Episode 2

En fait, le chapitre devait être plus long. Mais, en réfléchissant bien (pour une fois), je crois qu'il vaut mieux m'arrêter là et cesser d(e l)'écrire... Vous vous demandez pourquoi ? Je ne vous le conseille pas. Mais, si vous insistez, jetez un coup à ce qui va suivre.

Ce chapitre est très court, mais constitue la base même de l'univers SF symbolique de ma pensée tordue et de ma folie intérieure. Il n'est donc pas immuable, je vous l'assure tout de suite. Il contient aussi l'intrigue centrale (et sans doute l'unique) de l'histoire. Il est extrêmement dense et, je le crains, très lourd. Pourtant, soyez sûrs que j'ai tout fait pour l'alléger au maximum et le rendre accessible depuis les trois heures que j'y travaille !!! ;-)))

Sans doute vous n'y comprendrez rien ou sans doute vous comprendrez mais vous serez pris d'un fou rire persistant, et sans doute cela voudra dire que vous allez parfaitement bien !

Peut-être que penser à Gargantua vous aidera à comprendre.

Bon, comme je fais patienter ça parce que j'ai peur qu'on me mette une camisole, il faudrait que j'assume plus et que je vous l'envoie pour de bon, sans chichi, sans blabla, sans perdre une seconde, n'est-ce pas ?

Euh, et puis zut !





Le lendemain, le soleil ne se leva pas sur la Cité. Toute la nuit, l’orage s’était abattu sur les rues, sur la grand-place ; l’eau s’était infiltrée partout, jaune, froide, irréelle. L’on aurait dit que, sous l’effet de la pluie et du brouillard confondus, c’était le décor même qui s’évanouissait, qui s’écoulait peu à peu sur le sol, que la peinture qui composait ce tableau monumental se liquéfiait lentement, heure après heure, pour, tôt ou tard, fatalement, se retrouver emportée sous les flots de sa propre substance. Bientôt, après une nuit de pluie intense, pendant ce qui devait annoncer les premières lueurs du matin, l’orage se calma enfin : les nuages se firent moins denses et une pluie fine et réparatrice tomba sur la Cité. En réponse à cette trêve qui ne devait durer que quelques heures entre deux éternités, les néons s’éteignirent dans un même éclat et la vie reprit son cours où elle l’avait laissé.

Joseph, lui, avait très mal dormi. Le bruissement de l’eau contre la fenêtre, le tonnerre et les éclairs qui avaient parsemé le ciel pendant la majeure partie de la nuit, illuminant la chambre à intervalles réguliers d’une lumière jaune qui rappelait étrangement celle des néons, l’avaient empêché de fermer l’oeil. Il avait donc passé la nuit à penser- comme il lui arrivait souvent à cette période de sa vie- d’abord à rien, puis à tout, enfin à Elle et uniquement à Elle. Il savait que c’était inutile, il savait que cela ne servirait à rien, à rien sauf au besoin de se rappeler, d’imaginer un jour s’être rappelé, de souhaiter qu’il se rappelle encore demain, après-demain, dans un an, dans mille ans, toujours. Encore que, était-ce bien souhaitable ? Qu’est-ce qui était le plus souhaitable ? Se rappeler à jamais d’une époque, de quelqu’un, d’une femme dont il n’était sûr de l’existence que dans de lointains, trop lointains fragments de souvenirs trop troubles pour les raccorder entre eux ou oublier et, entre-temps- peut-être la majorité du temps qu’il lui restait à vivre- faire semblant d’avoir oublié. Aucune preuve de Son existence, il ne restait rien, il ne pouvait rien rester, peut-être même n’y en avait-il jamais eue : était-ce donc bien raisonnable ? Si tout tendait à prouver qu’Elle n’avait jamais existé, c’est qu’il n’avait logiquement aucune raison acceptable de L’aimer ! « En fin de compte, pensa Joseph, allongé sur son lit, le regard sur la fenêtre, entre le temps que prit un éclair pour illuminer la chambre et le temps que l’image de la pièce éclairée ne s’efface de son esprit, oublier revient à ne jamais avoir connu, quand tout ce qui fait qu’une chose existe, ait existé un jour, il y a une éternité, a été oublié par tous ainsi que par le monde même où cette chose a évolué, et n’existe plus que dans les profondeurs d’une mémoire tellement vielle et tellement jeune à la fois, qui a vécu tant et tant et pour qui il restait tant à vivre, que le détenteur même de cette mémoire l’aurait également oubliée, perdue dans toute cette immensité que constitue l’esprit humain, sans qu’il n’en sut jamais rien, condamné à l’oubli éternel d’un passé révolu ». Voilà à quoi était condamné la Cité, et voilà à quoi il était condamné, lui aussi, à l’oubli, simplement, à l’oubli pur et inéluctable. Joseph en était conscient, terriblement conscient. Chaque jour qui passe, chaque seconde, et il arrivait de moins en moins ne serait-ce qu’à imaginer une raison de L’aimer, qu’à en inventer une ! En fait, l’unique chose qui le rassura dans ce monologue sans but, fut le constat que, comme la nicotine qui traversait sa tête pour se loger dans son cerveau, le lien qui l’unissait à Elle sera toujours aussi fort tant que le souvenir qu’il fumait depuis toujours vivrait au fond de lui, et tant qu’il se rappellerait de se rappeler. Mais jusqu'à quand ?

