EXERCICE en direct du mercredi 11 janvier 2006

Pour le jabot, je pensais un peu plus à celui du gentilhomme qu'à celui du coq... mais l'un n'empêche pas l'autre et vu que le jeu c'est de donner un mot, j'admet qu'on puisse jouer sur les différents sens....

Sahkti a écrit:Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Imaginez un récit qui commencerait par cette citation de Maxime Kumin (8 janvier)

Oh putain...ça me rappelle presque mes devoirs de français

pffffffff

yep

Je récapitule:

THEME:
Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Imaginez un récit qui commencerait par cette citation de Maxime Kumin.

MOTS IMPOSES:
Bronchite
Poussin
Jabots

LONGUEUR: 2500 signes maximum

DELAI: 22.30 maximum

mentor a écrit:

Lileene a écrit:

mentor a écrit:

Yali a écrit:69 :-)

c'est pas un chiffre ça, c'est un nombre! ;-)

moi j'aime bien comme nombre... ;o))

JE MODERE!!!

tout de suite... -)

Inspiration zero

je passe juste dire bonsoir, et aussi : amusez-vous bien (je n'en doute pas un instant)

ça va pour tout le monde?

Nothingman1 a écrit:Inspiration zero

Pfffffffffffffffffffffffffffff

Bonne soirée Olivier!

Yes, sahkti

Sahkti a écrit:ça va pour tout le monde?

tiens finalement j'ai des courses à faire ;o)

Suis miro moi, j'avais point encore remarqué qu'on lui voyait quasi les seins à Micha Machin sur cette photo :)))

ca marche ! c'est parti !

Un ptit coup d'absinthe, et ça part!

Je reposte en couleur pour les retardataires...

THEME:
Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Imaginez un récit qui commencerait par cette citation de Maxime Kumin.

MOTS IMPOSES:
Bronchite
Poussin
Jabots

LONGUEUR: 2500 signes maximum

DELAI: 22.30 maximum

Ayééééééé !!!!!

Ouf, je suis là c'est quoi le sujet alors ?
Ah, oui, je viens de voir, la belle au bois dormant, eh ben ça alors !
Bon, ben, au boulot hein... Et encore désolé pour ce petit retard :-)

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Imaginez un récit qui commencerait par cette citation de Maxime Kumin.

Ca c'est juste le début du texte, c'est ça ? Après on fait ce qu'on veut.

La première phrase du texte doit être celle-ci:

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans.

Ah merde
Ok, vais rectifier

Quand la belle au bois dormant se réveille, elle a presque 50 ans.
Mal au crâne. La première chose qui lui vient à l’esprit c’est que justement, sa tête commence à peser. Elle ouvre les yeux, contemple d’un œil critique le décor kitsch et emberlificoté de cette chambre que son père lui a aménagée pour ses 20 ans….Son père, justement ! Elle devait descendre il y a plus d’une heure pour le rejoindre dans la salle du trône, et choisir son futur mari. Oui, chaque année, son père traînait par leurs savates à l’intérieur du château les malheureux qui croisaient son chemin, pour les forcer à épouser sa fille Aurore, la plus belle fille du royaume et patati et patata .Aurore, belle ? Y a peut-être une raison à ce que l’histoire de la belle au bois dormant s’appelle un ‘conte’. Belle, oui, sûrement, si on considère que les dents pourries, les cheveux blonds filasses et les yeux tellement petits qu’ils étaient enfoncés dans les orbites ça rajoute du piment dans la vie. La beauté, c’est subjectif…

