Hall de gare - d'après Doisneau (Reprise)

Il faisait froid dans ce hall. Ma sœur Marie, sans comprendre, attendait patiemment, assise sur la petite valise. Et je regardais, je cherchais, de droite, de gauche. Le matin, des messieurs étaient venus pour vider notre appartement de la place Grenelle pendant que maman terminait nos bagages. Pierre, l’ami de maman, nous avait dit d’aller jouer dans la cour et de les laisser travailler. Il avait même un peu crié et je crois qu’il a frappé Marie parce qu’elle ne voulait pas descendre.

Au début de l’après midi, nous avions tous pris le bus pour rejoindre la gare. Maman semblait nerveuse et essayait de nous amuser, jouant une drôle de comédie, mais un fils sait lire dans les yeux de sa mère plus sûrement que n’importe qui. Pierre nous ignorait et j’espérais encore plus qu’à l’habitude que mon père reviendrait, un jour, lui coller une bonne raclée et nous emmener, maman, Marie et moi. J’avais peur qu’il ait du mal à nous retrouver, lui qui ne connaissait pas notre nouvelle adresse, j’avais peur qu’il ne trouve pas le mot que je lui avais laissé, glissé entre deux lattes du parquet de ma chambre, pour le jour de son retour.

Deux dames, plus vieilles que maman, étaient venues nous parler, nous demander ce que nous faisions seuls dans cette gare. Pierre était parti le premier, avec la grosse malle noire, disant qu’il allait la donner à charger dans le train, criant à maman de le rejoindre vite, comme convenu. Puis j’ai vu que maman pleurait, elle ne nous regardait plus et a juste dit qu’elle apercevait Pierre qui lui faisait signe d’aller l’aider, que nous ne devions rester là, pour garder les bagages, qu’elle revenait bien vite.

Alors, nous avons attendu, les dames sont venues, ont appelé, regardé, de droite, de gauche. Je ne sais pas si j’avais déjà compris que j’allais devoir grandir seul.

oups, j'ai déjà récidivé avant de t'avoir lu ! Tu as raison Loup, attendons patiemment la fin des discussions ;-)