Est-ce que les larmes

[Hue]

Maintenant je vois parfaitement l’œil du corbeau
ses contours sont ma thérapie
ses cris sont un souhait que je n'énonce pas
son iris, une douleur croissante
sa noirceur, un pilier pour les mots qui s'effondrent

Alors vous voulez dire - qu'il est anormal d'avoir envie d'être seul
et si je vois parfaitement
la chair qui nous entoure
c'est parce qu'elle grignote un peu de ma peine

J'imagine des détresses - telles qu'elles apparaissent en enfer
et je les vis avec passion
comme un prisonnier fasciné par les souris
j'appartiens au passé, au plus merveilleux des mondes possibles
je ne suis qu'un astre oublié par les astrophysiciens
dans sa coquille de lumière
et maintenant je vois tout à fait
ce qui nous indiffère

J'écrase mes désirs les plus fous jusqu'à les réduire en miettes - j'en ferai votre dîner
y aura-t-il d'autres crépuscules plus absurdes que celui-ci
où l'on condamne les innocents parce qu'ils ont la tête dans les étoiles

J'imagine
qu'on voudra bien les porter jusqu'à leur lit de mort
pour qu'ils s'endorment avec leurs délires
je ne sais pas ce qu'il faut
pour qu'au monde
on oublie de punir les fous
avec l'instinct de la barbarie

Maintenant je vois avec perfection
la cicatrice des amours - perchée sur le monde comme un puits sans fond
les larmes seront-elles assez fortes
pour désarmer les hommes qui prient dans un couloir
réanimer les plaies qui dorment

et le cri du corbeau
suffira-t-il à la naissance d'un dieu

[Invité]

Comme tout ceci me paraît... lointain !

Il y a certes de belles choses mais je n'arrive pas à saisir un fil, à en suivre le déroulement, j'ai l'impression que le texte part dans plusieurs directions et a du mal à trouver une unité ; il me semble aussi qu'il exprimer une expérience, des sentiments très personnels pas forcément accessibles au simple lecteur.

Et pourtant, il y a quelque chose qui intrigue et retient l'attention, ne serait-ce le Corbeau qui d'emblée cause l'association avec E.A. Poe.

A propos du corbeau justement, de la première strophe, je trouve la répétition successive des possessifs trop appuyée, trop lourde.

[Pussicat]

je lis la souffrance, l'étouffement, le silence, un remède, une conscience, la solitude, l'au-delà, le désespoir, une peur, une interrogation, et l'espérance... mais je ne lis rien qui m'accroche à tout cela Hue.
à vrai dire, je ne te lis pas très bien ici...

[Hue]

Hey hey

Je me permets de revenir ici sur les deux retours qui m'ont été faits sur "Est-ce que les larmes".
En fait, j'avoue être un peu "déçue" des retours qui m'ont été faits parce que j'ai mis pas mal de choses dans ce texte (comme vous l'avez tous deux soulevé d'ailleurs !). Mais je comprends tout à fait vos impressions, cette déception est toute personnelle et toute spontanée.
Au-delà de ça, je trouve ça intéressant parce que ça confirme un questionnement que j'ai en ce moment concernant l'"accessibilité" de ce qu'on écrit, peint, chante, etc. Mettre toutes ses tripes dans ce qu'on fait (ici, un texte) ne suffit pas (ou en tout cas ça ne marche pas à tous les coups), je pense que la démarche (ici, d'écriture) s'accompagne presque systématiquement d'une conscience en arrière-fond du monde qui nous entoure : il est important de savoir laisser la porte ouverte (à mon sens !). Je ne sais pas si je suis très claire...
Bref, tout ça pour dire que ces retours m'ont donné envie de retravailler ce texte (ce qui ne m'arrive jamais), de prendre le temps de m'y arrêter un peu.
Merci

[Invité]

Tu as toujours une écriture dont les images me clouent littéralement !
En n revanche, je n'ai pas pu laisser dériver mon imagination comme d'autres fois : le courant était plein de remous et j'ai tourné en rond...

[Legone]

Rien entravé. ça part dans tous les sens.

[seyne]

Les deux premières strophes sont sidérantes. Le reste, plus dilué, plus perdu. Enfin, je crois.

[pousse de bambou]

oui c'est très inégal

A partir de la troisième strophe, peu d'images ont su m'interpeler. J'ai trouvé ça un peu fouillis, cela manque un peu d'épuration je crois
sans compter les quelques images bancales:

J'imagine des détresses - telles qu'elles apparaissent en enfer
et je les vis avec passion
comme un prisonnier fasciné par les souris
j'appartiens au passé, au plus merveilleux des mondes possibles
je ne suis qu'un astre oublié par les astrophysiciens
dans sa coquille de lumière
et maintenant je vois tout à fait
ce qui nous indiffère

J'écrase mes désirs les plus fous jusqu'à les réduire en miettes - j'en ferai votre dîner
y aura-t-il d'autres crépuscules plus absurdes que celui-ci

Sinon comme seyne les deux premières strophes m'ont beaucoup plu

[Frédéric Prunier]

Hey hey

Je me permets de revenir ici sur les deux retours qui m'ont été faits sur "Est-ce que les larmes".
En fait, j'avoue être un peu "déçue" des retours qui m'ont été faits parce que j'ai mis pas mal de choses dans ce texte (comme vous l'avez tous deux soulevé d'ailleurs !). Mais je comprends tout à fait vos impressions, cette déception est toute personnelle et toute spontanée.
Au-delà de ça, je trouve ça intéressant parce que ça confirme un questionnement que j'ai en ce moment concernant l'"accessibilité" de ce qu'on écrit, peint, chante, etc. Mettre toutes ses tripes dans ce qu'on fait (ici, un texte) ne suffit pas (ou en tout cas ça ne marche pas à tous les coups), je pense que la démarche (ici, d'écriture) s'accompagne presque systématiquement d'une conscience en arrière-fond du monde qui nous entoure : il est important de savoir laisser la porte ouverte (à mon sens !). Je ne sais pas si je suis très claire...
Bref, tout ça pour dire que ces retours m'ont donné envie de retravailler ce texte (ce qui ne m'arrive jamais), de prendre le temps de m'y arrêter un peu.
Merci

et c'est à partir de ce moment
où l'exploration de l'écriture
devient passionnante

pour deux points d'équilibres

le premier
quand on pense au lecteur, on se décale un peu de son histoire persoje, de son vécu à moije qu'ils peuvent pas être dans notre tête et savoir que ce parfum de tarte au pomme me rappelle une troussée cosaque mémorable... ça fait pas de mal et ça rend plus lucide

le deuxième est un cap délicat à toujours garder
retravailler son texte, comme si on avançait sur un fil
de plus en plus fin, de plus en plus précis, qui va de plus en plus loin
sans jamais perdre de vue l'animalité inconsciente du départ
celle du plaisir qui nous obligea un jour, à ce besoin d'éjaculer d'écriture.

amitié

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