Photographie 2

lu-k, je t'ai commenté (si on peut dire) dans le sujet des textes courts.

Oui, merci Procuste pour ton commentaire, je l'avais remarqué.

C'est délicieusement sombre, glauque mais pas que, lumineux aussi à sa façon ; violent, d'une violence enfouie, comme un magma qui bouillonne. Je sens à te lire un mouvenment de flux et reflux, je trouve de l'individuel et de l'universel. Et à chaque lecture (j'ai lu ce texte plusieurs fois) un mot ou plutôt une image qui se détache.
J'aime beaucoup ceci : Bientôt viendra le temps de partir. La famille mourra.
et ceci : je jouai au petit chat égorgé d'avant les jours,
et surtout la poésie de cela : [Bientôt, l'heure s'avança, et] la lune, [adjacente aux toits,] souffla de doux rires aux reins de la montagne.

De très très belles images disséminées.
Un texte solide, qui se tient très bien, un texte fort. Un bon coup de torchon au conventionnel.

Toujours aussi fort, toujours aussi horriblement beau. L'écriture encore, comme une intraveineuse.

Un régal, de te lire.
rien de plus à ajouter.

Lu-k je n'interviens pas sur chacun de tes textes car je n'ai rien à t'apporter de constructif. J'aime te lire tu le sais ; donc considère comme acquit mon regard sur chacun de tes envois.
Là, j'ai juste une parenthèse perso... qu'est-ce que j'aurais aimé lire ce genre d'écrits durant mon adolescence !

Le problème avec le glauque, c'est que ça ne me laisse vraiment ni chaud, ni froid : juste indifférent. Mais l'écriture, par sa densité, sait animer les obsessions et leur donner corps, loin de variations monocordes sur un mur décrépi et plein de foutre. Après, j'ai moins aimé que la première Photographie, et moins encore que l'autre texte que j'ai pu lire - Carnet de Sève, je crois. Je trouve qu'il y a, ça et là, une teinte un peu facile :

J'étais dans la cave et l’absinthe faisait son effet, enlevait aux choses les odeurs de la vie. Dans la cour pavée située sur la falaise, je lorgnai les pièces noires avec circonspection. La douleur brunit les visages, et fait prendre à l’être tout entier l’allure du spasme.

Une lumière macabre éclairait les murs de terre, et le ciel avait des reflets orange par la lucarne, ouverte aussi aux vents et à ses cris. Le cri, lui, était bien plus éloquent que toute terreur, et encore bien plus éloquent que moi qui relate la nuit des derniers flancs du monde, qui reforme les chagrins de l'absinthe, cette gondole.

En revanche :

La grande secte des corps. La procréation est le cordon coloré de Dieu, le prétexte à l'éternité.

A l’intérieur, les murs étaient verts. Nous nous étouffions avec le vide, nous mangions de l’orgueil en traînant nos pieds sales, nous pissions sur le sol, nous hurlions dans les urnes de vomi glacé. Surtout, nous n’ouvrions pas les fenêtres.

Il y a un seul point sensible : c’est la membrane autour de l’angoisse, avec ses rêves pâles et ses chaleurs d’argile.

puis les murs de la maison se resserrèrent, les étoiles s'y déposèrent, une par une, décollées du ciel comme on vomit l'amour.

J'aime beaucoup.

Enfin, dans l'ensemble, j'ai trouvé ça très bien.

Louis! a écrit:Le problème avec le glauque, c'est que ça ne me laisse vraiment ni chaud, ni froid : juste indifférent.

Je comprends bien votre ressenti, Louis! ! Mais vous semblez résumer l'essence de mon texte à un seul mot ; en revanche, le glauque ne peut se suffire à lui-même, a contrario je croyais en sa légitimité ici, ce n'est pas pas du glauque pour du glauque — en somme, j'espérais justement arriver à ce que le glauque fasse sens et inversement, sans que le lecteur ne retienne qu'une identité, qu'une nature, seulement cette impression de noirceur qui peut paraître procédé, alors qu'elle fait partie intégrante de la transcription sincère d'une émotion. Je pense donc avoir manqué mon coup ! Merci beaucoup pour votre commentaire, il m'a aidé à m'en rendre compte.

Mais l'écriture, par sa densité, sait animer les obsessions et leur donner corps, loin de variations monocordes sur un mur décrépi et plein de foutre.

C'est ce que ma phrase suivante signifiait - un peu trop légèrement, peut-être. J'ai trouvé dans le texte plus un portrait d'obsessions (ou une émotion, comme vous dites) qu'une volonté de faire du glauque pour le glauque. C'est pour ça que j'ai aimé. Je disais simplement que mon a priori n'était pas enthousiaste, mais que la maitrise foncière de la "transcription sincère" a su renverser. Parce que, quand on commence à lire, de manière générale, les premiers éléments qui nous viennent sont une forme superficielle d'ambiance - puis, le caractère du texte formé par les intentions de l'auteur. C'était un compliment, donc.

(je ne sais pas si c'est très clair ; tant pis)

Vous êtes tout à fait clair et vous l'avez été également dans votre commentaire initial, c'est juste moi qui n'ai pas su bien le lire, m'étant focalisé sur "le problème" tandis que la conjonction de coordination "mais" échappait à mon hypertrophie sélective...