Dès que cette question traversa son esprit, il s’endormit d’épuisement.

pas nécessaire la camisole, je n'ai pas le fou rire donc je ne sais pas si je vais bien. C'est tout à fait mon style de pensée envahissante comment ,pourquoi, faut-il , peut-on aimer sans être sur de l'existence ? le souvenir est-il nécessaire, suffisant ?... Hum promis je me relis le 1 et le 2 ce soir j'aime mieux le soir ça me laisse la nuit pour penser et peut être le matin!!!

Euh... on n'a pas beaucoup avancé là :-)))
Et Gargantua ? Pas vu le lien.
Si c'est de la philo, ça me passe un peu au-dessus, bien que ton point de vue sur la mémoire soit défendable. Tant qu'il reste un être humain pour penser à un autre, ce dernier existe encore, c'est ça ?
Bon, mais là il va bien falloir que tu te remettes au clavier l'ami ! ;-)

ben moi le lien avec Gargantua m'a paru évident du coup j'ai peur d'avoir tout faux . Gargantua a perdu sa mère lors de sa naissance d'ou le problème pour Pantagruel qui est partagé entre la joie d'avoir un fils et la douleur d'avoir perdu sa femme. Alors maintenant Bob il va falloir que tu nous éclaires tu sais mes souvenirs littéraires sont un peu loins et peut être que j'ai mélangé mais pourtant il me semble bien. Si tu aimes bien philosopher même si c'est un bien grand mot pourquoi ne pas proposer un sujet philo je te suivrai avec plaisir.

Ceci vaut pour les épisodes 1 & 2 :

Tout d'abord, je suis ennuyé pour commenter car je n'ai pas compris si le texte s'arrêtait là, s'il continuait, si on était sur un rythme de roman ou de nouvelle.

Tu as un joli style, très classique, avec des phrases longues plutôt bien construites, des imparfait du subjonctif. j'admire la maîtrise. Pourtant, par moment, il y a un débordement lyrique un peu facile, cliché, par ex : dans un an, dans mille ans, toujours, ou quelques heures entre deux éternités. On pourrait te faire un peu le reproche que "tu te regardes bien écrire". Par moment aussi, des phrases un peu trop longues sont difficiles à suivre.

Sur le fond, tu abordes des thèmes intéressants, la ville, l'oubli, les raisons d'aimer. Tu fais bien passer une impression transie de solitude. tu éveilles la curiosité avec ce Elle, avec cette ville aux lumière omniprésentes mais presque sans vie. C'est aussi très désincarné, presqu'irréel.

Quant à "La base même de l'univers SF symbolique de ma pensée tordue et de ma folie intérieure", je pense qu'une pensée tordue et une folie intérieure sont deux grandes qualités pour écrire, mais je crains que tu te dissimules derrière un certain hermétisme, en pensant que les gens ne te vont pas te comprendre ?

Je trouve donc que ce texte a de grandes qualités, qu'il aborde des thèmes visiblement très intéressants, mais qu'en l'état il ne correspond pas à ma sensibilité quant à son écriture et son contenu. Je suis partant pour lire la suite et donner mon avis (et prêt à en changer) !

PS : Je me creuse les méninges, mais Gargantua, je vois pas, sauf si tu as eu envie de faire exactement le contraire de Gargantua ? Est-ce le cas, où je me trompe totalement ?

Non, non, pas de la philo, ou juste un peu, de la basique. En fait, c’est juste moi qui aime m’amuser à compliquer l’histoire. :-)

De toute façon, je vous rassure, les chapitres du genre seront très rares. ;-)

Mais, pour être sérieux, disons que c’est vital de saisir au moins une partie de ce qui est écrit là pour mieux comprendre la suite et, surtout, la « philosophie », la caractéristique principale du monde SF où évoluent les personnages (ainsi que le « but » de Joseph dans l’histoire). Un conseil : évitez de chercher des figures de style là où il n’y en a pas.
Quant au rapport à Gargantua, il se situe exclusivement sur la forme, sur la manière d’accentuer quelque chose, quelque chose qui nous suit tout le long de notre existence, irrémédiablement, et, ensuite, de le mettre hors dimension, hors logique. Voilà tout ! J’espère juste ne pas avoir été trop lourd dans la construction et dans ma logique- bien que je pense que cela ait été le cas. Mais bon, c’était une première pour moi ! ;-)

En tout cas, ne vous en faites pas, je pense que tout s’expliquera par la suite, et beaucoup plus clairement ! ;-)

Pour terminer, bonne nouvelle ! Je crois que, cette fois, toute l’histoire est bien en place dans ma tête. Je regrette juste ne pas pouvoir changer quelques petits détails dans le premier épisode qui, maintenant que je sais beaucoup mieux dans quoi je m’embarque, me bloquent plus qu’autre chose. Mais bon, on fera avec !

benedicte a écrit:Gargantua a perdu sa mère lors de sa naissance d'ou le problème pour Pantagruel qui est partagé entre la joie d'avoir un fils et la douleur d'avoir perdu sa femme.

