L'épaule du Passant

Le trottoir fait un lit à nos pas alourdis
Que le chagrin entrave et fait bien trébucher ;
Nous marchons, silencieux, l'impensable secret
Retenu tout entier sous nos ongles aigris.

La ville goguenarde détourne sa face
Et se moque gaiement de nos visages pâles :
C'est le deuil des enfants, ce démon immoral
Qui fait s'amadouer les monstres et la grâce.

Nos enfances s'éreintent au souvenir doux
De la chienne pisseuse aux flancs maigres et grands,
Qui chauffaient nos cœurs grêles les soirs de gros temps ;
La bâtarde abhorrée avait le poil trop roux.

Elle n'est pas morte, hélas, pis : elle est délaissée ;
La triste créature aimait à parfumer
De son urine sale meubles et parquets :
Dans quelle délivrance elle se laissait aller !

Nos épaules bossues semblent lécher la terre,
Et ma tête divague au gré d'un vent griffu,
Nos jougs sont les mêmes, la douleur est têtue !
Pourtant là, devant moi, ta marche est plus légère :

Ton front est appuyé sur la poitrine dense
D'un jeune homme soucieux qui fait ton mal moins lourd ;
Son regard sur ta nuque, plein de bons secours,
Brûle aussi - c'est étrange - d'une rude transe.

Ma menotte d'enfant tire alors la guenille
Fardant en extase ma sotte solitude,
Et laisse entrevoir à l'insane multitude
Les maladroits émois d'une petite fille.

J'aurais bien préféré que tu ne t'acharnes pas sur l'alexandrin : la poésie ne gagne rien à regarder ses pieds !

Que le chagrin entrave et fait bien trébucher : ce bien sent la cheville

Pourtant là, devant moi, ta marche est plus légère :

Ton front est appuyé sur la poitrine dense J'ai du mal à visualiser !!

"Ca sent bien la cheville", dis-tu ? Cela ressemble à un jugement de valeur. La critique n'a de sens que lorsqu'elle est dénuée "d'acharnement", je reprends là ton expression. Ce texte est loin d'être parfait, et tu as le droit de ne pas aimer. Mais ta critique s'est déplacée du texte à des interprétations que tu en fais concernant mon intention et ma personne. Quant à "m'acharner sur les alexandrins", je te laisse seule juge de l'incongruité de tes propos et de leur caractère intolérant. Oui, tu as le droit le juger ce texte, pas celui de me juger et de m'intimer l'ordre de renoncer aux alexandrins.


< Merci de bien vouloir accepter les commentaires dans leur dimension constructive.
VOS ECRITS n'est pas une vitrine où l'on expose ses oeuvres mais un lieu d'échanges où la critique, positive ou négative, est acceptée et discutée avec courtoisie.
La Modération >
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Il me semble avoir respectée la même "courtoisie" que celle de la critique...
J'accepte la critique constructive, là il y avait jugement "ça sent bien la cheville"... La frontière est parfois étroite entre critique et jugement, j'en conviens.
Sur ce, je n'interviendrai plus en aucune façon. Dommage pour moi, car j'appréciais justement la pertinence de la critique sur ce site. Je n'ai jamais considéré ce site comme une vitrine, c'est la critique qui m'intéressait. Mais là, elle s'est un peu fourvoyée : "ça sent la cheville". Pour moi, cette phrase ne passe pas.
Désolée, et merci aux personnes dont les critiques m'ont beaucoup apporté et fait avancer. Merci aussi aux auteurs dont le talent m'a enthousiasmée.

eva1609 a écrit:Sur ce, je n'interviendrai plus en aucune façon. Dommage pour moi, car j'appréciais justement la pertinence de la critique sur ce site. Je n'ai jamais considéré ce site comme une vitrine, c'est la critique qui m'intéressait. Mais là, elle s'est un peu fourvoyée : "ça sent la cheville". Pour moi, cette phrase ne passe pas.
Désolée, et merci aux personnes dont les critiques m'ont beaucoup apporté et fait avancer. Merci aussi aux auteurs dont le talent m'a enthousiasmée.

C'est peut-être un peu excessif de partir non ? On a tous été choqués ou vexés par certains commentaires. Mais parfois on interprète aussi les commentaires d'une manière plus "sévère" qu'ils ne sont. VE a encore beaucoup à vous apporter je pense, restez !

Eh ben ?

Chère Eva, je ne suis pas trop trop ancien sur ce site, mais je peux vous affirmer que j'ai déjà lu beaucoup de critiques ici en général, et les "jugements" sur la personne sont très très rares. Et quand il y a des commentaire un peu limite, très souvent les gens rectifient au bout d'un moment. enfin, c'est ce que j'ai vu pour l'instant.

J'ai lu le commentaire de Coline et n'ai pas vu une once de méchanceté ou d'attaque.

"ce bien sent la cheville", je le dis aussi, parce que je le comprend de la manière suivante. Ici, vous avez ajouté un mot parce qu'il vous manquait une syllabe à votre alexandrin, et on sent l'artifice. En espagnol, dans le jargon musical, on dit "placer le texte avec un chausse-pied", pour reprendre la même métaphore.

