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Choisir son camp dans le conflit

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Message  Raoulraoul Lun 14 Mai 2012 - 14:11

CHOISIR SON CAMP DANS LE CONFLIT


Lumière bleue des champs me jette à terre, rentrant fort par fenêtre. C’est un matin de Noël. Par la fenêtre je vois Lumière bleue des champs, un matin de Noël la lumière bleue des champs vous montre ce qu’on ne peut entendre. Elle parle de sa voix de betterave si douce et ronde et de sillons tracés jusqu’à perte d’oreille. C’est d’un bleu pur de casserole étincelant.
Je suis levé ce matin. Je n’arrête pas de me lever. Je ne me lèverai plus ce matin. Mlle Vernon a bien fait les choses, l’autre soir. Il y avait des guirlandes et des bougies allumées partout jusque dans le nids d’oiseaux dans la soupente. Je suis écœuré de bonheur et Lumière bleue des champs me rappelle qu’il faut, sans tarder, que je me lève pour regarder l’avenir au-delà des bosquets, au travers des branchages que l’hiver déplume. Je ne veux pas de leur cadeau. Mlle Vernon s’était déguisée en Mère Fouettarde et poursuivait les enfants à travers la maison avec une grosse massue cloutée.
L’avenir de l’autre côté des champs se compose d’un village où l’instituteur en blouse grise avec ses gros doigts boudinés empeste le tabac. Oui, je me lève pour me jeter par la fenêtre. Mlle Vernon sera triste en découvrant mon trou vide laissé dans la terre. Lumière bleue des champs me dit qu’il ne faut jamais baisser les yeux devant la puissance du soleil. C’est un point de vue. Je sais et je ne sais plus. L’espoir de me griller un jour ne m’est pas impossible. Qu’on me laisse une chance.
Maintenant je scrute sérieusement le ciel, et ça sent bon la culture de betterave en jachère que fait reposer le paysan. Mlle Vernon, ce matin, m’apporte un café très noir et une brioche chaude. J’ai lâché aussitôt de ma poche une nuée de chauves-souris qui a fait fuir Mlle Vernon. Lumière bleue des champs ici règne en maître. Si je poursuis des yeux les sillons de terre j’arriverais peut-être loin à quelque chose. Je ne supporte plus mon odeur ici dans la soupente. Mon odeur et moi, on fait deux, il y en a un de trop. Si je sautais par la fenêtre, derrière moi resterait l’odeur enfermée dans la soupente.
Au village, on dit que l’armée va arriver et je m’en réjouis, car enfin chacun pourra choisir son camp. L’instituteur sous sa blouse grise n’est pas net. Une fois sauté, moi, je serais propre. Je saute, les chauves-souris m’ouvrent leurs ailes pour amortir ma chute. Je saute. J’aimerais bien sauter. Il se peut d’ailleurs déjà que j’aie sauté sans m’en rendre compte. C’est toujours comme ça avec les sauts, on ne sait jamais quand le saut commence. Mais aujourd’hui je dois sauter pour de vrai et rendre pour de vrai malheureuse Mlle Vernon. Lumière bleue des champs se frotte déjà les mains, à l’idée de m’accueillir. Elle a raison Lumière bleue des champs. Je ne fermerai plus les yeux puisqu’en face il faut. Enfin. On le dit. Il faut fixer toujours le ciel droit dans les yeux du ciel même quand le soleil se couche, surtout quand le soleil se couche.
J’ai pris sous mon bras mon vieux livre de grammaire et de conjugaison. Il peut servir. Rampant au milieu des sillons je braverai les taupes et les doryphores, je résisterai aux asticots qui anticipent déjà l’heure de ma décomposition. Avec Lumière bleue des champs je ferai mon entrée dans le village.
Les écoliers grimpent sur leur pupitre pour voir défiler les chars envahissant les rues. Ils applaudissent mais l’instituteur les frappe sauvagement. Dans quelques instants les traîtres se rallieront à l’ennemi. Pour le moment tout est en suspens. Je m’assieds sur un banc, m’ayant tordu la cheville en sautant du haut de la soupente. Lumière bleue des champs m’assiste en secret. Plus peur de rien, je suis acculé à mon avenir. Parfois j’ouvre mon livre de conjugaison pour savoir quel temps je dois utiliser correctement. Aucune erreur ne sera admise devant l’envahisseur étranger.
