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Exo de l'été : Douche à Tahiti

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Exo de l'été : Douche à Tahiti Empty Exo de l'été : Douche à Tahiti

Message  Jean Lê Ven 2 Sep 2011 - 0:39

Dans la chambre d’hôtel miteuse le ventilateur brassait l’air épais comme les fumées d’échappement d’un méthanier. Un journaliste soliloquait dans la petite lucarne.
Évaillé sur le plumard, Gerhartd tirait une latte sur son mégot de mariejeanne. Alors la voix de Maverick Poivrot d’Abord s’insinuait mielleusement dans son esprit embrumé et fixait son attention. Le journaliste interviewait la dernière égérie de la litté-rature.
_ Chère Alopleure, merci d’avoir accepté mon invitation, c’est un tel honneur de vous recevoir dans mon émission pour la parution de votre dernier recueil de poésie.
_ Aloha Maverick ! ne me remercié pas, je suis là sur l’injonction de mon éditeur afin de promouvoir mon livre et accessoirement l’amour des belles lettres.
_ Vous publiez « Tirades de Thyades » chez Amaltoi un éditeur bien à l’ouest comme moi. Mais tout d’abord chère Alopleure d’où tenez vous l’idée de cet étrange pseudo.
_ Et bien l’idée met venue suite à une rencontre virtuelle un peu avant de signer la reconnaissance de dette qu’a constitué le contrat de mon éditeur.
_ Revenons à vos textes, permettez-moi de lire pour notre auditeur un poème de votre recueil

Les bêlements du locuteur accentuaient le musique des rimes en figeant la réflexion de Gerhardt.
_ Blablabla myriââââdes _ blablabla naïâââdes _ blablabla pléiâââdes _ blablabla thyâââdes

Il ne manquait plus que l’Iliade. Dès la deuxième tirâââde, Gerhardt se resservait une bonne rasâââde de la bouteille de rhum qui voisinait sur la table de chevet.
La suite lustrait la peau de vahinés en maillot (je rêve !) sous la bruine d’une cascade. Gégé rageur, zappa le téléviseur, allumait la radio et filait calmer ses nerfs sous la douche.
Alors qu’il coupait le jet d’eau, les voix souriantes des Tifafano sister’s mêlaient leur sensualité tahitienne à la vapeur d’eau. A la fenêtre, les quais bétonnés mouillaient leur chaleur grise dans l’azur du pacifique. La bouillonnante Papeete coinçait sa bulle tropicale.

Gerhardt, à poil, souriait et regagnait sa couche. Il attendait la fraîche pour agir. La fumée de son dernier mégot s’élevait depuis une saint jacques et le faisait dériver sur la vague de son enfance.
Il se revoyait en train de ramasser les coquillages sur une plage de l’atlantique sous le regard bleu acier de son père Hans. Sa mère Gladys, comme toujours absorbée par la lecture, protégeait sa pâleur sous l’ombre d’un parasol.
Il était le fruit de cette union improbable entre cet allemand blond au regard métallique et cette anglaise à la beauté hiératique digne d’un portrait de Gainsborough.
Jean Lê
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Message  Charles Ven 2 Sep 2011 - 8:49

J'aurais bien vu une suite à ton texte. Il me fait plus penser à un début de nouvelle qu'à un texte indépendant. J'aime bien ce que tu racontes et la façon dont tu le fais mais une petite frustration que ça s'arrête si tôt ...

petite inattention ?
Gégé rageur, zappa le téléviseur, allumait la radio et filait calmer ses nerfs sous la douche.
pb de temps, non ? passé simple partout, non ?
Charles
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Message  Jean Lê Ven 2 Sep 2011 - 11:27

