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Les écrivains / poètes parlent de l'écriture

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Message  Rêvelin Mer 10 Nov 2010 - 13:41

Ce fil (je ne crois pas que ça existe ici) se propose de recenser des textes d'écrivains / poètes parlant de leur rapport à l'écriture, de leur travail, et de permettre, s'il y a lieu, des débats sur ces textes.
Il me semble que l'atelier d'écriture VE ne pourrait que s'enrichir des réflexions de ces ainés.
Il ne s'agit pas de faire de la critique littéraire ! mais bien de porter notre regard sur les écrivains parlant de l'écriture (ou de l'écrivain), au plus près de la création.


Je commence :

in http://remue.net/spip.php?article2766
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Message  Invité Mer 10 Nov 2010 - 14:42

Est- ce que ça peut en faire partie?

dimanche 8 juillet 2007

Lettre ouverte à mon plagiaire.

Monsieur Djamel Mazouz,

On vient de m’apprendre que vous appréciez énormément mes textes. Passé le premier moment de surprise, je me suis senti envahi par une grande satisfaction. Et votre choix de vous en servir me touche beaucoup. Et j’irai jusqu’à dire que vous avez bon goût. J’espère qu’ils vous apporteront la gloire et la reconnaissance que je ne cherche pas.
Nous sommes tous un peu plagiaires, nous écrivons à partir d’affinités. Rares sont ceux qui inventent une langue.
A travers vous je participe à des concours, je suis fêté, apprécié. C’est un peu un échange de lumière, je vous donne la mienne, vous me donnez la votre. Pour être plus précis, vous voler la mienne, et ne me donnait rien retour. C’est injuste. Mais vous me direz que la vie est une longue injustice, et que c’est, ce qui la rend vivable.
J’en profite pour vous dire de faire attention, mon écriture est certes merveilleuse, mais je suis affublé d’une affreuse et déplorable dyslexie, et malgré les correcteurs d’orthographe, il reste de nombreuses coquilles dans mes textes, pensez à les relire, et à corriger ces fautes qui gâchent le plaisir du lecteur exigeant, ce qui pourrait venir ternir notre célébrité commune. Vous pourriez ainsi ajouter une sorte de perfection à notre œuvre collective.
Au-delà de ça, vous me faites toucher du doigt quelque chose qui m’avait échappé. Avec la généralisation des blogs, l’écriture appartient de moins en moins à son auteur. N’en déplaise aux égos des auteurs, les textes sont voués à n’appartenir à personne, hormis au lecteur, l’espace d’un instant. Et la réussite d’un texte, sera sa lente métamorphose, lorsqu’il passera de main en main, d’œil en œil. Je ne suis pas capable de dire si cela est un mieux, mais c’est inéluctable. La rançon du progrès en quelque sorte.
Il y a quand même un truc qu’il faut que je vous dise, écrire pour moi est acte nécessaire et douloureux, les textes que vous prenez ne sont que le reste de cette nécessité et de cette douleur. Le reste. L’écume. Ils sont issus d’une intimité au travail. En les prenant ainsi, sans crier gare, vous me laissez porter seul cette douleur. C’est un peu comme si vous me la renvoyer dans la figure. Mais ce sont sans doute des considérations dont vous n’avez que faire.
Ce n’est pas la première fois que m’arrive ce genre d’aventure. La première fois j’ai ressenti e cela comme une infraction. Et la personne qui avait pris et dénaturé mon texte, m’en a profondément voulu de lui avoir fait remarquer ma désapprobation. La deuxième fois était plus innocente, et puis la chapardeuse avait de si belles fesses que je me suis senti flatté et honoré par son emprunt, comme quoi il suffit de peu. La troisième, c’est vous Monsieur Djamel Mazouz. Je commence à être rôdé. Mais je doute que vos fesses me fassent de l’effet. C’est dommage, j’en conviens. Pourquoi voler ce qui est offert ?
Pour être plus sérieux, si vous me lisez, vous devez savoir ce que je pense de l’écriture, vous devez savoir que c’est l’acte le plus vain qu’il soit, et parce qu’il est vain, il en devient grand, merveilleux. Ce qui est important dans l’écriture, c’est d’abord user sa vie dans un acte inutile, presque puéril, et c’est être à l’endroit du frottement de cette vie et de la mort qui s’approche.
Je vais vous dire un secret. Un texte ne vaut rien en lui-même, il ne tient que par des fils invisibles qui le relient. Je suis passé voir « vos productions ». Toutes ne sont pas de moi. Et vous voyez, il n’y avait pas ces fils invisibles qui relient les textes entre eux. C’est comme s’ils avaient perdu leur sang. De la viande blanche. Et j’en fus triste.
Alors Monsieur Djamel… au point ou nous en sommes je crois qu’on peut se tutoyer. Djamel, tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas te mettre au travail. Tu va arrêter de pomper tout ce que tu trouves. Tu es quelqu’un de sensible, comme tu le dis, alors tu vas prendre ton stylo et t’assoir. Et ne plus bouger. Et mettre ce que tu as à mettre sur le papier. Qu’importe si c’est beau ou pas, qu’importe si tes mots ne trouvent pas grâce à tes yeux. Sache que c’est un bon signe, l’insatisfaction. Tu peux t’appuyer sur elle. Elle guidera tes pas. Il est temps que tu existes par toi-même, tu te le dois à toi. Si tu veux je serais ton premier lecteur, et je t’aiderai autant que je le pourrais. Fais-toi confiance, consens à ton imperfection. Ose être ce que tu dois être. Même si c’est douloureux, surtout si c’est douloureux. N’attend rien des autres. Donne-toi à tes mots, à leurs couleurs, à leurs musiques. Respire avec ta bouche, avec ton air à toi. Soit le vivant de ta vie. On n’écrit pas pour le plaisir d’être lu. On écrit, parce qu’on mourrait à petit feu si on ne le faisait pas. Accepte de ressusciter. Donne une chance à ta vie. Que t’apportent tes mots volés ? Rien, hormis une tristesse supplémentaire. Tu vaux mieux que cela, j’en suis sûr. Ecris. Et si ça te fait mal, c’est que tu es sur la bonne voie. Ecris sur tout, sur rien. Le rien est un bon exercice. Ecrire lorsqu’on est déserté de tout. Ecrire c’est se dénuder, c’est s’appauvrir, ce n’est pas dépouiller l’autre.
Ecrire c’est avaler des silences et les transformer en chants.
Car dans l’écriture tu seras seul. Certains soir tu en pleureras, même. Mais tu verras, les mots, tes mots arriverons à éclairer l’ombre que tu mâches sans relâche.
Ecris dans ta pauvreté, tu ne sais pas encore qu’elle richesse elle peut contenir.
L’écriture et l’amour c’est la même chose. Tu vois un peu à coté de quoi tu passes ?
Donne, offre, arrache toi, ne t’occupe pas de la brillance du résultat, pourvu que chaque mot ai traversé ton corps de part en part. Pourvu qu’après l’écriture tu sois hagard et pantelant.
Tu devras rester de longues heures à méditer, en face du vide de la page, ne compte pas sur les muses, ne compte que sur toi. C’est lorsque l’inspiration t’échappe que l’écriture est la plus belle, c’est quand elle se refuse, que l’œuvre se bâtie. Il faut alors aller la prendre dans tes propres chairs. Et si tu doute, c’est que tu es en progrès. Chaque jour oblige-toi. Taille dans tes faiblesses, dans ta lâcheté. Confronte-toi.
Et surtout consens. Le consentement, est ce mouvement de l’âme qui nous fait sortir de nous-mêmes. Tu apprendras que tes pays intérieurs sont hors de toi. Tu verras, qu’à ta table d’écriture, tu feras le plus mystérieux des voyages. Assis, à ta table d’écriture tu visiteras les constellations les plus éloignées, les abîmes les plus profonds, les sommets les plus hauts.
Et surtout ne cherche pas la gloire, ni la reconnaissance. Applique-toi à contenir ton égo. Oublie-le si peux. Le poète reconnu est un poète perdu.
Préfère l’ombre et les angles, les seuls endroits où le soleil est regardable.
Voilà, Djamel ce que je peux te dire. Je pourrais, bien sûr développer à l’infini, mais l’essentiel est là. Mets-toi au travail. Ecris depuis ta solitude et ton ennui, invente des pays et des saisons. Prends ta charrue et avance. Creuse. Tire sur le soc de la langue, retourne les sillons des mots, arrache tes buissons, tes racines coupées, enlève les pierres qui te font trébucher. Trouve le sens de ta parole. Fait pénétrer ta voix dans le souffle épuisé de ta parole. Parle, fais-toi surprendre par le son de ta propre voix. Même si c’est un cri. Surtout si c’est un cri. Une amie te dirait : soit fragile, jamais faible. Tremble, mais ne recul pas.
Voilà Djamel, il faut maintenant que tu entres dans la poésie comme on s’engage sur un chemin. C’est le crépuscule, on ne sait pas où ce chemin mène. On sent en soi comme un effondrement. Alors on sait que l’heure est venue de se mettre en route.

