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Au pied des grands volcans (éteints)

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Vigdys Swamp
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Message  Vigdys Swamp Lun 14 Fév 2011 - 15:06

- Est-ce que je peux aller jour un peu dehors ?
- France 2



Au pied des grands volcans (éteints)


- Papa ? Et si tu te sortais un peu les doigts du cul ?

Si j’en crois les remarques griffonnées sur mes bulletins scolaires, vous avez devant-vous un enfant de type appliqué, calme (voire un peu trop discret, voire « comment s’appelle-t-il déjà ? ») ; un élève constant, discipliné, faisant preuve d’une belle autonomie et « félicitations accordées pour ce troisième trimestre, ainsi que l’ensemble de vos résultats cette année ».

Le modèle de gosse dont tous les parents ont rêvé un jour : celui qu’on entend pas, qui joue avec les meubles, qui ne réclame rien, qui ne porte pas plainte pour coups et blessures.

Je n’ai pas vraiment d’amis à inviter à la maison, aucun trouble mental diagnostiqué, je suis propre, je sais mettre la table, faire couler le café, changer un cendrier plein, réciter des poèmes, produire des dessins non-engagés. Je ne réclame aucun vêtement de marque, et si ça ne tenait qu’à moi, je me promènerais en slip.

Quand je regarde les informations à la télévision, lorsque j’assiste à des scènes d’émeutes notamment, j’ai le même sentiment que lorsque Matthieu Freyburger balance sa gomme à travers la classe en brandissant son majeur dans le dos de notre institutrice : comment les gens peuvent-ils se permettre d’être aussi vilains ?

Je suis un peu niais. Pourtant, je ne crois pas en Dieu.
Je précise parce que j’ai remarqué.

Seulement, je ne comprends pas la violence et la méchanceté. Cela ne fait pas de moi quelqu’un de meilleur. La preuve, j’ai presque tout le temps honte.

Aujourd’hui, pourtant : « Papa, et si tu te sortais un peu les doigts du cul ? »

Cette expression m’a été enseignée au détour d’un match de football se déroulant à la récréation de 15 heures. Je regarde toujours le sport à l’école. Marelle, élastique, ballon-prisonnier, boxe, catch lorrain, billes, escalade. Je comprends les règles, j’apprécie les belles actions mais personne ne m’invite jamais. Plus tard, je serais soit journaliste sportif, soit tueur en série.

Kevin Kuntz avait laissé passer un ballon facile, juste entre ses jambes, résultat deux à zéro pour les CM2. Le capitaine des CM1 avait déclaré « Kevin, fils de pute, et si tu te sortais les doigts du cul ? ». Tout le monde était resté planté, le temps qu’il faut pour se représenter Kevin Kuntz, le gardien de but, avec les doigts coincés entre ses fesses d’obèses, essayant péniblement de les en retirer.

Les plus fins avaient compris d’abord, puis un tonnerre de rire s’était propagé à travers l’école. On se refilait l’expression, plus vite que la grippe ou les poux, c’était un véritable instant culturel, personne n’avait jamais entendu une chose aussi drôle et tout le reste la journée, dès que quelqu’un trainait dans les couloirs, ou regardait en l’air, on l’invitait à extraire quelque chose de son rectum, ses mains, ses pieds, sa tête, et même sa mère. La culture se déclinait déjà, à l’infini.
Moi-même, j’avais été touché par le phénomène, et si, à mon avis, il existait une personne devant libérer d’urgence ses orifices, c’était bien mon père.

Mon père est dans le coma. Il n’est pas diagnostiqué non-plus mais cela ne fait aucun doute. Il suffit de l’observer une heure pour avoir envie de déposer des fleurs à son chevet, au pied du canapé.

D’aussi loin que je me souvienne, il est toujours rentré du travail sans dire bonjour à personne, un post-it collé sur le front : « Je suis absent pour le moment, merci de laisser un message »

Certains médecins considèrent l’état comateux comme un mouvement de replis du cerveau, une sorte d’instinct de survie comparable à ces animaux qui se couchent et font les morts, devant un prédateur trop coriace. Mon père est certainement tombé nez à nez avec un tigre à dents de sabre, alors qu’il rentrait de son travail, à bicyclette.

