Prince téméraire

Ceci est le début d'une histoire pour enfants (CM) que j'ai écrite l'an dernier. Je dois la retravailler et j'accepte toutes les critiques.
Cette histoire comporte plusieurs chapitres.



Prince téméraire

C'était une bien curieuse montagne, elle semblait inaccessible...d'ailleurs, de mémoire d'homme dans le village, personne n'avait jamais osé s'aventurer au delà de la forêt de sapins qui formait une barrière naturelle et sombre, barrière qui marquait l'entrée d'un territoire maudit. Pourtant, un chemin escarpé semblait attendre les pas qui oseraient affronter les ronces, repousser la végétation serrée, atteindre les cimes, et enfin comprendre le mystère du lieu.
De la vallée on apercevait des pics blancs dressés, tels des lances ils transperçaient les nuages. On prétendait même qu'un château aurait été creusé dans la roche, que ses salles seraient d'anciens habitats troglodytes et que les pics que l'on voyait du village seraient en fait des tours.

Loin de là, dans une maison isolée, vivait un jeune homme qui, depuis sa naissance avait connu misère et privations, il ne rêvait que de s'affranchir de la pauvreté et résolut donc de s'en aller chercher fortune de par le monde.
Rien ne l'aurait détourné de son projet hasardeux, ni le regard de son père, ni l'amour de sa mère. Sa décision était prise ; il ignorera les dangers, il les affrontera au moment voulu, d’ailleurs à l'heure du départ et des adieux il ne voulait même pas y penser.

Au revoir chers parents, fort de votre amour je pars à la découverte d’une vie moins misérable et je vous reviendrai riche. Avec vous et nos amis je partagerai ma fortune...gardez confiance ; je vous aime !

Il marcha par monts et par vaux, rien ne l'arrêtait. Un jour, il s'engagea dans un sentier envahi par les ronces, il gravit un sentier escarpé, il finit son ascension par de l'escalade et se retrouva enfin au sommet. Au bout de ses efforts ? Pas encore ; devant lui se trouvait l'entrée d'une demeure impressionnante, insoupçonnable depuis la vallée.

Un château, ici ?

Il souleva un anneau de métal qui résonna lourdement contre le portail. Il attendit...enfin un vieillard apparut, l'homme était aveugle et portait accroché à sa ceinture un trousseau de clefs.
- Voilà une personne bien courageuse de s'être aventurée jusqu'ici ! Mon serviteur, qui t'a observé par le judas, m'a dit que tu es bien jeune et que tu te présentes sans armes. Pourquoi viens-tu troubler ma solitude ?, Que veux-tu de moi ?
- Un gîte et un couvert, je suis épuisé d'avoir tant marché depuis des jours ! En échange de votre hospitalité je vous servirai tel un employé et je vous en serai reconnaissant tel un fils.
- Vois-tu, déclara le vieil homme après avoir réfléchi, je pourrais bien te prendre pour fils, mais il faudrait que tu t’allonges au sol et que tu supportes les trois coups de bâton que je dois t’administrer, alors seulement je croirai à ton dévouement, et j’accepterai les services que tu me proposes, et dont j'ai grand besoin. L'épreuve passée je t'ouvrirai ma demeure, mais sache que si je peux te donner trois coups pour t’accueillir, ma vengeance est terrible en cas de trahison.
- Donnez m'en dix si vous voulez, et vous pourrez me prendre pour fils, répondit le jeune homme.

Non, il n'avait aucunement le désir d'endurer la souffrance, il n’était ni maso ni insensible...malicieux tout au plus ; il avait remarqué des sacs bourrés de paille, il s'empara donc d'un sac, le mit devant les pieds du vieil homme et attendit debout, bras croisés, à un pas du ballot.
- Voilà ! dit-il, alors qu’il se tenait les bras croisés sur la poitrine, à quelques pas du vieil homme.
- Es-tu vraiment prêt ? interrogea l'aveugle.
- Oui, répliqua le jeune homme, frappez juste devant vous !
Le vieil homme leva son bâton et le laissa retomber sur le sac-victime, le choc fut vigoureux, et un cri de douleur retentit qui masqua la mollesse de l’impact.
- Aïe !
Même geste violent répété ; double cri.
-Aïe, Aïe !
Encore une fois ; triple cri.
- Aïe, Aïe, Aïe, vous allez me tuer, ne frappez pas si fort ! Stop ! Trois coups c'est bon, on en reste là.