Alors, bonne route Djamel.
Franck NICOLAS.

source
http://franckreveur.canalblog.com/archives/2007/07/08/5555575.html

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Message  Polixène Mer 10 Nov 2010 - 21:09

ah oui , la bonne idée, Rêvelin!
(comme les "hasards" sont amusants, ces-jours-ci je relis des textes de Bernard Noël et dans certains...on trouve des rêvelinades )

Voici quelques extraits de :
"Le même nom" publié en avril1975 chez fata morgana

J'écris pour m'abîmer dans mon nom.

Le nom enseigne la mort.cet enseignement me force à réaliser ma mort, donc j'écris.La possibilité de ma mort s'agrandit de mon écriture, et je deviens, moi, ma propre impossibilité. telle est ma chance, car cette situation me place hors de toute mesure.
La limite assumée est le seuil de l'illimité.

Le nom fonde le seul.
L'innommé, c'est l'eau dans l'eau.

(...)

Fûmes en mots mis
Et ce fut fumée
Blanche
Où le corps perdit
Sa réalité

Fûmes donc fumeux
Tandis que germaient
Des mots dans nos yeux

Fûmes in-finis
Et déjà réduits
A la lie du lu

(...)

L'écriture est une passion qui se nourrit de l'ordre qu'elle brise. Si elle ne va pas tout droit dans la mort, elle est un simulacre vécu de la mort, car dans l'acceptation même de la vie, l'écrivain connaît la décomposition de sa vie.
L'écriture est cette pliure à la limite de la mort vraie et de la mort jouée : elle prive d'être la réalisation de l'être.

Bernard Noël
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Message  Loupbleu Mer 10 Nov 2010 - 22:00

Polixène a écrit:J'écris pour m'abîmer dans mon nom.
Notez qu'on peut boire pour la même raison. Ca doit faire son effet comme sortie, au coin du zinc :
— Je bois pour m'abîmer dans mon nom.
— Ah ouais ?
— Et oui, mon gars.
— Bon ben... Je te remets un demi et des cacahuètes.