Malheureusement, depuis ses 16 ans, y en a aucun qui a survécu à sa vue pour pouvoir convoler. La corde, le vide, le poison, la bronchite carabinée qui se transforme en pneumonie, puis en tuberculose, tout était bon pour éviter cette catastrophe. Les maladies, la mort, c’est bien beau mais rien ne pouvait la supplanter dans ce domaine. Parce que non seulement elle était hideuse, mais en plus elle avait un de ces caractères. Une vraie mégère, une catastrophe ambulante, une râleuse à temps plein. Le seul cadeau qu’a daigné lui offrir sa ‘bonne’ fée à sa naissance.
Aurore essaie de se lever péniblement mais quelque chose la retient. Une boule de poils énorme et jaune poussin qui cascade sur son lit, s’infiltre sous l’oreiller et l’empêche de respirer. En d’autres mots, ses cheveux. Elle se dégage péniblement et fait un geste vers son miroir.
Et là….pas de mots pour décrire. C’est une autre personne qu’elle voit dans le miroir, quelqu’un de totalement différent.
Encore une fois, cette saleté de fée avait raté son coup, au lieu de l’endormir à jamais avec pour seule condition de réveil le baiser d’un prince charmant, elle l’avait réveillé 50 ans après.
Ce qui était plutôt agréable , en somme. Parce que ce qu’elle a vu dans le miroir, c’est quelqu’un de ….beau. Par contre, elle se demande bien pourquoi les fleurs qu’elle a cueillies de l’arbre donnant sur sa fenêtre ont fané instantanément. Pourtant, le jardinier lui avait bien assuré qu’elles résistaient à tout, sauf peut-être aux odeurs fortes, très fortes.
Oups…

Belle rapidité Giny!

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans...

Et les choses ont changé depuis qu'elle s'est endormie. Il faut dire que ce n'était pas prévu dans le conte qu'elle dorme autant, mais voilà, il se trouva sur la route du prince charmant portant jabot de soie non pas un dragon mais un séduisant serviteur, son coeur ne fit qu'un bond, son sang un tour, son membre un droit et c'est ainsi qu'ils roucoulèrent comme des poussins et chevauchèrent ensemble un solide cheval blanc qui les emmena loin dans la forêt épuiser les jours heureux à l'abri des regards et... Et je m'égare!

Donc la Belle au Bois dormant fut condamnée au sommeil, faute du baiser de son chevalier, et il fallut qu'elle attende de longues années avant que le prince dépité revienne sur ses pas, largué par son serviteur qui lui préféra le cheval blanc, et vivant dans l'espoir que la belle lui pardonnerait et lui trouverait peut-être un petit job au château de son père. Oui mais voilà, entre-temps l'impôt sur la fortune avait été voté, le père fut spolié et s'exila à Antigua où les monarques déchus finissaient leurs jours à l'abri des bronchites sous le soleil brillant des vahinés.

La Belle au Bois dormant s'éveilla donc âgée de cinquante ans et fit face à un prince qui n'avait plus rien de royal. Vêtements froissés, barbe mal entretenue et yeux hagards, il ressemblait davantage à un animateur de télé au chômage qu'à un sérénissime héritier. Le conte avait mal tourné et personne ne voyait comment le réécrire. La marmite devait bouillir et ce n'était pas le prince faisandé qui allait pouvoir y remédier. La Belle au Bois dormant étudia donc toutes les possibilités qui s'offraient à elle mais il était loin le temps où les princesses pouvaient revendiquer les millions d'un simple claquement de doigts. La prostitution ou la chanson semblaient être les seuls exutoires que la société offrait encore aux majestés déchues. A cinquante ans, autant dire que c'était fichu...

Pas découragée pour autant, la Belle plus vraiment belle se rendit à l'ANPE où une employée morose qui devait aligner cinq ans de plus qu'elle au compteur lui annonça le regard noir qu'à cet âge-là Madame, faut pas rêver, aucun employeur ne prend le risque d'engager le troisième âge.
La Belle au Bois dormant se rendit à l'évidence: le seul moyen de s'en sortir était de croiser la route d'un homme riche, peu importe si il était beau, car après tout le prince promis ne l'était plus et de toutes façons celui-là, il allait prendre la porte vite fait bien fait, il n'était pas écrit Port Salut, non pardon, Armée du salut sur son front. Et je m'égare encore...

C'est ainsi qu'un beau jour de printemps, la Belle au Bois dormant désormais réveillée se lança dans la sauvegarde des moutons que les touristes en mal de vitesse écrasaient à proximité de son domicile. Bricolant pancartes et divers panneaux, elle manifesta, d'abord seule, puis suivie de quelques poivrots espérant gagner un verre à l'oeil, dans les rues de La Débandade. Un mafieux du coin l'observa d'un demi-oeil, se dit qu'elle était vraiment vieille et moche mais qu'elle avait de la voix et que si elle défendait les moutons écrasés par les touristes, elle défendrait peut-être aussi ceux sacrifiés au nom de Dieu et que tôt ou tard ceux qui sacrifiaient seraient traités d'hérétiques et c'est tout ce qu'il demandait. Une princesse déchue et décrépie qui arriverait à faire parler d'elle dans la presse... Et là je ne m'égare plus...