Sur ces paroles, le jeune homme envoya le sac de paille rouler au loin d'un coup de pied et prestement se figea devant le vieil homme. Celui-ci le prit alors par les épaules, tâta son dos comme s'il voulait vérifier que les coups n'avaient occasionné aucune fracture, puis il le serra dans ses bras. Ensuite il lui confia son trousseau dont il ôta deux clefs.
- Les deux dernières me sont réservées. Après le repas, tu pourras commencer à explorer les salles dont je t’ai confié les clefs... Fais comme chez toi, tu as de quoi t'occuper et t'émerveiller mon fils !
.

Voici deux défauts qui m'ont sauté aux yeux :
*concordance des temps dans la phrase "sa décision était prise :il affrontera....il ignorera...puis retour au passé avec :il ne voulait .

*problème d'homogénéité dans le registre de langue, que tu as choisi assez soutenu pour coller au style "conte initiatique", enfin j'imagine .Or ,voisinent des propositions telles que "masqua la mollesse de l'impact" et "trois coups c'est bon, on en reste là" .à mon avis c'est bancal .

Une autre remarque, je sais que c'est le début, mais on dirait presque un pastiche de conte, et on espère qu'il va se passer quelque chose au niveau originalité : sinon, quel intérêt?
Voilà, je suis sans doute un peu abrupte , mais vraiment, pour les enfants , il faut surtout pas tricher. .

Je ne veux pas dire que tu "triches" avec ce texte, c'est pour souligner que le public "jeune" est sans aucune indulgence .

Oui, le conditionnel je l'avais mis et je ne sais pourquoi je l'ai remplacé par le futur au dernier moment.
Je reverrai le passage des coups de bâton, si la situation et le changement de registre ne collent pas.
Je mettrai parfois le personnage dans des situations embarrassantes et cela pourra surprendre, je ne veux pas en faire un prince trop lisse...de nombreux contes ont déjà été écrits.
Je me pencherai sur ce texte lundi.
Merci pour vos premières impressions Polixène.

Carmen P. a écrit:C'était une bien curieuse montagne, elle semblait inaccessible...d'ailleurs, de mémoire d'homme dans le village, personne n'avait jamais osé s'aventurer au delà de la forêt de sapins qui formait une barrière naturelle et sombre, barrière qui marquait l'entrée d'un territoire maudit. Pourtant, un chemin escarpé semblait attendre les pas qui oseraient affronter les ronces, repousser la végétation serrée, atteindre les cimes, et enfin comprendre le mystère du lieu.
De la vallée on apercevait des pics blancs dressés, tels des lances ils transperçaient les nuages. On prétendait même qu'un château aurait été creusé dans la roche, que ses salles seraient d'anciens habitats troglodytes et que les pics que l'on voyait du village seraient en fait des tours.

Avec ce "c'était une bien curieuse..." j'ai l'impresion d'un début tronqué, un manque de "décor de situation". Je verrais : le village, entouré d'une épaisse forêt, dominé par une étrange montagne que, de mémoire d'homme nul n'avait jamais escaladée. Et ce chemin, d'où part-il ? Du village ou bien se devine-t-il seulement au flanc de la montagne ?

des pics blancs dressés, telles des lances...

habitats troglodytes : => habitats troglodytiques le troglodyte est l'habitant de l'habitat troglodytique.

Loin de là, dans une maison isolée, vivait un jeune homme qui, depuis sa naissance avait connu misère et privations, il ne rêvait que de s'affranchir de la pauvreté et résolut donc de s'en aller chercher fortune de par le monde.
Rien ne l'aurait détourné de son projet hasardeux, ni le regard de son père, ni l'amour de sa mère. Sa décision était prise ; il ignorera les dangers, il les affrontera au moment voulu, d’ailleurs à l'heure du départ et des adieux il ne voulait même pas y penser.