(je sais, c'est pas gentil de se moquer des poètes, mais quand même, des fois, c'est eux qui commencent)
.
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Message  Polixène Mer 10 Nov 2010 - 22:54

T'as raison, c'est çui qui le dit qui l'est ...et chez Bernard Noël, c'est pas la Saint-Sylvestre tous les jours, hein ...
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Message  Polixène Mer 10 Nov 2010 - 23:10

(d'ailleurs, lui, c'est un comble du j'art-d-y-nier)
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Message  Rêvelin Jeu 11 Nov 2010 - 0:54

Polixène a écrit:(comme les "hasards" sont amusants, ces-jours-ci je relis des textes de Bernard Noël et dans certains...on trouve des rêvelinades )
Oui il me copie plutôt bien hihi

J'aime beaucoup vos interventions, je continue demain à chercher ^^
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Message  Rêvelin Dim 14 Nov 2010 - 12:47

La poésie m'emmerde.
Je n'aime pas la poésie.
J'entends par là toute la jolie poésie, celle qui croit qu'est poétique ce qui est joli, type poème pour la fête des mères. Bonne fête Maman.
J'attends d'un poème qu'il me mette K.O.
Le premier vers d'un poème doit mettre en demeure, imposer silence.
La forme est indissociable du sens, première même.
C'est la forme qui donne le sens parce que la forme, même invisible, s'adresse au corps du lecteur/écouteur. D’abord le rythme.
C'est la forme qui le travaille, le met en joie ou en désir, en colère ou en impatience.
C'est la forme seule qui fait partager ce que tente de dire le poème. Trop de poèmes démentent ce que le poème prétend dire.
La relation au poème est d'ordre érotique: le poème me fait quelque chose ou me laisse indifférent. Il suscite mon désir, voire mon excitation, ou il ne suscite que ma déception. Il se produit en moi quelque chose ou il ne se produit rien. Mais je ne sais jamais pour quelles raisons il me charme, pour quelles raisons il me trouble. Ce n'est pas par ce qu'il dit. Comme lorsque je tombe sous le charme de quelqu'un ce ne sont pas seulement ses déclarations qui me séduisent, il y a tant de baratineurs! C'est autre chose. Mais qui peut clairement expliquer comment ce charme agit? Est-ce son corps? Sa voix? Son parfum? Son sourire? Ses vêtements? Je ne sais que le lendemain ou le surlendemain ou quelques jours plus tard ou beaucoup plus tard si je suis tombé en amour. Je ne le sais que si j'y repense. Et si j'y repense j'ignore ce qui agit en moi, quel philtre s'est inoculé en moi. Je ne sais pas ce que c'est ni comment ni pourquoi mais ça me fait des trucs géniaux dans la tête et dans le ventre, c'est bizarre comme ça s'agite un peu partout, on dirait comme un volcan ou un tremblement de terre, le friselis d'une plume, presque rien mais tout, comme un baiser à la commissure des lèvres. Alors là je sais. Je ne sais pas pourquoi et je ne tiens pas forcément à le savoir, mais je sais. Je sais que j'aime et j'en redemande. Ah si l'autre voulait à nouveau me parler! C'est plus facile avec les livres, ils sont là, à ma disposition, ils m'attendent, je peux en jouir quand je veux.
J'aime donc la poésie.
J'aime la poésie quand elle n'est pas une belle emmerdeuse.
J'aime les poètes qui ne se mettent pas à l'abri. Ceux qui s'engagent et gagent tout leur être.
Être poète c'est être en permanence en instance d'expulsion.
J'aime les poèmes et les poètes du réel, de la vie, de la chair. J'aime les poètes qui ont du souffle, du corps, de la langue. Ceux qui sortent nus, pas ceux qui se déguisent de langage et n'ont à montrer que leur garde-robe, leur bibliothèque ou leur cerveau.
"Toute l'écriture est de la cochonnerie" écrit A. Artaud.
Entendons par là toute belle écriture, c'est-à-dire celle qui ne met rien en danger, celle qui ne risque rien. Celle qui reste dans les salons au lieu de s'avancer au bord des gouffres.
Il n'y a d'écriture que risquée. On le sait depuis Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Desnos, Ginsberg, Kerouac, Novarina, Pey, Siméon etc. C'est en cela que le poète est "voleur de feu", c'est-à-dire qu'il prend le risque de se brûler, de brûler, de nous brûler. La plupart des autres écrivent dans des bureaux climatisés.
Les poètes que j'aime ne se limitent pas par ailleurs à l'écriture. Artistes 24 heures sur 24, ils ne se contentent pas d'écrire. Leur art sort de partout et s'exprime sous de multiples formes: ils peignent, ils dessinent, ils photographient, ils performent. Ils entretiennent des relations étroites avec des artistes qui pratiquent d'autres formes d'art. Ces échanges fructueux les nourrissent les uns les autres. Le poète du dimanche ne saurait être poète.
Le poète doit être dévoré, ce n'est que s'il a la fièvre qu'il a des chances d'être contagieux.
Du point de vue poétique l'élève n'a rien à attendre de l'école. C'est seul qu'il découvrira la poésie qui lui parlera. La classe ne peut être qu'exceptionnellement ce lieu de la découverte essentielle. L'école s'est toujours arrêtée au seuil de la modernité et réfugiée derrière les classiques canonisés. On peut comprendre ses précautions et on ne saurait lui reprocher d’allumer des incendies de l'esprit qu'elle n'aurait ensuite ni les moyens de les contenir, ni ceux de les éteindre. L'élève misera donc davantage sur sa propre curiosité.Sa faim que l'école aura, il faut l'espérer, aiguisée, il ira la rassasier au CDI (livres, anthologies, internet, sites) ou dans un club de poésie ou dans les bibliothèques. Il ira écouter des lectures dans des librairies ou des festivals. Il écoutera des CD de poètes vivants. Il entrera en contact avec eux par courrier, électronique ou non. Il écrira à son tour. Il se brûlera aux mots. Il ouvrira grands ses yeux et ses oreilles et, tel un "horrible travailleur", il deviendra poète à son tour. C'est toute la chance que je vous souhaite.

