'un soleil languissant
Au creux d'un vallon noir comme un drap funéraire.
Je me plais à penser aux animaux puissants
Qui lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent
Je m'enivre à compter tous ces siècles par cent
Et ces pluies innombrables, embrumant son eau claire.
Il n'est que silence quand tout est rugissant
Un oasis de paix dans la fureur des guerres
Seul le cri des canards dans les roseaux bruissants
Emaille parfois son clapotis millénaire.
Mais il est plus encor, j'en suis sûr, je le sens
Il est cette porte qu'en quittant cette terre
Mon âme empruntera, tremblant et gémissant
Pour jeter sa noirceur dans la boue des tourbières
Selon la légende, le " Yeun Elez " est une vaste tourbière, occupant une gigantesque cuvette au cœur des Monts d'Arrée. Le centre de cette cuvette était naguère rempli par une bourbe mouvante appellée le " Youdic " (Petite Bouillie). C'est là que la tradition bretonne situait la porte de l'enfer.
mychelc- Nombre de messages : 119
Age : 63
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Yeun Elez
Vraiment j'aime beaucoup votre ampleur classique ! Seriez-vous intéressé par l'exo des formes fixes ?
Remarques :
« Epanchement pourpre d'une blessure amère » : la césure après une syllabe faible (muette à l’oral) rend à mon avis le vers difficile à scander
« Qui (une virgule ici, pour compléter l’incise ?) lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent »
Et-ces-pluies-i-nnom-bra-bles-em-bru-mant-son-eau-claire : je compte ici treize syllabes
« Il n'est que silence quand tout est rugissant » : même remarque que pour l’épanchement pourpre
« Une oasis de paix »
« Il est cette porte qu'en quittant cette terre » : même remarque que pour l’épanchement pourpre
Remarques :
« Epanchement pourpre d'une blessure amère » : la césure après une syllabe faible (muette à l’oral) rend à mon avis le vers difficile à scander
« Qui (une virgule ici, pour compléter l’incise ?) lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent »
Et-ces-pluies-i-nnom-bra-bles-em-bru-mant-son-eau-claire : je compte ici treize syllabes
« Il n'est que silence quand tout est rugissant » : même remarque que pour l’épanchement pourpre
« Une oasis de paix »
« Il est cette porte qu'en quittant cette terre » : même remarque que pour l’épanchement pourpre
Invité- Invité
Re: Yeun Elez
Un poème très visuel qui me laisse assez froide, le bucolique me touche généralement peu. Aussi parce que j'ai trouvé certaines formules un peu passe-partout, du style :
Je me plais à penser aux animaux puissants
Qui lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent
ou
Une oasis de paix dans la fureur des guerres
En revanche, la noirceur de la dernière strophe compense largement à mes yeux le léger ennui qui précède, donne presque sa raison d'être au poème... Bravo pour cela.
Je me plais à penser aux animaux puissants
Qui lassés de leur chasse, à son eau s'abreuvèrent
ou
Une oasis de paix dans la fureur des guerres
En revanche, la noirceur de la dernière strophe compense largement à mes yeux le léger ennui qui précède, donne presque sa raison d'être au poème... Bravo pour cela.
Invité- Invité
Re: Yeun Elez
la dernière fois que j'y suis passé j'écoutais la scène du commandeur de Don Giovanni
ce fût glaçant
ce fût glaçant
Re: Yeun Elez
décidément, les lacs sont à l'honneur, cette semaine(voir le poème de Loïc « tombeau »)
de plus, je crois également connaître le lieu évoqué.
Ce que j'aime dans votre texte, outre l'évocation d'un endroit de toute beauté, c'est effectivement la belle maîtrise classiquequi permet de négocier Derry qualité avec une expression ample et simple.
Je n'empièterai pas sur les compétences de Socque en prosodie, me réservant toutefois deux petites observations :
-Je n'aime pas « l'oasis de paix » que je trouve un peu cliché. Tout en conservant l'idée de paix, j'estime que le poème méritait une image plus travaillée
-Et je trouve que ce vers :
Il est cette porte qu'en quittant cette terre
souffre de la répétition de « cette » ainsi que de l'allitération un peu lourde « qu'en quittant » Peut-être que «qu'en laissant » eût été plus léger...
