Résigné [texte + audio]

Un texte très noir, écrit dans une nuit d'insomnie. J'insiste sur ce contexte parce que je sais que cette noirceur pourrait passer pour de l'immaturité.
A écouter en lisant : http://www.zikpot.fr/artiste-Kash+Prex (le lecteur est sur la droite de la page, c'est le premier morceau).

Autre chose, je place volontairement ce texte dans la prose, pour 2 raisons :
- le seul point commun qu'il ait avec la poésie est la rime, mais l'esprit est celui d'un essai ; rien de poétique donc.
- les auteurs que je commente sur VE sont tous des auteurs de prose, je ne vais donc pas demander aux auteurs de poésie de venir me commenter.

Résigné

J'me fais peur, alors j'me théorise /
A travers mes yeux névrotiques crois-moi tout est horrible /
Je n'vois que du malaise partout, c'est ma protection /
Pour n'pas avouer qu'il est en moi, ça s'appelle la projection /
Je crois de plus en plus que la haine est l'ultime /
Etape du refoulement de l'amour que l'on sublime /
Comme par explosion, l'angoisse finit par tuer /
Sauf en devenant violence, alors elle peut être supportée /
Personne n'aime ce Monde, personne ne pense qu'il tourne rond /
Doit-on en conclure que l'Homme est fou, pour de bon ? /
Doit-on constater maintenant que l'Homme n'a pas su conserver /
La vie, digne de ce nom, puisqu'il est lui-même consterné ? /
Puisqu'il n'aime pas ce Monde, c'est lui qu'il n'aime pas /
Et dans mon cas, parfois, si cette haine part /
C'est passager et illusoire, elle s'érige et elle s'exprime /
A travers les rimes que j'écris, qui mettent une pause à cette déprime /
Latente, inavouée, tension de second plan /
Que l'on feint de n'pas sentir, tous on se contente /
D'une fuite souriante, d'une panique masquée /
Un carnaval quotidien, qui ravive l'aspect /
Humain de l'Homme, paradoxalement effacé /
Tout comme le fil de ce couplet qui en vient à s'affaisser /
C'est l'histoire d'un texte écrit à 6 heures du matin /
Qui voulait refaire le Monde mais en a perdu son latin /
J'ai pas fermé un oeil, j'ai trop peur de mes rêves /
La guerre que je renferme a maintenu mon coeur en éveil /
J'ai refusé d'entendre les cris, je n'veux plus faire de cauchemars /
A tel point que l'insomniaque a assassiné le couche-tard /
Et si tous les Hommes sont dans un état comme le mien /
Je me dis que l'état du Monde actuel s'y accorde bien /
Et tant que l'éducation transmettra ce mal-être /
La haine humaine ne pourra pas disparaître /
Et puis qu'on cesse de me répondre que tout ça n'est qu'nature humaine /
Que personne n'y est pour rien, qu'on ne me parle plus de gènes /
Je sais qu'c'est l'alibi parfait, que c'est tentant /
Mais l'Homme ne naît pas haineux, violent, et prétendant /
A toujours plus de tout au détriment de tous /
C'est l'oeuvre d'un système, d'un climat de course /
Une rivalité perpétuelle, source d'une cruauté /
Que chaque Homme intègre tout d'suite, et qu'on n'peut plus ôter /
Résigné, oui je suis résigné /
Quand ce Monde n'est pas violent, il est si niais /
J'ai même cette impression, pour la première fois /
De n'pas pouvoir mettre les mots sur mon désespoir /
L'Homme naît dans son cercueil, l'École le ferme /
Et le recouvre avec application de tonnes de terre /
Et bien sûr il est trop tard lorsqu'on fait ce constat révoltant /
L'humanité s'enfonce à en faire vomir les volcans /
J'envoie ça comme une décharge /
La douceur d'un coup d'poignard se dégage de mon message /
Certains stades de la douleur s'apparentent à des caresses /
Sont-ils vraiment aussi réconfortants qu'ils le paraissent ? /
Les sens brouillés par la rareté de l'oxygène /
Que peut bien être le plaisir dans l'existence de l'Homme figé /
Si ce n'est, bien sûr, celui de libérer sa haine /
Son plaisir se résume en fait à déguiser sa peine /
Sa peine de mort, en pseudo-vie /
Sa peine perdue, en euphorie /
Enterré dans un système artificiel mal dessiné /
Tellement loin de la surface, tellement résigné /

Tu devrais proposer ça à Diam's.

