Ah ! Que les temps sont durs !

Je ne sais pas si c'est à cause des "retraites", sur billevesées, ce matin, des mots "mauvais esprits", dans un post de Rebecca, mais je suis allée relire un vieux texte.
sans prétention, ni qualité réelle. Mais j'en ai encore souri en le lisant. (un peu jaune quand même le sourire)

Alors, ma foi... si cela en fait sourire quelques-uns...



Les temps sont durs ! Et de plus en plus en plus durs. Et puis, avec l'autre, là, le petit Napoléon nouvelle vague, eh bien, ce n'est pas près de s'arranger.

Les affaires vont mal. Les gens ont de moins en moins d'argent et ils serrent sur tout ! Je suis bien placé pour le savoir. Dans les temps difficiles, le commerce est en première ligne : dès que ça commence à calculer dans les chaumières, c'est la petite boutique qui trinque et dénombre ses clients sur les doigts d'une main ! Certains s'en sortent mieux que d'autres, bien sûr. Pour l'alimentation, l'épicerie, tout ça, ça se débrouille… tant bien que mal, mais ça se débrouille. Ben oui… faut se nourrir quand même ! De moins en moins bien, d'accord, mais faut manger pour vivre, non ? En revanche, pour tout ce qui est du superflu, ce n'est plus la même chose. Et moi, mon activité, elle est plutôt axée sur le superflu, voyez… Enfin… dans ce que certains prétendent superflu.

Du superflu ! L'esprit… du superflu ! Ce qu'il ne faut pas entendre, de nos jours ! Alors que télé grand écran, téléphone portable, lecteur de DVD et autres gadgets sont passés indispensables, l'esprit, lui, n'est plus que « superflu » ! N'est-ce pas à en perdre la raison ? Ah pardon ! Je ne vous ai pas dit ? Moi, ma spécialité, c'est l'esprit. Du bon, du grand, du bel, du fin… de l'esprit quoi ! Et pour toutes les occasions !

Et oui, n'en doutez pas, c'est un commerce comme un autre sauf que chez moi, les factures sont établies en rires et pas en euros. Mais même en rires, j'ai une comptabilité à tenir et si je vous montrais mes chiffres, cela vous saperait le peu de moral qui vous reste !

Mais, les gens, il faut les comprendre. S'escrimer à travailler pour gagner à peine de quoi survivre, compter sur tout et devoir se serrer quand même la ceinture, eh bien ça leur coince pas mal les rires dans la gorge. Et quand on ne rit plus, il est difficile de faire de l'esprit ! Ou alors de l'esprit cynique, envieux, jaloux, désabusé. Et ça… non, ça, ce genre d'article, en principe ça ne se recherche pas ! Bien au contraire !

Non, avoir de l'esprit, de ces temps, ce n'est plus vraiment à l'ordre du jour ! A croire que ce n'est plus réservé qu'à quelques-uns… Une denrée de luxe ! Ou alors que c'est très mal vu, plus à la mode. Enfin ! Je ne sais plus quoi en penser de tout ça !

Remarquez, depuis quelques années, je ne peux pas dire que ça allait bien fort, même si, bon an mal an, j'arrivais encore à chatouiller mes zygomatiques. Mais là, c'est devenu insupportable ! Une vraie catastrophe. Oui… de plus en plus dur ! D'ici à ce que je mette la clé sous la porte, y a pas loin, je crois.

Parce que, même si ne ne vends plus ou si peu, les arrivages, eux, ne cessent pas. Alors mon stock ne fait qu'augmenter. Et ça, ça me fait tellement grimacer que j'en arrive à ne plus savoir sourire. Et un visage qui ne sourit pas, ce n'est pas ce qui est le mieux pour séduire le client.

Mais ce qui est pire encore, c'est que tous ces merveilleux articles que je reçois, à force d'être entreposés comme ça, de se morfondre dans une interminable attente, ils en tombent malades les uns après les autres ! L'humour, la dérision, la gaieté, l'insouciance, la frivolité, la légèreté, la finesse, la pétillance… toutes ces qualités qui faisaient leur importance, disparaissent à une vitesse démoralisante et sur le coup, ils se rouillent de morosité et d'amertume. Un virus qui flotte dans l'air du temps et qui les contamine, peut-être… je n'en sais rien, mais le résultat est là et c'est pire qu'une épidémie de sinistrose !

Que voulez vous que je tire de ça ! C'est un cercle vicieux ! Avec la tendance actuelle et générale à l'esprit chagrin, ce n'est pas demain la veille que l'on trouvera chez moi, ou ailleurs, la petite dose d'esprit de radieuse croustillance qui agrémentera un quotidien. Non, je ne vends plus rien de tout ça, et le peu demandé n'est que du tout-venant, du banal, du formaté !

Avant, le carillon de la porte du magasin n'arrêtait pas de sonner et il ne m'est jamais arrivé de ne pas trouver de quoi satisfaire le plus tatillon ou le plus farfelu de mes clients. Désormais, c'est tout juste s'ils passent pressés et têtes baissées, devant la vitrine. Et combien n'osent même pas y couler un regard. Les pauvres… oui… les pauvres ! Ah ! Me voilà en colère, très en colère ! Et triste aussi !