Francis Ricard, Toulouse le 10 juillet 2007
http://www.tiretalangue.fr/index.php

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Message  wald Dim 14 Nov 2010 - 13:06

Les poètes qui ont chanté la noble et enrichissante douleur ne l'ont jamais connue, âmes tièdes et petits cœurs, ne l'ont jamais connue, malgré qu'ils aillent à la ligne et qu'ils créent génialement des blancs saupoudrés de mots, petits feignants, impuissants qui font de nécessité vertu. Ils ont des sentiments courts et c'est pour ça qu'ils vont à la ligne. Faiseurs de chichis, prétentieux nains juchés sur de hauts talons et agitant le hochet de leurs rimes, si embêtants, faisant un sort à chaque mot excrété, si fiers d'avoir des tourments d'adjectifs, tout ravis dès qu'ils ont écrit quatorze lignes, vomissant devant leur table quelques mots où ils voient mille merveilles et qu'ils suçotent et vous forcent à suçoter avec eux, avisant les populations de leurs rares mots sortis, rembourrant de culot leurs maigres épaules, rusés managers de leur génie constipé, tout persuadés de l'importance de leur pouahsie. La douleur qui rabâche et qui transpire, la bouche entrouverte, ils n'en chanteraient pas la beauté s'ils l'avaient connue, et ils ne nous diraient pas que rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur, ces petits bourgeois qui n'ont rien acheté à prix de sang. Je la connais, la douleur, et je sais qu'elle n'est ni noble ni enrichissante mais qu'elle te ratatine et réduit comme tête bouillie et rapetissée de guerrier péruvien, et je sais que les poètes qui souffrent tout en cherchant des rimes et qui chantent l'honneur de souffrir, distingués nabots sur leurs échasses, n'ont jamais connu la douleur qui fait de toi un homme qui fut.

Albert Cohen, Le Livre de ma mère
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Message  Rêvelin Dim 14 Nov 2010 - 13:12

Et ben ! Les poètes s'en prennent plein la tronche ^^
Heureusement, je ne me sens pas concerné hihi

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Message  Polixène Lun 15 Nov 2010 - 10:14

Oui, Francis Ricard a cité le nom de Serge Pey ; je ne collerai pas (désolée, Rêvelin pour la cohérence de ton fil) un passage écrit par Serge Pey, non par fainéantise -quoique- mais parceque toute sa vie/oeuvre est en elle même un manifeste .Un "border-line" de la poésie, si on peut dire... - tout ce que j'aime -.

( Juste un exemple: intervenant un jour, en tant que créateur, dans un collège, il a proposé aux élèves de s'enfouir dans le sable jusqu'au cou pour leur faire ressentir les sensations premières, préalables à l'écriture)

Son site officiel: http://www.sergepey.com/
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Message  Rêvelin Lun 20 Déc 2010 - 9:07

L’Acte du poème

Cet acte implique un corps en train de constater que, une fois de plus, il s’est mis dans la posture d’attendre un poème, de provoquer sa venue, de l’écrire. Et cependant qu’il élabore cette attente en observant des règles qu’il s’est inventées, il se dit que son activité est bien ambiguë, elle qui l’entraîne à pratiquer un jeu où il n’engage en principe qu’un peu de son temps mais avec l’impression d’y engager bien davantage puisqu’il y fait figurer sa vie. Il sait bien entendu que ce sont les signes et les images - les visibles et les mentales et combien les uns comme les autres ont besoin de n’être rien en eux-mêmes afin de simuler le tout de ce qu’ils représentent. A quoi lui sert ce savoir quand, assis devant sa feuille, il prend conscience que l’âge ne va pas l’empêcher de jouer sa partie ni modérer l’illusion d’y miser toute sa faculté de s’exprimer, c’est-à-dire l’ensemble de ses relations avec tout ce qui lui importe au monde. Il augmenterait même la mise, si c’était possible, et sans ignorer pour autant qu’aussi élevée soit-elle, et si réussi soit le jeu, il n’en tirera pour finir qu’une déception. Qu’est-ce que la poésie ? C’est d’abord pour celui qui la pratique la déception de ne pouvoir jamais aller jusqu’au bout - ou du moins de ne jamais pouvoir s’y tenir - alors qu’il a semblé que, cette fois, l’enjeu mettait réellement aux prises le réel et l’artifice jusqu’à promettre l’épuisement de ce dernier au bénéfice d’un saut enfin réussi dans l’indiscutable et le définitif.

Après quoi, il ne reste devant la page que le lecteur d’une précipitation verbale mise en échec par sa propre nature, et ledit lecteur éprouve en lisant la perturbation d’être à la fois dans deux espaces vu qu’en allant d’un mot à l’autre il ne va plus vers ce que pourtant ils ont exprimé dans leur premier mouvement. Le papier est redevenu du papier, et le poète est redevenu un homme assis devant, et qui se trouve quelque peu ridicule en pensant à la mêlée dans laquelle il vient d’affronter une espèce de réalité absolue.

Les livres font oublier à leurs lecteurs la discontinuité qui les sépare, et qui est la vie de leurs auteurs. Ils font par conséquenct oublier le corps, et tout ce qui l’occupe, en fabriquant une continuité idéale où les événements de l’existence deviennent des allégories. L’auteur lui-même occupe ainsi la fonction de transformateur des choses ordinaires en signes exceptionnels, ce que personne ne songerait à lui reprocher dès lors qu’il donne satisfaction. D’ailleurs, comment un livre pourrait-il s’opposer au désir de lecture qu’il suscite et qui est sa raison d’être ?

Cette question parfaitement insensée a pour but de faire entendre le genre de contestation qu’un poète peut élever contre lui-même dès qu’il se trouve rendu à sa condition de vivant. Je ne suis pas sûr d’exprimer là autre chose qu’un point de vue personnel, en vérité une révolte contre cela même qui m’occupe parfois passionnément mais ne m’en reste pas moins insupportable à force de laisser pour compte cette chair vivante qui n’entrera jamais dans les livres. Absurde, dira-t-on, et j’en conviens en m’obligeant à préciser que le corps, chez moi, n’est que la figure du refus de la résignation. Mais qu’est-ce que la poésie ? si elle n’est pas d’abord ce refus, qui la pousse constamment à dresser les vers sur la page pour qu’ils n’aillent pas comme vont les lignes au gré de l’enchaînement - qui la pousse à ne pas se résigner à la ligne du temps en lui faisant barrage par un empilement de fragments sonores.

Sans doute la révolte n’est-elle pas une loi de la poésie, qui bien plus souvent a pratiqué la célébration. Je suis sûr que la poésie dit tout ce qu’elle dit en le disant, et c’est là son seul absolu, et c’est là ma principale raison de la pratiquer parce qu’il n’est rien d’autre qui rendre pareillement indissociable l’événement verbal et son expression. Cela étant, l’auteur n’en retombe pas moins dans sa vie, qui elle aussi vit tout ce qu’elle peut vivre en le vivant.