Loin de là ? Cela veut-il dire dans un autre village éloigné, ou bien une maison isolée du village en question ? Ceci pour la cohérence de : Il marcha par monts et par vaux,. Un habitant du village n'aurait que la forêt à traverser. D'un autre village, il serait peut-être utile de mieux le préciser.

Un jour, il s'engagea dans un sentier envahi par les ronces, il gravit un sentier escarpé, il finit son ascension par de l'escalade et se retrouva enfin au sommet.

il s'agit forcément du chemin décrit dès le début. Je crois qu'il est inutile de répéter sa description et qu'il serait mieux de mettre l'accent, de "montrer", faire "ressentir", les efforts, la souffrance, les difficultés rencontrés par le jeune homme à le gravir, une progression dans les difficultés.

Au bout de ses efforts ? Pas encore ; devant lui se trouvait l'entrée d'une demeure impressionnante, insoupçonnable depuis la vallée.

Pourquoi pas encore au bout de ses efforts ? Il est au bout de ses efforts puisque son ascension est terminée, même s'il se trouve dans une sorte d'impasse, face à l'entrée de la demeure. Rien ne prédit à ce moment-là qu'il doit fournir un effort pour franchir cette porte. en fait il lui suffit d'y frapper.

voilà pour le moment... je ne sais si continuer.

Je ne sais si ce conte est destiné à être transmis "oralement" ou bien offert à la lecture. Mais je crois qu'il est bon de mettre l'accent sur le "visuel".
.

Je crois que je me suis mal expliquée à propos de l'origine du jeune homme. Qu'il vienne de ce village ou d'un autre n'a, dans le fond, que peu d'importance. Mais cela peut, à mon avis, être important quant à la "construction" du conte.

S'il vient d'un autre village, je crois que le conte devrait commencer par lui : un jeune homme pauvre dans un village perdu, désirant échapper à sa condition et qui prend la route. Et après avoir marché par monts et par vaux, arrive sur cette montagne.

Et c'est à ce moment-là que serait mis l'accent sur l'étrangeté de cette montagne, son aspect inaccessible, cette notion de "terrtoire maudit" etc.

Mais bon... c'est mon approche, elle vaut ce qu'elle vaut.

Désolé, pour moi, ça ne fonctionne pas vraiment.

C'est un conte "comme autrefois", mais les enfants ont changé : déjà, il y a un certain vocabulaire ou des tournures anciennes, comme "troglodyte", ou "fort de votre amour", par exemple, que les gamins ne vont pas piger. En plus, ce registre contrastre trop avec un autre registre oral voire familieur présent dans le texte.

Ensuite, il manque une accroche pour les gosses. Le début par exemple, trop "il était une fois". Il vaut mieux chercher l'interaction avec le lecteur-auditeur pour rendre le récit plus vivant.

J'ai apporté des modifications, notamment au niveau du registre employé au moment des dialogues (je pensais donner un ton plus actuel, je me suis trompée)
J'explique aussi l'attitude du vieil homme, car elle pouvait surprendre.
Je vous remercie pour vos lectures, mais je ne pense pas envoyer la suite. Forte de vos conseils, j'affinerai seule le reste de l'histoire puis je la testerai auprès d' enfants.

Prince téméraire

C'était une bien curieuse montagne, elle semblait inaccessible... de mémoire d'homme dans le village, personne n'avait jamais osé s'aventurer au delà de la forêt de sapins qui formait une barrière naturelle et sombre.
Les conifères marquaient l'entrée d'un territoire hostile.
Un chemin escarpé partait du village, mais nul ne l'empruntait, aucun pas n'osait affronter les ronces, repousser la végétation serrée pour atteindre les cimes et enfin comprendre le mystère du lieu.
De la vallée, on apercevait des pics blancs dressés, telles des lances ils transperçaient les nuages. On prétendait qu'un château aurait été creusé dans la roche, que ses salles seraient d'anciens habitats troglodytiques et les pics que l'on aperçcevait du village n'étaient autre que les tours du château.

Loin de là, dans une région voisine, vivait un jeune homme qui depuis sa naissance avait connu misère et privations. Il ne rêvait que de s'affranchir de la pauvreté et résolut donc de quitter la maison familiale pour s'en aller chercher fortune de par le monde.
Rien ne l'aurait détourné de son projet hasardeux, ni le regard de son père, ni l'amour de sa mère. Sa décision était prise, il ignorerait les dangers, il les affronterait au moment voulu, d’ailleurs à l'heure du départ et des adieux il ne voulait même pas y penser.

