La prise

Bonjour tout le monde!
Voici un petit début de roman que je commence à écrire, je compte sur vos précieux avis.
Bonne fin de soirée
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C'était vraiment un hasard de merde. Je ne crois pas à ces arriérations de destins croisés, d'histoires déterminées, fatums foireux. Ou dans mon cas, il s'agirait d'une malédiction absolument dégueulasse et injustifiée, de la part d'un pervers transcendant complètement sadique et détraqué. Si j'admets son existence, je meurs et noie, je crève en hurlant d'une voix sépulcrale, sandwich à la main, que non, je ne comprends pas, que je défèque sur lui, sa supériorité, et ses idées de grand malade.
Je n'ai rien fait pour mériter un truc pareil.
Avant, la vie, c'était mieux. Quand je franchissais la porte du magasin, le monde s'arrêtait de tourner. Toutes considérations métaphysiques, philosophiques, cosmiques, mystiques, sexuelles, alambiquées, étaient abolies, c'était simple, c'était bien. Moi, mes vieux films, mon local défraîchi, mes années fatiguées. Les autres, le reste, larves chimériques, il n'existaient pas, ils n'existaient plus. Ils n'étaient rien, pur néant, sinon une cacophonie sourde et lointaine, une dimension démente, grotesque, insondable.
Tout se passait ici, chez moi, chez Phil, au Cinéphil. Ciné pour cinéma, Phil pour Phil. Mon existence, mon essence profonde, elles résidaient ici, entre ces murs pâles et ébréchés, couverts d'affiches miteuses et chatoyantes, Romy Schneider, Janet Gaynor, Taxi Driver, Billie Holiday, Marlene Dietrich, à l'image du temps véritable, le temps suspendu, perpétuel, où s'incarnait toute la substantialité de mon univers bariolé. Les jours passaient, d'une traversé lyrique, bercés par Murnau, Guitry, Catherine Pozzi et Keith Jarret. C'était parfait. Tantrique. Spontané.

Tout ça, c'était avant Nina. Sorcière.

J'aurais pu, ce jour maudit, me casser une jambe. Me faire kidnapper par le FLNC. Attraper la grippe porcine. Rendre visite à ma mère. Ou, tout simplement, ne pas répondre à cette sociopathe en bottes fourrées et ses marmottements verbeux.
« Un stylo ? »
Bien sûr, j'avais toujours quelque chose pour une jolie brune podophobe à écharpe rose et lunettes rondes, en attendant passivement une clientèle parcimonieuse dont le quart aurait confondu l'endroit avec un sexshop. Il est terriblement laborieux, à ce jour, de se revendiquer comme le dernier gérant intègre d'un club de location vidéo, c'en devient presque suicidaire. Les gens n'aiment plus le cinéma, ils préfèrent la médiocrité et le pop-corn, les super-héros et les strings fluos. Comment faire face à une génération d'homoncules qui confondent Orson Welles et Christopher Nolan? J'avais organisé ma propre résistance, dans mon petit monde sectateur, bâtit sur un principe indéfectible : foutez-moi la paix avec vos vaticinations de ringards et de pseudo-intellectuels. Personne n'était digne de ma merveilleuse vidéothèque, mais il fallait quand même manger. Et si de sordides problèmes d'ordre financier ne s'incrustaient pas perfidement dans mon fragile équilibre, jamais, jamais, je n'aurais laissé le moindre de ces avortons belliqueux poser ses pattes crasseuses sur mes trésors de guerre. C'était un peu ça, mon aspiration véritable : mener une bataille saigneuse contre la corruption contemporaine.
Au début, j'attaquais à coups de projections privées et restrictives, dans une arrière salle aménagée, ou tout simplement à coups de balais, quand un profane osait me réclamer la Guerre des Mondes ou Superman Returns. J'avais déjà versé des dommages et intérêts à l'un d'entre eux, qui cherchait et défendait le Jour et la Nuit comme une grande oeuvre incomprise. Un vrai cinglé. Avec le temps, cependant, je m'étais peu à peu calmé. Sûrement par abnégation, fatigue, fatalisme, ou chaussures trouées.