Faire acte de poésie serait-ce opérer le transfert de quelque chose d’entier comme la vie dans une expression également entière comme le poème - ou bien n’est-ce là qu’une illusion dictée par le désir utopique de réunir enfin ce qui tout au plus se croise dans la représentation comme font le corps et son reflet dans le miroir ? Je pense tout à coup au vieux Matisse pour la raison probablement qu’il me fait apercevoir un geste plus visible que tous les gestes d’écriture. Matisse, dans les dernières années de sa vie, gouachait de grandes feuilles de papier pour en faire des espaces monochromes, en fait des blocs d’espaces comme on pourrait parler de volumes d’air. Puis il prenait une paire de cisaux et, a-t-il raconté à André Verdet : "Vous ne pouvez vous figurer à quel point la sensation du vol qui se dégage en moi m’aide à mieux ajuster ma main quand elle conduit le trajet des ciseaux..."

Cette confidence m’obsède depuis des années qu’elle me donne à voir la vieille main libérée de toute pesanteur et découpant l’espace à la manière de l’aile d’un oiseau. Aucun doute, la main s’est bien envolée pour tracer par exemple les contours d’un nu bleu et en sculpter le volume dans le bloc d’air... Et pourtant le voici à présent au mur - comme n’importe quelle image peinte, au mur et tout empaillé de papier... Il arrive néanmoins que la vibration revienne révéler la vraie nature en faisant trembler l’air bleu, mais le plus souvent rien ne bouge.

Dès que la main a perdu ses ailes, c’est comme si elle n’avait jamais volé, sinon le temps d’une illusion.

Bernard Noël, L’Acte de poésie ©POL, 1998
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Message  Rêvelin Lun 21 Fév 2011 - 9:48

« On n’est pas forcément poète pour en faire profession ou pour écrire des vers ou publier des recueils : il y faut une distance de chance que peut saisir, à l’inverse, quelqu’un d’éloigné de se croire ou vouloir tel – un peintre par exemple (Dotremont, Klee, Arp, Kandinsky [Klänge], Rouault) ou bien écrivain réputé d’autre genre, philosophe (Bataille, J. Wahl), romancier, controuvant de la sorte l’ancienne séparation des genres. Tout individu peut aligner des expressions étagées, tout poète obtenir un résultat (poème) anecdotique réussi, peu parviendront à la généralisation qui fera d’un texte la somme exemplaire d’une sensation, cet objet inexprimé dont on dit justement (Pessoa) qu’il est intraduisible dans les paroles autant que dans une autre langue. Un dit universel dans un rythme particulier. »
Jude Stefan, « sur le vers beckettien », in Objet, Beckett, catalogue de l’exposition Beckett au Centre Georges Pompidou, 2007, p. 51
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Message  Rêvelin Lun 21 Fév 2011 - 9:49

Écriture et voix



Je ne sais pas d’où vient ma voix : elle colle aux mots comme elle peut. Pourtant, j’ai entendu le poème en l’écrivant ; ce n’était pas visuel, c’était d’abord sonore. Le regard pouvait très bien se fixer ou errer sur un coin de table ou de fenêtre ; d’un coup les mots ont rompu cela et occupé tout l’espace mental. D’où venaient-ils ? Je n’en sais rien. À chaque fois, je ne sais rien.



Ils sont venus. Assez pour que je puisse continuer de creuser sur leur lancée ; toujours sans bien comprendre, mais en sachant qu’il fallait continuer. À force, j’ai commencé à voir ce qu’ils disaient, mais dès lors, ça a commencé à freiner. J’ai continué jusqu’à presque plus rien. J’ai continué jusqu’au bout, sur l’erre. Là, en fin de course, un moment, j’ai vu d’où venait le poème mais tout était figé, fixe, fini. J’ai eu froid, je me suis senti seul, peu de temps, mais très seul. Ensuite, je n’ai plus vu la page, ça s’est refixé sur la table, la fenêtre, le pot de fleurs... il était tard.



Le lendemain, j’ai relu les pages. J’ai entendu comme un son faible et il y a eu de nouveau comme un léger décrochement de voix. J’ai commencé à travailler, déblayer, très lentement, comme pour désencombrer la voix qui s’était chargée jusqu’à cesser. Des jours, à écouter, revoir, relire. Il s’agissait comme de fouiller doucement, longtemps. En bout de course, il devait y avoir un poème qui me prenait la voix et ne me laissait plus que l’effort (parfois écœurant) d’émettre.

Une chose est sûre : un jour ou l'autre, on perd définitivement la parole. En ce sens le poème est une entreprise désespérée, une sorte de voix de haute-contre, une voix de tête, qui assume déjà la perte de l’organe vivant.





Antoine Emaz, Lichen, encore, éditions Rehaut, 2009, p. 29-30.
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Message  Rêvelin Lun 21 Fév 2011 - 9:52

Il y a dans la poésie, pas nécessairement chez les grands poètes, pourvu que le ton soit juste, des moments qui sont comme le bruit du torrent ou le rire d'Aglaé, des ouvertures ou des entrebâillements sur un espace autre, qui ne serait pas un autre monde, mais notre monde compris autrement. Ce qui rejoint la méditation de Musil sur ce qu'il appelle l'autre état, " der andere Zustand ", qu'il rapproche plutôt de l'état mystique, mais qui est aussi un état poétique : un état dans lequel notre perception du monde est modifiée. Modifiée, naturellement, dans un sens qui le rend plus habitable. C'est aussi ce que Rilke appelle " l'Ouvert ", où les poètes, les anges, les bêtes aussi à leur manière, circulent sans difficulté parce qu'il n'y a plus d'obstacle, que la respiration est possible. Et je crois que toutes les oeuvres poétiques véritables, et plus nettement encore les oeuvres musicales, nous conduisent plus ou moins près de ce seuil.
Extrait d'un entretien de Philippe Jaccottet avec Monique Pétillon, paru dans le Monde des Livres, le 15 juillet 1994.

