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Nuits parisiennes

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Message  Marois Jeu 21 Fév 2013 - 17:41

Ouvrant la grosse porte de l'immeuble, il respirait l'air frais, qui semblait contenir de la joie. Il en nourissait pleinement ses poumons.
Cavois portait un long manteau de velour qui lui couvrait les genoux. Le temps froid, presque pluvieux, invitait la foule à rentrer chez elle ; mais Cavois avait l'envie indécise de se rendre vulnérable, il voulait s'offrir aux pavés parisiens et s'introduire dans la nuit. Conscient d'être inconscient, il pensait que chaque croisement de rues démontrait qu'il décidait de sa vie. Emprunter la rue de la Huchette ; à sa fin, un nouveau choix, puis un autre lié au précédent, et dont le prochain dépendra.
Cavois tira de sa poche un briquet Zippo, puis un paquet de Camels. Il sortit une cigarette et fit tinter l'objet métallique, expira une première fois la fumée et rangea le reste. Il perçut la mélopée de quelques cuivres qui s'échappait d'une cave de jazz, d'où des cris fous frappaient les murs. Un homme roulait une sèche à la porte. Son oeil gauche, trop libre, lui conférait une sorte de bonhomie, et Cavois, fureteur, voulait apercevoir sa voix.
- Excusez-moi, dit-il aimablement par un sourire discret, l'entrée est-elle payante ?
- C'est dix euros, mais on ferme dans un quart d'heure. Vous feriez mieux de repasser demain.
- Mais quelle heure est-il ?
- Bientôt deux heures.
L'homme était rond, ses cheveux, en cercle, laissaient un trou béant sur son crâne, il n'avait pas de barbe. Vêtu modestement, son jean s'effondrait sur ses chaussures et laissait paraître quelques plis. Il lui semblait que cet homme était la porte de la cave, incrusté dans la pierre et dissimulant des mystères nocturnes. Il voulait en savoir d'avantage, ne plus être ignorant, se fondre dans la gueule du lieu sans être digéré.
- Peu importe, j'irai donc pour quinze minutes, dit-il cette fois plus sèchement.
- Comme vous voudrez, répondit le gros.
Cavois pénétra d'abord dans une salle minuscule. A sa droite se trouvait une petite loge vitrée d'où l'on vendait les billets. Parcourant ses poches, pendant qu'il cherchait sa monnaie, Cavois s'aperçut qu'un lourd sentiment de nécessité s'emparait de lui. Il le connaissait mais ne savait le cerner. Sans parler au vendeur, il récupéra son billet et traversa le rideau rouge qui lui faisait face. Il y trouva un bar, sombre, des fauteuils soyeux bordés de tables en bois. Il avait envie de tout sans savoir précisément de quoi. Il lui parut qu'il désirait du sucre. Il s'installa au comptoir, les bras posés et le dos courbé, ses doigts s'agitaient sur le marbre. Cavois demanda une piña colada , et dès qu'elle fut servi, la but d'un trait. Il devait combler un vide, l'emplir d'une chose, il ne se souciait pas de quoi serait faite la chose. Cavois scrutait le barman, admirait ses mains habiles qui maniaient élégamment les alcools. Il croisa son regard:
- Déjà vide, votre verre ?
- Apparemment. Assez de rhum pour un deuxième ?
- Je crois, je vous dis ça de suite.
L'homme disparut sous une voûte, et réapparut, comme s'il ne connaissait plus son client.
J'ai de quoi secouer votre cervelle, lança t-il sans même le regarder, et préparant le cocktail.
Un grondement humain émanait du sol, comme une vapeur qui sentait la roche. En bas, les gens manipulés par la boisson criaient, chassaient le son des trompettes. Le barman tira Cavois de ses rêveries:
Voici.
- Ah, combien vous dois-je ?
- Douze euros, s'il vous plait.
Cavois paya et, son verre en main, s'assit sur un canapé qui longeait le mur, en face du comptoir. Ses cheveux châtains ornaient une barbe de trois nuits. Sans ôter son manteau, il croisait les jambes, l'une soutenue par la deuxième. Et posant le coude sur sa cuisse surélevée, il alluma une seconde cigarette. Il se plaisait à cracher doucement la fumée, formant des volutes souples et incolores qui s'envolaient et caressaient les murs.