Quand je pense à autrefois… oui, autrefois… ah… nostalgie… nostalgie ! Mais comment aussi avec toutes ces ondes déprimantes qui suintent de mon arrière boutique, pourrais-je retrouver mon enthousiasme et mon optimiste naturels ?

Avoir de l'esprit… considérer que c'est du superflu ! Arf !

Tenez, en parlant d'autrefois… Il régnait dans la boutique une sorte d'effervescence joyeuse, ludique. Tous ces jolis talents vaporeux rivalisaient à qui mieux mieux de drôleries, de bons mots, de délicates plaisanteries… et d'une finesse… d'un humour… ha ! Et les clients, du nouveau-né gazouilleur à l'aïeul perclus de rhumatisme, chacun y trouvait son bonheur. De l'esprit sur mesure en quelque sorte ! Et il y avait du choix. Oui… du choix ! Comme je vous le dis !

Vous ne me croyez pas ? Allons, voyons ! Réfléchissez un peu ! Il est vrai que réfléchir… Enfin !
Que je vous explique en deux mots : l'esprit n'est pas uniforme, linéaire… non… il est multiple et infini ! Bien sûr, il y a l'esprit tout court, de base, celui qui fait partie du kit de naissance. La conscience d'être, disons, qui renferme la mémoire originelle des fonctions vitales du corps. En somme, le minimum pour que roule une mécanique. Celui-là, il n'est désigné par aucun mot particulier, et vous n'en trouverez pas en rayon. Pas même un de secours en cas de panne. De même, ne pas confondre esprit et humour. L'humour n'est qu'une qualité de l'esprit et en user n'est pas une garantie de "bel esprit". Il est des gens qui s'y montrent si lourds et pédants qu'ils en sont tout autant détestables ou méprisables !

Avez-vous oublié que l'esprit se décline en une infinité de variétés ? Il y a l'esprit d'équipe, celui d'entreprendre, l'esprit aventureux, et le joueur, le guerrier, l'ombrageux, le tendre, le coquin, le persévérant et j'en passe tant la liste est longue ! Même le procrastinateur. Quoique, ce dernier, je ne peux plus en promettre vu qu'un certain Feignatus a exigé d'en avoir l'exclusivité.

Et dans ma boutique, autrefois, les gens se bousculaient, fouillaient, tâtaient, choisissaient…et tous m'interpellaient…
"mettez-moi donc un peu de sensibilité... ah, et je voudrais une dose de créatif… et puis un peu plus de persévérance…" "vous avez encore de l'esprit d'indépendance ?" " Ah non, pas de celui-ci, il frise trop l'absolu !" Et moi, heureux et souriant, je jouais à l'alchimiste !

Voyez-vous, se faire un bel esprit, bien à soi, bien personnel, c'est aussi délicat que de composer son parfum ! En vérité, cet esprit que l'on se façonne c'est le parfum de notre âme !

Et cet esprit qui nous était si intime, si personnel, nous en usions sans réserve, nous n'en étions pas avares et nous l'enrichissions tout au long de l'existence, sans crainte ni retenue. Aujourd'hui, c'est tout juste si on s'y laisse aller en de rares occasions... Si rares ! Disons qu'autrefois, il était débité en gros et que, désormais, il est épluché à l'économe !

C'est démoralisant !

Arf ! Tenez… si cela continue comme ça, je vais être obligé de faire de "l'esprit en pincées"… C'est tel que je vous le dis… et sans faire de l'esprit !

Une idée vraiment sympa, mais, je trouve, trop longuement déclinée, au point que l'"esprit" en perd de sa légèreté.

Remarques :
« ce n'est plus vraiment à l'ordre du jour ! A croire que ce n'est plus réservé qu'à quelques-uns… Une denrée de luxe ! Ou alors que c'est très mal vu » : un peu trop de « c’est », « ce n’est » en quelques mots, selon moi
« qui suintent de mon arrière-boutique »

Comme socque, je trouve des longueurs. Mais c'est vrai que l'idée est sympa et fait parfois sourire, on sent le discours du puriste de l'esprit.
Par contre, j'aurais nuancé le passage sur l'humour "lourd et pédant" en précisant que la finesse peut précisément consister à prendre cette apparence... Mais c'est plus personnel =)

Petite faute :

mon enthousiasme et mon optimiste naturels

Une pincée trop long ce texte, j'ai un peu perdu l'intérêt en cours de lecture.

J'aime beaucoup le propos mais tu explicites trop le sujet à mon avis.......Il faudrait ne pas chercher à démontrer, à analyser, à approfondir pour que fond et forme s'épousent parfaitement sur :
"L'humour, la dérision, la gaieté, l'insouciance, la frivolité, la légèreté, la finesse, la pétillance"
Donc encore du travail de sape à faire pour accentuer l'intérêt littéraire.
Mais sur, tu m'as largement fait sourire.

"Alors que télé grand écran, téléphone portable, lecteur de DVD et autres gadgets sont passés indispensables, l'esprit, lui, n'est plus que « superflu "

Petite perle de justesse.Entre autres.