Je trouve ça un peu nian-nian, vu et revu, et pas très percutant.
On pourra dire ce qu'on veut, mais c'est pas dans le hip-hop que la langue peut s'exprimer du mieux qu'elle peut. C'est pas dans le hip-hop qu'on peut vraiment effectué un vrai travail littéraire.
Mais attention, j'aime bien ça hein ^^

A l’instar du raciste de base, j’ai envie de dire : « j’aime bien le rap, j’ai même un neveu-filleul rappeur »
Mais voilà, en fait, je n’y connais pas grand-chose
Je suis assez admiratif pourtant de cette façon de jouer avec les mots, de les faire sonner…

Mais ton texte, kash, je ne dirais pas immature, mais presque.

Sans la musique et sans ta voix, il ne tient pas.

Avec la musique et ta voix :

Tu commences avec ça

J'me fais peur, alors j'me théorise

Qui aurait pu bien passer un peu plus loin dans le texte, mais qui fait punchline matuvu en incipit

Ensuite le flow n’est pas toujours fluide, les passages suivants m’ont heurté l’écoute :

Que l'on feint de n'pas sentir, tous on se contente
D'une fuite souriante, d'une panique masquée

Et si tous les Hommes sont dans un état comme le mien

Quand ce Monde n'est pas violent, il est si niais

Et là, ta voix tombe dans un geignard surfait

Et puis qu'on cesse de me répondre que tout ça n'est qu'nature humaine
Que personne n'y est pour rien, qu'on ne me parle plus de gènes

enfin

J'envoie ça comme une décharge
La douceur d'un coup d'poignard se dégage de mon message

Ben non, c’est pas une décharge, ni un coup de poignard, et je trouve ces deux phrases disproportionnées au regard de ce que tu m’as dit jusque là

Je me rends bien compte que je descends ton texte en flèche et que ce n’est pas très élégant pour une première critique, et crois-moi, ça m’ennuie d’autant plus que j’aime bien tes interventions, que je sens sincèrement que tu dois avoir du talent…

Mon neveu-filleul, c’est lui, ce bouffon
http://www.myspace.com/donys75

Lu le texte avant de passer à l'écoute. Par habitude, je ne fais jamais ça. Le texte vient après l'écoute, en règle générale... et j'ai dérogé à la règle. Hm, man!
En tout cas, je n'entends plus que du bluegrass ici si je branche la radio ; en l'occurence, je débranche. ^^ Plus de hip hop, pas par là, et mes références sont rock au bout', même si j'ai des goûts vraiment éclectiques en matière de musique, mais pas de CD de hip hop dans mes valises ( j'ai voyagé léger ). Tout ça pour t'en finir que mon avis est bien quétaine, puisque j'ai peu de références, alors je vais pas faire style que je connais et sortir tout un jargon weird que je ne maîtrise pas, de toute façon. En ce qui concerne l'écoute, puisqu'il s'agit d'une chanson, j'ai apprécié ce que j'ai entendu. Les arrangements musicaux me parlent plutôt pas mal. Quant au texte, j'adhère même si je n'écris pas "engagé", j'aime cela chez les autres, ils le font bien, alors pourquoi les imiter ? Il suffit de les entendre et il est, parfois, plus difficile d'écouter que de s'écouter : ^^.
Bonne nouvelle, j'ai laissé le lecteur et j'écoute ce qui suit et c'est plutôt pas mal. Pour l'avis des pros, et je ne sais pas s'ils répondront, j'ai demandé à mes cousins ( plus fins connaisseurs que bibi ) s'ils pouvaient prendre le temps d'écouter et de me faire un petit retour. S'ils lisent le message et qu'ils se prennent au jeu, je ferai suivre. Mais je ne promets rien, le couz a pas encore répondu au message de bonne année et la couz... on verra.
En tout cas, de mon point de vue, ça le fait. Voilà !

