A nouveau, le langage
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Celeron02
Raoulraoul
Sebastien K
7 participants
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A nouveau, le langage
A présent, tu respires avec tes phrases
Il y eu un temps où elles ne songeaient qu'à se terrer. Les portes de ta bouche restaient closes. Ta parole fuyait une sorte de neige, un amas froid d''incohérences. A cette époque, aucun homme n'atteignait le porche. Les volets ouverts, tes yeux ne dévoilaient rien. Ils reflétaient un autre paysage, jamais le même. Un jardin où tu n'étais pas là. Le feu dans l'âtre était le seul à balbutier une chaleur. Le seul, dans ses jeux d'ombres, à rêver de mouvements, à regretter l'asphyxie.
Pourtant tu n'étais pas morte. Tu gardais en toi une sorte de tiédeur, un ventre de femme sans âge, comme un verger sans fruits. Tu attendais un enfant à tous les instants de sa vie. Un bambin, un jeune homme, qui serait rentré dans la cuisine bourdonnante de jus d'orange, et t'aurais enlacée tendrement.
La réalité était un bruit sourd, une acouphène stérile : un constat sans motifs valables. Alors pourquoi parler ?
Aujourd'hui, tu te réveilles dans un concert de phonèmes. Tu cherches dans le dialogue, la mélodie. Il y a toujours des fausses notes mais elles sont moins lourdes à porter. A midi, le ciel tinte : il est l'heure de sortir. Le jardin est encore en friche, mais tes lèvres n'ont plus de ronces.
Je me nourris de leurs parfums.
Sebastien K- Nombre de messages : 73
Age : 50
Date d'inscription : 05/06/2011
Re: A nouveau le langage
Emouvant ce passage que tu évoques entre le silence (mutisme, aphasie, le rien...) et soudain l'arrivée des phonèmes... Fortes images dans la 1ère strophe où tu mêles l'imaginaire sensible et le réel matériel (objets, lieux, actes). Ton thème m'évoque celui des seuils, des transitions, des mutations entre ce qui n'était pas et ce qui devient. Ce moment miraculeux où l'on change, par une énergie, une force, un événement secret sur lequel il y aurait beaucoup à se pencher, s'attarder, ausculer ce moment de transition, se pencher bien sûr comme un poète qui ne sait rien et qui regarde sans préjugé, pour apprendre et timidement témoigner avec nos mots... que tu sais bien agencer. Merci.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: A nouveau, le langage
C'est très beau, parfois on parle, on parle mais on ne s'atteint pas (on ne "s'entend" plus).
D'autres fois on se comprend dans le silence, on s'unit par les mots.
On fusionne et ça nous suffit.
Quand l'autre doit partir il reste ses paroles, il reste ses écrits.
Et le langage est la brique de l'esprit, sans lui aucune idée, aucune oeuvre.
D'autres fois on se comprend dans le silence, on s'unit par les mots.
On fusionne et ça nous suffit.
Quand l'autre doit partir il reste ses paroles, il reste ses écrits.
Et le langage est la brique de l'esprit, sans lui aucune idée, aucune oeuvre.
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 51
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: A nouveau, le langage
J'ai ressenti cette incapacité à laisser échapper les mots comme quelque chose de très douloureux. Impression confirmée par la dernière phrase : tes lèvres n'ont plus de ronces.
Ce texte m'a plu. Merci !
Ce texte m'a plu. Merci !
Invité- Invité
Re: A nouveau, le langage
Un texte curieux, douloureux, plein de mystères dont les interprétations peuvent être multiples (je j'ai lu de plusieurs manières) mais je retiendrai surtout cette dernière phrase fleurie d'espoir :
A midi, le ciel tinte : il est l'heure de sortir. Le jardin est encore en friche, mais tes lèvres n'ont plus de ronces.
Re: A nouveau, le langage
Merci à vous !
Sebastien K- Nombre de messages : 73
Age : 50
Date d'inscription : 05/06/2011
Re: A nouveau, le langage
Très puissant.
Anachrona- Nombre de messages : 92
Age : 30
Localisation : Lyon
Date d'inscription : 09/05/2011
Re: A nouveau, le langage
Ouais. Pas mal. Quelques métaphores un peu forcées comme: "balbutier une chaleur" ou "bourdonnante de jus d'orange". Mais le tout est bon.
Re: A nouveau, le langage
Quel beau texte déchirant et pourtant porteur d'espoir.
Pour ma part, je retiens, avec grande émotion : "Tu attendais un enfant à tous les instants de sa vie. Un bambin, un jeune homme, qui serait rentré dans la cuisine bourdonnante de jus d'orange, et t'aurais enlacée tendrement. " ("t'aurait")
Pour ma part, je retiens, avec grande émotion : "Tu attendais un enfant à tous les instants de sa vie. Un bambin, un jeune homme, qui serait rentré dans la cuisine bourdonnante de jus d'orange, et t'aurais enlacée tendrement. " ("t'aurait")
Invité- Invité
Re: A nouveau, le langage
Merci à vous !
Easter(Island) : Oui, vous retenez le nœud, en fait.
Merci pour la coquille !
Easter(Island) : Oui, vous retenez le nœud, en fait.
Merci pour la coquille !
Sebastien K- Nombre de messages : 73
Age : 50
Date d'inscription : 05/06/2011
Re: A nouveau, le langage
Je n'avais pas vu ce poème en prose, il me plaît.
Mêmes remarques, ce sont des images "forcées", elles rompent l'harmonie du texte et c'est vraiment dommage !Yoni Wolf a écrit:Quelques métaphores un peu forcées comme: "balbutier une chaleur" ou "bourdonnante de jus d'orange".
Deux petites erreurs : il y eut (c'est le verbe, pas le participe) et le mot acouphène qui est masculin...
Invité- Invité
Re: A nouveau, le langage
Merci dusha, pour le commentaire et les coquilles !
Sebastien K- Nombre de messages : 73
Age : 50
Date d'inscription : 05/06/2011
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