En quarante quatre, Hans avait vingt trois ans. Il survivait miraculeusement après trois naufrages dans la kriegsmarine. Il naviguait pour la dernière fois autour de Saint Nazaire pour mouiller des mines magnétiques devant interdire l’approche de la base sous marine aux vaisseaux alliés. Après le débarquement, les canons qui pointaient sur l’atlantique avaient été retourné vers les terres mouillées du pays de Retz et de la grande Bruyère.
Flak city garantissait l’appui de toutes ses batteries d’artillerie de marine au vingt huit milles soldats allemands retranchés dans ce territoire humide parmi les civils qui n’avaient pu s’enfuir.
Au cours de cette période, Hans avait du se former au combat terrestre contre les troupes de maquisards des F.F.I., dépenaillés mais tenaces, qui avaient l’avantage de connaître parfaitement le terrain. Il apprenait les rudiments de la langue française dans les relations avec les civils empochés obligés de partager le toit et la nourriture avec l’occupant. Il savait le terrible bombardement de Dresde où toute sa famille avait disparu dans les cendres.
Une nuit, il avait entendu les quadrimoteurs des bombardiers de la RAF en se rentrant la tête dans les épaules. Mais ça n’était pas tombé sur eux. : le vol revenait de Royan.
Bientôt une balle lui signifiait la fin de sa guerre et la direction de l’infirmerie sur un brancard : tibia et péroné fracturés. Le chirurgien extrayait de sa blessure une balle de mauser. Un comble, mais le franc-tireur s’équipait aux frais de l’Allemagne en déroute.

Début quarante et un, Gladys quittait le confort d’un hôtel particulier londonien et s’engageait comme nurse dans le corps médical des troupes britanniques. L’été de la même année, un V1 pulvérisait la demeure victorienne familiale et la laissait orpheline. Après la reddition de la dernière armée allemande le onze mai quarante cinq à Bouvron, elle était affecté à l’hôpital militaire de Saint Nazaire. C’est là qu’elle faisait la rencontre de Hans.
Il avait la beauté d’un photo modèle de la propagande aryenne avec un humour chic et distancé. Elle avait la douceur de sa profession, le flegme anglais et d’étranges réparties de non sens typiquement britanniques. Leurs histoires de vie convergeaient. Au fil des soins, la relation se faisait plus complice.
_ C’est Hans moment !
_ Glad to see you Gladys, and glad is my life in your hand.
_ It’s not your end soldier.
_ I hope your hand will be mine. My heart is already for you.
_ Your time will come soon, be patient, aren’t you ?

Prisonnier jusqu’en quarante sept, Hans épousait Gladys au printemps suivant. Ils s’installaient dans un maisonnette proche, à Sainte Marie sur mer. A l’automne naissait leur fils qui héritait du prénom du père de Hans décédé dans le brasier de Dresde.
Gerhardt se souvenait de l’amour de ses parents et du bonheur qui régnait dans la maison familiale à cette époque. Mais il ne faisait pas bon être fils de boche dans les écoles de la république en ces années d’après guerre. Le fait que sa mère soit anglaise en rajoutait encore aux quolibets invectivés par les moutards haineux. Hors du cocon familial, Gerhardt se repliait sur lui-même. L’amour de la lecture, transmit par Gladys, assurait son évasion face à l’hostilité de son entourage scolaire.
Le travail ne manquait pas, Saint Nazaire se reconstruisait et Hans monnayait facilement ses talents de mécanicien. Les français ne se moquait plus comme avant l’an quarante, de la suprématie germanique dans ce domaine. Il parlait désormais un français correct mais ne se départait pas d’un fort accent teuton qu’il garderait jusqu’à la fin de ses jours. Il réparait les machines à coudre pour les usines textiles dans une ancienne menuiserie dont il avait fait son atelier.
Au milieu des années cinquante, il investissait dans une machine à broder allemande et signait son premier contrat avec un de ses clients, patron d’une usine de couture locale qui fournissait l’armée française.
La fortune souriait dans ces trente glorieuses. L’atelier évoluait en usine, l’ouvrier devenait PDG, l’on quittait la maisonnette pour une demeure bourgeoise et la 2 CV pour une Mercedes.
Mais la fortune avait l’inconstance du vent. Une nuit de tempête, Gladys se tuait au volant de la Mercedes en percutant un chêne couché sur la chaussée.
Hans oubliait sa tristesse et se réfugiait dans son travail. Gerhardt ne trouvait pas de réconfort dans la compagnie désormais distante d’un père au cœur brisé par le chagrin. La maison se transformait en tombeau hanté par le fantôme de Gladys.
En soixante six, Gerhardt devançait l’appel et s’engageait dans la royale, bien sur sans aucune ferveur patriotique. Ce n’était qu’une fuite qu’alimentait l’espoir de nouveaux horizons...
______________________________________________________