Mlle Vernon chez elle vient de me découvrir dans l’obscurité de la soupente. Elle commence à dialoguer avec moi. Tu n’aurais jamais du venir à ce réveillon, me reproche t-elle, en triturant nerveusement sa broche à son corsage. Elle risque de se perforer la main, sa douleur est menaçante et je me réjouis à n’avoir plus à lui offrir que mon odeur qui l’excite.
J’ai beaucoup à faire au village, vous savez, Lumière bleue des champs m’a chargé d’une mission difficile. Les soldats maintenant ont encerclé le village. L’instituteur hésite à déboutonner sa blouse. Seul le pharmacien exprime clairement que ses médicaments sont neutres et que chaque partie opposée pourra en bénéficier. Je claudique fortement. Sauter dans la lumière bleue des champs ne vous laisse jamais indemne. J’essaie d’imposer ma loi. Je décide que les écoliers iront à l’ennemi car ils ont encore beaucoup à apprendre, et l’adversité comme on le sait est formatrice. Les femmes resteront avec les patriotes. Se sont les plus fiables pour maintenir les frontières. Quant à l’instituteur, son tour n’est pas encore venu.
Mlle Vernon insiste pour que je fasse un geste envers elle, ce qui m’est impossible. Malgré mon odeur elle ne sent plus rien de moi. Les officiers consultent mon livre de conjugaison. Ils veulent s’adresser au peuple dans un temps présent. Me voilà collaborant malgré moi avec l’ennemi. Je me retourne, accablé, vers Lumière bleue des champs qui m’envoie sa bleuité sans effet. Le pharmacien refuse de me soigner, lui qui se voulait impartial. Je fais un effort pour me diriger vers l’instituteur, quand à cet instant, Mlle Vernon me hurle dans le crâne « Repars d’où tu viens, enfant pourri de la bourgeoisie, artiste, névropathe, enfant Unique ! » Mon odeur ne lui réussit pas et mon invisibilité réclame à tout prix une image forte. Ma jambe blessée m’interdit de trouver refuge chez l’instituteur qui pue le tabac. Les soldats vont perdre patience, leur fusil mitrailleur pointé sur notre monde indécis. Mon odeur accaparant de plus en plus Mlle Vernon, elle devient folle à me sentir à la fois si présent et absent. Elle pleure, gesticule dans tous les sens, brandissant à la main sa broche comme une arme redoutable et Lumière bleue des champs sans fléchir illumine sa maison comme elle éclaire pareillement le village à l’autre bout des sillons.
L’instituteur, révolté, retire enfin sa blouse, monte sur les marches de l’église, et commence un long discours. Rien à comprendre. Son discours est dialectique. Lumière bleue des champs recouvre avec indifférence la disparité des mondes. Mlle Vernon va périr de solitude, enivrée qu’elle est par mon odeur. Elle retourne contre elle l’épingle de sa broche et se crève un sein dont le sang coule pour de vrai. J’en suis attristé, mais ne peut la sauver, tellement occupé au village à devoir prendre une décision.
Pour un jour de Noël on aurait pu faire mieux. Sur la dépouille de Mlle Vernon, je bâcle une prière à je ne sais quel dieu. Lumière bleue des champs dégage toujours son air suave de betterave. Ce sera donc au nom du dieu Betterave que j’enterrerai profondément Mlle Vernon, pendant que les paroles dialecticiennes de l’instituteur défient, comme un fleuve tonitruant, la lumière bleue des champs qui aura su éblouir si joliment mes congés de Noël, dans la campagne cauchoise, en ce mois de décembre de l’année 1967.
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Message  Invité Lun 14 Mai 2012 - 15:59