- Quand la Belle au Bois Dormant se réveille, elle a presque 50 ans !
- C’est dingue ça comme rêve ! Ca t’arrive souvent ?
- Non, c’est la première fois
- Tu crois à la signification des rêves, toi ? Dans le genre, rêver d’avoir une bronchite signifierait qu’on se sent oppressé par quelque chose ou qu’il faut cracher sa valda ?
- Pour sûr que j’y crois et même à leur caractère prémonitoire. Tiens pas exemple, il m’est arrivé de rêver que je participais à une soirée costumée, je portais une belle chemise à jabot et…
- Et ?
- Et le lendemain, le poussin qu’on avait offert à la petite pour Pâques claquait
- ?
- Etouffement dû à une malformation congénitale du jabot, il a dit le véto
- Ah !
- Et donc pour ce rêve sur la Belle au Bois Dormant, t’as une explication ?
- Non, mais ça viendra. A propos quelles sont les nouvelles ce matin ?
- Rien de spécial, sauf que le délégué syndical vient de nous annoncer que mardi prochain c’est grève générale et qu’on est prié de manifester
- Pourquoi ?
- Paraît que le Ministre de l’Emploi vient de sortir un nouveau projet de loi, il veut nous faire travailler jusqu’à l’âge de 65 ans. Fini les retraites anticipées.
-Y rêve ce pauv’ con !

je commente tout ça demain: je vais me coucher.
Bon fin d'exo et bonne nuit à tous!

.
- Ouaououououuuuh ! Qu’est-ce que j’ai bien dormi ! Pffffff, y avait longtemps. Ah ? Bonjour monsieur, je me trompe où vous venez de poser vos lèvres, subrepticement , sur les miennes ? C’était bien agréable, mais… de quel droit je vous prie ?
- Votre Altesse, je voulais vérifier ce que disait la légende. J’ai bravé bien des dangers, traversé des forêts et gravi des montagnes. En arrivant près d’ici j’ai vu le château, entouré d’une épaisse haie de buissons épineux. Lorsque je me suis approché les épines sont devenues fleurs, un passage s’est ouvert, et me voici ! C’est bien vrai, vous étiez endormie depuis… depuis… plus que ça, et un baiser vous a réveillée ! Dieu soit loué !
- « Votre Altesse » ? Que signifie mon brave ? Atchoum !
- A vos souhaits votre Altesse. Je suis le Prince Ch. Armand, pour vous servir et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous plaire.
- Mais enfin, parlez clair mon ami ! Pourquoi « Altesse » et qu’est-ce que cette histoire de long sommeil ?
- Hélas madame, je ne saurais vous en dire plus que ce que la légende en raconte. Mais vous avez pris froid semble-t-il ?
- Oui, mon édredon en plume d’eider a dû glisser. Atchoum ! Oui, j’ai un peu froid et puis : je ne me souviens de rien ! Strictement de rien ! Dites-moi tout !
- Ne vous inquiétez pas pour votre léger rhume madame, une bronchite à Besançon est autrement moins grave qu’une grippe à Vier-zon… Il paraît qu’on l’attrape même à cause des poussins, sans parler des coqs à jabots ! Venez, prenez mon bras, je vais vous accompagner pour vos premiers pas.

« Premiers pas », il est pas bien celui-ci ! Et décidément il ne veut rien me dire de plus ! Bizarre. Mais il est bien beau, il a fière allure et il m’a dit qu’il était Prince. Suivons-le.
Voilà qu’il m’entraînait vers les jardins. Mon Dieu, quelle jungle ! Il n’y a pas eu de jardiniers depuis des lustres ici ! Et ce vieux carrosse rouillé ! Quelle misère ! Il faut que j’en parle à monsieur Perrault. Tiens ! Perrault ! Pourquoi ce nom me vient-il soudain ? Oh ! Oooooooooooh !!
Ca y est, je me souviens ! Ma main, mon doigt ! Voyons ! Oui, il y a bien une trace de piqûre là ! Ce n’est pas possible ! La prédiction a eu lieu ! Je me suis endormie pendant 50 ans ! Vite, un miroir !

