APPEL A TEXTES : 1500 - Le lapin de Yellow_Submarine

Là, derrière la crête des collines, la campagne commence. La vraie. Celle qui colle aux semelles des chaussures. Celle qui imprègne les vêtements de l'odeur des bêtes.
Là, dans ce hameau de pierres grises où nul touriste ne s'arrête jamais, vit ma grand-mère. Mes parents m’ont laissé à sa garde. Il parait qu'ici l'air est meilleur, il parait qu'ici je vais me renforcer, que rien n’est pire que la ville pour ma santé précaire.
Assis dans la cour sur une chaise de paille, je regarde la vieille. D'une poigne de paysanne qui en a vu d'autres, elle tient l'animal.
- Je t'ai pris le plus beau, sens comme il est doux.
Je tends ma main. Plonge mes doigts dans la fourrure soyeuse du lapin. Il est roux, comme le soleil couchant de cette fin d'après-midi.
Trois gouttes de sang tombent sur le pavé. Il n’y a pas eu de cri, juste le bruit sec du métal. La lame fait un aller-retour sur le tablier, laisse une trace brunâtre sur le tissu fané puis regagne son étui de cuir.
Suspendu par les pattes arrière au séchoir à linge, le corps se vide lentement. Les mouches s'affolent, attirées par l'odeur des viscères, le chat finit sa toilette sur le seuil de la cuisine.
Alors, je retire mes vêtements un à un. J’ai sept ans, mais on m’en donnerait cinq. Mon slip trop grand flotte sur mes cuisses.
Le vent se languit dans les peupliers, une pie moqueuse m'observe de son œil perçant. Devant la grange au toit de tôle rouillée ma grand-mère m'enduit de la graisse encore tiède, les muscles tendus par l’effort. Mon corps malingre se teinte de fauve. Dans les prairies infinies, mon esprit court.

L'histoire de Yellow_Submarine m'a obsédée pendant mon retour du travail. Voici ma version de la scène que j'ai écrite dans le train sans avoir le texte original sous les yeux, juste mes souvenirs. Comme l'idée de départ n'est pas de moi et que c'est une image forte qui sous-tend le récit, je poste sous Joan Doe.
Yellow, si tu n'es pas d'accord, demande à la modération de retirer ce texte.

Il y a dans ce texte, dans l'écriture, mais plus encore dans le choix des images, un lyrisme bucolique qui me gêne. Pas hyper fan.

Une déclinaison qui tient la route, bien que je me demande si un enfant de sept ans peut avoir un tel regard désabusé et lucide, fort aussi, sur ce qui se passe autour de lui mais en fait oui, pourquoi pas... c'est juste que je trouve ça un peu froid.

Vous êtes gonflés quand même !
Si ça ne dérange pas Yellow_Submarine, je veux bien mais quand même. Vous lui diriez que son texte était nul que vous ne vous y prendriez pas autrement. D'autant que je le trouvais très bien son texte, moi.
Quelqu'un m'a fait une proposition dans ce genre, de reprendre un de mes textes pour me monter comme il pourrait être mieux (il y a des gens qui ne doutent de rien !). Je lui ai répondu que je ne voyais pas l'intérêt de remplacer mes tics d'écriture par les siens.
Cela dit ce texte est très bien écrit sauf qu'il y a des invraisemblances.
On voit bien que vous n'avez jamais tué un lapin ! C'est que ça se défend ! Même en l'égorgeant proprement (ce n'est pas comme ça qu'on fait d'ailleurs mais soit) il se débat et il y a du sang partout et pas seulement trois gouttes !
Quant à la graisse elle est inutilisable telle qu'elle. Il faudrait au moins la faire fondre.
Sinon, oui, très très joli texte.

Plotine a écrit:il y a des invraisemblances.
On voit bien que vous n'avez jamais tué un lapin ! C'est que ça se défend ! Même en l'égorgeant proprement (ce n'est pas comme ça qu'on fait d'ailleurs mais soit) il se débat et il y a du sang partout et pas seulement trois gouttes !