Je suis venu en tapinois, j'ai lu… Et je dois dire que je n'ai pas été ébloui par la lumière bleue. Probablement me suis-je pris les pieds dans le champ de betteraves, car je n'ai rien compris. Quitte à choisir, je préfère le confit au conflit. Du coup, je récupère le "l" et m'en vais à tire d'ailes.

Plus sérieusement, puis-je demander à l'auteur de m'expliquer ???????????

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Message  Invité Lun 14 Mai 2012 - 16:34

Pareil que luluberlu ; j'ai lu et suivi à ma façon jusqu'à "Les écoliers grimpent sur leur pupitre " puis j'ai perdu le fil droit. Mais qu'importe, je sais qu'il y a là un travail remarquable d'écriture, le fait que ça m'ait laissée quasi coite ne change rien à la chose. Je ne sais que dire d'autre, sauf que ça m'a remis en mémoire d’anciennes et moins anciennes lectures, Queffélec, Annie Saumont... des histoires d’enfants malheureux, mal compris, maltraités.

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Message  Invité Lun 14 Mai 2012 - 18:16

j'ai fait une pause à écoliers aussi.

C'est beau comme de l'Antonin, mais aussi plus technique, j'ai bien peur de ne pas rassembler suffisamment de pièces pour m'engager à une reconstitution. Sous une autre perspective, le texte est raté, avare, taré. Je préfère plaider coupable en premier et revenir faire un tour demain chez lumière bleue, en tout-cas c'est passionnant, trouve-je. Prière de patienter un peu si tu sentais le besoin d'annoter ton texte. Zankiou.

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Message  Louis Ven 18 Mai 2012 - 15:42

Une scène en bleu, bleu comme les Nymphéas bleus de Monet. On se situe, en effet, en Normandie, près de Giverny, le pays du peintre, pays cauchois comme indiqué à la fin du texte, et comme le confirme le nom de la « demoiselle », Mlle Vernon, homonyme d’une petite ville voisine de Giverny.
Rêverie lors de congés scolaires des fêtes de fin d’année, dans un lieu reculé, solitaire, au bord des champs, un lieu gris, triste et misérable dans une « soupente », mais un paysage nimbé de lumière, du bleu de l’imaginaire.
Délire en bleu, qui se détache de l’impressionnisme vers l’abstraction et l’expressionnisme.
Lumière bleue : lueur personnifiée. La Lumière en personne. Elle est « des champs », non comme celle qui émane du soleil, ou des étoiles, mais celle qui court dans les champs, comme y courent les feux follets, mais sans l’apparence d’une petite flamme, sous l’aspect plutôt d’une lueur diffuse, d’un halo bleuâtre.
Lumière bleue : âme des champs, âme de la nature ; spiritualisation de la matière et de la force sauvage de la nature. Abstraction de cette nature. Animisme expressif de l’âme du narrateur.

Dans ce texte, le personnage lutte contre un mal qui l’envahit, un mal qui trouble son identité et sa maîtrise sur les situations. Lumière bleue est cette force qui l’aide à résister au mal, à lutter contre lui, dans une scène imaginaire.

Qui parle ? Qui est le narrateur ? Un enfant ? Ce n’est pas certain. Il y a, en effet, un flou, une incertitude sur le sujet de la parole.
Ce sujet apparaît brisé, clivé, divisé. Tiraillé entre le visuel et l’olfactif, entre être vu et être senti. Il se pense d’abord comme une odeur de laquelle il lui faut se séparer, se détacher : « Je ne supporte plus mon odeur ici dans la soupente. Mon odeur et moi, on fait deux, il y en a un de trop ». Odeur, il se veut image ; il se veut couleur. « Mon odeur ne lui réussit pas et mon invisibilité réclame à tout prix une image forte. » Son identité n’est plus placée dans une existence odorante. Non plus se sentir exister, mais se voir exister.
Quand son regard se porte au loin, au loin dans l’espace, et dans le temps vers l’avenir, son avenir, il voit un village, une école, et un maître d’école. L’instituteur est d’abord évoqué par son odeur. L’instituteur est d’abord une odeur : « L’avenir de l’autre côté des champs se compose d’un village où l’instituteur en blouse grise avec ses gros doigts boudinés empeste le tabac ». Narrateur et instituteur ont en commun une odeur désagréable, tous deux sentent, tous deux sont sentis, mal sentis. On ne peut plus les sentir tous deux. Tous deux se sentent mal. Tous deux ne font peut-être qu’un. Le narrateur ne serait-il pas l’instituteur ? L’un est le double de l’autre. Le clivage interne au sujet de la narration semble être schizophrénique.

Le narrateur qui veut en finir avec son odeur répond à l’appel de la couleur, et à son lien indissociable avec la lumière, celle qui permet de voir et d’être vu.
Divisé, il lui faut choisir son camp, et choisit le camp du visible contre celui de l’odoriférant.
Ce choix est vécu, non comme une libre décision de sa part, mais comme l’effet d’une puissance extérieure, qui à la fois l’attire et le pousse : Lumière bleue. Cette âme de la nature, cette force naturelle est la projection hors de soi de l’âme du narrateur, de son fond bleu nourri de ses blessures.
Lumière bleue bouscule, renverse, « jette à terre » ; elle pousse hors du sommeil, elle provoque un éveil, un sursaut : « Lumière bleue des champs me rappelle qu’il faut, sans tarder, que je me lève ».
Parlante, elle a le langage des champs, celui des labours, des sillons et des betteraves. Sa parole n’est pas sonore mais visuelle : « elle montre ce qu’on ne peut entendre ».
Lumière bleue dicte la conduite, de sa voix silencieuse, de sa parole lumineuse. Elle indique le chemin jusqu’au village, une voie vers l’avenir.
Elle exerce un attrait vers l’extérieur « Oui, je me lève pour me jeter par la fenêtre. » Se jeter hors de soi, hors de l’odeur dans la couleur lumineuse, se fondre en elle, au point de ne plus s’en distinguer, au point de disparaître en elle « Mlle Vernon sera triste en découvrant mon trou vide laissé dans la terre. »
Il choisit son camp, il est de parti pris, parti pour la lumière colorée vers le village, laissant tomber l’odeur puante de son existence dans une misérable « soupente », la laissant prisonnière de ce lieu pendant qu’il s’en libère.
Il choisit la lumière, qui choisit pour lui : « J’ai beaucoup à faire au village, vous savez, Lumière bleue des champs m’a chargé d’une mission difficile. »

