Mon présent

Quel que soit l'espace quel que soit le temps
De la nuit qui m'enlace quel que soit le baiser
Brutal et qui glace ainsi qu'un manquement
Ainsi qu'un vagabond offrant une veste usée
A ceux qui lui sont chers laisse ce présent



****



Il fut temps hier d'écrire le présent de mon lendemain sans vous

Il fut temps d'écrire le tien le vôtre le leur D'écrire la solitude de tous ceux qui sont chers pour tous ceux qui partent solitaires Dans quelque région de l'espace ou du temps Dans quelque abîme proche ou lointain ou quelque montagne haute ou quelque ouragan D'où l'on ne revient pas

Il fut temps car le temps passe Comme pour d'autres un lac apparaît et appelle Et rappelle l'amour à l'amour oublié Il n'est pas de nature où l'amour ou le temps soient ancrés Il fut temps de l'écrire

La nuit ma nuit déjà recouvre le sentier du chemin que j'emprunterai quand ou peut-être jamais
Jamais mais déjà je me sens éloigné Ma pensée n'est plus aux bras des êtres aimés aimant
Ma pensée presque n'y a jamais tout à fait été
Il fut temps de l'écrire avant que mon corps suivît ma pensée Avant de l'oublier

De m'oublier d'oublier mes matins à vos cotés les soleils les collines les forêts les rivières les prairies vertes rayonnantes les lunes et les nuages qui nous clignent de l'œil
Où nous ne sommes peut-être jamais allés jamais reposés jamais
Ou peut-être que si D'une autre manière Avant de l'oublier

Et la vie me prenait au pied de sa musique De l'orgue et les joies et les peines composaient le bonheur l'étrange symphonie la symphonie magnifique Le rythme éblouissant d'un pleur qui accompagne un rire D'un rire qui fait pleurer un cœur J'en ai gardé la lumière Était née devant moi la beauté d'une enfant d'une amie d'une sœur que je ne reconnus pas Et là je m'en vais parce qu'il le faut parce que Et ça n'importe pas Et là si tard la tempête se lève

Mais c'est ainsi C'est ainsi que m'emporte la vie frissonnante l'hiver terrible où je m'en suis allé avant d'y être encore Où neigent les diamants noirs de la mélancolie Où pleuvent les diamants blancs des nuages noirs de l'immensité
Et je n'ai l'espoir Et je n'ai que l'amour que j'oublie qui me reste et qui guide dans la nuit les pas de mes pas dans la neige profonde Tandis que le temps qui tombe les efface

Il fut temps de prendre la plume d'écrire la plume qui grince la plume qui fuit la plume qui part Avant que la plume ne s'envolât D'écrire ma nudité Et le feu de la glace qui me gèle et me fige et contracte mon âme et contracte mon cœur

Il fut temps de donner mon dernier éclat de lumière comme un vagabond donne son dernier vêtement usé décrépi aux gens qui en ont plus besoin que lui Aux gens auxquels il tient Avant de se plonger dans la nuit mystérieuse

A mon commencement hélas loisible ne me sera toute connaissance ni de l'âme ni du corps C'est l'oubli désapprendre la vérité Et je suis seul d'avec ma réalité nue et froide et noire et sans espoir Et ma réalité se dresse devant moi c'est mon manteau c'est mon linceul c'est mon berceau C'est la couverture et le lit tendre de mon rêve prochain et mes futurs cauchemars Plus de plume plus de mots plus de sens C'est la première étoile du ciel où rien ne brille encore où rien ne brillera sinon le chemin qui m'emporte et me noie dans la tempête de l'infiniment rien de l'intense obscurité De la vie sans vous à mes côtés

Et je prends le bâton de la liberté pâle Et je m'en vais seul Au vent mauvais mais au vent qui n'oublie pas mais qui peut oublier Au vent qui vient à vous et crie mon manquement Quel que soit l'espace quel que soit le temps qui de vous me séparent

C'est pour cela qu'hier il fut temps surtout d'écrire de vous mon infirme amour et ma peine infinie.

l'absence totale de ponctuation me gêne
donc ces majuscules baladeuses aussi
je ne peux pas lire comme ça
c'est pour faire genre ?

C'est une vraie question ou bien c'est sarcastique ? Je répondrai comme si c'était sarcastique (j'ai attrapé un mauvais rhume hier matin et j'ai un mal de tête terrible...) Au mieux donc, sourire en ignorant ma réaction.

Je demande ça parce que bon, me semble quand même avoir depuis longtemps dépassé le désir de clamer haut et fort : "regardez ! Je ne ponctue pas mon texte et je fous des majuscules au pif, j'écris de la poésie trop top !"... (Si c'est ce que tu sous-entends par "faire genre".)