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Message  Arielle Mar 22 Fév 2011 - 9:53

Merci Rêvelin pour ces extraits que je lis avec intérêt et dans lesquels je me retrouve souvent, particulièrement dans cette vision de Jaccottet dont la sensibilité me touche de très près et qui est un de mes poètes préférés.

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Message  Lizzie Mar 22 Fév 2011 - 12:31

Merci, oui, c'est passionnant. Je découvre...

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Message  Rêvelin Mar 22 Fév 2011 - 12:54

Il faut surtout remercier Poezibao pour l'essentiel ^^
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Message  Lyra will Mar 22 Fév 2011 - 21:20

J'aime bien le "la poésie m'emmerde" je me souviens que Tristan l'avait posté je ne sais plus où!
Je crois que c'est aussi valable pour l'art en général d'ailleurs
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Message  Rêvelin Mer 23 Fév 2011 - 14:38



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Message  Rêvelin Ven 4 Mar 2011 - 10:19

Spoiler:

à découvrir aussi sur France culture
Pierre Maubé est un grand passeur, une figure incontournable de la poésie (sur internet en particulier) d'aujourd'hui
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Message  grieg Sam 12 Mar 2011 - 19:14

écrire c'est comme se raser. On saigne plus qu'on ne souffrre.

c'est de pete dexter

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Message  Rêvelin Dim 24 Avr 2011 - 7:08

Un peu particulier cette fois puisqu'il s'agit du journal d'Albane Gellé tenu lors d'une de ses résidences pour écrire Quelques
Cela vient de remue.net

Spoiler:
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Message  Rêvelin Sam 21 Mai 2011 - 8:10

J’essaie de remonter une trace
dans une langue qu’on ne parle plus,
où ma voix depuis l’enfance
s’est perdue.

Alain Veinstein, Voix seule, Seuil, 2011, p. 66
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Message  Rêvelin Mar 14 Juin 2011 - 13:06

La poésie est une machine à hacher par-dedans les labyrinthes et les distances. Et les mots qui la composent - des signes de reconnaissance pour ceux qui cherchent à voir en deçà de l’ordre des choses. Autrement dit, la poésie ressemble à un énorme haut-parleur qui fait ressortir, des couches fossiles de l’âme humaine, l’énergie intarissable de la tornade du premier battement de cœur. Aussi une guérilla poétique, fondée sur le talent, l’enthousiasme et la force des poètes francophones, peut-elle toujours lutter contre la réalité en détresse du monde moderne, afin d’anéantir le culte du banal, l’écriture à profil people, les préjugés, l’immobilisme et les lieux communs. Mais pour que la poésie se change en machine de guerre, il faut que sa descente dans le quotidien soit frappante, il faut qu’elle décoiffe ! J’ai toujours cru qu’un véritable commando poétique a le courage et la vigueur nécessaire pour donner un nouveau visage à la littérature, pour remuer la vie de l’intérieur et pour dévoiler un monde où l’on peut vivre sans devoir enfiler tous les jours une chemise de kevlar.

Linda Maria Baros
http://www.lindamariabaros.fr/poemes_de_Linda_Maria_Baros.html
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Message  Rêvelin Mer 15 Juin 2011 - 13:28

Albane Gellé, Ecrire, Pourquoi ?

« Enfant, si je n’avais pas écrit, les mots auraient fait peut-être une boule à l’intérieur. Une boule d’informulés. C’est contre la parole que j’ai d’abord écrit. Contre la parole vidée, faussée, inhabitée, assénée autour de moi. Et puis contre mon silence aussi : écrire, un bras de fer entre lui et moi. Ecrire, un lieu refuge, dans lequel j’étais en sécurité, libre d’y inventer ma langue, libre d’y poser –porter – mes silences.

Aujourd’hui c’est différent bien sûr. Non seulement je n’écris plus en cachette, mais je publie ce que j’écris : pour ne pas rester encombrer dans mes chantiers, pour continuer d’avancer.

J’écris parce que ma langue de parvient à ce faire que dans ce cheminement-là, avec mes libertés d’attention au monde, avec les heurts les mouvements les étonnements que dehors provoque au-dedans. Avec la solitude pour rejoindre mes brouillons, le silence de cette solitude, et le travail en creux qui cherche les formes justes pour un poème par exemple. Avec, une fois le texte « achevé », de nouvelles permissions et d’autres possibles.

La matière-langue a besoin de tellement de temps pour trouver ses situations et ses formes d’existence. Les trains les avions les décisions des hommes, les vies vont vite et écrire me pose, là, sans mensonge. Ecrire prendre le temps d’accueillir mes opacités aussi bien que mes clartés. Sans tri anticipé.

J’écris pour accueillir, et j’écris pour donner – parce que je sais bien comment lire nourrit, transforme, construit. J’écris pour faire apparaître, rendre visible ce que j’ignore du monde et de moi-même. Pour que ma manière de dire le monde finisse par retourner au monde.

Parce que mes mots que je parle sont comme mille poulets voulant sortir en même temps par une toute petite porte. Il y en a qui s’écrasent les uns contre les autres, d’autres qui se retrouvent dehors d’un seul coup, isolés, surpris, d’autres qui restent bêtement coincés en paquets, ne sachant plus où est la sortie, ni pourquoi ils voulaient sortir.

Ecrivant, j’ai le temps de recevoir ce désordre, sans paniquer, ce désordre. Ils sont longs les fils à l’intérieur, et pas toujours démêlés. Pourtant, même s’il fait noir devant et que je n’y vois goutte, j’y vais, j’écris, je marche, avec une certaine confiance oui. Personne n’est en face de moi pour exiger une cohérence immédiate, il n’y a donc pas d’urgence à produire du sens. Ouf. »



(vous dites si vous en avez marre ^^)
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Message  Yfig Mer 15 Juin 2011 - 13:34

J'ai ceci (hi hi hi) dans mes archives :

Voltaire Correspondances choisies – Livre de poche 1990
p. 92 lettre à Louis Racine 14 mai 1736
Extrait …..