Bon ben moi je m'y connais sacrement en hip hop et en plus je considère ça comme une des formes d'expression actuelle les plus interessante/innovante.

Rapidement : le texte est médiocre et la réalisation musicale également (je n'ai pas écouté jusqu'au bout - gros boulot à faire -entre autre- sur la production et le mixage de la voix).

Pour essayer d'être constructif voici ce qui, à mon sens, au niveau de l'écriture, fait défaut.

_ Manque d'évocation ou d'image impactante. On reste dans un registre abstrait, plus conceptuel que visuel, sans repère temporel ou spatial, sans anecdote, sans ancrage dans le réel.
Vu que l'écriture rap est produite sur un format court, tu ne peux pas développer un processus de reflexion approfondi au sens classique. D'où le nécessaire recours à des images et à des formules chocs. Là, forcément, ton texte parait immature/standart/ au ras des paquerette parce que le format n'est pas en adéquation avec le registre d'expression.

_ Manque de fantaisie/d'humour : tes textes, celui là et les uns ou deux autres que j'ai lu sont trop sérieux/1er degré. Il n'y a pas ce décalage, ce pas de coté, ce revirement de situation, cette coquetterie qui amenerait à penser que tu as digérer tes positions... C'est la fantaisie, à mon sens, au sens large, qui est l'appat. Parce qu'un type sait me surprendre ou me séduire, parce qu'il a un style à lui, alors j'écouterai ce qu'il me dit.
Là c'est trop scolaire, austère, convenu...car justement, il me semble, tu t'accroches à ta charte et que tu ne prends pas le risque de glisser. Mais non, ca n'accroche pas.

_ Manque de subversion : le rap c'est "parental advisory", une nana c'est une pute et on le revendique. Un hypocrite c'est un suceur de bites et un arriviste bouffe des culs. Alors la vulgarité n'est pas une fin en soi mais mais mais... quoi qu'on en dise permet de signifier sa position dans l'échiquier : je suis un petit con et je vous emmerde. Position interessante tant qu'elle consiste à écarter les marges traditionnelles du discours et à ouvrir de nouvelles perspectives.

Voilà, si tu fais du hip hop il faut envoyer du gros. C'est juste indispensable.

Comment tu fais pour écrire un pareil torchecul ? Tu t'es entraîné avant ?
Ca n'est, à mon sens, ni drôle, ni subversif, ni intéressant, ni bien écrit. Un triste ramassis de lieux communs.
Pourquoi tu rentre pas dans les ordres ? Chez les jéses, ça swingue méchamment...

c'est pas non plus ma tasse de thé, alors que par exemple j'apprécie pas mal le slam, en tout cas celui de Grand Corps Malade.
Mais bon, c'est pas nul du tout à mon avis
tu exprimes des trucs avec ton coeur, ça se sent, et même sans avoir encore écouté la version musique, je suis quasiment sûr que le courant passe avec l'auditeur, du moins celui qui sera un peu ouvert à ce genre
ici c'est la sincérité qui compte, je pense, plus que la qualité d'écriture
on ne demandera jamais au rap (j'imagine) de ressembler à de la grande littérature
donc je ne dirai qu'une chose : ne sois surtout pas résigné ! ;-)

Bon, j'ai exagéré, comme je te l'ai dit. Je déteste Diam's alors voilà toute l'histoire.
Sinon, évidemment tes paroles n'ont rien à voir avec les bêtises qu'on entend d'habitude au point de vue vocabulaire même si le fond est malheureusement un peu le même : les gens et la planète sont pourris.
D'un autre côté je n'imagine guère un rap avec des paroles bisounours.

Moi, j'aime ton travail Kash Prex. Beaucoup. Je trouve tes textes intelligents et tes mots font mouche, me touchent.

Je te lis et t'écoute toujours avec plaisir.