- Vite, un miroir !!!
- Qu’avez-vous madame ? Cela ne va pas ?
- Je veux me voir, là, tout de suite !
- Permettez. Acceptez d’abord de m’épouser. Il ne sera pas dit que j’aurais fait tout ce périple pour rien ! Madame, je vous aime comme vous êtes, pour ce que vous êtes. Peu importe votre apparence physique. Je vous trouve superbe, admirable et intelligente. Je vous emmène à la chapelle au fond du parc où monsieur le curé va nous marier. Ensuite vous aurez tout ce que vous voudrez, tout.
- Vous êtes fou mon ami. Vous vous préparez un avenir difficile. En compagnie d’une vieille femme de cinquante ans votre aînée. Votre inconséquence et votre aveuglement vous entraînent trop loin. Renoncez !
- Jamais ! Je vous aime. Venez !

Le voilà qui me tirait par le bras en direction de la poterne et nous pénétrâmes dans l’église du château, celle-là même où mes parents s’étaient mariés, où je fus baptisée. Le vieux curé était là, comme prévu ! Il nous accueillit d’un sourire entendu et nous fit signe de nous agenouiller devant l’autel, au pied des quelques marches de pierre.
Pendant qu’il finissait ses préparatifs, le beau Prince se tourna vers moi et plongea son regard bleu dans mes yeux. Je vis son amour s’y refléter comme l’océan absorbe les rayons d’un soleil couchant. Je m’y noyai. Nos lèvres se joignirent à nouveau. Ce contact si doux me fit l’effet de la décharge électrique d’un orage silencieux et une vitalité depuis longtemps endormie me revint dans l’instant. Ouvrant les yeux sans quitter ses lèvres, mon regard tomba sur le vitrail du transept qui renvoyait notre image. Et j’y vis une belle jeune fille, à genoux, enlacée avec un Prince aussi beau que le jour nouveau.
Monsieur Perrault n’avait pas forcément prévu ce dénouement, c’est pourquoi j’ai décidé de transcrire ici la suite de cette histoire pour que la postérité ne manque pas de lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Nous eûmes beaucoup, beaucoup, beaucoup d’enfants.
.

Bonne nuit Lileene!

Belle nuit Lileene et merci de ta participation!

Pfff...t'es trop romantique Mentor, ça te perdra

Zut! j'avais pas capté qu'il fallait commencer par la phrase clé! Eliminé!!

Comme Lileene, je vous quitte déjà et vous commenterai demain. J'ai encore un rapport à rédiger pour demain matin... Pas possible cette vie de dingue!
Bisous à toutes-tous! Belle nuit!
;-)

Belle nuit Mentor, bisous!

Bonne nuit Ment'!

-"Quand la Belle au Bois dormant se réveille elle a presque 50 ans". Imaginez un récit qui commencerait par cette citation de Maxime Kumin!
-Non, Stephane, Maxime Kumin n'est pas celui qui a inventé le fromage avec les petits grains dedans. Allez, les enfants, prenez vos bics, une feuille de papier et inventez-moi des histoires. Celui qui écrira la plus belle sera récompensé. Le vainqueur pourra lire son histoire devant toute le monde et elle sera affichée dans le fond de la classe. De plus, il pourra nourrir Sushi le poisson rouge de la classe pendant deux semaines.