Merci Charles, voici donc une suite écrite dans l'urgence, j'ai toujours du mal à être dans les temps avec les devoirs de vacances, il me reste une troisième partie à rédiger pour en terminer avec ce texte. (Je corrigerais zappa en zappait pour respecter la consigne de l'imparfait).
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Message  Charles Ven 2 Sep 2011 - 12:03

il y a un décalage je trouve entre la 1ère partie (langage : mégot, plumard, mariejeanne ... côté ironique, un peu grinçant : l'interview ... ) et la 2ème partie (narrative, plus de langage argotique, 1er degré tout le temps ) ...

Mais j'attends donc la fin :-)
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Message  Jean Lê Ven 2 Sep 2011 - 19:54

De nouveaux horizons, le grand large n’en offrait guère. Toujours la même ligne de fuite qui s’estompait au gré de la visibilité fluctuante de la mer.
De son premier tour du monde, Gerhardt gardait des images de cartes postales et des bribes de souvenirs de pistes inavouables. A chaque escale les marins avait envie de saillir. Un quartier de port persillé de bar malsains et d’hôtels borgnes comblait leurs requêtes. Ils trouvaient là un lot de femelles, toutes disposées à subir leurs assauts en contrepartie de la solde de leurs comptes. Les gros ports se ressemblaient tous. Une femme pour chaque porc.
Gerhardt, à l’instar de la Sainte Marine, avait vite fait le deuil d’une sexualité (normale), c’était une affaire très personnelle.

Gerhardt était affecté à la cambuse. Il conduisait la patateuse. Une tache de la plus haute importance sur le navire où l’on appréciait la prédominance de cette garniture quotidienne. Il gérait aussi le stock et la distribution des bananes. Une fonction stratégique qui lui garantissait bien des passe-droits. La banane était le remède ultime contre le mal de mer : le seul aliment qui passait aussi bien dans un sens que dans l’autre.

Gerhardt n’oubliait pas le jour où leur bâtiment croisait dans les eaux glacées l’événement d’une aurore boréale. L’atmosphère devenait couleur. Il baignait ses mains dans un arc-en-ciel. Le créateur semblait tenir une palette diabolique capable de teinter chaque grain du vent. Gerhardt aurait pu joindre ses mains pour une prière au tout-puissant mais la ferveur religieuse était dissuadé dans l’éducation parentale. Le mousse n’amassait pas les prières. Pourtant il n’avait jamais vu ses mains comme ça, sauf plus tard dans le pacifique.

Dans le pacifique, Gerhardt quittait le vaisseau pour servir au mess des officiers qui encadraient le chantier top secret des installations nucléaires française sur l’atoll de Fangataufa.
Gerhardt mettait à profit cette opportunité pour leur mitonner un dîner qui rassemblait la quintessence de ses connaissances gastronomiques. Il servait en ouverture une spécialité de sa mère : des fayots sauce tomate sur toast de pain de mie. En résistance venait une création du melting pot familial : rosbeef bouilli sur son lit de kartoffels sauce à la menthe. Et sa touche personnelle clôturait ce festin : délice de singe en dessert.
Dès le lendemain, les rampouilles du génie lui adjoignaient l’aide d’un pécheur tahitien et d’un maçon martiniquais qu’ils prélevaient sur le chantier.
Manuiva, Alain-Parfait, étaient des gars pratiques. Ils maîtrisait une cuisine simple et délicieuse. Manuiva marinait le poisson, abondant sur l’atoll, dans le jus de citron et le lait de coco, Alain-Parfait relevait le riz créole d’épices caraïbéennes , Gerhardt assurait une salade de fruits tropicaux. Un vouvray brut pétillait dans les verres. Les ganaches galonnées se gavaient.
Gerhardt découvrait ses amis donnés de l’armée et l'art culinaire.