Les gens sortaient sans se plaindre, certains montaient péniblement les marches, titubant et prêt à s'effondrer. Cavois compris qu'il fallait sortir. Il se leva, s'abaissa, récupéra son verre qu'il laissa sur le bar, remercia le barman et se dirigea vers la sortie. La cave semblait vomir ses occupants, les expulser ; exténuée, on aurait dit qu'elle se lamentait. Cavois se différenciait de la masse, dans un sentiment de supériorité, il méprisait cette foule qui, pensait-il, ne savait vivre. Il esquissa un sourire que personne ne comprit, ou que d'autres lui renvoyèrent dans une odeur de bière. Fière de sa personne, il devenait insupportable. Quelques retardataires s'attardaient sur le seuil, s'échangeant mutuellement des cigarettes, l'air était empli d'une forte odeur de tabac brun qui plaisait à Cavois, et dans ce plaisir éphémère il salua le gros sans hypocrisie.
Il croyait être le dernier sorti et se retourna pour s'en assurer. Ses yeux l'assomèrent lorsqu'ils virent cette gamine. C'était une vraie nymphette qui perforait la nuit. Sa robe dansait avec elle, épousait toutes ses courbes dessinées par un peintre impressionniste. Elle portait ses chaussures, une dans chaque main ; le tissu rouge la couvrant épargnait ses genoux et découvrait ses petits pieds, qui marquaient somptueusement l'aboutissement d'une oeuvre d'art. Ces pieds fascinaient Cavois, il les trouvait parfaits. Ils reflétaient la fragilité du corps. Ses cheveux d'or, longs et ondulés, s'affaissaient sur un dos exquis. Ses traits étaient d'une finesse éclatante, et ses yeux turquoises pétillaient lorsqu'elle souriait. Elle s'adressa à lui:
- Pardon, monsieur, auriez-vous une cigarette ?
Cavois, bouleversé, réfléchit mais ne pensa à rien.
- Comment ? Répondit-il sans se rappeler de la question.
Elle souriait.
- Auriez-vous une cigarette ?

Marois

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Message  Modération Jeu 21 Fév 2013 - 17:51

Bonjour Marois.
Pourriez-vous vous présenter, brièvement ou pas, sur ce fil http://www.vosecrits.com/f4-conversations-atelier afin que l'on puisse vous connaître un peu mieux ?
Merci et bienvenue.

Modération

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Message  laconis Jeu 21 Fév 2013 - 18:22

Bonjour et bienvenue.

Je trouve ton texte assez bien écrit. Ceci dit, j'imagine qu'il y a une suite.
Cette partie n'attise pas assez l’intérêt du lecteur. Une belle fille à la fin: rien de nouveau.
Ce texte me rappelle Antoine Blondin et Monsieur Jadis sauf qu'il manque plusieurs choses: pas d'aventures, pas de folie (et une moins bonne qualité d'écriture et de style; mais nous sommes tous dans le même cas ici ^^).

Finalement, il est difficile de juger cet extrait à part.
laconis
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Message  Invité Jeu 21 Fév 2013 - 20:55

L'absence d'intrigue ne me gêne pas . En revanche, certaines afféteries de langue m'ont un peu agacée :
Cavois, fureteur, voulait apercevoir sa voix.
J'&ai d'abord pensé à une maladresse, mais le récurrence du procédé m'a convaincue du caractère volontaire de la chose.
les gens manipulés par la boisson
Ses cheveux châtains ornaient une barbe de trois nuits
Il se leva, s'abaissa, récupéra son verre
Ses yeux l'assomèrent lorsqu'ils virent cette gamine.
Excusez-moi, dit-il aimablement par un sourire discret,
construction de phrase vraiment bizarre !
le tissu rouge la couvrant épargnait ses genoux
Le choix de ces verbes donne l'impression que tu veux absolument " faire original". C'est dommage, d'autant que certaines phrases témoignent d'une vraie inventivité
il respirait l'air frais, qui semblait contenir de la joie.
Cavois avait l'envie indécise de se rendre vulnérable
, gâché par
il voulait s'offrir aux pavés parisiens
En revanche, le terme perforer la nuit passerait admirablement s'il ne venait pas après quantité de verbes décalés sans nécessité...
Bref, à mon avis un texte qui pourrait être intéressant une fois débarrassé de son clinquant.