Juste une petite rectification : c'est Gargantua le père, qui a eu comme fils Pantagruel et lors de l'accouchement, la femme de Gargantua, Badebec est décédée...

Je disais la contraire de gargantua parce que : Rabelais fait "exploser" la langue, il invente des tournures, des mots, et aussi Gargantua est aussi un roman plein de vie, drôle (souvent scabreux), ce qui n'est pas exactement le ton ici...

Bon courage pour la suite de l'écriture Bob ! J'espère pouvoir lire l'ensemble rapidement...

mes souvenirs sont décidément bien vagues j'espère que ma prof de français de 4ème ne se cache pas sur le site!!

Loupbleu a écrit:Pourtant, par moment, il y a un débordement lyrique un peu facile, cliché, par ex : dans un an, dans mille ans, toujours, ou quelques heures entre deux éternités.

A me relire, je crois que tu as tout à fait raison. (En aurais-je douté ?) ;-)
J'en rajoute trop et ce n’est pas nécessaire. A corriger.

PS : Je me creuse les méninges, mais Gargantua, je vois pas, sauf si tu as eu envie de faire exactement le contraire de Gargantua ? Est-ce le cas, où je me trompe totalement ?

Vous savez quoi, on oublie Gargantua, ça vaut mieux ! ;-) D’autant plus, jamais je n’ai eu la moindre intention de comparer un truc qui me passe par la tête et que je tape à la machine pour me défouler à une oeuvre de Rabelais ou de qui que ce soit, d'ailleurs ! Manquerait plus que ça !
Un conseil : il ne faut jamais prendre au sérieux ce qu’écrit un gars à 2 heures du mat’ dans un forum… Seul, en plus ! (Si encore Jonjon était là… :-))))

Et puis, je blablate, je blablate, mais en attendant, j'ai écrit quoi ? 3 pages ? Ouais...

je me rends compte que poster un chapitre de temps en temps n'est vraiment pas la solution. Donc, oui, je vous promets de poster une suite, mais beaucoup plus consistante cette fois. C'est plus correct et ça évitera toute relecture désagréable ou perte du fil de l'histoire.

Je ne suis pas super fan des prologues qui expliquent avant même qu’on ait lu le texte ce que l’on va y lire, la manière dont il a été écrit et les références que l’on doit y voir.
Sous couvert de « pensée tordue » et de « folie intérieure » tu nous glisses dans ce second épisode une pensée obscure écrite avec formules alambiquées qui ne font pas nécessairement sens. L’intelligence du propos n’est en rien liée à la longueur des phrases ni à la complexité de la syntaxe et à mon avis les pistes de réflexion que tu esquisses mériteraient d’être formulées avec davantage de sobriété dans l’écriture.
J’attends néanmoins la suite de cette nouvelle. L’atmosphère que tu as posée jusque là n’est pas dénuée d’intérêt et je suis curieuse de savoir ce que tu vas faire de tout ça.

Bon... perso, je ne vois rien de philosophique dans ce texte, ni de grave, ni d'incompréhensible, ni de science-fictionnel... ni rien en fait.
Donc du coup, le fait de prendre tant de précautions pour m'informer que "attention, terrain glissant" et que je ne vais sans doute pas comprendre, puis toutes ces explications avant, après et pendant, pour être sûre qu'on a bien compris que c'était compliqué, bref tout ça aurait tendance à me faire fuir. L'impression d'être en attente d'un gros truc et de me retrouver face à un pétard mouillé.
Désolée Bob, ça ne veut pas dire que ton texte est mauvais, mais simplement qu'à force de trop avertir et prévenir, tu ne peux que créer la déception, parce qu'on imagine un truc qui n'est pas au rendez-vous.

Cette parenthèse refermée, si je prends le texte hors avertissements en tous genres, je dirais aussi que nous n'avons pas beaucoup avancé et je reste sur mon sentiment que tu en fais trop par moments, qu'il y a un besoin devenant gênant de trop délayer la sauce.
Nous voilà en présence de Elle. En parler comme tu le fais me ferait presque penser qu'elle est la Vierge Marie, tu vois où ça mène...

Au final, je suis plus partagée et réticente face au procédé et à cette seconde partie qui apporte peu, voire rien, à mes yeux. Mais l'écriture est agréable à lire, c'est sûr!