Que je pense avoir écrit un texte à caractère poétique, c'est à peu près évident (comme tous les textes qui se trouvent dans cette section considérés par leurs auteurs), sinon je l'aurais très sobrement posté dans la partie prose du forum, ou je ne l'aurais pas posté.
A peu près évident que si je n'ai pas ponctué le texte, c'est parce dans ce cas-ci une ponctuation m'a semblé inutile.
A peu près évident aussi que les majuscules jouent ici un rôle équivalent au point-virgule, à ceci près qu'elles servent uniquement de pauses rythmiques (et non syntaxiques).

Concernant le fait de n'avoir pas pu/su faire le relativement mince effort de lire ce texte uniquement à cause de l'absence de ponctuation, plutôt que de remettre en cause le texte en lui-même (bien sûr) j'ai bien plus envie de croire que c'est dû à un souci de musicalité de ta part et à la présence trop stricte et systématique (voire dogmatique) de la ponctuation dans la littérature contemporaine, en citant comme contre-exemple des poètes reconnus tels Whitman, Aragon et bien d'autres qui s'essayaient souvent à écrire des poèmes en prose partiellement ou pas du tout ponctués, sans oublier Apollinaire qui fut quand même l'un des premiers à supprimer quasi systématiquement la ponctuation de ses poèmes en vers, chose qui aujourd'hui est devenue pratique courante. (Peut-être d'ailleurs que d'aucuns critiques de leurs époques estimaient que c'était pour "faire genre", qui sait ?)

Une chose qui me paraît importante pour en finir est que ce texte a été écrit dans l'intention d'être déclamé et non simplement lu dans sa tête, déclamé en se laissant entraîner par l'atmosphère et la rythmique particulières qui le caractérisent sans aucun formatage qu'apporterait une ponctuation stricte, dans le but de permettre au lecteur lui-même de prendre part à la création poétique.

Ceci étant dit brièvement, j'aurais volontiers accepté que tu me dises que tu es passé à côté du texte à cause de l'absence de ponctuation (chose d'ailleurs dont on m'a déjà fait part et que j'ai toujours très bien pris), s'il n'y avait eu ce "c'est pour faire genre ?" que j'ai trouvé assez péjoratif et ironique dans le ton (mais c'était peut-être une question tout à fait innocente, auquel cas toutes mes excuses pour le ton de ma réponse, mais au moins ça m'aura permis de m'expliquer clairement sur ces points).

Reste à voir bien sûr si ton avis est partagé par les autres lecteurs qui voudront bien commenter, et quant à moi je promets de prendre sur moi et ne plus propager ma mauvaise humeur sur ce fuseau. :-)

Juste un dernier mot tant que j'y suis pour dire que ce poème ainsi que les quelques-uns que j'ai déjà postés sur ce forum ou que j'ai écrits dans le cadre d'un de vos exos font partie d'un petit recueil de quinze poèmes (~400 vers d'inspiration verlainienne, baudelairienne et d'autres surréalistes, plus deux essais de poésie en prose non ponctués dont celui-ci fait partie, sur des thèmes comme l'amour et la mélancolie) que je suis en train de finaliser et que je serais ravis de partager avec ceux ou celles qui le désirent et veulent bien me donner un petite impression générale si le temps leur permet. :-)))

Sans me déplaire, tout au contraire, le poème introductif me laisse sur ma faim et j'en garde, en bouche, un instant, un goût d'inachevé.

Pour ma part, c'est l'emphase de l'ensemble qui me gêne, le sujet me paraissant rebattu ; en revanche j'aime bien le ryhtme, le souffle.

Moi aussi le manque de ponctuation m'a gêné, je n'en ai pas compris la raison, désolé.

Sinon, j'ai trouvé un certain nombre de formules vraiment magnifiques:
-Il fut temps hier d'écrire le présent de mon lendemain sans vous
-mon infirme amour et ma peine infinie
-la vie sans vous à mes côtés

Par contre, d'autres figures de styles, j'ai trouvé ça tout à fait "pompeux", voire ridicule (excusez-moi de ma franchise)

-des êtres aimés aimant
-les diamants noirs de la mélancolie où pleuvent les diamants blancs des nuages noirs de l'immensité
-le feu de la glace qui me gèle et me fige (beaucoup d'oxymores. Les oxymores sont à double tranchant, soit ils semblent magnifiques, soit ridicules. Vous, dans ce texte, vous en avez collé à tort et à travers, à mon avis. "la vie sans vous à mes côtés, j'ai trouvé ça très beau, par contre les deux derniers, ça m'a fait sourire)

Vos clins d'oeil littéraires, par contre, j'ai apprécié:
d'une enfant d'une amie d'une sœur / au vent mauvais

