Le Peuple des Fous

Le Peuple des Fous


Ce sont des êtres étranges ces humains fous
Ils voient la terre « bleue comme une orange ».
La loi de gravité sans pudeur ils bafouent
A contre-sens, ils tournent dans la cellule des anges.

L’infini les étouffe, ils en poussent les murs
Et griffonnent du vent sur un pan du temps.
Ils taguent, en une fresque de murmures
Le silence qui hurle en dedans.

Ce sont des êtres étranges ces humains fous
Ils voient le ciel en transparence.
Leur toit du monde se délie de son joug
A dos de mots s’envole leur errance.

Le déni les inspire, ils en creusent leur trou
Mais teintent de bleu la terre amassée.
Ils colmatent les fissures, posent des garde-fous
Et tournent en rond sans jamais se lasser.

C’est fou comme ce peuple est étrange…

< Votre texte "Dimanche le temps sera gris" a été posté le lundi 27. Notre page d'accueil stipule qu'il est demandé au maximum UN TEXTE PAR SEMAINE ET PAR CATEGORIE (PROSE-POESIE) et par membre.
Ce texte sera donc disponible aux commentaires la semaine prochaine.
Merci de ne plus poster en POESIE avant la semaine suivante.
D'autre part, vous avez écrit : "je ne peux le changer.
Je ne modifie jamais mes poèmes. Je n'écris pas pour le lecteur."
Ce qui - rappelons-le à toutes fins utiles - ne correspond pas du tout avec la "ligne éditoriale" de VOS ECRITS qui se veut ATELIER D'ECRITURE et non simple VITRINE, comme il l'est également écrit en page d'accueil.
Merci de votre compréhension.
La Modération. >
.

Je tiens à souligner que mon poème précédent a été posté le Dimanche 26 et non pas comme vous le dites le lundi 27. J'ai donc respecté les règles établies et ce poème a été injustement bloqué.
Tout le monde a droit à l'erreur...
Merci.


< Dimanche 26, dont acte, nos excuses.
Cela dit, notre remarque :
""...vous avez écrit : "je ne peux le changer.
Je ne modifie jamais mes poèmes. Je n'écris pas pour le lecteur."
Cela ne correspond pas du tout avec la "ligne éditoriale" de VOS ECRITS qui se veut ATELIER D'ECRITURE et non simple VITRINE, comme il l'est également écrit en page d'accueil.""
remarque à laquelle vous n'avez pas réagi, est à prendre en compte pour la suite de votre participation à ce site.
Merci.
La Modération. >
.

Vision de folie douce, assez musicale à lire.
C'est vous déjà qui aviez cité un vers célèbre, dans un précédent poème , il me semble. Ici, en trouver un autre m'amène à penser que vous avez besoin de l'aval des anciens pour avancer vous-même.
On peut regretter la répétition du mot "terre", même si de belles images ornent ce poème. Quant au thème pas simple à aborder, tant la folie est souffrance de l'intérieur, mais peut être belle aussi.

J'ai aimé le titre et puis j'ai été déçue par le texte. Cela tient sans doute, pour ma part, au trop grand nombre d'images/représentations qui se succèdent sans vraiment lier le tout. De plus je suis restée assez étrangère à certaines d'entre elles, soit par incompréhension, soit par surcharge d'images, et du coup le sens m'échappe. Entre autres :

La loi de gravité sans pudeur ils bafouent
A contre-sens, ils tournent dans la cellule des anges.

Leur toit du monde se délie de son joug
A dos de mots s’envole leur errance. (à dos de mots, je ne trouve pas cela très poétique)

Mais teintent de bleu la terre amassée.

Je ne comprends pas le sens par exemple de "leur toit du monde se délie de son joug".

Par ailleurs, la répétition de "leur" sur trois vers consécutifs n'est pas très heureuse :

Leur toit du monde se délie de son joug
A dos de mots s’envole leur errance.

Le déni les inspire, ils en creusent leur trou
(Je pense qu'ici "leur" pourrait être remplacé par "le". Mais le trou du déni, je vois pas bien en fait...)