Depuis, il est étendu sur le canapé, sa main droite crispée sur la télécommande, replié sur lui-même, ce qui est caractéristique. Maintenant, vous pouvez claquer des doigts, passer l’aspirateur, jouer du tambourin : aucune réaction. Coma profond. Il parait qu’on doit continuer à leur parler comme avant mais j’ai abandonné.
Jusqu’à ce jour : Papa, et si tu te sortais les doigts du cul ?

Avant, j’avais l’impression que mon père communiquait malgré-tout. Il changeait de chaine selon un code facilement déchiffrable, pour peu qu’on dispose de beaucoup de temps et d’espoir. J’avais même rédigé une sorte de glossaire:

TF1 : Oui
France 2 : Demande à ta mère.
France 3 : J’ai soif.
Arte : Moi aussi, quand j’étais jeune, je…
Canal + : Non !
M6 : Va faire tes devoirs.


Nous avions eu quelques échanges dans le passé, avant que je renonce à tout et que je me mette à lui acheter des tournesols :

- Papa, ça veut dire quoi le maillot vert déjà ? Est-ce que je pourrais avoir un vélo avec des roues intégrales moi-aussi ? Comment ils font pour se doper, les coureurs ?
- France 3.

J’étais donc parti lui verser une bière, avant de poursuivre :

- T’as déjà fait une course cycliste, toi ? Avec un vrai dossard et une voiture-balais ?
- TF1, Arte.

Quand j’en avais eu assez de l’écouter raconter ses exploits de jeunesse, certainement inventés d’ailleurs, je l’avais interrompu :

- Est-ce que tu crois que je pourrais être journaliste sportif, un jour ?
- Canal +
- Je te préviens, c’est journaliste ou tueur en série.
- France 2
En général, quand il dit ça, c’est dans la poche.
- M6 !

Il voulait être seul. Je l’avais laissé tranquille. Même si c’était les grandes vacances et qu’il savait bien qu’on avait pas de devoirs.
C’était le bon temps. Quand on se parlait encore, quoi.
Maintenant, il est vraiment dans le cirage. Parfois, il passe l’après-midi devant la télévision éteinte, les yeux grands ouverts.

J’ai peur.

C’est pourquoi, aujourd’hui, et après m’être renseigné sur les différents types de révolution, je me suis engagé dans un mouvement de revendication pacifique, inspiré par les techniques d’un certain Gandhi, que je considère à ce jour comme mon être humain préféré.

Mardi 15 avril.

Je me suis réveillé avant tout le monde, puis je me suis étendu sur le dos au milieu du salon, tout simplement, il suffisait d’y penser.
Je dois avouer, pour la bonne tenue de ce récit, que Yalcin Uslu, un turc-redoublant-récidiviste, a promis de me casser la gueule ce matin, pour une histoire de contrôle de géographie au cours duquel je ne lui aurais pas permis de regarder sur ma copie. Cela m’arrange donc de ne pas me présenter à l’école mais je revendique surtout pour des raisons globales, contre le coma en particulier, et les tigres à dents de sabre puisqu’il le faut.

Mon père est parti travailler sans remarquer l’incident en cours.

En revanche, cela a très bien fonctionné avec ma mère.

- Debout. Je n’ai pas besoin de deux légumes dans cette baraque !

Je la comprenais tout à fait, ayant toujours détesté fondamentalement les haricots, petit-pois et autres endives, même au jambon.
Cela-dit, je n’ai pas bougé un cil.

J’avais déjà raté mon bus, techniquement. Si elle parvenait à me prendre sous le bras, me balancer dans le coffre de la voiture et conduire sans aucun respect pour le code de la route, alors éventuellement, je pouvais encore être à l’heure pour la classe.

Mais maman ne possède pas de sens pratique. Au lieu de ça, elle m’a crié dessus comme du poisson (ce que je comprends aussi parfaitement, je déteste le colin), et a fini par me donner quelques coups de pieds, puis menacé de mettre le feu à cette maison de tarés. Ce sont ses mots. J’ai eu très envie de rire mais je suis resté impassible, l’arrière de mon crane reposant sur le carrelage froid, avec mon silence pour unique revendication. J’aurais brulé si besoin, à la fois vif et zen, car ma volonté est comme le roseau.