Bien cordialement[strike]
de plus, je crois également connaître le lieu évoqué.
Ce que j'aime dans votre texte, outre l'évocation d'un endroit de toute beauté, c'est effectivement la belle maîtrise classiquequi permet de négocier Derry qualité avec une expression ample et simple.
Je n'empièterai pas sur les compétences de Socque en prosodie, me réservant toutefois deux petites observations :
-Je n'aime pas « l'oasis de paix » que je trouve un peu cliché. Tout en conservant l'idée de paix, j'estime que le poème méritait une image plus travaillée
-Et je trouve que ce vers :
Il est cette porte qu'en quittant cette terre
souffre de la répétition de « cette » ainsi que de l'allitération un peu lourde « qu'en quittant » Peut-être que «qu'en laissant » eût été plus léger...
Bien cordialement[strike]
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Yeun Elez
On aime ou pas mais il y a une maitrise de l'écriture.
Nous n'avons pas affaire à un(e) débutant(e).
Je passe un peu à côté mais je pense rater quelque-chose.
Je relirai plus tard.
Nous n'avons pas affaire à un(e) débutant(e).
Je passe un peu à côté mais je pense rater quelque-chose.
Je relirai plus tard.
Manu(manisa06)- Nombre de messages : 1928
Age : 53
Localisation : Côte d'usure
Date d'inscription : 11/04/2008
Re: Yeun Elez
Je ne suis pas d'accord avec l'accord de "tremblant et gémissant"Mais il est plus encor, j'en suis sûr, je le sens
Il est cette porte qu'en quittant cette terre
Mon âme empruntera, tremblant et gémissant
Pour jeter sa noirceur dans la boue des tourbières
quand bien même il se rapporte au "je" du premier vers de ce quatrain.
Il n'y a rien dans la construction du vers qui le confirme.
Invité- Invité
Re: Yeun Elez
Eh bien, mon âme empruntera en tremblant et en gémissant la porte, quand elle quittera cette terre. L'accord me paraît parfaitement légitime parce qu'il n'y en a pas : je pense que nous sommes en présence, ici, de participes présents.
Invité- Invité
Re: Yeun Elez
Oui, comme Panda, je m'étais interrogé et comme Socque, j'avais conclu. Mais il est vrai que, naturellement, à l'oreille, on attend plus un accord adjectival.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Yeun Elez
Tout a été dit dans ces commentaires.
J'aime ce classicisme bien maîtrisé,( à part " un " oasis ") , qui laisse rêver par son côté mystérieux pour moi. J'aimerais connaître cette contrée...
Merci, Mychel, d'être venu nous enchanter.
J'aime ce classicisme bien maîtrisé,( à part " un " oasis ") , qui laisse rêver par son côté mystérieux pour moi. J'aimerais connaître cette contrée...
Merci, Mychel, d'être venu nous enchanter.
opaline- Nombre de messages : 165
Age : 65
Localisation : Besançon
Date d'inscription : 16/07/2009
Yeun Elez
Très belle vision de la Beauté et de la Mort, conjointement.
Amicalement
Claire d'Orée
Amicalement
Claire d'Orée
Claire d'Orée- Nombre de messages : 113
Age : 63
Localisation : PARIS
Date d'inscription : 17/12/2009
Re: Yeun Elez
Voici un lac qui me fait penser à celui de Luggala !
Une technique bien maîtrisée, de l'allure et de l'ampleur. J'émets toutefois un petit bémol sur le côté parfois trop réservé des émotions évoquées, qui sont esquissées mais ne peuvent pleinement s'exprimer.
Une technique bien maîtrisée, de l'allure et de l'ampleur. J'émets toutefois un petit bémol sur le côté parfois trop réservé des émotions évoquées, qui sont esquissées mais ne peuvent pleinement s'exprimer.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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