Dans une heure

[redstar]

Spoiler:

Dans une heure, Fabien sortira.

Dans une heure, les voitures qui rampent dans la rue pleine de brouillard s'arrêteront, les portières claqueront et la chaleur se faufilera hors de chaque véhicule pour monter dans l'air humide du matin.

Dans une heure, un homme qui regarde à travers la fenêtre rayée du bus, quelques rues plus haut, écoutera distraitement le bruit de ses pas sur le sol avant d'entrer dans le café prendre son service.
Les arrêts de bus se seront vidés et remplis à nouveau, la machine aura recraché de nouvelles pièces à acheminer à travers la ville et dans une heure, des enfants rentreront chez eux exceptionnellement plus tôt pour des raisons qui échappent au vieil homme assis sur le banc de l'arrêt de bus.

La radio des ouvriers, en face du café, ne jouera plus de musique pour personne et se contentera, innocement, de disperser son chant grésillant parmi les vagues de chaleurs; fuyant des portières ouvertes, toujours à travers l'air de ce matin toujours aussi frais.

Les ouvriers ne feront plus de bruit et se retourneront en même temps, délaissant leurs outils et leur programme radio. Le marteau piqueur tombera sans même qu'on l'entende.

Les vitres du café se lézarderont face aux ouvriers et certaines se briseront.

L'air alors très frais de cette matinée se chargera d'un lourd silence et d'immenses bouleversements.

Les enfants fuiront l'arrêt de bus pour échapper à tout contrôle et perdre leur haleine au milieu de l'anarchie qu'ils fuient.

Le vieil homme ne se levera pas, ni dans une heure ni jamais.

Les portières resteront ouvertes et les conducteurs deviendront passants. Des autoradios joueront en décalé des mélodies semblables à celle de la radio des ouvriers.

Ouvriers qui tomberont, pour certains, au sol en même temps que le marteau piqueur dans un léger bruit mat que personne ne remarquera non plus.
Dans une heure, l'air ne sera plus frais.

Car dans une heure, Fabien sortira. Ses oreilles siffleront quand une dizaine de détonations feront voler en éclats des fenêtres de café, les côtes d'un vieil homme ou d'ouvriers passant par là. Lorsque des corps innertes décoreront le sol.

Son coeur battra plus fort qu'il ne l'imaginait, lorsqu'il entrera dans ce café que tous les sons du monde avaient fuit et où ils n'entreraient plus. Lorsque cinq anneaux de fers rouleront sur le sol et que le café, où un homme venait de prendre son service, brûlera.

Un claquement métalique retentit dans l'appartement de Fabien et il vérifia l'équipement à sa ceinture, les outils de sa mort, les armes de l'apocalypse.

Dans une heure, Fabien sortira.

Dans une heure, Fabien mourra.

[Invité]

C'est pas mal, la progression est plutôt bonne même si je pense qu'il pourrait y avoir une montée en puissance - ou en angoisse latente - plus marquée ; le choix du futur fonctionne bien je trouve. En revanche, ici, j'aurais utilisé un présent plutôt qu'un passé simple : "Un claquement métalique retentit dans l'appartement de Fabien et il vérifia l'équipement à sa ceinture, les outils de sa mort, les armes de l'apocalypse." - c'est une sensation, une impression, un truc d'oreille... - pour éviter la trop soudaine rupture d'avec ce qui précède et ce qui suit. Sinon, quelques maladresses dans l'expression, ou plutôt des expressions creuses, un peu vides de sens, comme "d'immenses bouleversements."
Une bonne lecture.

[Invité]

Je n'ai pas trop aimé la progression qui, de mon point de vue, ressemble plus à une énumération (sans les numéros). Beaucoup de répétitions également, parfois dans la même phrase. Un texte qui aurait gagné à être relu avant la mise en ligne. Des problèmes de concordance des temps.

"Les arrêts de bus se seront vidés" et dans la même phrase "assis sur le banc de l'arrêt de bus" : à mon avis, intile de préciser qu'il s'agit du banc de l'arrêt de bus.
Incohérence entre "vagues de chaleur" et "ce matin toujours aussi frais" : "La radio des ouvriers, en face du café, ne jouera plus de musique pour personne et se contentera, innocement, de disperser son chant grésillant parmi les vagues de chaleurs; fuyant des portières ouvertes, toujours à travers l'air de ce matin toujours aussi frais."

Orthographe (La plupart sont signalées par le traitement de texte) :
" innocement" : mm
"vagues de chaleurs" : chaleur.
" ne se levera pas" : lèvera
"marteau piqueur" : marteau-piqueur
"innertes" : inertes
"que tous les sons du monde avaient fuit" : fui (participe passé)
"Un claquement métalique" : métallique

Cordialement

[elea]

Le titre me parait parfait ainsi, il reprend le leitmotiv du texte et l’autre choix serait beaucoup trop révélateur et orienterait la lecture je trouve, alors que là je me suis laissée emmener sans idée déterminée du contenu.

J’ai bien aimé ce temps presque au ralenti, comme pour mieux souligner le choc final. Bien aimé l’idée aussi et la description de la scène, les petits détails.

Je crois que pour que ce soit plus percutant encore, il faudrait revoir un peu la forme, j’ai buté sur certaines phrases, quelques répétitions et des tournures un peu lourdes. Quelques exemples :
- les voitures qui rampent un peu de mal à visualiser une voiture rampante
- toujours à travers l'air de ce matin toujours aussi frais
- et perdre leur haleine au milieu de l'anarchie qu'ils fuient on comprend bien ce que cela veut dire mais c'est assez lourd à lire je trouve
- Lorsque des corps innertes décoreront le sol l'emploi de décorer me semble étrange

[Janis]

moi aussi le titre, beaucoup plus percutant comme ça
j'aime bien cette progression, et le côté aéré du texte comme de l'écriture, la sobriété
ça me plaît, cette description par anticipation de ce qui va arriver

un petit texte de stig dagerman "tuer un enfant" procède un peu de la même façon, sauf qu'il met en scène la somme de hasards nécéssaires à ce qu'une voiture rencontre un enfant et le tue

[Invité]

Le titre spoiler serait beaucoup trop explicite
.
j'adhère à ce qui a déjà été dit plus haut

[Lunatik]

C'est bizarre mais vue l'ambiance, j'ai l'impression d'une journée chaude plus que d'une matinée fraîche. Peut être à cause de l'effet ralenti.
La progression en séquences hachées est sympa.

Je plussoie les précédents commentateurs à propos du titre (bon), des répétitions (pénibles) et des quelques tournures maladroites.
Par exemple, exceptionnellement plus tôt, c'est moche et à voix haute, ça fait postillonner.

En revanche, les voitures rampantes et les corps qui décorent m'ont bien plu.

[Invité]

J'ai bien aimé cette façon de traiter le temps en aller et retour, et cette sensation de danger imminent.

[demi-lune]

Mêmes remarques que les précédents commentateurs, donc je ne reviens pas là-dessus.
J'ajoute juste qu'à mon point de vue la fin serait plus percutante si tu supprimais la dernière phrase puisque, arrivés à ce stade, c'est une évidence qu'il n'est donc pas besoin d'énoncer. Il me semble qu'elle peut rester dans le sous-entendu (surtout qu'il y a déjà "les outils de sa mort" un peu plus haut).

[midnightrambler]

Bonsoir,

Pas convaincu ... ni par le thème, ni par la forme !

Amicalement,
midnightrambler

[mentor]

Je trouve que le titre colle bien
La progression est bien maîtrisée
j'ai apprécié

[Contenu sponsorisé]