A ce stade, maman est partie fouiller dans ma chambre.
Instinctivement, j’ai su ce qu’elle cherchait.

Je possède un tambourin. Mon unique faiblesse. J’adore cet instrument. C’est un peu comme secouer un serpent à sonnette, et j’ai besoin de rythme. Les percussions sont excellentes pour le moral. Je sais jouer le générique d’Olive et Tom au tambourin, ainsi que Bohemian Rhapsody, du groupe Queen, qui est mon deuxième être humain préféré.

Quand vous pratiquez le tambourin, vous remettez chaque chose à sa place, selon une mesure particulière et une fréquence scientifique. C’est l’inverse de parler. Quand j’essaie de parler, les mots sortent dans le désordre, ça sonne toujours faux. C’est pourquoi je passe des heures à casser les oreilles à tout le monde avec mon tam-tam. Ce sont ses mots.

Elle l’a trouvé. J’entends ses clochettes.

J’ai gardé les yeux fermés, l’air inflexible, mais au fond de moi, j’invoquais le Mahatma, priant pour que la musique soit épargnée dans cette histoire.

- Si tu ne te lèves pas immédiatement, je le crève, ton tam-tam !
- Ca s’appelle un tambourin.
- Je ne plaisante pas.
- Moi non-plus.
- DEBOUT !
- Maman, je ne peux pas.
- Je vais compter jusqu’à trois. UN…
- « Il faut apprendre à rester serein au milieu de l’activité et à être vibrant au repos »
- DEUX…
- « Etre en retard est un acte de violence »
- TROIS !
- « Œil pour œil, et l’humanité finira aveugle »

Finalement, j’ai craqué. Mes yeux se sont ouverts involontairement, comme d’autres se ferment parfois sans rien demander, en cas d’accident de voiture par exemple. J’ai regardé ma propre mère poser le tambourin par terre et lever son pied au-dessus de l’instrument.

Cela n’a pas fonctionné du premier coup, comme elle l’aurait voulu. Le tambourin jouait le tout pour le tout. Il glissait, s’échappait sous un meuble en agitant ses clochettes, pour impressionner l’adversaire. Assez rapidement, malgré tout, ma mère est parvenue à l’immobiliser entre ses jambes, avant de le transpercer de son poing maigre. La violence était inouïe. Elle se faisait mal, à chaque coup, et elle s’est coupée contre les rebords, son sang se répandait sur la peau de l’instrument, comme une de ces taches que mon docteur me montre parfois.

- Qu’est-ce que tu vois, petit ?
- Une limace.
- Bien, bien…
- J’ai bon ?
- Oui, c’est très bien.
- Parce que j’ai hésité avec un cerf-volant, aussi…
- Un cerf-volant ? Intéressant…

Dans le sang de ma mère, je n’ai rien vu de spécial. D’ailleurs, j’ai refermé les yeux.
Plus statique que jamais, une fois le tambourin détruit, je pleurais doucement, comme un roseau, réprimant les hoquets, laissant couler à fond sur le carrelage. J’imaginais mes larmes remplir les joints entre les carreaux. C’était mieux que rien.
C’est comme ça que j’ai finalement triomphé.

Elle s’est mise à sangloter, elle-aussi, mais pas comme un roseau. Comme une vache, je m’excuse mais c’est la vérité. D’après ce que je pouvais entendre, elle regroupait les restes de mon instrument sur la table, en se disant certainement qu’elle pourrait le recoller comme un vulgaire bibelot. Ensuite, grâce à l’éveil de mes sens, je l’ai entendue décrocher son manteau et fermer doucement la porte d’entrée derrière-elle. J’étais seul mais je n’ai pas bougé pour autant. Je me disais que Gandhi devait rester Gandhi, même s’il n’y avait personne pour le voir.

Ce mardi 15 avril a été le plus long et le plus douloureux des mardis de ma connaissance. J’aurais préféré me faire casser la gueule par un turc.
Maman n’est pas revenue.

Mon père, quant à lui, est rentré du travail à l’heure habituelle.

J’étais toujours au même endroit. J’avais simplement été boire une fois ou deux et il y avait un bol de céréales posé à côté de moi, mais j’avais choisi volontairement une marque que je n’aimais pas du tout. Je n’étais pas là pour me régaler. C’était la survie et la contestation pacifique avant tout.

