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Episode 1

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Message  Bob Ven 23 Fév 2007 - 3:16

Je le poste surtout pour me donner du courage pour écrire la suite*, même si je sais qu'il reste encore pas mal de défauts (niveau "dialogues-pensées" et "vitalité" du récit, surtout) Mais, si je traîne trop sur ce chapitre, capable que la suite ne vienne jamais**... J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop...

* : J'espère poster à un débit d'un épisode par semaine, notamment. Mais, pour dire la vérité, je n'ai en tête qu'une grosse partie du deuxième (pas encore tapé). Donc, pour la suite, faudra faire travailler mon imagination (et vite) !

** : C'est pas une raison pour ne pas y aller franchement, hein ! Comme d'hab, quoi ! ;-)



*******************



« Non, je n’ai aucune raison pour ne pas L’aimer. » pensa Joseph, les deux coudes posés sur le rebord de la fenêtre, la tête évanouie entre ses mains, les yeux portés à l’horizon, sans rien regarder. Au loin, le ciel tirait lentement son rideau pourpre de fin de journée et propageait sur les appartements de la Cité une fine pluie de rouge et de rose, une délicate couverture de diverses nuances qui illuminerait le monde durant quelques minutes- ou peut-être quelques secondes seulement- avant que les ombres du soir ne la remplacent, suivies très vite, inexorablement, par la grossière tache jaune que formeraient les néons durant l’ensemble de la nuit. Le monde, celui que contemplait Joseph du haut de sa fenêtre, cette étendue infinie d’immeubles enchevêtrés et de gratte-ciels vertigineux, c’était cela, la Cité. Au-delà, rien n’existait, sauf un vide complet, un trou béant et inaccessible. Joseph soupira, égaré dans sa somnolence.

Aujourd’hui, pour la première fois depuis une éternité, les nuages avaient déserté le ciel ; le vent sec d’automne avait fait place à une petite brise assez tiède qui avait permis à Joseph d’aérer son deux pièces de l’air épais et lourd qui s’y était, à son goût, depuis trop longtemps immiscé. Comme il n’en avait plus eu l’occasion ces derniers jours, il avait passé sa journée ainsi, dans ce petit espace, parfois à réfléchir ou à imaginer, parfois à somnoler ou à dormir, ou, parfois, tout simplement, à respirer.

Alors que l’après-midi touchait à sa fin, il observait les premiers nuages nocturnes prendre peu à peu leur place tout là-haut, et, il lui vint à l’esprit que, peut-être, finalement, il se put en effet qu’il L’aimait, ou, du moins, qu’il n’y avait aucune raison pour qu’il ne L’aimât pas. Aussi, il lui semblait subitement plausible qu’un tel attachement pût être, qu’un lien inextensible mais pour le moins ténu existât bel et bien, invisible ou caché quelque part au dessus de sa poitrine. Au même moment, une bourrasque un peu plus violente passa à travers la fenêtre, lui arracha un frisson et fit claquer la porte à l’autre bout de la pièce.

Joseph ferma les yeux puis les rouvrit. « Non, pensa-t-il. Tout ça, ce n’est que du vent.» Il s’écarta de la fenêtre qu’il ferma d’un coup sec, parcourut la chambre jonchée de vêtements et s’assit lourdement sur le lit. « En fait, se dit-il, la vraie constatation est que je n’ai véritablement aucune raison de L’aimer. Aucune. Quand bien même il n’y en aurait qu’une seule… Mais non. La preuve : même en imaginer une, je n’y arrive pas. D’ailleurs- un sourire crispé s’esquissa sur ses lèvres- d’ailleurs, qui au monde serait capable d’imaginer une raison acceptable d’aimer, et de L’aimer, Elle...» Il détourna son regard perdu d’entre les replis d’une chemise qui traînait à ses pieds et fixa la porte. Cette dernière pensée, pour Joseph, fut une sorte de pensée de clôture.

