Stupide asticot

Stupide asticot

Ma copine est encore à l’hôpital. Ça en finit plus. Sa santé se détériore à un rythme tapageur. Elle voit plus souvent le toubib que moi, sa mère et son travail réuni. Je l’ai pas vu depuis deux semaines. Plus que jamais, j,aurais besoin d’elle. Je me suis réveillé cimenté dans du cuivre visqueux. Je fuis depuis le réveil mon marécage, le combat à coup de fruits, mais ça rime à rien. Une marche me requinquera peut-être...
Le printemps résonne dans les vitres. Pas un nuage qui tracasse le soleil. Pis il fait pas trop chaud. C’est juste parfait. En tournant sur Bédard, j’aperçois une Espagnole sous-vêtue. Elle porte des jeans moulants et une série de trous, sur les côtés, laissent paraitre sa chair. Elle me voit, puis continue son chemin d’un pas lascif. Elle s‘entraine pour un numéro de cirque? C’est ridicule. Mais d’un autre côté, je lui ferais pas de mal. Elle continue sa marche et me lance un coup d’œil. Tabouère, quelle clownerie. Il lui reste plus qu’à faire sortir la fleur qui arrose de son cul. Elle est grotesque, mais d’un autre côté, l’instinct emboite ma pensée. Je la suis. Son cul se balance de manière prononcée. Il oscille de gauche à droite, au-dessus du trottoir, tel un fouet rose. Elle me jette un nouveau coup d’œil, sourit. Bordel, que fais-je à suivre ce carrosse à dollara-neurones? Je sais pas mais je continue, et lorsqu’elle courbe dans une ruelle, je fais pareille.
“Par ici, muchacho.” Elle monte l’escalier arrière d’un logement. Je suis un taré, je la suis. C’est pas moi qui me guide. Elle ouvre la porte de son appart. Un sourire impudique habite ses lèvres. De près, je m’aperçois qu’elle doit avoir 35 ans bien tapés. Dès qu’on dépasse la cuisine, une patate poilue saute sur elle. C’est un caniche. Je hais les chiens, si seulement c’était assez intelligent pour apprendre à s‘autoflusher... Le cabot lèche le visage de sa tendre. Ils procèdent à un échange de langue. “Giligili... Goulougidi...” Leurs langues s’entortillent, leurs baves s’entretissent. Je fais semblant d’avoir échappé un truc pour échapper à l’horreur. En me penchant je cherche une bouche de canal, un trou, une issue, une porte, un couteau, une efface, une craque. “Viens mon chou...” À peine ai-je relevé mon navet qu’elle me happe. Sa bouche avale ma langue. Ça goute la bouffe à chien marque IAMS. Je ferme mes yeux, je gigote pour me défaire. Mais trop tard elle m’étreint dur. Ses bras robustes me tirent vers son lit. Elle est nue. Sa main dézippe mon jeans en un éclair. Je m’aperçois que sous la ceinture, ça s’est levé, ça m’a trahi. Je sais plus quoi faire je suis sur elle coincé sec. Elle roucoule et j’aperçois le caniche à droite, il se zigne sur un toutou en observant la vache sous moi. J’essaie de me dépogner. “Oh, un vrai lionceau!” qu’elle fait. Elle sort mon engin. J’essaie de l’empêcher. Je suis cuit. Je me demande s’il est possible de se pendre à la queue du cabot, si ce serait assez solide. Sa main manipule mon tube. Bander vers cette vache? Quel judas cet engin. Je sais plus quoi faire. “Vazy!” qu’elle exulte. Mon coeur fait clapoter mon front, je suis à bout de tactiques. Une impulsion me saisit. J’empoigne le caniche et le fous dans le trou. L’espagnol hurle de plaisir. Je me lève et file à la toilette. En fermant la porte je vois la tête du caniche enfouit dans la chose, son corps gigote tout fou.
Merde merde merde merde merde où aller?
Je me faufile dans la fenêtre au-dessus du trône.
Dehors, je m’accroche à la gouttière, descends et pique un sprint absolu. Plus loin, sauf, je ralentis. J’allais au dépanneur? Je me souviens plus.
J’aperçois une jeune fille sous-vêtue. Elle porte un top rose, elle doit pas avoir plus de 18 ans. Elle me lance un regard, je réplique. Ça doit être l’une de ces petites “salopes-à-yo”. Ça pullule ici, ces écervelés. C’est la honte des rues. Ma fille elle serait comme ça, de désespoir je l’enverrais se faire rééduquer par un éleveur d‘autruches. Elle me lance un nouveau regard, souris. Je la suis...

J'aime assez le côté "brut de décoffrage" du texte, cela dit je ne crois pas que je pourrais en avaler des tonnes... Assez marrant dans le genre sordide.

Quelques remarques de langue :
« moi, sa mère et son travail réunis »
« Je l’ai pas vue (la copine, c’est bien ça ?) depuis deux semaines »
« j’aurais besoin d’elle »
« Je fuis depuis le réveil mon marécage, le combats à coups de fruits »
« je fais pareil (et non « pareille ») »
« Mon cœur fait clapoter mon front »
« L’Espagnole hurle de plaisir »
« la tête du caniche enfouie »

J'ai bien aimé le côté irrévérencieux du texte et surtout l'auto-dérision dont il fait preuve. Mais comme socque, je trouve ça bien en passant, je n'en ferais pas mon quotidien.

Arrivé à la fin, on comprend déjà mieux pourquoi la copine est à l'hôpital...
Ce qui est particulièrement drôle, dans ce texte, ce sont les tournures de phrase san doute québécoises et le style très particulier.

Ce serait pas mal de soigner un peu mieux la langue française ou alors de jouer à fond la carte du langage oral, mais ici, ça oscille dans un entre-deux plutôt maladroit où on se rend compte rapidement qu'il manque des mots et que certaines liaisons volontairement supprimées n'auraient pas dû l'être.

Quant à l'histoire, je la trouve assez plate. Pas vraiment pour moi, désolée.