Bref. Moi, l'alexandrin ne m'a pas dérangé du tout, mais il faut dire encore une fois que mon truc ce sont les paroles de chanson, donc des fois les rimes et vers libres, j'ai du mal à me faire au rythme. Ce qui m'a plus dérangé, c'est la construction du texte. Je trouve qu'il ne progresse pas beaucoup, et qu'il demanderait à être plus explicite, plus cru. Il y a des images qui le sont, mais le style n'est pas forcément en accord avec le sujet. Enfin, c'est mon avis personnel, ce n'est pas un jugement.

Enfin, c'est tout de même très bien écrit. Très belles images et une vraie atmosphère

Eva, si tu prenais le temps de lire avant de monter sur tes grands chevaux ? Je n'ai jamais dit que " ça sent bien la cheville" ( ce qui entre parenthèses ne me semble pas vouloir dire grand chose !) mais ce " bien" sent la cheville.
dans le vers :
Que le chagrin entrave et fait bien trébucher
On appelle cheville un mot qui sert seulement à apporter une syllabe supplémentaire, sans nécessité grammaticale ni justifiée par un ajout de sens. J'ai trouvé que ce bien pas très heureux était un exemple de cheville. Il m'a également semblé que certains vers peinaient à faire leur nombre de pieds, alors que l'expression poétique aurait été plus aboutie sans cet effort . C'est la raison pour laquelle j'ai dit que je trouvais dommage cet acharnement à vouloir l'alexandrin à tout prix.
Pour moi, ça s'appelle une critique sur un texte et certainement pas un jugement de valeur sur une personne ! Un peu de recul t'aurait permis de t'en apercevoir.
Désolée si j'ai dit la chose de façon trop abrupte pour qu'elle soit correctement perçue.

Ah, j'oubliais : t'intimer l'ordre de renoncer aux alexandrins ???? Où ça ? Qui a mal interprêté ?

Eh bien, je suis très confuse de mon emportement car j'ignorais totalement le sens du mot "cheville", et je l'ai interprété très différemment, en pensant qu'il me visait et non le texte.
Coline, je te présente mes excuses et accepte absolument ta critique, maintenant que j'en ai saisi le sens. Elle va m'aider à progresser.

Je vais de ce pas me plonger dans un dictionnaire des expressions.

Merci à tous pour votre soutien, et encore mille excuses, Coline.

j'adore les minidrames comme ça qui se terminent bien. c'est mon côté bisounours !

Et puis vous remarquerez que coline a bien dit " sent la cheville " et non "pue des pieds ' ce qui, effectivement, pour un alexandrin eût été une attaque vraiment personnelle.

Il y a dans votre poème de très belles images et une violence de bonne facture, quelque chose de rauque et de rude qui m'a plu. Mais aussi des métaphores parfois un peu forcées qui semblent, oui, sous la contrainte des alexandrins. La contrepartie de cette impulsivité porteuse de force et d'énergie pourrait être une certaine confusion favorisée par un texte long qui comme souvent dilue un peu le propos.

J'ai remarqué que l'on avait souvent avantage au terme d'un écrit d'une certaine ampleur, à laisser reposer et à revenir un ou deux jours plus tard avec une bonne serpe. Les poèmes ressemblent aux arbres, il ne faut pas hésiter à les tailler pour leur donner de la vigueur ( tiens, ça il faudra que je le note pour mes fîners en ville !).

Bonjour, Eva. Pas de problème, je suis contente que le malentendu soit dissipé. Je tâcherai d'être moins expéditive une prochaine fois : je n'aime pas froisser et je connais la sensibilité que l'on a par rapport à ses écrits. Promis, si j'ai d'autres critiques à te faire, j'y mettrai plus les formes !

Puisque c'est calmé, je peux te dire que j'ai "senti" comme Coline.
Par ailleurs le choix de certains adjectifs en fin de vers m'a semblé faible (doux/ grand par ex.)
Sinon, comme les autres, j'ai aussi trouvé pas mal de qualités à ton texte.

Ce texte dispose de belles qualités mais je ressens malgré tout un déséquilibre général. Il y a un vocabulaire intéressant, des images fortes, une volonté de sortir des sentiers battus en matière d'associations de termes et ça, c'est très bien.
En revanche, ce choix d'utiliser une métrique, une rime, quasi mathématiques, font que cette puissance de langage se trouve tout à coup enfermée dans quelque chose qui ne lui convient pas. Je ne dis pas qu'il faut laisser tomber la rime ou ce choix de métrique mais ça serait pas mal pour le texte - suggestion perso bien sûr - de jouer alors une carte plus ample, pas forcément lyrique mais plus envolée afin d'être en phase avec la portée - vaste - de ces mots.
Fond et forme ne me paraissent pas en totale adéquation et si l'un sans l'autre est bien, les deux ensemble me paraissent former un tout plus faible, ce qui est dommage, car il y a de bonnes choses dans ceci.