Par ailleurs :
Velours
Camel
Cavois compris (t)
titubants et prêts
Fière de sa personne,
et quelques autres fautes et des choix de temps qui me semblent sujets à discussion.

oh, et bienvenue !

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Message  Invité Jeu 21 Fév 2013 - 20:57

J'ai d'abord pensé à une maladresse, mais la récurrence , bien sûr !

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Message  Invité Sam 23 Fév 2013 - 12:50

J'aime plutôt pas mal, l'écriture est d'une certaine qualité.
Tu sais créer une ambiance et tu as le regard affûté pour composer des personnages.
A mon avis, tu devrais revoir les dialogues, un peu raides, manque de naturel.
Et garder en tête de ne pas t'approcher trop trop près du cliché (avis personnel pour cause d'allergie assez profonde).

Je mets ci-dessous quelques remarques plus précises relevées en cours de lecture :

Il en nourissait pleinement ses poumons. (nourrissait)

il pensait que chaque croisement de rues démontrait qu'il décidait de sa vie. (ça j'aime bien, cette rapide analyse, cette lucidité)

Cavois tira de sa poche un briquet Zippo, puis un paquet de Camels. Il sortit une cigarette et fit tinter l'objet métallique, expira une première fois la fumée et rangea le reste. (voilà le genre de cliché dont je parle ci-dessus, pas grave tant que délibéré )

Son oeil gauche (œil)

Cavois, fureteur, voulait apercevoir sa voix. (contrairement à coline, j'aime bien, original)

Il lui semblait que cet homme était la porte de la cave, incrusté dans la pierre et dissimulant des mystères nocturnes. Il voulait en savoir d'avantage, ne plus être ignorant, se fondre dans la gueule du lieu sans être digéré. (tout ça me plaît)

A sa droite se trouvait une petite loge vitrée d'où l'on vendait les billets. (pas faux le "de" mais superflu)

Parcourant ses poches, pendant qu'il cherchait sa monnaie, Cavois s'aperçut qu'un lourd sentiment de nécessité s'emparait de lui. (très lourd, en effet !)

Il lui parut qu'il désirait du sucre. (idem, à cause du "il lui parut")

Cavois demanda une piña colada , et dès qu'elle fut servi (servie)

J'ai de quoi secouer votre cervelle, lança t-il sans même le regarder (oui ! )

En bas, les gens manipulés par la boisson (bof ; maladroit et un peu trop catégorique à mes yeux)

Ses cheveux châtains ornaient une barbe de trois nuits. (oui pour "trois nuits" )

Sans ôter son manteau, il croisait les jambes, l'une soutenue par la deuxième. ("croisa" plutôt ; et il doit y avoir moyen d'alléger cette phrase)

La cave semblait vomir ses occupants, les expulser ; exténuée, on aurait dit qu'elle se lamentait. (bien)

Cavois se différenciait de la masse, dans un sentiment de supériorité, il méprisait cette foule qui, pensait-il, ne savait vivre. Il esquissa un sourire que personne ne comprit, ou que d'autres lui renvoyèrent dans une odeur de bière. Fière (Fier) de sa personne, il devenait insupportable (bien encore, la lucidité dont je parlais plus haut)

Ses yeux l'assomèrent ("l'assommèrent") lorsqu'ils virent cette gamine. (hum ! là, je trouve l'effet trop visiblement recherché avec ce choix de tournure)

C'était une vraie nymphette qui perforait la nuit. (oui, ne serait-ce la nymphette)

Sa robe dansait avec elle, épousait toutes ses courbes dessinées par un peintre impressionniste. (le cliché déjà mentionné)

le tissu rouge la couvrant épargnait ses genoux (j'aime bien !)