"Au revoir chers parents, fort de votre amour je pars à la découverte d’une vie moins misérable et je vous reviendrai riche. Avec vous et nos amis je partagerai ma fortune...gardez confiance ; je vous aime !"

Il marcha par monts et par vaux, rien ne l'arrêtait. Un jour, il arriva au village, derrière la chapelle il découvrit un chemin qui l'intrigua, il s'y engagea bien que le passage ait été envahi par les ronces, il lui fallut gravir un sentier escarpé, une ascension qu'il poursuivit bientôt à quatre pattes, et qui se transforma en escalade de roches à mains nues...enfin il se retrouva au sommet où il crut pouvoir jauger le chemin parcouru et admirer le paysage en contre-bas, mais quelle ne fut pas sa surprise de découvrir qu'il était arrivé devant l'entrée d'une demeure impressionnante,qu'on ne pouvait soupçonner depuis la vallée.

"Un château, ici ?" pensa-t-il.

Il souleva un anneau de métal qui résonna lourdement contre le portail. Il attendit... un vieillard apparut, l'homme était aveugle et portait accroché à sa ceinture un trousseau de clefs.
- Voilà une personne bien courageuse de s'être aventurée jusqu'ici ! Mon serviteur qui t'a observé par le judas m'a dit que tu es bien jeune et que tu te présentes sans armes. Pourquoi viens-tu troubler ma solitude ? Qu'attends-tu de moi ?
- Un gîte et un couvert, je suis épuisé d'avoir tant marché depuis des jours ! En échange de votre hospitalité je vous servirai tel un serviteur et je vous en serai reconnaissant tel un fils.
- Vois-tu, déclara le vieil homme après avoir réfléchi, je pourrais bien te prendre pour fils, mais il faudrait que tu t’allonges au sol et que tu supportes les trois coups de bâton que je dois t’administrer, alors seulement je croirai à ton dévouement, et j’accepterai les services que tu me proposes et dont j'ai grand besoin. L'épreuve passée je t'ouvrirai ma demeure, mais sache que si je peux te donner trois coups pour t’accueillir, ma vengeance sera terrible en cas de trahison.
- Donnez m'en dix si vous voulez, et vous pourrez me prendre pour fils, répondit le jeune homme.

Non, il n'avait aucunement le désir d'endurer la souffrance, il n’était pas insensible...malicieux tout au plus. L'accueil lui paraissait étrange, mais n'aurait-il pas pu être pris pour un brigand et être reçu par une rafale de tir ?
Il avait remarqué que des sacs bourrés de paille étaient empilés près de la porte , il s'empara donc d'un sac, il le mit devant les pieds du vieil homme et attendit, debout, bras croisés,à un pas du ballot.

- Voilà ! dit-il
- Es-tu vraiment prêt ? interrogea l'aveugle.
- Oui, répliqua le jeune homme. Frappez juste devant vous !
Le vieil homme leva son bâton et le laissa retomber sur le sac, le choc fut vigoureux et le jeune homme feignit la douleur ; il poussa un cri.
- Aïe !
Même geste répété. Le vieil homme ne montrait aucune haine, il levait le bras sans chercher à blesser.
-Aïe, Aïe !
Le bâton se leva une troisième fois.
- Aïe, Aïe, Aïe, ne frappez plus ! Stop ! Nous avions convenu de trois coups ! dit le jeune homme qui trouvait que cette scène grotesque avait assez duré.
Sur ces paroles, le jeune homme envoya le sac de paille rouler au loin d'un coup de pied et, prestement, il se figea devant le vieil homme. Celui-ci le prit alors par les épaules, tâta son dos comme s'il voulait vérifier que les coups n'avaient occasionné aucune fracture, puis il le serra dans ses bras.

