La nuit

Quand la nuit théâtrale endossant son costume
S’approche du poète et, lui prenant les mains,
Chuchote quelques mots d’une voix qui parfume
Les contours de la ville et le cou des catins ;

Quand l’ombre lentement s’épaissit et enrobe
Comme un sombre linceul le sinistre rêveur,
Laissant dans la clarté nauséeuse la robe
De ces femmes sans nom qu’une intense clameur

Vient des hommes sans nom ardemment déifier ;
Quand la nuit au poète insoumis lui murmure
Les charmes inquiétants de son rude métier

Qu’il suivra en écho jusqu’au tendre matin,
Il se laisse envahir par le froid de l’usure
Et succombe, envoûté, sous l'éclat de son sein.

Vraiment trop théâtral pour moi.
Le sombre linceul le sinistre rêveur sont un peu éculés, non ?
Quant aux jérémiades du poète concernant son rude métier, qu'il soit insoumis ou maudit, j'ai l'impression de les avoir entendues mille fois déjà !
Dommage de gâcher par de pareils clichés une indéniable maitrise de la prosodie.
Des vers comme :
Les contours de la ville et le cou des catins
me laissent supposer que vous êtes capable de quelque chose de bien plus personnel et original

Je crois que je suis d'accord avec Arielle ; toutefois, le début du poème ne me déplaît pas... la fin (les tourments du poète) j'y suis allergique.

socque a écrit:Je crois que je suis d'accord avec Arielle ; toutefois, le début du poème ne me déplaît pas... la fin (les tourments du poète) j'y suis allergique.

Il conviendrait à mon avis de ne plus abuser de la lecture de Baudelaire et puis de se soigner un peu en lisant par exemple Charles Bukowski
Vous êtes sur la voie sans doute fructueuse si vous le voulez d'une sorte d'alliance de ces deux univers et styles littéraires: rien de prétentieux ou d'innaccessible;POURQUOI NE PAS TRAVAILLER DANS CE SENS/ voilà qui demande certes un serieux coup de rein, mais ça pourrait être très chouette...en tout cas vous montrez là, malgré quelque erreur dans le choix du style, une capacité de travail du texte qui ne demande qu'à aboutir...félicitations déjà et du courage

Une lourdeur frappante du à la forme syntaxique employée: Quand...etc... et la fin de phrase que l'on attend impatiemment n'arrive qu'à la fin du poème.

Trop d'emphase. Il faut alléger même si le thème est grave, il n'est pas nécessaire d'accumuler toutes les noirceurs.

Cela dit, Bukowski, mieux vaut ne pas en abuser trop non plus: ce n'est pas toujours du meilleur goût.

Quelque chose ne fonctionne pas à mes yeux, sans pour autant que je puisse dire avec précision ce qu'il en est. Peut-être une emphase déséquilibrée, peut-être une idée déjà vue mille fois et qui trouve ici peu d'originalité, peut-être l'impression que l'inspiration prise dans d'autres plumes classiques et renommées empêche le propos de réellement s'envoler... tout cela à la fois.
Dommage, car on sent pourtant une maîtrise de la technique derrière tout ceci.