Côté moins : c'est bavard, branché et trop plein de "réflexions-personnelles-à-portée pseudo-universelle" pour moi, lecteur moyen. Exemple typique : "Il est terriblement laborieux, à ce jour, de se revendiquer comme le dernier gérant intègre d'un club de location vidéo, c'en devient presque suicidaire. Les gens n'aiment plus le cinéma, ils préfèrent la médiocrité et le pop-corn, les super-héros et les strings fluos. Comment faire face à une génération d'homoncules qui confondent Orson Welles et Christopher Nolan?"

Côté plus, c'est rapide, nerveux, peut-être bien sans concession, ça me plaît plutôt. Il y a un ton, une idée, des éléments qui accrochent (et des fautes ...:-)). Trop tôt pour se prononcer plus fermement.

Merci Easter pour ta réponse!
C'est vrai que j'ai beaucoup de mal avec ce texte : j'essaie de créer un personnage dingue de cinéma, sachant que moi même je n'ai aucune culture cinématographique, le côté un peu forcé doit se sentir, d'où le manque de pertinence. Je vais sûrement laisser tomber cette idée, trop dure pour moi, je n'aurai jamais le recul nécessaire.
Par contre, qu'est ce que tu entends par "bavard" et "branché"? Merci de m'éclairer! Je tiens vraiment à l'histoire que j'écris en ce moment, même si je dois tout changer!

"(et des fautes ...:-))." : Beaucoup de fautes? Si oui, tu peux m'éclairer?

Merci d'avance!

Bavard : trop d'adjectifs, par exemple ("Je ne crois pas à ces arriérations de destins croisés, d'histoires déterminées, fatums foireux. Ou dans mon cas, il s'agirait d'une malédiction absolument dégueulasse et injustifiée, de la part d'un pervers transcendant complètement sadique et détraqué.")
Branché : dans l'expression, dans le choix du vocabulaire ("Ou, tout simplement, ne pas répondre à cette sociopathe [...]
Bien sûr, j'avais toujours quelque chose pour une jolie brune podophobe à écharpe rose et lunettes rondes "). Note que ce n'est pas un mal en soi, c'est surtout une question de goût personnel et à tout prendre je préfère nettement ça à une expression poussiéreuse.
En tout cas, je trouve qu'il y a du bon dans cette écriture, mais je me répète :-)

Attends d'autres avis, ils seront sûrement bien différents du mien.

Pour les fautes, pas beaucoup non :

Les jours passaient, d'une traversée lyrique
J'avais organisé ma propre résistance, dans mon petit monde sectateur, bâtit sur un principe indéfectible
ou tout simplement à coups de balais


Dernière chose : évite de répondre systématiquement à chaque commentaire, attends qu'il y en ait un certain nombre (ça va venir...) pour grouper ta réponse.
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Il y a une accroche c’est certain, l’envie d’en lire plus.
C’est un début destiné à camper une situation et un personnage, cela fonctionne même si j’ai du mal à voir vers où ça peut aller dans la durée et je demande à voir justement parce que j’ai bien aimé l'idée, le ton et l’univers.

Bien aimé ce ton bavard, moi ! N'étant pas non plus une cinéphile avertie, je n'ai pas trouvé d'invraisemblance ( je ne sais pas si Keith Jarrett a fait du cinéma par exemple...) et j'ai trouvé ça très vivant, avec du punch et de l'humour ( mettre sur le même plan " attraper la grippe porcine" et "rendre visite à ma mère" m'a fait rire ! ) bref je suis preneuse d'une suite.

Idem... le bavardage ne me déplait pas, non plus. Ni les pensées qui tournicotent sous un crâne. Je pense que c'est un moyen comme un autre de donner une personnalité, un relief à un personnage. "Dis-moi ce que tu penses, je te dirais qui tu es" Ce n'est pas tout à fait ça ? Vraiment ? Ah ben... Tant pis !
Et puis, pour moi, les adjectifs sont comme les couleurs pour un peintre. Donc...
J'ai bien aimé l'humour, un petit côté grinçant, ou acide (peut-être que dans mon imagination, ça... mais ce n'est pas plus mal). Le tout est alerte, emporte plutôt bien... alors suis aussi preneuse pour la suite...

Et ça aussi : inculture cinématographique...