Le comateux m’a enjambé. Sa réaction face à ma révolte documentée et légitime avait été de lever un pied plus haut que l’autre, et continuer son chemin jusqu’aux informations de 18 heures.

Je me suis levé d’un bond.
Il avait tout foutu en l’air, en deux pas.
Je le regardais, lui.
Il regardait l’écran.
Ma mère regardait couler l’eau sous un pont, quelque part.

Je me suis dit : « cela ne se peut », « Quelque chose va se produire ».
Effectivement, il a changé de chaine. Une chaine du câble, alors que je ne parle pas la TNT.

Cela ne voulait rien dire, il se moquait de mes revendications.
Ma mère avait été à deux doigts de bruler la maison, puis avait détruit l’objet auquel je tenais le plus au monde.
Mon père, lui, hésitait entre deux programmes.

« Je crois que s’il y a seulement le choix entre la lâcheté et la violence, je conseille la violence ». Mahatma Gandhi.

J’ai donc fait ce que n’importe quel putain de moine Shaolin aurait fait à ma place, j’ai demandé :

- Papa ? Et si tu te sortais les doigts du cul ?

Il était dans le coma mais c’était gonflé quand même.
Je l’ai toujours connu avec des tuyaux dans le nez et une transfusion de course cycliste dans le bras mais il fallait oser.
Cela a parfaitement fonctionné.

Comme dans la cours de récréation, il y eu un moment de flottement, le temps que le cerveau prétendument éteint de mon père analyse l’information, mais ce n’est pas un tonnerre de rire qui s’est déclaré par la suite. Je jure avoir vu l’image de la télévision se troubler. C’est peut-être une coïncidence mais j’ai pensé à ses oscilloscopes qui se mettent à monter et descendre, dans les films, alors qu’on croyait que le type était définitivement mort sur sa table d’hôpital.

Je n’ai pas trop eu le temps de me réjouir car j’ai pris une claque ancestrale en pleine figure. Deux secondes plus tard, je survolais le salon, ma tête percutait l’abat-jour, mes pieds pédalaient dans le vide, deux poings me retenaient par le col, je passais les escaliers comme un coureur dopé franchit le mont Ventoux. Enfin mon dos enfonça la porte de ma chambre et j’atterri en catastrophe au milieu de ma ferme Playmobil.

L’impression d’être éjecté par un bison sauvage, à peu près.
Quand mon père se sort les doigts du cul, il vaut mieux être loin ou porter un scaphandre.

Maintenant, j’aimerais pouvoir vous dire que cet évènement tragique a bouleversé nos relations. Je voudrais écrire que nous nous saluons quotidiennement. Au moins que nous communiquons par télécommande interposée.

La seule chose qui se soit fondamentalement modifiée, c’est la vision que j’ai de mon père. Une simple redéfinition de métaphore. Oubliés les tigres à dents de sabre. Papa n’est pas dans le coma. Papa est un volcan éteint.

Depuis, je le laisse tranquille. Il m’arrive de lui rendre visite (pas autant que je voudrais…) sur le canapé. Je guette le moindre signe d’activité sismique. J’ai mis au point une échelle de Richter à usage domestique.

Je le considère comme un vénérable relief auvergnat, dont on sait qu’il y a peu de chances qu’il entre à nouveau en activité, mais sur lequel on ne peut s’empêcher de marcher avec la peur au ventre, et des chaussures en plomb.

Le jour du drame, maman était partie faire le tour des magasins de musique et des notaires de la ville. Elle est revenue avec un tam-tam flambant neuf et un dossier complet pour le divorce.
Je suis resté avec elle.

Rien ne pousse jamais en paix, au pied des grands volcans éteints.



Vigdys Swamp

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Message  elea Lun 14 Fév 2011 - 19:07

J’adore. Merci.

Bon ok, je me sors les doigts et je te fais un vrai commentaire.
C’est un texte drôle, fin et inventif.
Le langage télé c’est bon, très bon, une fois que j’ai eu les clés de décodage, je suis remontée comprendre le "France 2" du début bien sûr. Le coma du père c’est excellent. Le tambourin et Gandhi pas moins excellents. Et la chute n’a rien à leur envier.
Mais je crois que ce que j’aime surtout c’est cette manière de tourner en dérision les moments graves, un quotidien pas rose et de faire surgir l’émotion sous l’humour.