- Ce château est entouré de créatures maléfiques qui me retiennent prisonnier. Je craignais que tu sois des leurs, il fallait que je te mette à l'épreuve, si tu avais été un fils des fées tu aurais été trop fier pour t'abaisser devant moi et jamais tu n'aurais accepté de subir un geste agressif ; tu l'aurais contré par une quelconque parade magique.
Afin que tu me pardonnes le traitement inhumain que je t'ai fait subir, je te confie mon trousseau de clefs. Après le repas, tu pourras commencer à explorer les salles dont je t’ai confié les clefs... Fais comme chez toi, tu as de quoi t'occuper et t'émerveiller mon fils ! dit le vieil homme en souriant.

derrière la chapelle il découvrit un chemin qui l'intrigua,

Ce qui répond à la question que je me posais en première lecture : pourquoi un jeune homme cherchant fortune s'aventurerait-il à escalader une montagne ?

L'ensemble est plus clair, coule, s'enchaîne mieux.
En effet, l'explication pour le comportement du vieil homme était utile. Et elle le rend même + sympathique.

Dommage pour la suite, lol... à moins que je m'inscrire en CM.

J'ai failli oublier :

Grand éclat de rire, là : reçu par une rafale de tir

Voilà qui sera parfaitement compris par les gosses, même s'ils ne connaissent pas troglodytique. Pas de scrupule : ce conte sera pour eux l'occasion de le découvrir. Y en aura forcément qui qui posera la question.

Bonne suite, Carmen P

Reginelle lorsque j'emploie un mot "compliqué" il peut être saisi par le contexte, ou expliqué par la phrase précédente (je dis que le château a été creusé dans la roche).
Je désire écrire pour les enfants, et je sais que ce genre de lecture peut ennuyer les adultes... je ne veux pas être démotivée.
Je travaille en poésie et en Arts Plastiques avec une classe de CM...je voulais juste gagner du temps en écoutant des conseils avisés d'adultes, car autour de moi je compte peu de lecteurs.
Vincent, les enfants ne sont pas arrêtés par les tournures anciennes, ils ne le sont pas non plus par les langues régionales. J'ai enseigné dans une école rurale au début de ma carrière. J'avais douloureusement conscience de ne pas parler le même langage que le plupart de mes élèves et de leurs parents, alors j'avais monté tout un projet : un conteur venait conter des histoires en gallo, je mettais ces histoires en scène avec mes élèves, et au final nous donnions un spectacle devant les familles. Par ce biais, les enfants qui parlaient "patois" sont entrés beaucoup plus facilement dans les apprentissages, et mon fils, qui était dans la classe, a ainsi appris à parler une deuxième langue originale...et je ne te dis pas la joie des parents, ils se sentaient reconnus...nous finissions par des chants et danses traditionnelles de Bretagne (La Boueze)

Carmen P. a écrit:Reginelle lorsque j'emploie un mot "compliqué" il peut être saisi par le contexte, ou expliqué par la phrase précédente (je dis que le château a été creusé dans la roche).
Je désire écrire pour les enfants, et je sais que ce genre de lecture peut ennuyer les adultes... je ne veux pas être démotivée.
Je travaille en poésie et en Arts Plastiques avec une classe de CM...je voulais juste gagner du temps en écoutant des conseils avisés d'adultes, car autour de moi je compte peu de lecteurs.

Nous sommes parfaitement en accord dans cette approche, Carmen P. Je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mon intervention.
J'ai toujours pensé que c'est très bien de faire découvrir des choses, de cette manière, à des gamins (bien moins fermés qu'on le croit très souvent)
Pas question non plus de te démotiver, ce serait dommage. Je ne me suis pas ennuyée, non plus, en te lisant, il faut dire aussi que j'aime les contes. Sinon, je serais passée sans rien dire.
Mais c'est vrai ausi que je suis frustrée de pas connaître la fin. fffff ! (lol)

