Le blues du printemps

Je hais le printemps
Son soleil timide
Je n’aime rien tant
Que les temps humides

Les saisons passées
Les larmes givrées
Les cœurs verglacés
La mort ennivrée

Je hais le printemps
C’est une masure
Où se meurt le temps
Sous un toit d’azur

Dont nul ne prétend
Crever l’imposture
Or la vie guettant
A la devanture

Je hais le printemps
Qui au mois de mai
Ne sème jamais
Qu’espoirs dégoutants

Rêves à la pelle
Illusions d’optiques
Et en archipels
Amours hypnotiques

Je hais le printemps
Car c’est un menteur
Un bonimenteur
Et un charlatan

Rendez moi l’hiver
Sa morbidité
Tout mon univers
Ma lucidité

Hourrah ! Bravo !
Tu me rappelles Gréco, dans les années 50 : "Je hais les dimanches !"
Voilà un printemps à contre-emploi.
Splendide.

Merde alors ! Je détestais déjà les dimanches... non pas les printemps ! Je serais donc victime d'une illusion répandue, d'une saison euphorique pour mieux nous anesthésier le reste de l'année ?
Propagande bien foutue ! Grrrrrrr !

Le rythme est très bon, j'ai essayé de le lire à toute vitesse et ça marche.
Par contre j'ai pas compris le truc de la masure.

Voilà un rythme qui semble te convenir à merveille Rebecca. Oubliées les lourdeurs de l'alexandrin dans lesquelles tu t'es parfois laissée piéger.
C'est frais, chantant, sur une idée originale.

J'ai particulièrement aimé :

Je hais le printemps
C’est une masure
Où se meurt le temps
Sous un toit d’azur

Dont nul ne prétend
Crever l’imposture
Or la vie guettant
A la devanture

J'ai beaucoup aimé!

C'est vrai quoi! Le printemps! Le printemps!
Ben! Il fout le cafard parfois...
Mais on va s'y faire....
Tiens les premiers rayons, et paf, ça gratouille sur les bras, serais-je allergique au printemps, cette année. Au secours!

Un printemps pied de nez et contre-pied, c'est bien. Mais j'ai quand même du mal à te croire :-)

Du rythme, un sujet à contre-emploi; si ça, c'est pas le printemps...
J'ai bien aimé.

L'art du contre-pied. Ah! si tous les grincheux du monde pouvaient se donner la main...

Décidément le printemps comme thème obligé.
Encore un poème au rythme entraînant qui réussit à séduire en détournant les clichés.

J'ai moins aimé la strophe
Rêves à la pelle
Illusions d’optiques
Et en archipels
Amours hypnotiques

Refile-le moi, Reb, que je m'en gave ! J'en ai jamais mon compte !
Je te promets de te donner tous les jours gris que tu voudras, voire carrément noirs, brumes et vents mauvais si c'est ton goût.

Bien aimé l'acidité de ce poème en vers courts...

Ca fait penser à Brassens :
"Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps.....
Mais j'avoue préférer le beau temps et le soleil !
Joli texte, mais quelques problèmes de rimes, M/F ou S/P

J'ai beau chercher, rien à redire, j'aime sans restriction... Rythmé, original, bravo !!

Je fais remonter ce beau poème
Il s'en dégage pour moi un sentiment à la fois dérangeant et doux. J'aime votre écriture, vos jeux de mots, votre rythme, votre musicalité.
(Je connais votre "Il neige sur Paris" par cœur d'ailleurs...)

merci Manon, je ne connaissais pas ce texte de Rebecca tip top dans le genre j'aime pas les dimanches, les jours fériés, et les vacances ... "rendez-moi... ma lucidité", ça claque comme un coup de gueule.

C'est curieusement frais alors que le propos ne l'est pas, j'imagine que c'est la musique des vers couts et l'énergie déployée dans ses vers qui me donnent cette impression. C'est en tout cas très réussi, même si tu n'es pas arrivée à me dégoûter du printemps... Essaie avec l'automne pour voir !

"Ces vers", désolée, je me suis mal relue.

Et "courts"...

Pfff... Bon, je crois que je vais arrêter les commentaires pour ce soir.

Ah, pas mal. Avec les pentasyllabes, on dirait une comptine.

je préfère l'été^^

très bon texte

Salut Rebecca.
J'aime beaucoup le rythme, c'est chantant, léger, primesautier, bref tous les attributs habituels du printemps (rires). L'anaphore "je hais le printemps" donne un côté comptine, d'ailleurs ce serait sympa d'essayer de lui trouver une mélodie à ce texte. Par contre je ne suis pas d'accord avec ton titre "blues", parce que ça ne me rappelle pas du tout ce genre de musique... Ronde de l'anti-printemps, j'aurais trouvé ça plus chouette

Niveau fond, ce n'est pas ultra original, mais aujourd'hui qu'est-ce qui l'est ? Par contre, j'ai aimé que ce texte effleure de temps en temps le grave (la mort ennivrée / espoirs dégoûtant -> très bien le double sens du mot dégoûtant, mouillé et "dégueu" à la fois), pour tomber sur la strophe finale, beaucoup plus lourde de sens.

Bon, à part ça, je trouve que ce texte, très intéressant et très bien structuré peut-être perfectionné. Je vais essayer de te noter, au fur èt à mesure du texxte, les trucs que j'ai particulièrement aimé, et là où par contre j'ai un peu tiqué.


Je n’aime rien tant -> j'adore cette tournure faussement naïve, justement dans le ton comptine

Les saisons passées -> pas compris le sens. Le printemps c'est aussi une saison, non ?

Où se meurt le temps -> j'aime pas trop la tournure, le temps qui meurt, ça me fait bizarre, et puis le mot "mort" est déjà très présent.

Dont nul ne prétend
Crever l’imposture -> pas très bien compris l'image

Or la vie guettant -> ce mot, "or", en principe devrait annoncer une fin de phrase avec un verbe conjugué, et là ce n'et pas le cas.

Et en archipels -> et en, hiatus, c'est dommage parce que la strophe est belle. Tu pourrais peut-être mettre "et des archipels / d'amours hypnotiques"

Car c’est un menteur
Un bonimenteur
Et un charlatan -> j'aime bien le jeu de sonorité de menteur-bonnimenteur, mais charlatant, c'est un 3ème synonyme, pour moi ça fait trop


Ma lucidité -> j'aime vraiment beaucoup que le dernier mot du poème soit celui-là. La dernière strophe est très bonne, je trouve.

Lu et suivi sans les bourgeons.
Et puis les rivages gris sans foule quelle quiétude ! +++

L'hiver arrive si tu n'aimes pas le printemps , mais elles ne seront pas visibles comme des saisons réelles ...

Superbe lettres en quatre morceaux , que tu as peint sur une aquarelle .