Un petit moins sur le début : la description du gamin, un poil long et comme c’est le début du texte, j’ai un peu peiné à entrer dedans.
Et un petit (gros) doute sur le niveau de langage d’un gamin de cet âge, mais ça passe quand même parce que ça donne l’impression d’un adulte qui se remet dans la peau de l’enfant qu’il a été pour raconter un 15 avril un peu particulier.


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Message  Rebecca Lun 14 Fév 2011 - 19:33

J'adore aussi. Merci. Aussi.
Ce qui me frappe, c'est la construction, l'architecture du texte, la façon dont l'histoire est déroulée avec ce petit préambule qui nous est explicité petit à petit, cette phrase leit-motiv, les différentes scènes maison- école en flash back et super bien intégrées au récit, les pensées du narrateur . Du travail ciselé, un sens de la narration certain, sans compter ce ton assez désabusé, à la fois trés touchant et drôle.
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Message  Invité Lun 14 Fév 2011 - 20:36

J'ai adoré, ni plus ni surtout moins : l'histoire, les personnages et tous ces traits d'esprit habilement distillés, c'est excellent. Tout s'enchaîne parfaitement et pourtant le récit est loin d'être linéaire mais d'une manière ou d'une autre, ça suit, ça suit même parfaitement. Not a hiccup ! Un vrai bon texte, il y a longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi réjouissant. Bravo bravo.

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Message  Lyra will Lun 14 Fév 2011 - 21:41

C'est excellent, excellent, excellent!
Intelligent, on passe de l'éclat de rire, à la petite pointe au cœur, à l'émotion un peu plus forte, à la surprise, aux tournures très inventives, très personnelles, auxquelles on ne s'attend jamais. Tout en maintenant un rythme et une légèreté. Des images complètement dingues et très belles, et puis un quotidien finement observé!

Welcome!
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Message  Kash Prex Lun 14 Fév 2011 - 21:44

Je ne sais pas si c'est vraiment un compliment de procéder par comparaison, mais... on dirait du Pennac.
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Message  Polixène Lun 14 Fév 2011 - 21:56

Excellent!
Un vrai bon moment de lecture, réjouissant à tous les étages !Quand la finesse et la vivacité mènent la danse, je dis bravo!
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Message  Lizzie Lun 14 Fév 2011 - 22:31

Alors…
Une écriture différente de la fantaisie poétique des hippocampes, selon moi. D'ailleurs, si je puis me permettre, le niveau de langage adopté coince (chez moi, encore une fois). Je n'apporte que ma petite expérience, mais aucun enfant de primaire de mon entourage n'aurait ce langage là. Les idées, oui, mais le langage, non. Ou alors, comme le propose Eléa, je pense qu'il faudrait faire comprendre que le narrateur raconte ce qu'il a vécu, enfant: là, ce serait impeccable.
Du coup, j'étais un chouia énervée. Parce que tout le reste, vraiment, c'est super: ça pétarade d'idées drôles et tendres, les personnages sont vraiment bien croqués, la mère, j'aime aussi beaucoup la mère, et cet univers de cour d'école, et le langage de la télécommande, "je ne parle pas la TNT" !

Au final, même si je râle dans ce commentaire, c'est un vrai bon moment de lecture, MERCI et BRAVO !

ps: un gros plus pour le titre, ainsi que pour la dernière phrase.

Ps2 : j’ai relevé deux trois coquilles, mais… où ? là : « Plus tard, je serais » : je serai, non ?, « j’ai pensé à ses oscilloscopes » : ces, « j’atterri » : j’atterris.

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Message  grieg Mar 15 Fév 2011 - 17:45

Ton récit est imaginatif, drôle, entraînant, charmant, stimulant, avec un petit côté Ajar qui n’en fait pas trop, c’est un bonheur.
merci.

