mon premier !!

oui enfin mon premier publié sur ce forum... Le tournant de la vie de Sylvia, mon personnage sur les Etoiles d'Encre, vous l'aurez donc compris...

Stop. Rewind. Play.

Jamais je n'ai connu d'attente si agréable. Je reprends goût au Temps, à sa course folle qui nous désarme, à la multiplicité des secondes qui s'écoulent comme des heures, dans cette salle d'attente glauque, au numéro 1 de la rue Berthot. Bientôt on viendra me chercher, m'emmènera dans un bureau d'un blanc oppressant, on me tendra mes résultats avec un « Tout va bien. Vous avez pris des risques dans les trois derniers mois ? Il faudra revenir faire un test alors, hein ? » Puis je m'en irai, j'irai à la B.U. pour voir sur internet le prix d'un billet jusqu'à Madrid. Revoir ma petite mère si courageuse, mes deux colombes, voir leur sourire lorsque je leur donnerai leurs cadeaux. Réviser les partiels, aussi, oui. Me croire normale pendant quelques jours, tout laisser de côté pour une parenthèse enchantée : la drogue, le sexe, les soucis d'argent, qui bien sûr, m'attendront ici mais me laisseront souffler pour les fêtes de fin d'année. Et ce soleil malgré le froid, hummm...
« Mademoiselle ? Vous me suivez ? » Je me lève, et je sens monter la petite boule au fond de ma gorge. Je respire profondément, allez, ce n'est pas la première fois, ça va bien se passer. L'odeur piquante du couloir agresse mes narines. Je suis la femme replète dans son bureau, dont l'aspect inhumainement immaculé m'aveugle un instant. « Asseyez-vous. » Je prends place sur la chaise ; à portée de ma main, une corbeille pleine de préservatifs.
Son regard est plongé dans les papiers qu'elle manipule, le dossier que j'ai rempli l'autre jour et mes résultats. Allez, ne me fais pas attendre inutilement, j'ai un billet à acheter, donne-moi ces foutus papiers qu'on en finisse avec cette ambiance qui compresse mes poumons. « Alors... » Elle relève la tête. « Vous aviez déjà fait des tests ? » Oui, connasse, mais là on s'en fout. Je hoche la tête avec un sourire. Oui, et tout allait toujours bien. Ma jambe bat nerveusement le sol. Allez, j'ai l'air d'une fille qui aime attendre ? Elle plonge ses yeux dans les miens. « Parce que... Il y a un petit problème » Ma jambe s'arrête. Mon esprit s'arrête. Mon coeur s'arrête. Le Temps disparaît à nouveau, je suis dans un rêve, entourée de ouate blanche, et je vais me réveiller. Une enclume sur ma poitrine, un noeud coulant sur ma gorge. Je me laisse retomber contre le dossier de la chaise. Ce n'est pas juste, connasse, tu devais juste me donner mes feuilles, « Tout va bien », et me laisser repartir. Qu'est-ce que tu me fous, là ? Tu n'as pas le droit, non, tu n'as pas le droit ! Donne-moi ces putains de feuilles, je vérifierai par moi-même que tout va bien, je partirai, mais ne laisse pas cette phrase en suspens. Ne la laisse pas s'accrocher à l'infinité du Temps qui s'est à nouveau arrêté.
Je vois ses lèvres qui remuent mais n'entends pas les sons qui en sortent. Je me sens partir, je deviens liquide sur la chaise, je coule jusqu'à la porte, je m'enfuis, j'inonde les rues, je pars loin, loin, là où je n'entendrais jamais ce qu'elle a à me dire, et, dans les méandres de l'ignorance, ma vie continuera comme avant. Comme avant...
Vous avez été contrôlée positive aux virus de l'hépatite C et du SIDA...

