Aux plantes du mur

Nous sommes les plantes oubliées sur le mur
Des jours, des semaines, nous les passons sans boire
Les rayons du soleil chauffent nos pierres à blanc
C’est la famine pour tout ravitaillement

La passante sans nous jeter même un regard
Courre et fuit sa vie comme s’il était trop tard
Passante fugace arrête un peu tes pas
L’espace où l’on croît est tout autour de toi

Regarde le parcours de la rue des murailles
Il semble de la mer son curieux bouquet d’algues
Aux feuilles en goutte d’eau et même d’éventail
Vois le vert ceterach à ses frondes en zigzag

La laitue à son agresseur donne du lait
La chélidoine blessée verse son sang d’or
Se tend la joubarbe, elle ne meurt jamais
Et la réglisse t’offre sa douce saveur

Souviens-toi de l’étoile jaune de l’orpin
Brûlant et ces drôles de bulles, minuscules
Capsules, se sont des coquelicots en grains
Mire la guirlande fleurie des corydales

Mais la ruine de Rome encore s’immisce
Entre pierres scellées parmi les interstices
La capillaire rouge sur le mur se glisse
Le lierre s’insère déjà dans ces fissures

Ce mur jamais ne bouge mais n’a pas d’avenir
Pour avoir de l’amour lui reste la nature
Belle passante saurons-nous te retenir ?
La plante sauvage te souhaite bonjour

Tu as de sacrées connaissances en botanique, Jean Lê ! C'est vrai que peu de gens regardent les plantes des vieux murs autrement que comme des mauvaises herbes ...

Deux petites choses :

Aux feuilles en goutte d’eau et même d’éventail

( en éventail)

Capsules, se sont des coquelicots en grains

( ce sont)

Le poème ne me parait pas à la hauteur des connaissances botaniques, question rythme en particulier

J'aime bcp la botanique, les plantes, la nature, alors forcément ce poème m'a plu et intéressé.

Mais sur le traitement, je rejoins assez l'impression de coline Dé: « Le poème ne me parait pas à la hauteur des connaissances botaniques, question rythme en particulier ».

Il manque peut-être qqchose dans le poème qui retienne + fortement l'attention, peut-être une intégration dans un contexte + prégnant. Vous aviez mieux réussi (selon moi) cette intégration sciences (botanique ici) dans un contexte, pour votre précédent poème posté: « Au secret du marais » et le tout se fondait mieux à mon avis. Mais l'ensemble m'a tout de même bien plu.

Peut-être à l'occasion, j'en posterai un dont la thématique est assez proche: « Cailloux en fleurs » (les plantes c'est accessoirement mon travail, notamment celles adaptées à la sécheresse en climat méditerranéen, et en grande partie des types d'origines sauvages, parfois d'autres régions du monde à climat type méditerranéen d'où son originaires pas mal de plantes parfois très courantes dans les jardins: d'Afrique du Sud ou Californie par exemple ou plus proches du pourtour méditerranéen).

Je n'ai pas été emballée par ce poème comme par d'autres de toi...Un rythme un peu bancal , en 11,12 ou 13 pieds

"Aux feuilles en goutte d’eau et même d’éventail "13
"Vois le vert ceterach à ses frondes en zigzag" 13
Je trouve du reste toute cette strophe maladroite, le deuxième vers je ne l'ai compris qu'en relisant, ( un peu alambiqué le curieux bouquet d'algues du parcours de la rue des mirailles qui semble de la mer ) le troisième je n'ai pas compris le " et même d'éventail" le quatrième oblige à revenir au second pour associer les frondes au bouquet
"Regarde le parcours de la rue des murailles
Il semble de la mer son curieux bouquet d’algues
Aux feuilles en goutte d’eau et même d’éventail
Vois le vert ceterach à ses frondes en zigzag"
C'est toujours ennuyeux quand ça ne semble pas couler de source et qu'il faille relire pour se forger une image

Sinon "la passante court" il me semble

"Des jours des semaines nous les passons sans boire ": je ne suis pas fan de cette énonciation que je trouve lourde avec ce "les" en redondance et le complément d'objet direct avant le groupe sujet verbe

"Brûlant et ces drôles de bulles, minuscules
Capsules, se sont des coquelicots en grains"
Dans le premier vers tu as treize pieds car on ne peut élider la fin de minuscule me semble t il comme dans l'alexandrin classique puisque capsules rejeté au vers suivant oblige à prononcer mi-nus-cu-les- me trompé-je ? et le son ule à la queue leu leue ...bulles minuscules capsules...me gêne sans que je puisse dire pourquoi...

"Mais la ruine de Rome encore s’immisce" : ne doit on pas anihiler le e de rome et le fusionner avec encore ce qui donnerait 11 pieds?
"Ce mur jamais ne bouge mais n’a pas d’avenir" 13
"La plante sauvage te souhaite bonjour "pour avoir 12 il faudrait prononcer "te sou-hai-teux " ce qui sonne faux on prononce naturellement te swai-te

ensuite parfois tu rimes parfois non ...
je trouve le tout un peu cahotique
peut être un poème sauvage à l'image de ces plantes...:-)

Ben voilà. Merci à Rebecca pour avoir ordonné ma première impression.