Je ne sais pas si quelque abbé Pellegrin ou quelque misérable puriste s'est donné l'attention ridicule de rechercher s'il y avait là un i grec; ce que je sais, c'est que le vers et non la rime est très répréhensible. Le feu du cœur"d'un amant comparé à l'embrasement de Troie est un concetto digne du Marino. Il eût mieux valu faire rimer hallebarde avec miséricorde.
Vous m'allez répondre qu'il faut penser juste et rimer de même et que c'est ainsi que vous et votre illustre père en usez presque toujours. Illa debuit facere et ista non omittere, et je vous répondrai toujours qu'il faut rimer uniquement pour les oreilles, et que si on rimait pour les yeux paon oiseau rimerait avec mouton.
Pauvres barbares que nous sommes qui du mot augustus avons fait le mois d'août, qu'on prononce ou, à quoi le ferons ¬nous rimer?
Il y en a cent autres exemples.
C'est cette malheureuse contrainte qui fait dire à toute l'Europe que nous n'avons point de poètes, car le langage du théâtre où les Français ont excellé n'est point la véritable poésie, et les épîtres de Despréaux sont de la raison rimée sans imagination et sans beaucoup d'esprit et de grâces.
Quelle profusion d'images chez les Anglais et chez les Italiens! Mais ils sont libres, ils font de leur langue tout ce qu’ils veulent.

Illa debuit facere, facere et ista non omittere

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Message  Rêvelin Ven 1 Juil 2011 - 7:28

Je me demandais, en passant, si certains d'entre vous représentaient, composaient vos récits autrement que par des notes manuscrites ou tapuscrites à travers des tableaux, des schémas, des cercles, des figures, etc, bref toute autre représentation qu'une représentation linéaire ?
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Message  Artnow Lun 4 Juil 2011 - 19:34

J'ai déjà intégré à plusieurs reprises dans mes écrits différentes formes graphiques, typographiques, ponctuelles ou dominantes, dont celles citées (toutes) et d'autres caractères.

Dans mon approche (globalement), la part « image » et visuelle est prépondérante, que ce soit dans l'écriture et sa visualisation (phase d'écriture) que dans la structure de l'écriture / l'apparence d'un texte / la mise en page.

Tout se lie et tout a son importance dans ce qui se transmet à la lecture.
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Message  Romane Mar 9 Aoû 2011 - 14:56

Un cours a été consacré à Valère Novarina, au Collège de France, l'an dernier. Malheureusement le podcast n'est plus visible, il fallait l'avoir enregistré dans les temps. Il me sera donc impossible de mentionner ici textuellement les propos, mais je peux en donner le sens, auquel personnellement j'adhère à mille pour cent :

La pensée, ce formidable mouvement incessant (aussi fugace que l'instant de "l'ici et maintenant") ne saurait être fidèlement traduite pour la simple raison que les mots, une fois posés sur le papier, ne sont plus qu'une somme de blocs inertes pendant que la pensée continue à galoper sans jamais se laisser capturer.

Le mot "enficelle" (ici un petit écart de langage, le verbe n'existe pas je l'invente) et par là même réduit, étouffe, souvent trahit la pureté de la source-pensée.

J'ai trouvé son propos tout à fait pertinent. Il faudra donc composer avec cette souffrance de l'impossible, et s'arranger pour inventer le bonheur d'écrire.

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Message  Artnow Mer 10 Aoû 2011 - 9:18

Très intéressant :

« La pensée, ce formidable mouvement incessant (aussi fugace que l'instant de "l'ici et maintenant") ne saurait être fidèlement traduite pour la simple raison que les mots, une fois posés sur le papier, ne sont plus qu'une somme de blocs inertes pendant que la pensée continue à galoper sans jamais se laisser capturer. »

Il est dans mes principales raisons d'écrire (et aussi de me rapprocher des autres / partager sur une même chose) de parvenir à saisir cette insaisissable : la pensée; afin de mieux la comprendre, l'appréhender, son fonctionnement, son cheminement, et de la matérialiser. Sans cet aspect je ne suis pas certain que j'écrirai parce que ça ne m'intéresserait sans doute pas assez pour y consacrer un peu de temps.

Capturer sa / ses pensées est possible mais cela nécessite sans doute une connaissance / compréhension assez approfondie de soi / de son fonctionnement, et des conditions d'écriture particulières pour la concentration, le calme, sans quoi il n'est pas possible d'être en prise avec sa / ses pensées.

J'écris tjr en immersion, et en l'absence totale de perturbations extérieures, le + souvent (« originalement ») avec un casque antibruit (bien qu'à la campagne) parce qu'une micro chose me déconcentre et tjr d'un trait. Si la structure du texte n'est pas finie dans ce trait, en général c'est poubelle parce que la reprise ne donne jamais rien de valable, les conditions d'écriture, les pensées du moment ayant changé.
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Message  Rêvelin Dim 9 Oct 2011 - 12:57

vous devez baiser le maximum de femmes
de belles femmes et écrire
le minimum de poèmes d’amour courtois.

et ne vous préoccupez pas de leur âge
et/ou des questions de talents.

simplement buvez de la bière
de plus en plus

et allez aux courses au moins une fois
par semaine

et gagnez
si possible

apprendre à gagner n’est pas à la portée
de tous-n’importe quel plouc
peut devenir un excellent perdant.

et n’oubliez pas ce cher Brahms
et ce cher Bach et cette chère
bière

mais pas de forcing

dormez jusqu’à midi

évitez les cartes de crédits
et aussi de payer
cash.

rappelez-vous qu’il n’y a pas un cul
dans ce vaste monde qui ne vaille plus
de 50$ (en 1977).

et si vous avez envie d’aimer
aimez-vous d’abord
mais en gardant
toujours à l’esprit la possibilité
d’une défaite complète
quelle qu’en soit la raison
fondée ou non-
un avant-goût de la mort n’est pas
nécessairement une mauvaise chose.