Le village est envahi par une armée ennemie, une puissance hostile. Nous sommes en Normandie, lieu du débarquement, lieu de conflits, lieu d’histoire marquante de la seconde guerre mondiale, mais le temps du récit est indiqué : 1967.
Sur le modèle socio-historique se joue au village un conflit personnel et psychologique.
Le conflit interne au narrateur est projeté dans l’extériorité.
Le personnage-narrateur décide de combattre ce mal, de lui résister. Lumière bleue l’assiste, l’encourage, Lumière bleue est cette force naturelle qui l’aide à vaincre.
« Lumière bleue des champs m’assiste en secret. »
Au village règne une puissance hostile, un mal envahissant. Les écoliers participent de ce mal, collaborent avec lui, « Les écoliers grimpent sur leur pupitre pour voir défiler les chars envahissant les rues. Ils applaudissent mais l’instituteur les frappe sauvagement ».
Si le narrateur est l’instituteur, son double en bleu, ses élèves sont perçus comme des collaborateurs de son mal-être, des enfants qui se réjouissent du mal qui l’envahit, un mal senti, une mauvaise « odeur ».
Instituteur, il n’était plus le maître ; au village occupé il cherche une maîtrise, il cherche à redevenir le maître.
Il lui faut d’abord mettre les choses en ordre, bien situer chacun dans son rôle ( les écoliers, les femmes, le pharmacien), et ensuite « imposer sa loi ».
Il choisit ainsi son camp, il prend position, la position du maître qui lui échappait dans l’instituteur.
Tout le long du texte se manifeste ce souci d’une prise de position. Le narrateur a perdu ses repères, il ne sait plus se situer, d’où son besoin de prendre position.
En lui règne une confusion. Ainsi le lever se présente non dans la position debout, mais celle d’un jeter à terre par Lumière bleue. Autre exemple : le saut. « Je saute. J’aimerais bien sauter. Il se peut d’ailleurs déjà que j’aie sauté sans m’en rendre compte. C’est toujours comme ça avec les sauts, on ne sait jamais quand le saut commence. ». Cet exemple parmi d’autres montre aussi la perte de repères dans le temps, c’est la position temporelle aussi qui est brouillée. D’où le besoin de consulter un manuel de conjugaison, « Parfois j’ouvre mon livre de conjugaison pour savoir quel temps je dois utiliser correctement. Aucune erreur ne sera admise devant l’envahisseur étranger. » Face au mal menaçant, force de confusion, il convient de savoir conjuguer les verbes sans se tromper, et savoir distinguer le présent, du passé, simple, imparfait ou composé, et du futur.
S’il convient de conjuguer correctement les verbes, c’est qu’une autre confusion s’est installée : celle entre la parole et les actes, entre dire et faire.
L’acte de résistance de l’instituteur est parole, discours : « L’instituteur, révolté, retire enfin sa blouse, monte sur les marches de l’église, et commence un long discours. ». Sa parole semble inefficace contre le mal envahissant, il n’est pas habité par la force de Lumière bleue. Son discours manque de sens, « Rien à comprendre. Son discours est dialectique ». Le discours ne dépasse les oppositions, dialectiquement, qu’au sein du discours.
Il « défie » alors la lumière bleue, quand le narrateur, l’instituteur lui-même, conjoint, avec l’aide de Lumière bleue, la puissance de la parole et la force de l’acte. Sa « dialectique » à lui réconcilie l’agir et le dire, assumant leur confusion.

La rêverie de ce combat contre le mal se complique d’un rapport tumultueux du narrateur avec Mlle Vernont. Pour être bref (ce commentaire est un peu long ! ), le narrateur imagine une rupture avec cette femme, sa maîtresse probablement.
« Elle pleure, gesticule dans tous les sens, brandissant à la main sa broche comme une arme redoutable et Lumière bleue des champs sans fléchir illumine sa maison comme elle éclaire pareillement le village à l’autre bout des sillons. ». Lumière bleue est présente aussi dans cette relation en tant que force sauvage qui amènera cette femme à retourner son arme, une broche, contre elle-même, dans une mort tragique et symbolique.