Ne pas commenter les commentaires, n'est-ce pas ! :-)))

Evidemment que lapinou va se débattre si tu veux l'égorger comme ça ! Sadique !
Un coup très net du tranchant de la main derrière les oreilles et il est estourbi pour le compte
c'est le meilleur moyen pour qu'il ne souffre pas et aussi pour économiser la serpillière ;-)
mets m'en un de côté et je te montrerai
ou alors demande à Bertrand

Au cours de ma folle existence il m'est arrivé d'avoir un élevage de lapins (j'en vendais 300 par semaine), alors vos conseils, mon ami : hahahahahah !
Bon, je ne les tuais pas, c'est vrai, mais ça m'est arrivé d'en tuer quand même quelques-uns. Je les assommais en effet mais ce n'est pas mentionné dans le texte ci-dessus (sauf erreur de ma part).
Mais peu importe ces détails sordides, le texte est superbe.

désolé, mais malgré ton commerce de 300 ou 3000 lapins, j'insiste : ce que tu dis "Même en l'égorgeant proprement il se débat et il y a du sang partout et pas seulement trois gouttes !" ne va pas du tout. Personne n'aurait l'idée saugrenue et sauvage d'égorger un lapin sans l'étourdir avant.
mais on s'en fout

Un texte sobre, efficace, mais le sujet, j'avoue, ne m'intéresse pas.

Mes remarques :
« Il paraît qu'ici l'air est meilleur, il paraît qu'ici je vais me renforcer »
« ma grand-mère m'enduit de la graisse encore tiède, les muscles tendus par l’effort » : je m’étonne un peu qu’il faille bander ses muscles pour enduire un gamin de graisse ; par ailleurs, c'est si gras que ça, un lapin ? Il y a assez de matière pour recouvrir toute la peau ?

Plotine a écrit:Vous êtes gonflés quand même !
Si ça ne dérange pas Yellow_Submarine, je veux bien mais quand même. Vous lui diriez que son texte était nul que vous ne vous y prendriez pas autrement. D'autant que je le trouvais très bien son texte, moi.
Quelqu'un m'a fait une proposition dans ce genre, de reprendre un de mes textes pour me monter comme il pourrait être mieux (il y a des gens qui ne doutent de rien !). Je lui ai répondu que je ne voyais pas l'intérêt de remplacer mes tics d'écriture par les siens.e.

Pile le genre de discours qui m'emmerde parce que si j'ai bien tout compris on bosse ici : alors flinguez à tout va, vous gênez surtout pas, osez recompulsez-moi, tirez mes phrases, réadaptez, y a t il quelqu'un dans le quartier qu'a plus de couilles que de simplement s'indigner et se frotter un peu dans le genre : écrire.

pile ce qui est dit ICI
;-)

Version lyrique. Moi, j'aime beaucoup mais c'est vrai qu'on n'est plus du tout dans les impressions du texte de Yellow. (les premiers)

Oui c'est froid c'est triste c'est beau je trouve , teinté de mélancolie !
J'aime beaucoup ta dernière phrase !

J'adore voir toutes ces variations à partir d'un même thème.

Le principe de la variation est très intéressant, et plutôt honorifique pour un auteur, ce me semble : on n'aurait nulle envie d'écrire une variation sur un thème foireux, ou si mal exploité qu'on ne voit pas l'intérêt de s'y mesurer, ou de le prolonger.
Ce n'est pas désagréable à lire, mais de fait les invraisemblances pour qui tue communément tout animal dont il convoite la chair, comme moi, sont un peu gênantes : je vois pas qui va égorger un lapin tout de go, alors qu'il gigote habituellement, sauf les inhibés, sans l'estourbir en un tournemain. Pour la graisse, même topo, elle a dû frotter fort, la mémé...
Sinon, une certaine mélancolie mystérieuse sourd du texte, qui me plaît assez.

.