Carmen P. a écrit:Je travaille en poésie et en Arts Plastiques avec une classe de CM...je voulais juste gagner du temps en écoutant des conseils avisés d'adultes, car autour de moi je compte peu de lecteurs.
Vincent, les enfants ne sont pas arrêtés par les tournures anciennes, ils ne le sont pas non plus par les langues régionales. J'ai enseigné dans une école rurale au début de ma carrière. J'avais douloureusement conscience de ne pas parler le même langage que le plupart de mes élèves et de leurs parents, alors j'avais monté tout un projet : un conteur venait conter des histoires en gallo, je mettais ces histoires en scène avec mes élèves, et au final nous donnions un spectacle devant les familles. Par ce biais, les enfants qui parlaient "patois" sont entrés beaucoup plus facilement dans les apprentissages, et mon fils, qui était dans la classe, a ainsi appris à parler une deuxième langue originale...et je ne te dis pas la joie des parents, ils se sentaient reconnus...nous finissions par des chants et danses traditionnelles de Bretagne (La Boueze)

Oui, je vois, et c'est vrai ce que tu dis (je peux dire "tu" ?). Désolé si mon post a pu paraître lapidaire. J'ai deux mômes de 3 et 7 ans, et tous les samedi nous allons à la bibliothèque voir des conteurs. Sinon, j'ai aussi l'habitude du conte pour enfants et adolescents, en racontant moi-même. Enfin, le décalage de langue entre profs et élèves, je connais bien parce que je pratique ça tous les jours en secondaire. Donc c'est un échange de points de vue qui peut être enrichissant, je pense.

Dans le conte pour enfants, comme pour n'importe quelle activité pour enfants d'ailleurs, ce qui est vraiment important est de susciter l'intérêt du môme, de se mettre à sa portée, de favoriser l'interaction et de relancer son attention constamment. Bref, tout dépend en réalité de la manière dont vous racontez ça, dont c'est amené. On est parfois étonné de la récéptivité des mômes par rapport à des narrations qui semblaient trop difficiles ou longues, et l'inverse aussi est vrai. Il ne s'agissait donc pas forcément du registre de langue, ce qui me faisait tiquer, mais aussi de l'absence de jeu entre narrateur et public, et d'une atmosphère qui me semblait plus ciblée sur des enfants d'autrefois que sur des mômes actuels. Mais après, il y a votre charisme, votre savoir-faire avec les enfants, le cadre du projet qui peut absolument tout changer. Je ne me souviens plus du nom de ce film où on voit un prof de ZEP étudier et mettre sur scène du Marivaux à ses élèves, avec un très bon résultat, comme quoi, tout est possible... Donc je vous souhaite bonne chance pour votre projet et insiste : au bout du compte (et du conte), ce sont les enfants qui jugeront, beaucoup mieux que nous.

Quand je serai satisfaite de l'histoire - et il y a du travail à faire ; la première partie envoyée l'atteste - je vous enverrai le conte dans sa totalité.
En fait, j'avais écrit cette histoire de château et de prince téméraire sur plusieurs jours, sans m'arrêter, sans me relire...j'étais surprise de voir comment l'histoire se déroulait sous ma plume, consternée aussi, qu'elle soit si longue. Je l'ai laissée dormir un an, mais il faut bien la reprendre, je ne l'ai pas écrite pour rien !
Il y a des zones d'ombre à clarifier, à développer (mais l'histoire va encore prendre de la longueur). J'ai mesuré le travail que représente la mise au point d'histoires pourtant beaucoup plus courtes...si je n'avais pas posté ce premier chapitre, je crois bien que je n'aurais jamais repris cette histoire ; maintenant je suis bien partie. Merci.

Bonsoir
C'est bien heureux que ces échanges t'aient donné envie de retravailler tout le conte, c'est sans doute plus facile car tu as déjà la structure d'ensemble ; j'ai cru au début que tu l'écrivais au fur et à mesure, raison pour laquelle je m'interrogeais sur la finalité du projet.
Par rapport au registre de langue, c'est un choix de départ qui t'appartient, et qui doit tenir de A à Z. Je ne suis pas persuadée, comme Vincent, que l'inter-activité soit nécessaire à l'écrit : un conte est fait pour être oralisé, c'est là que réside l'art de s'adapter à son auditoire, le captiver ou l'assommer...et je suis pour les mots "difficiles" , parce qu'ils font rêver!

En tous cas ta deuxième version du début est déjà plus fluide, ce serait dommage de ne pas persévérer...Il me reste à te dire bon courage , et à te lire.

