Exo « À chacun son bonbon » : Le piège

[Arielle]

J’ai huit ans. Depuis la naissance de ma petite sœur qui ne marche pas encore je suis devenue la grande de la famille, celle à qui on confie de menues taches qu’elle prend très au sérieux.
C’est jeudi, le jour des beefsteaks de cheval que ma mère m’envoie chercher dans un autre quartier de la ville. Je suis fière de sa confiance, j’aime ce trajet qui me mène par des ruelles de plus en plus étroites jusqu’à la belle tête dorée du cheval de la vitrine. J’aime le sourire épanoui du boucher et la grosse tranche de saucisson qu’il va m’offrir comme chaque semaine …

Je n’ai pas entendu arriver le vélo qui s’arrête juste à ma hauteur :
- Tu pourrais me dire où se trouve le Lion de Belfort ?
Ici, c’est un peu comme demander la Tour Eiffel à un Parisien. A Belfort on ne connait que lui, ce fameux lion adossé à son rempart, dominant la ville. Je montre du doigt le bout de la rue :
- C’est par là, vous le verrez en arrivant au pont.
Il a l’air timide et très ennuyé. Quand quelqu’un nous croise, il fait semblant de réajuster ses pinces à vélo. Je suis sûre qu’il n’oserait pas demander son chemin à une grande personne. Il me regarde d’un air suppliant :
- Tu ne pourrais pas m’y conduire, je crois que je vais me perdre.
J’hésite. Moi, la grande, j’ai envie de montrer mon savoir et puis il n’a pas l’air très malin, il est bien capable de se perdre …

Soudain il tire de sa poche une poignée de bonbons qu’il me fait passer sous le nez :
- Ils sont à toi si tu m’accompagnes jusqu‘au bout de la rue …
Cette fois je n’hésite plus, j’ai compris !
C’est le piège qu’il vient de faire claquer au creux de sa paume, celui que j’ai déjà tant de fois entendu évoquer par ma mère, ma grand-mère "On n’accepte jamais des bonbons d’un inconnu, c’est un piège !"
- Je n’en veux pas de vos bonbons !
Et je cours, je cours … je crois bien que je cours encore !

[Legone]

Oui mais était-il si mal intentionné ? Le probloque c'est que tu le décris pas ce cycliste, maybe t'aurais pu donner plus d'indices au lecteur. Là du coup il s'interroge.

[Pussicat]

Je ne sais pas pourquoi mais on sent l'odeur des bonbecs et du "piège" dès les premières phrases (comme si j'avais déjà lu le texte), et quand le dialogue s'engage tout se dégonfle.
Dommage. J'aurais aimé plus de suspens, d'espièglerie, du "piégeur-piégé"... là c'est tout schuss avec la morale à la fin, en écho...
Un piège s'ouvre, se referme, on met en place un piège, on ourdit un piège...
Je ne comprends pas : C’est le piège qu’il vient de faire claquer au creux de sa paume

[Invité]

Hmmm, c'est louche en effet un cycliste qui se promène avec des poignées de bonbons dans son cuissard et qui demande des lions en mars !
Bisous à la grande depuis qu'elle a une petite soeur !

[Janis]

j'aime bien !
j'y suis tout à fait
je me rappelle de ces trouilles quand un inconnu me proposait quelque chose, les paroles de mes parents qui me revenaient en boucle ("si un inconnu...)

t'as p'tête pas eu tort de courir !

[Invité]

Heureusement que l'on nous avait averties, nous les petites filles... Dans mon village "d'avant", il y avait quelques individus suspects. Plus que peur quand je les rencontrais, la trouille au ventre !
Mais comme je n'aime pas le sucre, j'étais moins en danger...

[Chako Noir]

Hmm y a un tout petit quelque chose qui m'a gêné, c'est quand tu dis "il n'oserait pas s'adresser à une grande personne", c'est le fait de dire grande personne qui me fait douter de l'identité de ce type, en utilisant ce mot j'imaginerais que le cycliste est un garçon du même âge de la fillette et que, justement, c'est pour ça qu'il ne demande pas à un adulte. Certes, il y a le vouvoiement, mais le personnage du cycliste aurait peut-être mérité un indice de plus... après, ça aurait tué tout suspense pour la chute. Mais le reste est bien troussé.
(bon mais quand même, à Brocéliande il devrait réussir à ne pas te trouver! :P)

[polgara]

oh un texte qui me parle de ma région qui me manque tant... c'est plein de souvenirs qui remontent, indépendamment des bonbons et autres sucreries !

[CROISIC]

Arielle, un détail me gêne... je n'ai pas compris l'âge du cycliste ; ton texte reflète parfaitement le/les discours tenus aux petites filles de notre époque, c'est peut-être pour cette raison que je n'aime pas les bonbons.

[Yali]

iuGYQzDMz fbvzekfherf
Ça coince !

[Invité]

C'est très Freudien cet exercice.
Et pas seulement votre texte. Je divague un peu, j'espère que vous ne m'en voudrez pas.
Eros et thanatos (tête de cheval et lion), chaperon rouge.
Et le final
Je crois que je cours encore...

[Arielle]

Merci à tous pour vos comm éclairés et éclairants. Obsédée par la longueur du texte à respecter je ne me suis effectivement pas assez attardée sur des détails indispensables comme l'âge du cycliste que je revois si clairement dans mes souvenirs qu'il me semblait évident pour tout le monde.
C'est amusant Condremon ce parallèle que tu relèves avec l'histoire du Chaperon Rouge, je n'y avais même pas pensé mais c'est évident.
Merci à la petite Rachel d'avoir apposé sa signature : j'espère qu'elle aura retenu la leçon !
Legone, Croisic, Chako, Dusha, Janis vous avez parfaitement raison et si je pouvais j'ajouterais un truc du genre :
Il ressemble un peu à l'oncle Jules, celui qu'on surnomme la Grenouille à cause de ses gros yeux qui lui mangent la barbe des joues
Polgara, tu es de Belfort ? J'y ai passé la plus grande partir de mon enfance ...
Coline, toi et moi quand on parle de grande dans une fratrie on se comprend ;-)
Pussicat merci pour tes conseils concernant le fonctionnement des pièges :
"Un piège s'ouvre, se referme, on met en place un piège, on ourdit un piège...
Je ne comprends pas : C’est le piège qu’il vient de faire claquer au creux de sa paume"
Des fois ça vous claque dans les doigts ces machins-là ...et on est bien heureux de ne pas y avoir glissé le bout de son nez !

[Invité]

Ah oui ! Cette recommandation que l'on faisait et que l'on doit continuer à faire aux petites filles !
Sales prédateurs !
Le récit de cette scène est bien mené. Et bien écrit.

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