Le chantier terminé, il rembarquait avec une permission pour Papeete. Après quarante milles nautiques le bateau jetait l’ancre. Groupés sur le pont, les marins attendaient l’heure H, décomptaient les secondes. Gerhardt, paupières fermées, les mains sur les yeux suivait la consigne. Le rayon de la mort arrivait en premier. Gerhardt garderait en mémoire la vision des os de ses mains qui s’imprimaient sur sa rétine malgré ses yeux clos. Une radiographie en direct live. Mais déjà un formidable souffle s’abattait sur lui, décoiffant, à faire se dresser sur la tête les cheveux de sa coupe incorpo. L’onde sonore suivait, terrible détonation que rien n’arrêtait sur l’océan. L'horrible champignon croissait à vue d’œil, il ne s’arrêterait qu’aux limites supérieures de l’atmosphère. Bien sur, il ne devait en parler à quiconque, S.D. : Secret Défense. L’armée non plus ne révélait pas ces bons coins à champignons.

A Papeete, Gerhardt refusait le collier de fleurs offert par les vahinés de l’office de tourisme. Il louait une auto. Il avait mission de porter le courrier de son ami Manuiva. Sa famille vivait dans un village côtier quelque part de l’autre coté de l’île...
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Message  Raoulraoul Sam 3 Sep 2011 - 22:13

On dirait du Frédéric Dard déjanté. Ca se lit comme du petit lait arrangé de quelquechose...
Surréaliste polar, existentiel à souhait à la mords moi l'âme. Jubilatoire, communicatif, ne perd pas le crayon il est inspiré...
RAOUL
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Message  Eugène Bricot Lun 5 Sep 2011 - 18:47

Jean,

Une écriture agréable, et qui a du style, à la fois ironique et mélancolique, mais entre la première partie et la suite, je ne vois pas trop le rapport. Il manque du lien et sans doute est-ce l'objet même de cette histoire à approfondir. J'ai bien aimé la mise en contexte historique et la narration qui a de bonnes qualités d'accroche et d'humour entre deux eaux. On chaloupe dans ce texte malgré l'absence de dialogue (quasiment) et on se laisse embarquer ! Mais je n'ai pas trouvé ou était le «souvenir heureux». Les deux époques historiques sont aussi très éloignées. On pourrait prendre chaque partie indépendamment.

Dans la même phrase « l’idée met venue » « de dette qu’a constitué » c'est frais exprès ?

Bouuuuuuuh, que je suis vilain !
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Message  Jean Lê Mar 6 Sep 2011 - 22:46