Doucement, il prit conscience qu’il avait froid. L’air frais du soir avait envahi la pièce ; tout semblait comme frissonner dans un parfait silence. Demain, il le savait, le jour serait comme si jamais aucune éclaircie n’avait franchi le gris consistant des nuages. Sauf dans son souvenir, ce moment d’exception n’aurait jamais eu lieu. Il chercha du regard puis tira un paquet de cigarettes glissé sous l’oreiller. Tout en tenant celui-ci, il enfila une chemise sur son torse, une veste brune délavée, puis chaussa une paire de bottines et quitta l’appartement en claquant la porte d’un geste brusque derrière lui.

Cinquante-trois étages plus bas et quelques minutes plus tard, la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvrit de la même manière que la précédente s’était refermée. Déjà, la lumière éblouissante et difforme des néons englobait le dédale de rues étroites et de longues avenues qui serpentaient symétriquement à travers la Cité. Pas une seule ombre n’arrivait à se former au sein de ce paysage, car tout de suite effacée par la lumière d’un des multiples néons disposés à chaque pan de mur. Aux alentours de deux cent mètres et jusqu’à une hauteur de vingt étages, pour peu que l’on eût une vue acceptable, l’on put nettement distinguer chaque détail des rues, des habitations sans balcon et des publicités affichées à l’aide d’écrans gigantesques qui se succédaient les unes aux autres- l’une critiquant les méfaits de la cigarette, l’autre ventant le dernier produit à la mode, et ainsi de suite. Longeant le trottoir de l’avenue B 51, à la droite duquel se situait son appartement, Joseph réprima une moue en observant la façade inférieure illuminée d’un immeuble voisin. Il se rappelait aisément les trois premières années d’études de « sciences pratiques » où il avait dû, faute d’argent- quoiqu’il ne gagnait pas beaucoup plus aujourd’hui- loger dans l’un de ces appartements où la nuit était plus claire que le jour. Levant la tête à la verticale et sortant une première cigarette de son paquet, il observa l’infini de jaune qui s’étendait vers le haut. « Deux couches de peinture, ne put-il s’éviter de penser : un fond de jaune qui empêche de voir le ciel, et un fond de gris nuageux qui empêche de voir plus haut.» A cette instant, la nicotine qui traversa son conduit buccal pour aller se loger dans un coin de son cerveau lui fit un bien fou.

Bientôt, Joseph débarqua sur la grand-place. Consciemment, il se représentait celle-ci comme un trou au cœur même de la Cité. Engloutie par l’imposante infrastructure des bâtiments d’acier qui l’entouraient, celle-ci semblait alors bien misérable et dépouillée. Pour autant, la lumière aveuglante, ici aussi, brillait de toute son intensité. Au milieu, plusieurs bancs en fer étaient disposés symétriquement autour d’une petite fontaine rouillée, inactive. A gauche, devant une taverne à la façade sobre, un groupe de personnes semblait débattre vigoureusement. Joseph s’y dirigea, absorbé par sa cigarette. Il s’assit en retrait près d’un mur, là où aurait dû normalement se situer le coin sombre de la terrasse. En face, au sein du groupe, une personne haussait le ton, levant ce qui semblait être le quotidien de la Cité.

- Euh... Hum, monsieur. Désolé, monsieur... Votre mégot…
Un adolescent, la face jaunie par la lumière des néons, venait de sortir de la taverne. Son uniforme gris de serveur tombait étonnamment bas en dessous de sa taille. Le jeune homme, intrigué par la discussion d’en face, indiquait d’un air distrait la cigarette que tenait Joseph entre ses doigts. Celui-ci remarqua tout de suite une légère trace d’inquiétude qui perlait sur son front blême. Il éteignit, en le pinçant, le mégot qu’il remit d’un même mouvement dans son paquet, puis, après s’être repris à deux fois pour commander un alcool au serveur, il se mit à observer avec plus d’attention la discussion qui se tenait quelques mètres devant lui.

