Les cheveux

« Plouf ! L’homme s’éclabousse et plisse ses yeux verts,
Vois le ciel, se noie dans un bain grisé, austère,
Plonge dans un mouchoir et polit ses vieux verres,
Ebahis de myopie et de presbytère. »

Minuscule cellule enfouie dans le creux de ton épaule, je lève les yeux et admire ta chevelure argentée. Les nuances de tes boucles volatiles dispersent dans l’atmosphère les paillettes d’une toute nouvelle dimension, et me fait découvrir les lieux comme si se déroulait là mon initiation. Les murs, les arbres, les statues et les ponts dévoilent tous leurs secrets, comme si ton effleurement sur leur peau était la clé du sublime. Tu les réunis dans un petit cercle intime où chacun, heureux de retrouver ses amis, laisse éclater sa joie et irradie la ville aussi fort que le soleil.

Quel est cet alcool bienheureux qui languit mon visage de pierres précieuses ? Je me traîne parmi les capuches et les parapluies, les flaques d’eau et les voitures qui leur donnent vie. Ces giclures t’embellissent et ce cri étouffé qui implose en toi recouvre tes timides dalles d’une splendeur nouvelle et enchanteresse. Le monde qui apparaît de ces miroitements lacrymaux éclaire mon cœur, reflétant la lumière douce des lampadaires telle des étoiles capricieuses qui ne brilleraient que pour ceux qui en valent la peine.

Tes larmes sont des merveilles, elles me réchauffent le corps lorsqu’elles pénètrent dans ma bouche qui ne fait que se languir de cette bénédiction à chaque fois qu’elle cesse. Je pourrais absorber tes pleurs jusqu’à la lie et enflammer mon cœur de ta tristesse. D’ailleurs, pourquoi es-tu donc triste ? Tu es tellement parfaite, de quoi pourrais-tu te plaindre ? Je crois que j’ai compris : c’est la fonte de l’éclat des étoiles qui glissent le long de ta cascade pour m’enchanter. Laisse les simplement couler librement et se reposer sur mon épaule, tu t’en sentiras soulagé et moi ébloui.

Je me demande si je suis le seul à ressentir cette extase au contact de ta chevelure. Serais-tu assez pure pour déverser ta liqueur kaléidoscopique sur tous les alpinistes rôdant sur tes épaules ? Oui, bien sûr que oui. Lorsque je vois tous ces amoureux qui tentent chaque jour de gravir l’échelle du rêve pour connaître ton secret, je n’en doute pas une seule seconde. Mais jamais ils n’y parviendront, n’est-ce pas ? Ta cascade est beaucoup trop abrupte. Cela me convient, je ne veux pas atteindre ta grandeur, car je ne la mérite pas. Je préfère contempler.

Le gris de poussière s’est transformé en précieux simplement car il te correspond, il fait partie de toi. Tu ne serais pas la même si le soleil te laissait trop souvent le crâne nu, on te croirait malade et ne souhaiterait qu’une chose : te revoir resplendissante de vieillesse et d’histoire. Tes cheveux sont le miroir de ta sagesse, ils nous apprennent à penser le monde différemment et à le libérer de son silence. Défends-toi des réalistes et ne cesse pas d’envahir nos faibles corps de ces perles célestes.

Tiens, Big Ben sonne au dessus de ma tête. Il ne doit pas non plus être insensible à ta boisson aux éclats dorés. De toute manière, le faire clapoter dans son cercueil ne le rend que plus vivant, lui aussi.

« Parfum, délicat, pille l’air de son ardeur,
Débordant de ce surréalisme humide
Une ville où les flots, de jouissance, d’ivresse,
Sont plus sensuels qu’un soleil et sa tristesse. »

Il me semble que ce texte, se voulant "poétique" à tout prix souffre de clarté. Je n'ai pas très bien compris qui est qui.
" Quel est cet alcool bienheureux qui languit mon visage de pierres précieuses ? " Ce terme est inapproprié.
Peut-être voulais-tu dire " sertit " ? J'ai relevé aussi quelques fautes d'accord et d'orthographe.
Pourrait être retravaillé. Il y a de la matière.

Je n'ai pas tellement accroché au petit bout de poème en introduction, la rime en "ère" est trop insistante, et paraît un peu décorative, par exemple au vers 2 je trouve que le terme "austère" n'apporte pas grand chose de plus, et que sans le vers serait de bien plus grande qualité, l'image est intéressante, mais est gâchée par cette fin de vers.

J'ai trouvé le texte trop riche étrangement. C'est un "kaléidoscope" d'images et de bribes où le lecteur finit par se perdre, quelque part, ça fait écho à l'ivresse de l'alcool, et aux émotions que fait ressentir la chevelure, donc ce n'est pas si mal, mais j'aurais préféré des formulations plus simples, qui auraient pu avoir autant d'impact. Là c'est un peu trop emphatique à mon goût. Et en même temps ça me gêne de faire cette critique, parce qu'au fond, ça correspond bien à la thématique du texte (telle que j'ai cru la percevoir à la lecture).

J'ai bien aimé ce petit morceau

Tiens, Big Ben sonne au dessus de ma tête. Il ne doit pas non plus être insensible à ta boisson aux éclats dorés. De toute manière, le faire clapoter dans son cercueil ne le rend que plus vivant, lui aussi.

J'aurais dû introduire le texte pour plus de clarté. Il s'inscrit dans la lignée de mes textes sur Londres, la métaphore de la chevelure vous paraîtra donc peut-être plus évidente.
C'est l'histoire d'une liesse, d'une ivresse, l'emphase est la traduction de ce sentiment.