Les feti de Manuiva l’accueillait dans le fare comme un membre de la famille. Gerhardt libérait ses instinct de grand fauve, oubliait son âme de popaa. Il se revoyait dans les iles-sous-le-vent soulevant le paréo d’Hera, la sœur de Manuiva , sa nuit valait la chandelle.
Le missionnaire échouait à inculquer sa position aux autochtones, ceux-ci avaient beaucoup d’avance dans la pratique de l’amour du prochain.
La dernière encoche gravée sur la quille, il regagnait son nouveau fainua.
Au village, Manuiva et Gerhardt complétaient les ressources de la pêche par la vente de la nacre à un démarcheur chinois. Ils plongeaient alternativement en apnée depuis la pirogue, lestés par un poids qui entraînait la corde où s’accrochait le panier pour mettre les huîtres. Un jour, Gerhardt trouvait une perle noire dans un coquillage. Ça le décidait à pousser le bouchot un peu plus loin.
Bientôt, il tirait sur la corde où s’accrochaient ses premières huîtres perlières. La ferme s’étendait sur un mile au large de l’atoll d’un motu inhabité. L’achat d’une barge, la construction du wharf et d’un abri côtier mangeaient toutes leurs économies.
Puis un cyclone rompait les amarres de l’embarcation. La barge avait terminée sa course folle sur la cime des cocotiers. Les deux perliculteurs abandonnaient la ferme, rapatriés par une alouette.
Peu après leur retour, Manuiva décédait d’une leucémie foudroyante. Aux funérailles, Gerhardt revoyait Alain-Parfait qui n’avait pas de futur, son dernier spermogramme ne montrait que des spermatozoïdes anormaux. Les bons soins du tahua faisait disparaître les nodules de Gerhardt, il évitait une thyroïdectomie. La nourriture iodée et la volonté de voir la naissance de son fils assuraient aussi sa guérison.
Sa vahiné s’était gonflée, Héra chaloupait un temps en paréo XXL avant de donner naissance à un bébé magnifique. Gerhardt envoyait un faire-part à Hans.

La nouvelle cueillait Hans alors qu’il gérait ses usines désormais délocalisées au Maroc et au Bangladesh. Le désir de revoir son fils et de connaître son petit-fils s’était faite impérieuse. Il vendait tous ses avoirs à un riche concurrent et mûrissait un projet pour conjurer le sort.

Le matin même, le banquier, visqueux comme une anguille à oreille du lac de Vaihiria, avait refusé à Gerhardt le crédit pour l’achat d’un nouveau bateau. Gerhardt pensait à ses milliers de perles inaccessibles qui paraient le cou de miti aux cordes des corps morts.
Il se sentait fiu en quittant cette chambre d’hôtel. Une semaine qu’il attendait en vain l’arrivée de son père. Hans l’avait prévenu depuis trois mois de son arrivée par la mer, cette semaine même, sans donner de date précise.
Il descendait le quai du commerce pour guetter les touristes qui débarquaient du dernier cargo. Hans n’était pas parmi eux.
Gerhardt, désabusé, poussait jusqu’au port des yachts. Sur le quai des multicoques : catamarans et trimarans vantaient les produits agro-industriels de sponsors métropolitains. Plus loin, des bonitiers côtoyaient les yachts dispendieux de la jet set de la plaisance. Au ponton des monocoques, ketchs et trois-mats rivalisaient d’élégance. Gerhardt avisait un vieux loup de mer à la chevelure fleur de sel qui assurait les drisses d’une goélette fine et racée où flottait le Gwenn ha Du. L’homme avait une démarche de tupa. Quand il relevait la tête au son de ses pas sur le ponton, il lui jetait un regard d’opale aux mille feux.
_ Gege, mein sohn !
_ Iaorana père !
Ses yeux se mouillaient de larmes, mais en embrassant Hans, il avait le temps de lire les lettres peintes à la proue : GLAD YS.

Notes : feti : parents ; le fare : l’ase polynésienne ; popaa : désigne le blanc ; fainua : foyer ; motu : îlot ; tahua : le sage, guérisseur et détenteur des secrets des anciens ; miti : la mer ; se sentait fiu : fatigué ; tupa : crabe de terre ; iaorana : bonjour.

Remerciement, excuses et parahie oe à la muse envolée.
_______________________________________________________________________________

Merci Eugène, voici la dernière partie qui tente de faire le lien avec ce qui précède. Vous êtes gentil de n'avoir relevé que ces fautes. A la relecture j'en ai vu tellement (d'accord) que je n'ose pas importuner la modération : retournées, aux, affectée, transmis, moquaient, bien sûr, dissuadée, françaises), bref désolé pour cet exo dans son jus.
Merci Raoul, vos compliments font mouche, très touché.
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