Quatre personnes se faisaient face, dont un jeune garçon- plus jeune que le serveur- vêtu d’un pull au rouge éclatant, le visage contracté par la nervosité qui évitait de croiser celui des autres, et, en face de lui, un vieil homme en costume noir qui balançait un journal d’une main à l’autre tout en s’adressant d’une voix chevrotante au garçon.
- Ecoute-moi, Paulo ! Tu vas y aller, je te dis ! Pense un peu à ton père ! Et ta mère !
Les deux autres acquiescèrent. Sous le coup de l’émotion, Paulo n’osait répliquer.
- D’autant plus, reprit le vieux. D’autant plus, oui, que c’est une fierté ! Une fierté, Paulo ! Je l’aurais fait aussi si j’étais plus jeune, je l’aurais fait, Paulo, t’entends bien. En plus, avec se qui s’est passé, t’es obligé, hein dis ! Pis, ça va rapporter gros. T’as vu combien ça paye, Paulo ?
Le garçon baissa la tête, résigné.
- Une belle somme, hein dis ! Avec ça, on n'aura plus de problèmes, tu vas voir, Paulo. Tout va bien se passer. Allez, viens, on va annoncer ça. Allez, Paulo ! Ça va bien se passer. Brave petit. Tu vas voir.
Tandis que les trois individus emmenaient Paulo- ils lui tapaient vigoureusement le dos à chaque foulée- le serveur revint avec un plat sur lequel trônait un petit verre au liquide à l'aspect douteux. L'on aurait cru que le plat tremblait étrangement en dessous du verre.

Joseph resta encore quelques temps assis à siroter son verre, le regard dans le vide, inexpressif. Autour de lui, il ne se passa plus rien qui attira son attention. Enfin, n’y tenant plus, il quitta la table en direction de la rue pour aller y fumer ce qui restait dans le paquet de cigarettes.

Lorsqu’il pénétra dans son appartement, une heure plus tard, la première chose que fit Joseph fut d’aller jusqu’à sa fenêtre. Sans bouger, sans même s’asseoir ni murmurer, il contempla le sinistre paysage qui s’étendait infiniment devant ses yeux : en dessous, un brouillard informe et malsain de couleur jaune semblait comme jaillir du Cœur même de la Cité, masquait le sol et ses alentours de toute son intensité et de toute sa lumière éclatante, comme s’il voulait préserver d’un regard trop curieux les secrets longtemps enfuis d’un Empire du genre nouveau. Au dessus, une masse compacte et effrayante de nuages orageux mugissait lentement dans un soupir de marbre, prêt à fendre l’acier pour protéger son territoire d’un ennemi terrestre qui ne cessait chaque jour de conquérir un peu plus davantage pour tendre vers un sommet infini et à jamais inaccessible. Où qu’il regarde, en bas, en haut, à l’horizon, Joseph se sentait piégé, piégé au cœur d’une bataille qui se préparait depuis la nuit des temps, au cœur d’une prison inviolable fait d’air et fait de vent, fait de pierre et fait d’acier. Il ne voulait pas de cette guerre, pas de celle-là. Il le savait, plus encore il le sentait, son unique espoir résidait quelque part par là, au-delà des Lumières aveugles, dans les abysses du monde connu, ou bien quelque part par là, en haut, plus haut que ces nuages, plus haut que cet orage qui menaçait la ville.

Comme pour répondre à ses questions, quelque chose jaillit, mais cette fois du ciel. Le tonnerre frappa et la pluie se déchaîna comme si toute cette colère absorbée, en une fraction de seconde venait de se libérer. Inhabituellement, cette fois-ci, Joseph pensa à Elle durant toute la nuit.