Un texte déroutant à la première lecture, mais très intéressant et très riche de contenu ( ce long commentaire ne suffit pas à rendre compte de toute la richesse du texte ) pour une lecture attentive.

Louis

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Message  Jano Sam 19 Mai 2012 - 8:44

Une écriture audacieuse au service d'un scénario abscons. Je n'ai pas la patience de Louis pour décortiquer ce texte mais il m'a semblé parfois sentir des intrusions exogènes au monologue de l'enfant. Plus précisément, on sentait que c'était vous, l'auteur, qui parlait et non plus le personnage principal d'où une confusion, un déséquilibre rédhibitoire à la compréhension.
A mon avis ça aurait pu être vraiment réussi avec une trame plus claire. J'ai l'impression que vous aimez bien les récits à méandres, avec une double lecture. Je crains que ça ne décourage beaucoup de lecteurs qui viennent d'abords se détendre avec des textes immédiatement accessibles plutôt que de se triturer les méninges. C'est une opinion toute personnelle.
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Message  Janis Sam 19 Mai 2012 - 9:32

j'aime bien, même si je ne comprends pas, l'écriture est belle, elle fait surgir des images, des réminiscences, je me suis laissée emporte avec plaisir
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Message  Raoulraoul Lun 28 Mai 2012 - 15:17

Je voudrais répondre à Jano, à son commentaire sur mon texte. Tu me dis que j'écris des "récits à méandres, à double lecture". C'est exact. Je ne suis pas un adepte forcené de la narration linéaire. L'écriture pour moi procède du montage, une architecture, soit une aventure sinueuse dans la forme. Je ressens la vie ainsi : une polyphonie, une polygraphie, une polysémie... Stéphane Mallarmé disait que l'écriture doit être mystérieuse, que son sens, sa lisibilité ne devait pas être immédiate, mais garder un secret, une suspension... Bien sûr il ne faut pas abuser de ce genre de propos, mais je partage un peu son avis. Tu dis aussi que le "lecteur vient se détendre, recherchant des textes immédiatement accessibles... ". Ceci est vrai bien sûr. Mais on ne peut pas présumer des critères de détente pour chacun. J'aime ce site VE, parce que contrairement à d'autres sites d'écriture, celui-ci est exigent, il met la barre plus haut que les autres, les critiques et commentaires de ses lecteurs sont plus scrupuleux, attentifs, et nous obligent à progresser. Enfin tu termines en disant que "je me triture les méninges". Pour moi, ce n'est pas vrai. Je ne veux pas non plus emmerder le lecteur. J'aime la créativité, la recherche, des pistes inconnues à explorer. Pour moi ecrire, est avant tout un plaisir. J'espère qu'il en est de même pour les autres. Voilà Jano, ma réponse en toute amitié et devenir. J'en profite pour remercier Easter, Janis et Louis, qui ont été si accueillants envers ce texte, que je reconnais être un peu extrême, borderline et d'une écriture un peu ancienne pour moi.
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Message  Jano Lun 28 Mai 2012 - 15:46

Au vu de tes explications, je comprends mieux ton approche de la lecture et ne peux que partager ce sentiment :"Je ressens la vie ainsi : une polyphonie, une polygraphie, une polysémie... Stéphane Mallarmé disait que l'écriture doit être mystérieuse, que son sens, sa lisibilité ne devait pas être immédiate, mais garder un secret, une suspension... "

Je pense en fait que le plus intéressant, le vrai défi pour un auteur est de s'essayer à toute forme de narration et ne pas se cloisonner dans un style au risque d'en être esclave. Je sais que c'est un point de vue discutable car le public aime bien retrouver la patte d'un auteur. J'aurais aimé développer davantage mais je suis un peu surbooké ce soir :-)
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Message  Jano Lun 28 Mai 2012 - 15:48

Je voulais dire ton approche de l'écriture, pas de la lecture ! Sorry ...
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Message  Invité Ven 1 Juin 2012 - 9:13

Bon, je l'ai relu avec, en parallèle, l'analyse de Louis. Je ne sais pas si je suis plus éclairé. C'est confus (pas l'analyse, mais ma perception). J'ai néanmoins aimé me baigner dans cette lumière bleue. Mais je l'ai lu comme quelqu'un qui regarde un tableau impressionniste de trop près. J'y vois des fragments et cette vision de près induit une absence de repères. Et, au final, je n'arrive pas à reconstituer le tableau.

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