En revanche, j'aime beaucoup ceci que j'aborde plus facilement, l'image me parle en tout cas :

Ils colmatent les fissures, posent des garde-fous
Et tournent en rond sans jamais se lasser.

De prime abord, en tant que lecteur d'un précédent poème de vous, je pourrai regretter l'emploi de la même citation d'Eluard : « bleue comme une orange » que dans ce poème.

Après il se peut aussi que ce texte soit très récent et écrit justement en réaction de ce dit poème, et qq incompréhensions, emballements qui ont suivi ..

La confrontation est parfois aussi génératrice de réactions, d'émotions et donc d'écriture, cela peut arriver ?
« 1er vers du 4eme quatrain »..?!

Pour moi, et si en + je me réfère aux réactions précédentes, 2 choses desservent l'approche de votre texte. Ce qui peut le rendre un peu difficile, voir « alambiqué »:

- l'emploi de « fous » ,
il est vrai que la folie peut / et est aussi associée à une maladie / une souffrance. C'est un terme assez particulier à utiliser .. du fait des associations (lectures) qu'on peut en faire; même si ici il s'agira plutôt de « délire » (encore que ce terme a aussi son existence psychopathologique...) ou « dingue » … pas évident en fait …

- et l'emploi de « peuple » et « humains » dans peuple fous, humains fous.
Votre texte est éloignement des parts rationnelles, et l'association avec des termes communs à tous et rationnels tels que « humains et peuple » peut rendre la lecture difficile car le lecteur ne sait pas où il doit se situer, à quoi il doit se raccrocher pour suivre: à l'imaginaire et la folie poétique ou au commun. Cela désert la lecture. Il vous aurait fallut je pense instaurer un peuple imaginaire ou des êtres imaginaires, mais dont un rapprochement puisse se faire en réel (pas une généralisation).
C'est une démarche que j'ai déjà employé dans un texte qui pourrait se rapprocher, tant dans l'écriture, le fond, et la porte ouverte à la « folie légère ».

Je vais pas rentrer dans tous les détails, juste en gros, les passages les + appréciés :

« L’infini les étouffe, ils en poussent les murs
Et griffonnent du vent sur un pan du temps. »

« Ils taguent, en une fresque de murmures
Le silence qui hurle en dedans. »

j'aime l'image ici mais l'écriture pourrait être améliorée (plus fluide)

Dans le 1er quatrain:

« La loi de gravité sans pudeur ils bafouent
A contre-sens, ils tournent dans la cellule des anges."

Je ne sais si l'emploi de l'expression « sans pudeur » est la + appropriée ?

Pour Phylisse, et ce passage, il s'agira sans doute de l'envol du poète.. qui défie les lois de la pesanteur.. qui est à contre sens des autres.. et qui a la cellule d'un ange comme prison.. normal ! (j'en ai une aussi)

Ici:

« Leur toit du monde se délie de son joug »

La formulation me semble à la fois maladroite et non correcte grammaticalement, je crois en tous cas (l'ai ressenti comme tel).
Pour l'emploi de « son » alors qu'on s'attendrait à « leur » peut être aussi le seul endroit d'individualisation de l'auteur?, mais l'association « se délie de son joug » n'a pas un sens convaincant et n'est en tous cas pas réussie poétiquement parlant (pour moi, même si vous avez sans doute votre justification)

Je suis incapable de faire une analyse aussi poussée d'un texte, mais j'apprécie grandement la vôtre Artnow, parce que j'y ai trouvé un peu plus précisément ce qui ne me permettait pas d'accéder au centre, j'ai eu l'impression de rester en observation. Je conserve (et regrette) pour ma part la surcharge d'images, mais en complément, en effet, c'est un texte devant lequel j'ai du mal à me situer, c'est ce que je retrouve très justement dans votre argumentation :

- et l'emploi de « peuple » et « humains » dans peuple fous, humains fous.
Votre texte est éloignement des parts rationnelles, et l'association avec des termes communs à tous et rationnels tels que « humains et peuple » peut rendre la lecture difficile car le lecteur ne sait pas où il doit se situer, à quoi il doit se raccrocher pour suivre: à l'imaginaire et la folie poétique ou au commun. Cela désert la lecture. Il vous aurait fallut je pense instaurer un peuple imaginaire ou des êtres imaginaires, mais dont un rapprochement puisse se faire en réel (pas une généralisation).