Ses cheveux d'or, longs et ondulés, s'affaissaient sur un dos exquis. (re cliché )

Ses yeux turquoises pétillaient lorsqu'elle souriait. (après vérification, le dico semble plutôt retenir "yeux/regard de turquoise).


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Message  Marois Dim 24 Fév 2013 - 0:18

Je suis sincèrement touché par le temps que vous me consacrez. Et je vais vous répondre personellement, c'est la moindre des choses.
Laconis, j'ai écris ce texte à part et peut-être qu'un jour, je le continuerai. Merci pour ton commentaire.
coline Dé, je trouve tes remarques particulièrement justes. Je me retrouve dans ce que tu dis. "Faire original", c'est exactement ça. Je cherche quelques tournures particulières, et parfois il suffit d'écrire simplement.
Easter, ton commentaire m'a fait plaisir. Les remarques détaillées me permettent de mieux me rendre compte de ce qui ne colle pas. Et je les utiliserai, avec celles de coline, pour retravailler mon texte, même s'il m'arrive rarement de le faire. Je porte à vos "corrections" un grand intérêt.
(Ceci dit, je vous vouvoie tous, dîtes-moi si cela vous gène).

Marois

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Message  Janis Lun 25 Fév 2013 - 16:49


En effet c'est une lecture plutôt agréable, avec une ambiance.
J'aime bien les huis-clos, et je trouve que la faune des bars est pas mal rendue.
Des petites trouvailles d'écriture, déjà mentionnées, et des trucs tirés par les cheveux, mentionnés aussi.
Et oui, attention aux clichés, notamment quand apparaît la jolie fille ! Ah les blondes dont les cheveux tombent en cascade sur les reins ! (d'ailleurs du coup, s'affaissent est bien, mais c'est plus l'image qui est cliché)

pour reprendre "manipulés par la boisson", ce qui me gêne c'est le côté un poil moralisateur

Le nom de Cavois est une référence à la cave ? qui vomit ses occupants ?

Bon mon commentaire n'est pas très utile, c'était surtout pour dire que j'aime bien
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Message  Marois Mer 27 Fév 2013 - 17:36