Je n'ai lu que la seconde version et ce début d'histoire m'accroche beaucoup.
Je travaille moi aussi les histoires jeunesse et étudie donc les structures, les thématiques, les émotions suscitées utilisées dans cette littérature.

Or votre début de texte obéit selon moi brillamment aux règles de l'art du conte initiatique pour pré-adolescents :
- la montagne à gravir, le château à conquérir
- le héros qui prend son envol, fort de l'amour de ses parents (c'est parce que les parents sont d'accord et qu'il n'y a pas transgression d'interdit qu'il s'agit pour moi d'un conte pré-ado qui ne symbolise pas le passage à l'âge à l'adulte mais l'encouragement à l'enfant d'explorer le monde et de s'y "élever")
- le courage et la ténacité du héros qui choisit le chemin difficile et termine l'ascension à 4 pattes (j'adore ! et je suppose que les enfants aussi :-))
- la première épreuve : ouvrir une porte (toujours très symbolique et qui a fait ses preuves). Elle est fort bien menée pour deux raisons principales selon moi : le vieillard est un "gentil" juste un peu ambigu; or s'il avait véritablement battu le héros il aurait basculé du côté "méchant" ce qui aurait entaché le modèle à suivre qu'est le héros puisque celui-ci désire être le "fils" (donc avoir pour guide) le vieillard. Mieux, c'est justement le héros qui non seulement réussi l'épreuve mais empêche le vieillard d'être "méchant". Et avec de l'humour en plus !

En d'autres termes, les "ingrédients" du contexte (montagne, château, fées...) sont de ceux qui font rêver, le héros (assurance en lui, curiosité, courage, ténacité, intelligence, humour, serviabilité) est celui que beaucoup d'enfants voudraient être.
Comme de plus l'histoire est très bien racontée, si les 2 dernières épreuves - 2 si vous continuez en structure typique de conte, évidemment - sont du même acabit, je prévois un joli succès auprès de vos élèves.

Bravo et merci de cette lecture.

Bon euh d'accord les contes politiquement correct c'est sans doute chiant ! Pourtant je trouve important qu'ils véhiculent une certaine morale....

Alors bon en 2010, créer un héros dont le but dans la vie est de faire fortune (faire de la thune) sur ça va leur parler aux mômes.... mais moi ce genre de héros qui est près à ramper pour parvenir à ses fins, ça me pose sacrément problème... Pas le genre de modèle que j'ai envie d'exporter.
Ensuite un gars qui est si sur de lui en effet et si ambitieux que mentir et rouler les autres dans la farine ne le gêne en rien ...hum !
Il n'hésite pas à profiter du handicap d'un tiers hum hum...Quelle témérité!
Enfin l'histoire de renier ses parents dans l'idée qu'on va tirer profit de couper ses racines et devenir "fils de" !!!

Je ne vois pas de courage dans ce personnage, je vois de l'arrivisme forcené, et une absence totale de curiosité d'intêret et d'empathie pour le monde qui l'entoure et les personnages qu'il découvre
(si je voulais faire de l'humour et s'il n'était né à Neuilly , je l'appellerai bien Prince Sarko ce prince téméraire prêt à bouffer et à entuber le monde pour faire fortune )

Ceci dit on ne peut juger de la portée d'un conte juste sur un extrait et peut- être notre héros va t il rencontrer de vraies épreuves qu'il va affronter en cherchant à savoir qui se trouve en face de lui et non pas comment se défiler.

Si un conte est initiatique, il faut les prévenir les mômes ,que dans la vie les coups on se les prend pour de vrai d'une part, et que si c'est bien de savoir ruser et de faire le petit malin , c'est bien de devenir authentiquement fort une fois qu'on a identifié ses ennemis, y compris intérieurs (paresse, envie,fourberie,couardise, etc)

Bon sans doute tout ceci est largement discutable, mais j'ai préféré te dire sincèrement quelle a été ma première réaction à la lecture.

Marie-Catherine, je vos remercie de bien remettre l'histoire dans son contexte. Je vous dirai que je n'ai pas compté le nombre des épreuves que le héros devra traverser.