L’infini les étouffe, ils en poussent les murs

Je pense qu'il est difficile de se faire étouffer par ce qu'il est impossible d'atteindre. Tous, nous sommes à la guête de l'inaccessible étoile...alors pour ce qui est d'en pousser les murs, j'en doute...

Bonjour,
Je vais essayer de répondre à toutes vos questions.
Tout d'abord pour la petite histoire, j'ai écrit ce poème après avoir visiter un ami qui était pour quelques temps dans un service de psychiatrie.

Eclaircie: Effectivement, c'est bien moi. Je vous avez dit que c'était le seul et unique vers que je ne m'étais permise d'emprunter et que je l'avais fait dans un autre poème.
C'est une petite provoc...
Sourire...

Phylisse : Les métaphores donc...

La loi de gravité sans pudeur ils bafouent
A contre-sens, ils tournent dans la cellule des anges.
J'image ici le fait que la folie peut faire outrepasser des lois établies, comme par exemple aller dans le même sens que les autres pour plus de stabilité. Celui qui déroge à cela est souvent appelé fou.

Leur toit du monde se délie de son joug
C'est ici mon interprétation du fait que leur esprit peut s'envoler haut...le délire.
Le joug représente ce qui les retiendrait à la réalité.

A dos de mots s’envole leur errance
Les mots voudraient exprimer justement leur souffrance mais il sont perdus et n'y arrivent pas. A dos de mot représente le fait que l'expression soit chaotique.

Le déni les inspire, ils en creusent leur trou
Non, il s'agit bien ici de leur propre trou. Il s'enfoncent dans le déni et cela les mènent à la mort ( Bien sûr ! l'idée est exagérée ici )

Mais teintent de bleu la terre amassée.
La folie dont je parle est celle qui survient lorsque la vie devient insupportable. Je reviens donc sur le bleu pour lier mon poème...en premier lieu et pour montrer que cette folie est pour eux un échappatoire...la terre est ainsi plus jolie.

Artnow
Je parle de la folie qui nécessite des soins...psychoses ou névroses.
J'utilise le terme d'humains pour appuyer qu'ils le sont...et qu'ils ne faut pas l'oublier et... peuple car leur monde ( celui de leur tête ) m'est étranger ( je ne suis pas psy ) et l'accès en est difficile ( même pour les psy )

gaeli
L’infini les étouffe, ils en poussent les murs
Un vers qui est construit sous la forme d'un oxymore...seule la poésie permet cela.
Perso, l'infini les étouffe ça me parle ! Puisque comme vous le dites très justement ce n'est pas possible, et bien cela montre qu'ils souffrent bien plus qu'on se l'imagine.

J'espère avoir répondu à vos interrogations et surtout de manière claire pour vous.

Merci à chacun de vous.

Je vous avais dit...pardon.

Ils ont commenté à la folie, je vous dit simplement que j'ai aimé votre texte

À Artnow:

« Je parle de la folie qui nécessite des soins...psychoses ou névroses.
J'utilise le terme d'humains pour appuyer qu'ils le sont...et qu'ils ne faut pas l'oublier et... peuple car leur monde ( celui de leur tête ) m'est étranger ( je ne suis pas psy ) et l'accès en est difficile ( même pour les psy ). »

Comme quoi, parfois entre la folie, la poésie, le fou, le poète, la pensée, la psychiatrie, le malade, les frontières sont minces.

Et si je peux me permettre de sortir de la situation faisant suite à la personne visitée, tout cela a longtemps été mélangé (peut encore l'être) par mauvaise connaissance, compréhension, encore à notre époque du cerveau et de son fonctionnement.

Dans votre texte je n'ai vu aucune folie relevant de maladies mentales.

J'aurai pu écrire un texte avec un contenu assez proche sans que je sois malade mental..