Ouvrant la grosse porte de l'immeuble, il respirait l'air frais, qui semblait contenir de la joie. Il en nourrissait pleinement ses poumons.
Cavois portait un long manteau de velours qui lui couvrait les genoux. Le temps froid, presque pluvieux, invitait la foule à rentrer chez elle ; mais Cavois avait l'envie indécise de se rendre vulnérable. Conscient d'être inconscient, il pensait que chaque croisement de rues démontrait qu'il décidait de sa vie. Emprunter la rue de la Huchette ; à sa fin, un nouveau choix, puis un autre lié au précédent, et dont le prochain dépendra.
Cavois tira de sa poche un briquet Zippo, puis un paquet de Camel. Il sortit une cigarette et fit tinter l'objet métallique, expira une première fois la fumée et rangea le reste. Il perçut la mélopée de quelques cuivres qui s'échappait d'une cave de jazz, d'où des cris fous frappaient les murs. Un homme roulait une sèche à la porte. Son œil gauche, trop libre, lui conférait une sorte de bonhomie, et Cavois, fureteur, voulait apercevoir sa voix.
- Excusez-moi, dit-il aimablement par un sourire discret, l'entrée est-elle payante ?
- C'est dix euros, mais on ferme dans un quart d'heure. Vous feriez mieux de repasser demain.
- Mais quelle heure est-il ?
- Bientôt deux heures.
L'homme était rond, ses cheveux, en cercle, laissaient un trou béant sur son crâne, il n'avait pas de barbe. Vêtu modestement, son jean s'effondrait sur ses chaussures et laissait paraître quelques plis. Il lui semblait que cet homme était la porte de la cave, incrusté dans la pierre et dissimulant des mystères nocturnes. Il voulait en savoir d'avantage, ne plus être ignorant, se fondre dans la gueule du lieu sans être digéré.
- Peu importe, j'irai donc pour quinze minutes, dit-il cette fois plus sèchement.
- Comme vous voudrez, répondit le gros.
Cavois pénétra d'abord dans une salle minuscule. A sa droite se trouvait une petite loge vitrée où l'on vendait les billets. Sans parler au vendeur, il récupéra son billet et traversa le rideau rouge qui lui faisait face. Il y trouva un bar, sombre, des fauteuils soyeux bordés de tables en bois. Il s'installa au comptoir, les bras posés et le dos courbé, ses doigts s'agitaient sur le marbre. Cavois demanda une piña colada, et dès qu'elle fut servie, la but d'un trait. Il devait combler un vide, l'emplir d'une chose, il ne se souciait pas de quoi serait faite la chose. Cavois scrutait le barman, admirait ses mains habiles qui maniaient élégamment les alcools. Il croisa son regard:
- Déjà vide, votre verre ?
- Apparemment. Assez de rhum pour un deuxième ?
- Je crois, je vous dis ça de suite.
L'homme disparut sous une voûte, et réapparut, comme s'il ne connaissait plus son client.
J'ai de quoi secouer votre cervelle, lança t-il sans même le regarder, et préparant le cocktail, semblable à une machine.
Un grondement humain émanait du sol, comme une vapeur qui sentait la roche. En bas, les gens criaient, chassaient le son des trompettes. Le barman tira Cavois de ses rêveries:
- Voici.
- Ah, combien vous dois-je ?
- Douze euros, s'il vous plait.
Cavois paya et, son verre en main, s'assit sur un canapé qui longeait le mur, en face du comptoir. Ses cheveux étaient châtains ; sa barbe de trois nuits. Sans ôter son manteau, il croisa les jambes, l'une soutenue par la deuxième. Et posant le coude sur sa cuisse surélevée, il alluma une seconde cigarette. Il se plaisait à cracher doucement la fumée, formant des volutes souples et incolores qui s'envolaient et caressaient les murs.

Les gens sortaient sans se plaindre, certains montaient péniblement les marches, titubants et prêts à s'effondrer. Cavois comprit qu'il fallait sortir. Il se leva, récupéra son verre qu'il laissa sur le bar, remercia le barman et se dirigea vers la sortie. La cave semblait vomir ses occupants ; exténuée, on aurait dit qu'elle se lamentait. Cavois se différenciait de la masse, dans un sentiment de supériorité, il méprisait cette foule qui, pensait-il, ne savait vivre. Il esquissa un sourire que personne ne comprit, ou que d'autres lui renvoyèrent dans une odeur de bière. Fier de sa personne, il devenait insupportable. Quelques retardataires s'attardaient sur le seuil, s'échangeant mutuellement des cigarettes, l'air était empli d'une forte odeur de tabac brun qui plaisait à Cavois, et dans ce plaisir éphémère il salua le gros sans hypocrisie.
Il croyait être le dernier sorti et se retourna pour s'en assurer: une gamine perforait la nuit. Elle portait ses chaussures, une dans chaque main ; le tissu rouge la couvrant épargnait ses genoux et découvrait ses petits pieds, qui marquaient somptueusement l'aboutissement d'une oeuvre d'art. Les traits étaient d'une finesse éclatante, et ses yeux de turquoise pétillaient quand elle souriait. Elle s'adressa à lui:
- Pardon, monsieur, auriez-vous une cigarette ?
Cavois réfléchit mais ne pensa à rien.
- Comment ? Répondit-il sans se rappeler de la question.
Elle souriait.
Auriez-vous une cigarette ?

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Message  Lucy Jeu 28 Fév 2013 - 18:47

Des termes ou associations de mots un peu étranges, parfois. Le tout est très visuel et on entre bien dans cette histoire, ainsi que dans les pensées (à peine dévoilées) de Cavois.
La fin, à mon sens, est un peu abrupte.
Lucy
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