Vingt ans que je fais ce métier, oui vingt ans! Un bail, une paie ! Et vous voyez où j'en suis. Je n'ai plus d'inspiration. Je me retrouve obligé de piquer des exercices à d'illustres prédécesseurs. Je ne fais plus preuve de l'invention ni de la fougue de mes débuts. Il est loin le temps où comme Socrate, je donnais mes cours à l'extérieur. Cours durant lesquels les enfants m'écoutaient, captivés la bouche en cul de poule, leur parler des miracles de la nature. Des miracles, justement, je n'en faisais plus. Il est bien loin le temps où je renversais les montagnes, le temps où je vivais mon métier d'instit comme un véritable sacerdoce. Des enfants, j'en ai vu passer au gré de tous ces remplacements de profs qui, usés jusqu'à la corde par le système, comme moi aujourd'hui, baissaient les bras ou tombaient malade en invoquant de quelconques bronchites fallacieuses. J'étais là pour résoudre leurs petits problèmes quotidiens voire familiaux. A l'époque, je me payais à leurs sourires. Leurs parents m'adoraient pour tout ça, surtout leurs mères …! Toutes ces années de services pour un salaire de misère! Juste de quoi nourrir aujourd'hui les jabots de ma nouvelle colombe et de mes deux poussins et mettre un peu d'essence dans ma vieille moto bancale. Ma fidèle rossinante qui m'a emmenée sur tous les chemins, de l'Alsace aux Pays basques, et qui aujourd'hui se retrouve dans le même état que moi, déglinguée! Juste assez de jus pour faire le trajet de la maison à l'école et inversément. Et oui, je suis devenu sédentaire, que voulez-vous! Et tous les soirs en rentrant au nid familial, j'ai le droit au sempiternel "Alors, la journée s'est bien passée Victor ?" de ma douce hirondelle.

Courage, belle nuit et à demain Mentor

Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans.
Oui, elle sonne bien cette phrase comme incipit. Et même que je pourrais en faire un poème. En décasyllabe ça ferait un truc genre :
Quand la Belle au bois dormant se réveille
Elle a presque cinquante ans, elle est vieille
Non, ça c’est pas terrible, c’est un coup à se mettre toutes les ménagères de la tranche d’âge sur le dos. Bon, elle se réveille et puis quoi ? Elle a faim, logique après trente ans d’hibernation. Qu’est-ce qui rime avec faim ? Calin, poussin, coin-coin ? Pfff la poésie, c’est trop balaise ; non seulement faut compter les pieds mais en plus faut jouer des sonorités. N’est pas Francis Cabrel qui veut. En prose donc.
Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans et elle a faim.
Ok. Mais en plus elle se retrouve sur le carreau puisque j’imagine que le Prince n'est pas resté trente piges à ses côtés à la regarder ronfler. Ca c’est fédérateur, comme thème. La quinquagénaire célibataire. Ca va plaire. Alors j’en suis où ?
Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans et elle a faim. Et en plus elle est seule.
Là, le lecteur, s’identifie et s’apitoie. Double fonction narrative de la phrase, qui se trouve être, en outre, la phrase incipit. Qu’on vienne pas me dire que du talent, j’en ai pas. Et si en plus, la belle est malade, alors là, c’est sûr, le lecteur, il verse sa larme.
Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans et elle a faim. Et en plus elle est seule. Soudain, elle est prise d’une quinte de toux. La bronchite, sans doute.
Voilà, ça, c’est fait. Bien maintenant va falloir qu’elle se bouge la vieille, parce que sinon, à force de pleurer, le lecteur va s’emmerder. Faut de l’action, de l’amour aussi, c’est vendeur, toujours.
Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans et elle a faim. Et en plus elle est seule. Soudain, elle est prise d’une quinte de toux. La bronchite, sans doute. Fébrile elle se lève et commence à marcher. Soudain au loin, elle l’aperçoit.
Hop, en douceur, l’air de rien, le prince se pointe et le lecteur palpite. Il s’interroge : va-t-il la reconnaître, l’aimer et l’embrasser ? De l’amour du suspens… Dan Brown, me voilà, tu peux aller te recoucher.
Quand la Belle au bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans et elle a faim. Et en plus elle est seule. Soudain, elle est prise d’une quinte de toux. La bronchite, sans doute. Fébrile elle se lève et commence à marcher. Soudain au loin, elle l’aperçoit. Il s’approche. Elle tend ses lèvres vers les siennes mais il contourne, enfouit son nez au creux de sa nuque et la dévore de baisers.
Wahou, c’est torride là. Aller un peu de sexe et c’est le carton assuré. Quoique je relis et je doute. Le prince qui se ramène avec ses gros jabots. Argh, saloperie de clavier! Avec ses gros sabot donc, c’est un peu gros. Et puis m’étonnerait que la nuque de la veille soit très fraîche après trente ans de roupillon. Non, la Belle au bois dormant qui se réveille le teint moucheté avec une haleine de poney malade, ça fait pas rêver. Faut que je trouve autre chose.
Il fit asseoir Cendrillon, et approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'elle y entrait mais non sans peine, et qu'elle n’était donc pas la Princesse qu’il cherchait.