Alors sur le fond et le sens, votre texte n'a pas tout à fait atteint son objectif.(n'en restent pas moins des passages que j'ai appréciés et d'autres trop « illisibles » ou difficiles)

Quand aux psychoses, névroses, et autres symptômes assimilés à « fous » ou à la folie; juste de wikipedia:

"La folie est un spectre de comportements caractérisés par des degrés mentaux et comportementaux anormaux. La folie peut se manifester en tant que violation des normes sociales, incluant la possibilité d'être un danger pour soi et pour les autres, et impliquant également certains autres actes considérés comme faisant partie de la folie. La folie peut être passagère ou perdurer, être provoquée ou exister à l'état de base. La folie, en terme psychiatriques, recouvre plusieurs réalités et des termes plus spécifiques sont utilisés par les spécialistes (psychose, schizophrénie, catatonie, paranoïa, trouble bipolaire, etc.)."

Et s'il vous intéresse, sur le sujet de la folie (qui m'intéresse), un lien:

http://www.psychanalyse-paris.com/1143-La-folie-le-talent-et-le.html

Comme quoi les fous, ou pour vous reprendre: « la folie qui nécessite des soins... psychoses ou nevroses » ne sont pas tjr là où on le croit … bcp ont marqué / influencé les dits « normaux » si « normal il y a ?? ».

Étranges oui. Aux communs des mortels, ils sont hors du commun. J'aime bien l'idée qu'à dos des mots leur errance s'envole. Ce n'est pas qu'une idée d'ailleurs, c'est une réalité, leurs mots ne parlent plus aux communs des mortels, donc ils errent dans leurs univers.

J'ai beaucoup aimé la 2° strophe.

Tout d'abord, merci Iloa Mys pour votre réponse à mes remarques qui éclairent un peu mieux quelques points obscurs de votre poème.

J'ai travaillé pendant un an dans un hôpital psychiatrique, j'avais écrit à l'époque (j'avais 18 ans) un poème qui est certainement maladroit dans la recherche de la rime, mais il est la trace indélibile d'un point de rencontres très importantes dans ma vie de jeune adulte, une marée humaine qui a je crois modifié le sens et la densité de la vague qui me portait jusqu'alors, il y a 31 ans... Je me permets de le déposer ici, en écho au vôtre.

(les dames en bleu étaient les agents de service hospitalier, les blouses blanches les infirmiers)


Un autre monde

Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Ils découvrent le sourire de la dame en bleu,
La dame en bleu détournant leurs regards,
Leurs regards égarés sous d'autres cieux.

Abandonnés, parqués loin de la vie,
De la vie déchirés dans leurs tristes habits,
La dame en bleu offre un coin de son parapluie
Une niche au toit de leur bruyante folie.

Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Aux jours de solitude, au vent du désespoir,
La dame en bleu tend la main dans le noir,
Le noir du monde sans tain de leurs miroirs.

Alités, isolés dans des chambres dortoirs,
Dans ces chambres dortoirs, entassés camisolés,
La dame en bleu range les armoires,
Les armoires désertées des objets du passé.

Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Où du matin jusqu'au soir ils glissent leurs pas
En rythme fou cadencé sans savoir pourquoi
Ce ballet colle à leurs corps dans les couloirs.

Passagers privés d'envol, automates en déroute,
En déroute de la vie ayant quitté la route
Ils guettent la dame en bleu qui reste le dimanche
Le dimanche si loin des blouses blanches.

Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
La vie s'est arrêtée derrière les murs, les remparts,
Les remparts élevés au cri de douloureux départs
Sans retour, isolés entre les murs d'une cité dortoir

Une cité perdue, démentiel monde des égarés,
Des égarés du ciel du commun des mortels,
Chiffonnés, nébuleux, incompris, prisonniers
D'un monde où la vie ne sera plus jamais celle...

Quelques belles images, le rythme est beau.

Est-ce un texte classique (si oui, des erreurs à la rime) ou néo-classique ?...

Je trouve dommage d'être obligé d'expliquer ce qu'on a essayé de dire. Soit le lecteur comprend du premier coup, soit il comprend autre chose et si ça lui convient, pourquoi pas ?
Et si ça ne lui convient pas... j'ai envie de dire "tant pis pour lui !".