Si j’ai tout de suite compris que les chaos de la structure me gênaient, je n’arrivais pas m’expliquer la raison pour laquelle je ne trouvais pas pour autant le texte raté : pour son coté sauvage et touffu

Pour ma part je crois qu’avec un peu de travail sur le rythme (et la fluidité) je pourrais facilement être emballé

Les plantes muricoles me rappellent les vieux murs de clôture du jardin de mes aïeux... J'ai toujours admiré leur ténacité, leur résistance...
J'en connaissais pas mal, mais j'avoue que Google m'a été très utile pour les autres...

Quant au poème, une forme un peu plus légère, plus aérienne... mais, ce n'est qu'un avis...

Dusha : la premier jet de ce texte était en vers libre, je tente de lui donner une forme plus classique, pas simple.

Jha : c’est clair ce texte demandait à être remanié une fois de plus.

Artnow « Cailloux en fleurs » un joli titre. En Bretagne, nous avons quelques plantes issues des cortèges méridionaux mais les amoureux des cactées ont des serres pour cultiver les coussins de belle mère. Avec le réchauffement ça changera peut-être. En ce moment on l’espèrerait presque ce réchauffement.

Coline : l’intention est de relier l’homme au vivant qu’il l’entoure avec quelques clés simples d'identification de ces plantes de murailles. "Belle passante" est en référence à Antoine Pol (chanté par Brassens).

Rebecca : Merci beaucoup pour cette analyse précieuse, j’ai pu rectifier ma métrique approximative, voici donc une nouvelle mouture, (la rue des murailles est aussi une plante).

Aux plantes du mur

Nous sommes les plantes oubliées sur le mur
Les jours, les semaines, c’est la soif qu’on endure
Les rayons du soleil chauffent nos pierres à blanc

C’est la famine pour tout ravitaillement

La passante sans nous jeter même un regard
Court et fuit sa vie comme s’il était trop tard
Passante fugace arrête un peu tes pas

L’espace où l’on croît est tout autour de toi

Regarde le parcours de la rue des murailles
Il semble de la mer son curieux bouquet d’algues
Aux feuilles en goutte d’eau où comme un éventail

Vois le ceterach à ses frondes en zigzag

La laitue à son agresseur donne du lait
La chélidoine blessée verse son sang d’or
Se tend la joubarbe, elle ne meurt jamais

Et la réglisse t’offre sa douce saveur

Souviens-toi de l’étoile jaune de l’orpin
Brûlant. Ces drôles de bulles, minuscules
Capsules, ce sont des coquelicots en grains

Mire la guirlande fleurie des corydales

La ruine de Rome d'ores et déjà se glisse
Entre pierres scellées parmi les interstices
La capillaire rouge là aussi s'immisce

Et les lianes du lierre aux fissures s'enfouissent

Ce mur jamais ne bouge mais n’a pas d’avenir
Il n'est que la nature à lui donner l'amour
Belle passante saurons-nous te retenir ?

La plante sauvage, te souhaite le bonjour

L'idée ,j'adore, mais le traitement moins.
Déjà trop de noms, on frise le catalogue mais sans le plaisir de la liste poétique.
Ensuite je ne sais pas où tu vis, mais si chez toi la réglisse pousse sur les murs, j'arrive par la première calèche.(Juste après la maison en pain d'épices?)
Et puis c'est un peu trop bavard ,avec toujours la même idée de retenir la passante ...
Enfin les autres remarques sur le rythme et la fluidité ont déjà été faites .
Ah,et le mot "ravitaillement", trop martial, détone.

Il me semble qu'il y aurait matière à deux textes de propos différents : un sur les charmes indiscutables des belles plantes discrètes avec jeux de sonorités ,noms botaniques et même latins et populaires, bien rythmé comme une chanson ; et un autre sur la fuite du temps , personnifié (ou non) par "la Passante", mettant en scène ces plantes, peut-être en vers libres, en tous cas en mode moins ludique, plus ample .
Ce n'est que ma vision de la chose, et il resterait à trier les pépites de ce texte avant de le remettre sur l'établi!

Polixène
Il s’agit de la réglisse sauvage (polypode). Les enfants aiment mâchér ce bâton appelé aussi réglisse des bois à cause de sa saveur sucrée ; une des rares plante - avec le gui - qui réussit à pousser dans les arbres, d’où aussi son sobriquet de fougère de chêne. Effectivement à préciser dans ce texte :
La réglisse des bois t’offre douce saveur.
Vu les nombreuses remarques des lecteurs, je retoucherai sans doute ce texte, après un délai nécessaire afin de le relire d’un regard neuf.
Merci

Rebecca : Le son ule à la queue leu leue ...bulles minuscules capsules...me gêne sans que je puisse dire pourquoi...
Peut-être qu’il manque ule dans un coin
Ok ! je sors ...

Moi j'aime bien la deuxième version plus aérée, les plantes sauvages peuvent ainsi mieux respirer.