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Message  Chako Noir Mar 15 Fév 2011 - 21:31

Y a deux ou trois endroits où j'ai flairé l'incohérence, mais dans l'ensemble rien à dire. Cette narration décousue toute particulière a un charme assez prenant. Et puis cette trouvaille du langage TV, et puis cette famille. Au début j'ai eu un peu de mal à entrer, mais à la fin je n'hésite pas à employer le terme "perle" pour qualifier ce texte. Et puis le titre pré-supposait une huître savoureuse, avouons-le.
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Message  Arielle Mer 16 Fév 2011 - 10:20

Quel régal ! Ces grands volcans d'Auvergne nous distillent décidément une eau extraordinairement limpide et délicieuse.
Je garde en tête le nom de cet excellent cru.

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http://perso.orange.fr/poesie.herbierdesmots/

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Message  Yellow_Submarine Mer 16 Fév 2011 - 11:20

Excellent, des trouvailles en cascade, vraiment j'ai adoré
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Message  eva1609 Mer 16 Fév 2011 - 19:01

Remarquable.
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Message  midnightrambler Mer 16 Fév 2011 - 23:49

Bonsoir,

Maman n'est pas revenue.
Mon père, quant à lui, est rentré du travail à l'heure habituelle.


Tout tient dans ces deux phrases, le reste a dû demander beaucoup de travail mais s'avère sans grand intérêt, surtout qu'on ne sait même pas s'il s'est sucé les doigts.

Amicalement,
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Message  Vigdys Swamp Jeu 17 Fév 2011 - 8:16

Ah ah.
Le retour à l'envoyeur est un peu convenu, même amicalement, mais je te rassure, le "reste" ne m'a pas demandé trop de travail.

Je profite de cet interlude comique pour remercier ceux et celles qui ont pris le temps de lire, commenter ou passer leur chemin en crachant par terre.

A la prochaine,

Swamp

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Message  Louis Ven 18 Fév 2011 - 18:12

Tout un art des mots et du récit pour conter l’histoire, avec humour et dérision, de personnages en difficultés avec les mots et la communication.

Le père et le fils de cette histoire sont des handicapés de la parole.

Un père télé, tel est le père. Un père lointain. Un père absent. Exilé dans le silence et la passivité. Il ne réussit à s’exprimer que par télé interposée.
Il ne commande pas, il télé commande ; il ne parle et n’agit que par zapping.

Le fils fait penser à Oscar Matzerath, le personnage du roman de Günther Grass, le Tambour. Le rythme de son tambourin est un substitut à la parole défaillante.

A la parole télé du père, parole zapping, répond la parole tambourin. Zapper ou tambouriner, nul autre moyen de communiquer.

Le fils se révolte. Sa protestation contre ce qu’il nomme le « coma » de son père consiste d’abord à imiter son comportement : inertie, passivité, silence. Mais pas de télé, une présence, une proximité. Il se pose en miroir de l’attitude paternelle, lui renvoie son image, image réelle, immédiate, autre que télévisuelle. La passivité est interprétée dans le langage de la résistance pacifique et non-violente.
La résistance passive s’avère un échec.
Le nouvel Oscar tente une provocation. Il faut tenter de provoquer un sursaut, une réponse de son père. Sans réaction, c’est un coma dépassé, c’est une mort. L’indifférence du père est terrible, ne pas exister à ses yeux, c’est n’être rien, - une autre mort.
Il tente les mots d’une formule. Mais elle n’est pas de lui. Lui n’a pas les mots qui redonnent vie au père comateux, il tente la formule d’un autre, une formule entendue à l’école où elle a rencontré un vif succès, une formule grossière pour faire sortir de la passivité. Le langage retrouve sa force dans la formule grossière, il brise la carapace imperméable aux mots derrière laquelle se tient le père. Le langage est alors perçu comme une violence intolérable qui suscite en retour une autre violence que subit le fils.
L’histoire se finit par un échec de la communication, mais par une réussite des mots qui disent l’échec.
Bravo Swamp.


Quelques remarques de langue :

« celui qu’on entend pas » : celui qu’on n’entend pas.
« il savait bien qu’on avait pas de devoirs » : qu’on n’avait pas de devoirs


Louis

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Message  ombre77 Ven 18 Fév 2011 - 18:40

Merci et bravo pour ce texte réjouissant de sensibilité, de charme, d'humour, d'intelligence... !
ombre77
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