Cette histoire me fait penser à un texte que j'avais écrit pour un exo et que j'avais appelé La journée d'une vie et qui abordait un fait réel de ma vraie vie.
Je suis donc très mauvais juge pour critiquer ce premier texte posté ici Betelgeuse.
Simplement dire que je le trouve trop peu spontané, trop figé par rapport à l'émotion qui naît d'un tel moment. Il y a bien une agréable fluidité de lecture, une violence latente bienvenue mais il y a un truc qui ne passe pas bien à mes yeux, un côté artificiel (comme la lumière des hôpitaux...) qui rend le tout un peu bancal. Te dire quoi exactement, je n'en sais rien, sans doute un truc qui ne passe pas chez moi pour des raisons pas vraiment objectives.

déjà, merci de l'avoir lu !!!
en ce qui concerne les lumières des hôpitaux, en fait c'est un motif récurrent chez ce personnage, traumatisé par les médecins... mais du coup ça passe peut-être mal, en effet...
allez j'en cherche un autre qui passera, je l'espère, mieux !!

L'écriture est quasi parfaite, c'est déjà bien.
Le sujet est malheureusement "banal", mais surtout, je trouve la "chute" bien trop clairement annoncée, il est évident que c'est exactement la phrase en italique qui va tomber, et ça on le sent dès les premières lignes. J'espère que tu n'avais pas imaginé surprendre le lecteur à la fin ?
Donc je dirais, pour éviter cette surprise qui n'en est pas une, qu'il faudrait carrément ne pas l'écrire cette phrase, mais la suggérer, je sais pas trop comment.
En réalité, je vais être franc : je viens de m'apercevoir (enfin, je crois) que j'ai le même défaut que toi dans l'écriture. Tu décris TOUT. C'est ce qu'on me reproche presque à tout coup quand je ponds moi-même un texte. Et pour l'heure, je n'ai pas encore trouvé le truc pour changer ça. Tu es narrative dans les moindres détails, physiques et autres, ce qui ne laisse aucune place à l'imagination.
Je pense que tu comprends ce que je veux dire.
Mais dans l'ensemble, et pour être clair, ton texte me plaît, je le trouve fluide, le monologue intérieur avec des phrases dites parfois par une autre est très bon. J'ai bien ressenti ce qui se passait dans la tête de la "patiente", la progression de l'angoisse alors qu'elle venait là confiante.
C'est bon Bételgeuse.
M'en vais lire ton deuxième ! ;-)

globalement positif, j'ai donc le sourire !! lol
non je n'imaginais pas vraiment surprendre le lecteur, je te rassure...... et je m'étais demandé si j'allais vraiment l'écrire, cette phrase, mais comme on me reproche souvent de ne pas être assez claire, alors j'ai précisé le truc..... quant aux descriptions, en fait c'est un des fils directeurs du site d'où provient ce texte... reste à savoir si je tombe dedans aussi avec d'autres textes...... l'avenir nous le dira !!!

L’écriture est agréable, le texte se lit sans difficulté, il capte l’intérêt du lecteur du début à la fin. On sent l’angoisse de la narratrice croître jusqu’à cette jolie phrase « je deviens liquide sur la chaise, je coule jusqu'à la porte, je m'enfuis, j'inonde les rues »
Quelques petits bémols néanmoins (ben oui il en faut bien !) : l’approche du temps me semble un peu trop approximative ; tout d’abord l’« attente agréable » se concilie difficilement avec la « course folle ». Et puis vers la fin, tu évoques « l'infinité du Temps qui s'est à nouveau arrêté », il manque quelque chose pour que le « à nouveau » puisse réellement faire sens.
D’autre part, quelques petites maladresses dans l’écriture, j’ai relevé celle-ci par exemple « Ce n'est pas juste, connasse, tu devais juste me donner », la répétition heurte un peu l’oreille.
Enfin, tout comme Mentor, je regrette le côté parfois trop explicite de ce texte, la chute oui, mais quelques autres passages également. Ici par exemple : « la drogue, le sexe, les soucis d'argent, qui bien sûr, m'attendront ici mais me laisseront souffler pour les fêtes de fin d'année. » Tu synthétises en quelques mots quelque chose que tu aurais pu induire ou suggérer pour davantage d’efficacité.

Au plaisir de te lire à nouveau !

je note vos remarques et les digère !!
juste, pour le "à nouveau", il fait référence à un ancien texte, donc forcément sans cet autre texte, ça sonne bizarre......
(je vous renvoie aux Etoiles d'Encre si vous voulez avoir une idée de ce qui a précédé les textes ici publiés...)