Rébecca, j'allais poster une longue réponse mais je me suis ressaisie ; vous vous méprenez sur mes intentions.
L'enfant doit un jour où l'autre quitter le nid, et il est normal que ce jour-là il parte avec confiance, et qu'il imagine son avenir heureux.
Sans doute ne sera-t-il jamais prince, ni homme politique...mais il peut légitimement espérer trouver la richesse de l'amour, de l'amitié, s'épanouir par le sport ou un hobby.
Il recevra non pas des coups de bâton, mais des coups du sort, il sera peut-être diminué dans certaines situations mais il devra passer outre, sans devenir aigri pour autant.
Là, j'ai voulu raconter une histoire de Princesse, un jour peut-être aurais-je le désir d'écrire une histoire triste comme celle de la petite marchande l'allumettes - histoire que je suis incapable de conter sans pleurer.
Je pense qu'il faut cesser de tout ramener à l'actualité, à notre quotidien sombre...

J'apprécie que le ton ne soit pas trop enfantin et que le fait que l'histoire soit avant tout adressée à des enfants ne soit pas systématiquement accompagnée d'une langue simple, voire niaise, comme c'est hélas souvent le cas. Sur ce point, je trouve ça très bien.
Pour ce qui est des actions entreprises et de la quête à mener, je crains que l'attention ne s'essouffle si c'est trop long et si de ci de là, le texte ne prend pas davantage de relief. Les éléments sont là, tout y est, oui, mais ça me semble un brin trop linéaire avec un fil conducteur trop visible pour moi. Certes, les enfants ne sont peut-être pas aussi attentifs que les adultes à cela mais tout de même, je me demande si un texte un peu plus bousculé ne leur permettrait pas de pleinement entrer dedans, car cela deviendrait rapidement excitant. Simple suggestion bien sûr... et bonne continuation dans ce récit de toutes façons !

Merci Sahkti d'avoir commenté ce premier chapitre.

J'ai poursuivi la réécriture de cette histoire. Il me faudra certainement la reprendre deux ou trois fois (en laissant passer le temps entre chaque lecture), avant d'être satisfaite.
Les personnes, adultes, qui l'ont lue ont apprécié...mais je sais qu'il me faut reprendre cet écrit, seule, car mon entourage n'a pas le temps de lire et d'exercer sur mes contes leur esprit critique - constructif - (mes amis ne s'en sentent pas capables, ou n'osent pas).

Au festival du livre de Rennes, ce week-end, j'ai parlé à plusieurs auteurs jeunesse...ils ne peuvent se résoudre à écrire des textes simplistes pour les jeunes lecteurs. Certains éditeurs recherchent les thèmes du quotidien, pourtant mille fois abordés...le fait de jouer sur des illustrations originales renouvelle le genre !
Un auteur connu, parvient à placer ses écrits...mais pour le parfait anonyme, il faut attendre qu'un éditeur ait un vrai coup de coeur. Cela demande du temps et de la patience.

Bonsoir,

C'est de la littérature pour la jeunesse ... pas tellement le genre de la maison !
C'est un passage pour ceux à qui ce type de littérature est destinée, ça n'a plus beaucoup d'intérêt pour ceux qui ont passé le cap du CM !
Pour beaucoup d'enfants, surtout de nos jours, l'apprentissage de la lecture ... jusqu'au CM et même plus - puisque pour un nombre non négligeable d'entre eux celle-ci n'est pas totalement maîtrisée à l'entrée en 6e - est un exercice difficile et rébarbatif. Dès lors, l'écriture d'ouvrages pour la jeunesse est une affaire de spécialistes dans les domaines de la pédagogie et des sciences de l'éducation ... mais c'est un avis personnel !

Amicalement,

midnightrambler

Tous les avis sont valables et n'engagent que la personne qui les énoncent.
La lecture serait-elle une maladie que seuls les spécialistes peuvent traiter ?
Je n'aime pas parler de mon cas personnel ; j'ai appris à lire seule n'étant scolarisée qu'épisodiquement.
Le système scolaire m'aurait probablement mise en échec, tarissant ma curiosité et l'élan qui me portait vers la connaissance.
C'est cet élan, qui lorsque j'enseignais, m'a permis de gagner la participation de mes élèves, et d'obtenir des progrès spectaculaires chez les élèves signalés en grande difficulté...et croyez-moi, ils aimaient les contes !