Bob

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Message  mentor Ven 23 Fév 2007 - 20:20

Bob a écrit:la tête évanouie entre ses mains, les yeux portés à l’horizon
Je vois mal l'image
Bob a écrit:un peu plus davantage
là c'est plus une question de français ;-)
Voilà, Bob, mes 2 principales critiques ! ;-)
Ton texte m'a accroché dès le début. Malgré la longueur interminable de ta 2 ème phrase.
Tu écris vraiment très bien, avec un bon vocabulaire et une densité lexicale intéressante comme dirait une de mes vieilles connaissances...
Le "L" est intrigant, comme l'est la scène avec le dénommé Paulo et ce que ses compagnons l'ont incité à accepter, de même que cet univers un peu SF que tu décris fort bien. Tout est en place pour que je te dise bien fort : LA SUIIIIIIIITE ! :-))
De plus ton initiative tombe parfaitement bien vu nos états d'âme sur VOSECRITS et les intentions qui se font jour pour que notre site favori garde sa vivacité et augmente son attractivité.
Donc : bravo et je t'encourage à faire travailler ton imagination pour que la suite nous soit proposée au plus vite. ;-)

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Message  Bob Sam 24 Fév 2007 - 0:16

mentor a écrit:
Bob a écrit:un peu plus davantage
là c'est plus une question de français ;-)

Boh ! Un peu plus que plus, ça se dit pas ? :-))))

"un peu plus" à barrer, bien entendu. (mais pas trop quand même...)

Bob

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Message  benedicte Dim 25 Fév 2007 - 15:08

intriguée par cette cité réelle et irréelle ? par les personnages Joseph, Paulo et Elle ? Cité, femme idée.... il me tarde de lire la suite alors vite à ton stylo!!
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Message  Krystelle Mar 27 Fév 2007 - 10:18

L’écriture est fluide et plutôt agréable même si je crois qu’elle aurait gagné en efficacité avec davantage de sobriété. Certaines images semblent être posée là pour la beauté de la phrase et on y perd du point de vue du sens. (Cf. cette phrase, par exemple « une masse compacte et effrayante de nuages orageux mugissait lentement dans un soupir de marbre, prêt à fendre l’acier pour protéger son territoire d’un ennemi terrestre qui ne cessait chaque jour de conquérir un peu plus davantage pour tendre vers un sommet infini et à jamais inaccessible. »)

D’autre part, je regrette un usage abusif des adverbes et notamment des adverbes en « ment ». Cela témoigne d’une volonté d’enrichir le texte par une syntaxe riche et diversifiée qui finalement n’ajoute rien et alourdit considérablement l’ensemble. Et pour appuyer mon propos, juste un relevé des adverbes en question par ordre d'apparition :
simplement,
inexorablement,
lentement
finalement
subitement
lourdement
véritablement
doucement
symétriquement
nettement
aisément
consciemment
symétriquement
vigoureusement
normalement
étonnamment
vigoureusement
étrangement
infiniment
lentement
Inhabituellement


Pour en finir sur les détails de formes, je regrette également quelques maladresses de style et formules pas très élégantes, ici par exemple :" qui traversa son conduit buccal"

Pour le reste, ce début se lit bien, suscite la curiosité du lecteur sur bon nombre de points. L’atmosphère que tu esquisses est plutôt bien rendue et crée un certain malaise chez le lecteur.
Je regrette juste les quelques fioritures dans l’écriture que je relevais plus haut et sans lesquels le tout aurait pu être plus percutant.

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Message  Sahkti Mar 13 Mar 2007 - 9:30

Merci pour ton texte Bob, on a envie de connaître la suite.
Impression générale: j'aime beaucoup l'ambiance que tu as créée, cet univers très particulier. On ne sait pas vraiment où on est, dans un présent ou un futur? Un monde connu ou relevant de la science-fiction? Tu arrives à rester suffisamment vague, malgré les nombreux détails et autres précisions, pour que toutes ces portes restent ouvertes, c'est bien!
Petit bémol par contre sur la luxuriance de ton texte. Par moments, je ressens une sensation de "too much". Besoin de trop décrire, de répéter avec d'autres mots certaines idées, de faire durer pour la durée. Un peu plus court peut-être ne serait pas nuisible à l'ensemble.
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