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Plus de trente ans passés dans cette chambre blanche, aseptisée. On ne sait jamais avec les comas disaient les médecins, peut être dans un jour, peut être dans dix ans… Son mari l’a attendu. Enfin, pendant quatre ou cinq ans … Son fils, son poussin, a grandi. D’otite en bronchite, d’examen en diplôme, de mariage en naissance, il a vécu, avec pour seule mère, un mannequin immobile, sorti d’un conte de fée …

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle n’a pas de force. Les muscles atrophiés, un aide soignant la nourrit, entourant son cou d’une sorte de jabot pour ne pas salir les draps. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là, les journées passent dans l’attente d’un visiteur mais ne vient jamais que le kinésithérapeute en charge de sa rééducation.

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle n’a plus de raison de vivre. Elle se redresse peu à peu sur son lit, et d’efforts en douleurs, elle envoie quelques regards par la fenêtre, vers le parc. Les feuilles s’amoncèlent, la neige se dépose, la pluie s’abat, le vent balaie, la chaleur jaunit les plantes, la vie s’écoule, lente … Puis un jour, elle parvient à écrire, puis à lire.

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle lutte et revient. Elle est seule mais d’une solitude paisible, propre, point de départ. Un jour, elle remarche et la vie l’embrasse, elle l’a attendu et lui tend les bras.

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans mais elle connaît la valeur des secondes, la valeur des minutes, la valeur des années, la valeur de la vie. Elle sait que certains ne la connaîtront qu’à leur dernier instant et ça lui donne l’envie de sourire, de profiter …

Quand la Belle au Bois dormant se réveille, elle a presque cinquante ans. Il est une heure du matin, et c’est toujours ce même rêve qui…

Elle se redresse sur l’oreiller, le dos en sueur. Son mari ronfle comme un hélicoptère qui a la bronchite. Lui, il est contrôleur général bancaire d’assurance, ou directeur adjoint au développement régional, elle ne sait jamais, en tous cas il a une situation. Et c’est vraiment malheureux qu’il ronfle si fort et qu’elle ne puisse pas profiter du calme de l’appartement de Neuilly.

En sortant dans le couloir, elle jette un œil, par habitude, vers la chambre de son poussin. Le poussin a maintenant vingt-deux ans, il fait ses études aux « states » comme il dit. Il reviendra peut-être à Noël.

Le carrelage de la cuisine est glacial, elle retourne sur le parquet pour boire son verre d’eau. Le vrombissement marital continue, au loin. Ses yeux se posent sur son sac à main. Elle aurait aimé qu’il contienne des secrets de femme. Son mari ne fouille jamais dans son sac, pas le genre. Son seul trésor, c’est ce petit miroir de marque en or qu’elle a acheté sans le lui dire, un jour de folie.

Enfin c’était jusqu’à la semaine dernière. Devant Saint-Sulpice, elle s’est arrêtée à un magasin de cartes postales. Le choc : la photo d’un sexe de femme et d’une langue d’homme. Elle a fait un scandale ! Devant une église en plus ! Puis un jeune homme l’a interpellée, un minet avec une chemise à jabots :

- Quand vous voulez je vous le fais. Et gratis en plus !

Et il lui a glissé sa carte dans son sac à mains. Elle doit toujours y être…

Elle en a parlé avec ses amies du Bridge qui viennent prendre le thé le jeudi après-midi. Enfin, pas du minet. Elle se souvient, il y a deux ans, elle avait pour partenaire un collègue de son mari. Il n’avait jamais tenté de mettre sa main sur son genou.

Maintenant ses doigts tremblent en composant le SMS. C’est bien pratique quand même, les SMS, même si il ne risque pas de l’entendre. Elle s’habille. Il fait froid dehors, elle passe son boa. La belle au boa ! Elle est encore belle à quarante ans. Enfin, presque cinquante, mais avec son boa, elle paraît moins.

Avant de poster, je m'excuse: il y a un peu trop de signes..... gloups :$