Plus au nord

Plus au nord

Es-tu fier, mort, d’avoir été ?
Tranquille, au tumulte soustrait,
Ton silence est parfait, mieux encore que celui des forêts,
Des déserts.
Ta discrétion ne peut être égalée par les vivants qui pleurent.

A quoi te sert être venu
Heurter de ta chair la lumière,
L’espace de ton corps,
Quand avant toi si calme était l’air
Et ma mémoire ?

J’espère une forme au loin qui te semble, une brume
Le matin te cachant qui soudain te révèle,
En ceux-là que je croise,
Une démarche, un geste
Pour me parler de toi.

Chaque jour, doucement,
Une digue s’effondre qu’emporte la mer
Et les dunes et les vagues ont fini de lutter.
On dit que c’est ainsi,
Plus on va vers le nord.

Les deuxième et quatrième strophes m'emballent ! Je les adore. Les deux autres me paraissent bien, mais un ton en-dessous.

Un bémol plus sérieux sur
"Ton silence est parfait, mieux encore que celui des forêts", dont le rythme me paraît gauche ; en revanche, le rejet "Des déserts" en-dessous, excellent.

Je relis ; la troisième strophe est très bien aussi ! C'est la première, finalement, que je trouve un poil convenue.

Remarque :
"Et ma mémoire. ?"

tout me semblerait presque parfait, sauf le troisième vers de la première strophe qui me semble bien contradictoire.

Socque,

Relis encore un coup !
tu vas voir que la première va finir par te plaire...


Chère modération,

Auriez vous, la bienveillance de retirer ce point incongru, apràs mémoire ?


Phil,

Pourquoi contradictoire ?

Chez nous les forêts sont loin d'être silencieuses. Les oiseaux, les insectes, les sangliers même font de drôles de bruits.
Il faut dire que dans le Midi tout le monde est bavard !

A quoi te sert être venu
Heurter de ta chair la lumière,
L’espace de ton corps,
Quand avant toi si calme était l’air
Et ma mémoire ?

Chaque jour, doucement,
Une digue s’effondre qu’emporte la mer
Et les dunes et les vagues ont fini de lutter.
On dit que c’est ainsi,
Plus on va vers le nord.

Superbes strophes ! Un climat de légendes envoûtantes teintées de mélancolie.
Je tique un peu, moi aussi, sur le silence des forêts (construction et sens)

La troisième strophe me touche particulièrement parce que j'ai souvent éprouvé cette impression de croiser un geste, une attitude d'êtres chers disparus dans ceux d'inconnus à peine croisés ...

Le grand bonheur de ce site provient de la qualité des lecteurs et de la finesse de leurs commentaires.
Vous avez souligné la faiblesse de la première strophe. Vos remarques sont pertinentes. Grand merci.

Je l'ai donc retravaillée et vous confie une nouvelle mouture de ce poème :





Plus au nord

Es-tu fier, mort, d’avoir été ?
Tranquille, au tumulte soustrait,
Te voilà bien en ordre.
Ton silence est parfait, plus profond que celui
Des déserts.

A quoi te sert être venu
Heurter de ta chair la lumière,
L’espace de ton corps,
Quand avant toi si calme était l’air
Et ma mémoire ?

J’espère une forme au loin qui te semble, une brume
Le matin te cachant qui soudain te révèle,
En ceux-là que je croise,
Une démarche, un geste
Pour me parler de toi.

Chaque jour, doucement,
Une digue s’effondre qu’emporte la mer
Et les dunes et les vagues ont fini de lutter.
On dit que c’est ainsi,
Plus on va vers le nord.

Oui, je préfère !

Merci !

Il y a dans vos vers une majesté austère à laquelle le coeur ne peut rester insensible ...

Le thème est grave mais la musique, dont le rythme est proche de celui d'un adagio, adoucit quelque peu cette gravité

Très beau, en tous les cas ...

Mychelc

Il s'agit de quoi ? d'un disparu dont le souvenir te hante ?
Et les plages, celles dont tus parles, celles du nord, soulevent ces souvenirs de leur force nostalgique.

Tu reconcilies mini joe avec la poesie.

MINIJOE. InMemoriamBea

"quand avant toi si calme était l'air"
je relis, je relis, je ne me fais pas à la sonorité de cette phrase

détail mineur

et puis tout le reste qui vous prend à la gorge, comme un sanglot retenu, sur des grèves perdues

merci d'avoir tant de talent

J'aime beaucoup la deuxième strophe, très belle. Quelque chose de majestueux et de sensible à la fois

La quatrième aussi, même si un peu moins. Et enfin les deux autres, un peu moins encore, même si l'idée de quelqu'un qui repére ces gestes qui nous semblent si familiers, est parlante, et juste ici.

Je suis très touché par vos remarques fines, sensibles et chaleureuses.

Socque, embellie, Mychelc, Mitsouko et peut-être minijoe (si loin, il est vrai), me ferez vous le plaisir de participer à notre petit festival, à Bernay les 28 et 29 Août ?
Toi Lyra, je n'ignore pas ta venue ( chic !)


Il y aura de la poésie, du théatre, des musiques, de la littérature, de la ballade, de la bonne bouffe et...de l'amitié sous le ciel de la bonne humeur.

...avec vous, ce serait encore mieux.

Ben non, je dois être à Paris à partir du 24 août (deux traductions à rendre en huit jours).

Amusez-vous bien, buvez des coups !

Snif !

merci pour ton invitation, je serai venu avec grand plaisir

mais je suis en vancances en famille jusqu'au 31 août en Andalousie

j'espère qu'il y aura d'autres occasions

amitiés

Que de colère retenue, que de tristesse. De celle que cause l'impuissance. C'est prenant.

"celles", pardon

Vraiment un beau poème, à mon sens.
J'aime énormément la chute.
A la fin de ma lecture, j'ai débuté un nouveau voyage. Et j'aime cette sensation, que je ressens parfois après un point final

Encore un commentaire super construcif de ma part quand je te lis Hellian, mais voilà, je ne sais que dire, car tout ceci me paraît superbe et me touche beaucoup. Je n'ai pas envie d'entrer le détail, l'ensemble me parle au coeur et ça me suffit amplement. Sans parler de cette maîtrise de la terchnique et du vocabulaire dans laquelle tu excelles. Bravo, donc !

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