ne mettez pas les pieds dans les églises
les bars et les musées et telle l’araignée
soyez patients-

le temps est notre croix à tous
avec
l’exil
la défaite
la trahison

toutes ces saletés.

restez en tête à tête avec la bière.

chaque bière est comme du sang nouveau.

comme une maîtresse éternelle.

prenez une grosse machine à écrire
et comme si vous ne faisiez que
marcher et remarcher

attaquez-la
attaquez-la durement

comme si vous disputiez un combat de
poids lourds

comme le taureau quand il charge

et rappelez-vous les vieux chiens
qui se battirent si bien :
Hemingway, Céline, Dostoïevski, Hamsun.

et si vous croyez qu’ils ne sont pas
devenus fous
dans leur trou
comme vous êtes en train de le devenir

sans femmes
sans nourriture
sans espoir

alors vous n’ êtes pas encore mûr.

buvez encore plus de bière.
vous avez le temps.
et si ce n’est pas le cas
ce serait tout aussi
bien.

***

Charles Bukowski (1920-1994) – L’amour est un chien de l’enfer (Love is a Dog from Hell, 1977)
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Message  Arielle Sam 19 Jan 2013 - 16:50

Antoine EMAZ sur POEZIBAO le mercredi 09 janvier 2013 :

"Il faudrait peut-être distinguer entre s’exprimer et s’adresser. Le premier jet est expression pure, suée de vivre en mots. Du vécu sans mots se dit, tente de se dire, émerge ou fait éruption ou passe en langue, en matière langue, bloc ou flux de langue, c’est selon.
A ce stade, je suis passé d’un vécu muet, non pas sans puissance ni violence ni tension, à un texte. Images, sensations, sentiments, émotions ont fait pression sur la langue, l’ont déformée, l’ont reformée, l’ont bougée, malaxée, triturée… pour finir masse de mots sur la page. Je me suis exprimé, avec ou sans rage, mais je n’ai pas écrit un poème.
Reste à passer du texte au poème, c’est-à-dire un texte adressé, intégrant l’autre, le lecteur, et non plus seulement un texte qui n’est que démêlage grossier du méli-mélo entre moi et moi. A ce stade interviennent donc d’autres critères, même si le travail reste intuitif, instinctif. Je vise un poème, donc un objet de langue lisible par autrui et destiné à faire naître pour lui une émotion analogue, non pas identique, à celle qui m’a ébranlé au départ.
En fait, je menuise pour l’autre, à destination de l’autre, que je ne connais pas. Je vise une réception par le dehors. Aller au poème, c’est accepter d’intégrer dans le processus de création cette part de l’autre, cette question de la réception.
Il ne s’agit pas d’écrire pour l’autre, mais de tenir compte de l’autre. D’où la distance critique durant tout le temps de la menuiserie : je relis et corrige avec un double regard d’auteur-lecteur ; il s’agit d’être à la fois dedans et dehors, le plus familier et le plus étranger.
S’il y a bien travail esthétique, c’est parce qu’il s’agit de passer d’une expression pour soi seul à un partage. Et quelle que soit son apparence finale, même hirsute, épineuse, rebelle, mal dégrossie… le poème s’adresse, invite, appelle. Le lecteur reste bien sûr libre de répondre ou pas, de faire ou non ce bout de chemin de mots, mais je peux dire que j’ai fait mon travail."

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Message  Arielle Lun 21 Jan 2013 - 17:09

Antoine Emaz suite de son feuilleton (extraits) sur Poeziebao:
(J'aime ce regard, cet humour léger qu'il porte sur la poésie dans l'écriture et dans la vie)

11 01 13
"Un énoncé simple est un énoncé qui se dissout en tant qu’énoncé ; il ne reste dans la tête du lecteur que le sens. Un énoncé complexe résiste à cette dissolution, de par sa forme anormale, ou de par sa difficile réduction immédiate à un seul sens clair reçu pleinement, 5/5.
Si cette distinction vaut quelque chose, le poème est à l’évidence un énoncé complexe, tant parce qu’il résiste dans son travail de langue, que parce qu’il n’est jamais reçu 5/5, mais toujours en-deçà ou au-delà. Par exemple 3/5 ou 8/5.
Dans une réception 3/5 on a compris un sens clair mais on sent qu’il reste des marges d’ombre, qu’il faut relire, que l’on n’a pas épuisé l’énoncé.
Dans une réception 8/5, on saisit plusieurs sens clairs possibles à la fois ; on est dans le trop, sans avoir pour autant envie de trancher pour raser, ratiboiser ; on laisse flotter.
Il existe un dernier cas de figure, l’énoncé laisse perplexe. Le poème est sur la page mais ne lève aucun sens ; il reste dans son altérité de langue. Diamant ou scorie, c’est selon."

16 01 13
"J’aime bien chez Sarré le côté Jules Renard : butiner le quotidien. Ne pas chercher l’admirable mais le notable, telle cette femme qui sort de l’immeuble avec son cabas de poireaux alors qu’il aurait été plus normal qu’elle rentre dans l’immeuble, après le marché. Ce n’est pas le mystère de la chambre jaune, cette dame va peut-être livrer des poireaux chez une amie qui n’a pu aller au marché. Mais j’aime cet éveil du regard. La poésie comme étonnement, et les plus fréquentes surprises, au quotidien, sont minimes. Viser le relief du banal."

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Message  Arielle Mer 13 Fév 2013 - 18:29

J'insiste :

"Un poème est affaire de percussion, de frappe de langue. Un maximum de précision sans douceur ni dentelle. Il faut arriver à une intensité juste, et c’est une question de tension de la peau du tambour, mais aussi d’inspiration du batteur. Car avoir une bonne technique est nécessaire mais insuffisant.
Chaque poème devrait être une forme de dépassement. Le lecteur le saisira plus ou moins, mais le poète, lui, sait très bien quand il a été au bout de lui-même. Il faudrait ne conserver que ces poèmes-là. Et c’est bien pour ça que la poubelle déborde, ou que l’on n’écrit pas."
....................................................................................................................................................Antoine Emaz

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