Il y a un vrai souffle dans ce que vous écrivez, et c'est clair qu'il y a un gros potentiel, et aussi une grande émotion. Cependant, je trouve que c'est trop prétentieux, et parfois trop précieux. (enfin, je ne sais pas si c'est le terme approprié). Vu votre commentaire en dessous du texte, je pense que vous devriez oublier un peu vos références littéraires au moment d'écrire, afin de trouver vraiment un style propre, et simplifier votre écriture. Et puis penser que vous n'êtes pas obligé "d'épater la galerie", la poésie n'est pas une compétition, c'est juste un cri du coeur. Et le plus grand défaut d'une poésie, c'est de ne pas être sincère.

ok- alors après cEtte Longue logorrhée tout à fait interMinable A mon point de vue ((je VeuX parLer de ta preMière réponse); j'avoue que ma question Etait teinTée d'Humour - mais les smilEys étanT interdits ici J'ai eu la flemme d'en deSsiner un moi/même; 2 remarques : - on évite de répondre à chaque commentaire, siNon le texte rESte en haut de paGe - ce Qui n'est; pas très sympa pOur / les autres - expliquer à Ce point là (eXplication aUssi longUe que le teXte !!): ça veut dire (peut-^tre ?) que le texte est loupé- /VOIlà; paS trop duR à lire?

Excusez-moi de rajouter un petit commentaire. "épater la galerie", c'étit un peu dur, tout de même. Je change par "on dirait que vous écrivez pour prouver que vous savez écrire", ce serait plus juste.

Bonne continuation, je serai ravi de vous relire, parce que je le répète, il y a du bon, du très bon dans ce que vous faites.

mentor a écrit:ok- alors après cEtte Longue logorrhée tout à fait interMinable A mon point de vue ((je VeuX parLer de ta preMière réponse); j'avoue que ma question Etait teinTée d'Humour - mais les smilEys étanT interdits ici J'ai eu la flemme d'en deSsiner un moi/même; 2 remarques : - on évite de répondre à chaque commentaire, siNon le texte rESte en haut de paGe - ce Qui n'est; pas très sympa pOur / les autres - expliquer à Ce point là (eXplication aUssi longUe que le teXte !!): ça veut dire (peut-^tre ?) que le texte est loupé- /VOIlà; paS trop duR à lire?

Si je me suis permis de répondre à ton commentaire (?) comme je l'ai fait, c'est parce que mon texte était déjà en haut de page et que je ne remontais rien (comme c'est encore plus ou moins le cas actuellement). Je suis tout à fait au courant du fonctionnement du forum et ne suis pas du genre à répondre à chaque commentaire, un petit tour sur mes précédents textes te le prouvera. Je ne veux pas faire la moral mais il faut parfois tordre un peu le règlement au profit de la pratique, notamment lorsque certaines discussions que suscitent des textes entre l'auteur et différents commentateurs donnent lieu à un débat intéressant, comme c'est le cas par exemple dans le fil d'humanoïde un peu plus bas.

Il y a humour et humour, quand on me pose une question ambigüe qui me semble plus tenir de la moquerie qu'autre chose (d'autant plus que visiblement elle ne demandait pas de réponse puisqu'il est de mauvais ton de le faire écrit par la suite celui-là même qui la pose), j'aime à répondre sur le même ton en prenant le commentateur pour un con et lui expliquant pas à pas les raisons de ceci et cela. Visiblement le texte n'est pas loupé pour tous les lecteurs d'ici et un peu moins de suffisance te ferait du bien. D'autres qui ne comprennent pas la raison et trouvent futile l'absence de ponctuation parviennent quand même à lire le texte et y trouver un souffle particulier. Répondre simplement "non, ce n'était pas du sarcasme et désolé si j'ai pu te le faire croire, quoique ça ne change pas mon avis sur le texte" aurait largement suffi. A la place tu en rajoutes une couche et vête une attitude méprisante.

Je remercie tous les autres pour leurs commentaires sincères et pertinents, en tenant à ajouter que ce texte est en réalité celui qui conclut le recueil, et que le ton d'ensemble n'est pas du tout à l'emphase et à la prétention, voire même qu'une bonne partie des textes qui s'y trouvent sont à ranger dans la catégorie chansonnette et vers de mirliton, pour dire.

Je pourrais très bien publier le recueil en un seul bloc sur le forum (car je pense que lire tous les textes en une fois - il ne faudrait pas plus d'une heure - permettrait de se donner une idée plus précise de l'entreprise tentée et de considérer l'atmosphère sur un autre jour) mais j'ai peur que ce soit assez mal vu, donc si ça intéresse quelqu'un de le lire qu'il le demande sur ce fil ou n'importe où ailleurs si la modération préfère qu'il ne remonte pas.