Pourquoi renoncer à un personnage "dingue de cinéma" ? Y a bien souvent un côté recherches quand on se lance dans un écrit long, un roman, qui peut apporter aussi beaucoup à l'écrivant. Une occasion de découvrir, d'apprendre, de s'enrichir aussi dans un domaine méconnu.

Je me permets de répondre sachant que le message est en haut du fil, ça ne changera pas grand chose!

Quand j'ai répondu ça, hier, j'étais un peu à chaud, après avoir passé l'après midi sur ce texte. J'étais plutôt dans l'état du "et merde, laisse tomber". Mais après une bonne nuit de sommeil, on voit les choses plus calmement! Abandonner le cinéma dans l'histoire non, ça casserait toute l'intrigue que j'ai déjà prévue. Mais peut-être éviter le protagoniste imbuvable qui balance à la pelle plein de de noms connus pour avoir l'air de s'y connaître. Donc je vais travailler tout ça en allégeant un peu, et en repensant le personnage (au début j'avais prévu un homme gentil et naïf, mais c'est plus fort que moi, je finis toujours avec ce genre de personnages désabusés!)

PS : Keith Jarrett est un musicien fantastique, et un de mes artistes préférés que j'écoute en boucle toute la journée


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Je me permets de répondre sachant que le message est en haut du fil, ça ne changera pas grand chose!

< Eh bien si, justement.
Si vous répondez à chaque fois qu'il est en haut, ce texte, et qu'on ne tarde pas à vous répondre, la "conversation" s'enclenche et il va le rester, en haut. Soyons logiques.
Et c'est précisément ce que nous voulons éviter.
Le plus simple, comme vous l'a indiqué Easter, est d'attendre d'avoir un petit paquet de commentaires avant d'intervenir vous-même.
Merci de votre compréhension.
La Modératiion >
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Une langue pétrie, chargée et vive. Bref ré-inventée, j'adore !
Je trouve qu'il y a une nette différence de niveau entre la 1ère partie excellente, qui m'a embarqué de suite, et la 2nde (à partir de Bien-sûr) qui est inégale et qui, pour moi, est à reprendre pour lui donner plus de construction et dompter la fantaisie qui part un peu dans tous les sens. par exemple et dans le désordre je ne vois pas bien ce que vient faire du podophobe, du sexshop, de la clientèle parcimonieuse et son quart dans l'histoire.
Ou encore "Personne n'était digne de ma merveilleuse vidéothèque, mais il fallait quand même manger." : l'articulation me semble très perfectible. Le virage est violent et j'ai dû le relire 3 fois pour l'intégrer tellement il passe inaperçu.
Il y a encore du bon dans la 2nde partie mais pas mal de boulot de réécriture trouve-je.

Encore bravo, je sens que je vais aimer la suite.

nb : j'ai adoré "Je ne crois pas à ces arriérations de destins croisés, d'histoires déterminées, fatums foireux. Ou dans mon cas, il s'agirait d'une malédiction absolument dégueulasse et injustifiée, de la part d'un pervers transcendant complètement sadique et détraqué." (sic ) C'est un style emphatique, d'un gras gothique et flamboyant, mais ça se tient, ça coule, ça s'affirme !

Keith Jarrett c'est du cinéma qui joue du piano mais "Koln concert", putain de bordel de merde, ça ravage, pile le genre de truc qui fait que l'on en sort avec cette impression qu'un type avec ses doigts vient de synthétiser un paxon de vos émotions en un seul paquet qui vous bouffe la chair.
Sinon, sinon, sinon, ben je cherche un truc à dire à propos du texte et ne me vient à l'esprit qu'une phrase de Richard Brautigan : " On n'écrit bien que ce que l'on connait bien "

Très bavard, trop pour moi et ce narcissisme à outrance dans la narration prend beaucoup trop de place à mon goût, désolée. Du coup, je n'arrive pas à entrer dans le texte, je le contemple comme un bruit qui viendrait occuper tout mon cerveau sans pour autant que j'en tire quoi que ce soit. Dommage, car je pense qu'il faudrait peu de choses pour lui donner une autre allure, mais ceci n'est bien entendu qu'un avis perso.