Jean a écrit:sur ce fil ou n'importe où ailleurs si la modération préfère qu'il ne remonte pas.

ben si, il va remonter, et de mon fait, après ta nouvelle réponse tout aussi longue et peu utile que ta première intervention
et m'est d'avis qu'on n'en a pas fini avec toi
avec moi non plus, rassure-toi
et garde toujours bien une chose en tête : c'est le membre mentor qui te parle ici, pas la Modération
cela dit, je ne vais pas relever tous les points ou les mots doux que tu m'adresses, ce serait trop te faire plaisir et t'inciter à revenir pour une troisième litanie dont je devine bien la teneur
dernier point : relire svp notre page d'accueil
VOS ECRITS n'est pas une vitrine où on expose aux compliments des textes aboutis, mais bien un atelier où l'on tente d'améliorer sa production en tenant compte de tous les avis
mais tu fais comme tu veux, tout en tenant compte du fait que tu connais parfaitement le site et ses petites "contraintes"
merci

"Quel que soit l'espace quel que soit le temps
De la nuit qui m'enlace quel que soit le baiser
Brutal et qui glace ainsi qu'un manquement
Ainsi qu'un vagabond"
ça j'aime, mais la suite casse le rythme

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Pour ce qui est du reste, je trouve ça intéressant mais il y a beaucoup d'adjectifs quand même ... et le terme de "logorrhée" m'est aussi venu à l'esprit
Il y a du bon, comme le souligne Vincent, mais si tu me permets, je dirais que c'est un peu noyé.

Moi qui aime les textes courts, je me suis lentement laissée porter
d'amont en aval, sans l'entrave des points et virgules.
Ce texte est un bon testament

Par contre, dans "Il fut temps de donner mon dernier éclat de lumière comme un
vagabond donne son dernier vêtement .....
J'ai trouvé cette "mise à nu" un peu pompeuse, et je rejoins pour cela
les propos de Vincent M.

je fais encore remonter ce texte en précisant que le membre Jean m'a proposé par mail d'en rester là, ce qui est une preuve d'intelligence (celle dont je n'étais pas prêt à user), et j'en profite pour effacer l'adresse mail qu'il avait placée à la fin de l'un de ses messages, les robots informatiques étant friands de ce genre d'infos...

L’absence de ponction a freiné ma première lecture, je n’y arrivais pas. Et puis, j’ai essayé de faire abstraction de ça, en reponctuant mentalement le texte. Du coup j’ai compris ton choix de ne pas ponctuer, ça se défend, mais il faudrait peut-être alors jouer sur la mise en page pour ne pas effrayer le lecteur.
C’est très dense comme texte, on arrive cependant à se laisser emporter. Ce qui m’embête plus c’est que la qualité n’est pas égale partout.
Par exemple, j’aime bien ceci :

De m'oublier d'oublier mes matins à vos cotés les soleils les collines les forêts les rivières les prairies vertes rayonnantes les lunes et les nuages qui nous clignent de l'œil
Où nous ne sommes peut-être jamais allés jamais reposés jamais
Ou peut-être que si D'une autre manière Avant de l'oublier

Passage dans lequel j’ai ressenti beaucoup de douceur et de tristesse
Et par d’autres moments, il y a dans le texte des images vraiment bateau qui font retomber toute l’ambiance que tu avais instaurée. C’est notamment le cas de :

Où neigent les diamants noirs de la mélancolie Où pleuvent les diamants blancs des nuages noirs de l'immensité

Ça, ça ne passe vraiment pas.

Au final, j’ai lu un texte intéressant, surtout au niveau du rythme qui enveloppe et accompagne le lecteur, mais qui a encore besoin d’une petite couche de finition pour être cohérent.

Une certaine ampleur, mais chaque fois cassée par les trop nombreux "je/me/moi" qui m'ont lassée .
Ponctuation ou pas , ce genre de cluster, de toute façon, s'interprète : il y a forcément un effort de lecture, puis un véritable travail de vocalisation.

Pour être sincère j'ai presque aimé ce texte, qu'à mon avis un bon écrémage rendrait plus digeste. Exit par exemple les enfantins diamants noirs/diamants blancs, qui font décrocher .

La densité et l'absence de ponctuation m'ont beaucoup plu et en rien désarçonnée. Au contraire, je trouve que cela porte vraiment la structure particulière de ce récit et se marie bien avec l'emphase du propos. Une emphase dont la grandiloquence est par moments très présente, peut-être trop, mais dans l'ensemble, cela fait pour moi partie d'un tout qui ne peut s'alléger sans courir le risque de se déstructurer. Le propos soutient le fond et vice-versa et cette ampleur illustre les craintes cachées à travers les lignes, celles ressenties par une narration qui se cherche tout en s'affirmant. Oui, j'aime bien ça.