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Une envie de fenêtre

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Une envie de fenêtre Empty Une envie de fenêtre

Message  Raoulraoul Dim 5 Mai 2013 - 7:58

Une envie de Fenêtre
Tant de façades dont on ne peut rayer les visages.
Même ces silhouettes vivement aperçues.
On ne peut s’en priver. Rien n’oblige à les aimer.
L’hiver elles meublent les immeubles.
Dans la nudité du jour.
Dans la violence froide, elles donnent à mon cœur de l’intérêt.
Je les vois, levant mon nez, embaumer mon regard.
A ses fenêtres l’inconnu m’enchante.
Puis avril arrive.
Ah tristesse du printemps.
Voici que des médailles pointent sur la poitrine des arbres.
Cette année la gloire de la nature est en retard.
Tant mieux.
Encore profitons d’un sourire, d’une chevelure, d’une épaule,
là dans une lucarne, derrière une baie, sur un balcon.
Buvons cette solitude observée.
Les médailles frétillent de plus en plus larges.
Quel dommage, une vieille femme allait commencer à me parler.
Une fille ne tirait plus ses rideaux.
Un p’tit bonhomme me faisait des signes à six heures du soir.
Les arbres s’enkilosent, se parent, s’habillent de folioles.
Et tout devient trouées, jeu de cache-cache entre l’homme et le végétal.
De jour en jour l’humain disparaît.
Ce n’est plus qu’un océan de verdure autour de moi.
La brise forme des vagues et tout espoir de secours se perd.
Oh façades, maisons, chacun maintenant s’enivre avec ses bolées de feuillage.
Mais un matin de mai, la douceur vous conduit dans les rues.
Alors par en-dessous, tout proche de l’écran qui brouille le ciel,
avec ses âmes à leur balcon,
l’écran de médailles, pour vous, offre des lumières.
Limbes, veinules, pétioles,
disposés en conniventes, confluentes, chevauchantes, fasciculées ou terminales.
Par transparence on devine tout.
Epiderme et duvet.
Un arôme nouveau. Vos yeux pleurent, les narines coulent.
Combien de temps allons-nous encore supporter ce paradis ?
Les persiennes se ferment. Les stores descendent.
Et dans la rue, sous le théâtre des arbres, on se prend à avoir des remords.
Pourquoi je n’ai pas dit mon mot aux façades qui m’appelaient ?
Tendu mon linge, lancer ma corde, aux regards taiseux des immeubles ?
Enfin par temps de grand vent, restent des miracles.
Quand l’agitation plie les branches, entre deux mouvements,
apparaît une fenêtre. Alors dans cette fulgurance, surgit le répit.
Celui de te surprendre, mon amour, dans une embrasure.
Des amours anonymes pour réparer mes manquements de hiver.
Ah que vive un peu l’été feuillu pour profiter des œillades intermittentes !
Le vite aperçu nourrit les longs rêves.
Quand octobre se déclenche, c’est le pourpre qui brunit les murs.
Médailles vertes s’effritent et les locataires, résidents, renaissent par l’orifice des maisons.
Quelle joie !
Le béton retrouve ses visages.
Tiens, cette fenêtre à guillotine maintenant inerte !
Le fond de l’air sent la mort.
La vieille femme nous a quitté en plein été.
Et le p’tit bonhomme ne fait plus bonjour.
Une matrone l’a remplacé.
Et la fille ? Par sa fenêtre des injures fusent.
Elle a trouvé un mari.
Alors on voudrait que le printemps revienne.
Que les bourgeons masquent la détresse.
Tout est façade, muraille, tour d’ivoire ou de parpaing.
L’habitat façonne l’habitant.
Le lendemain je me sauvai pour m’enquérir d’une cabane,
un tipi, une yourte, une roulotte…
Une barque, sans cloison, flottante.
Avec pour voisin les libellules, les rats d’eau, la clarté sans limite du marais.
Le renouvellement des saisons fatigant,
qu’il faut ignorer.
Mes dernières planches, je les imagine.
Ce sera alors que sur un ilot de tourbe marchera une femme,
sans cruauté, elle me roucoulera des histoires de grand-mère.
Toutes mes conversations muettes me seront rendues.
Si une ville je devais construire,
elle serait au rez-de-chaussée de ma confiance et de mon aplomb à ne plus rien vouloir.
Ne plus attendre.
Sur vous vont les sourires de façade.
Sans double-vitres, sans ouverture, sans le spectacle de soi.
Même qu’une tourterelle dans la brique vient creuser son nid.
J’accrocherai mes derniers vêtements aux clous des hommes.
Tout sera recevable.
Plus rien à séduire enfin.


**
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Message  Invité Dim 5 Mai 2013 - 8:54

Aussi touffu et feuillu, que les arbres dont il est question.
Une lecture riche d’interprétations, aisée dans l’ensemble ; en résumé, j’y ai lu, à travers le passage des saisons, le regard voyeur et pénétrant du narrateur sur sa propre existence, à travers celle d’autrui.
Le retour de l’automne, le dépouillement des arbres le renvoient à sa propre détresse, à sa vie d’apparence(s), et le conduit à rechercher le vrai, son vrai, en isolation, loin des "sourires de façade" ; une manière de tour d’ivoire, néanmoins.
Beaucoup aimé ce texte, notamment toute la première partie, le regard sur la vie des occupants à l’intérieur - derrière la façade -, associé à la transformation végétale.
Je trouve la dernière partie moins enchanteresse, quelque chose de brut dans l’écriture, de revendicatif ou plutôt d'exclusif (au sens premier de « exclusion ») dans le ton, qui me tient donc à distance. Un parfait exemple de complémentarité forme et fond, sûrement.

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Message  Invité Dim 5 Mai 2013 - 11:28

J’en ai lu 10 lignes (c’est déjà beaucoup). Décidément, ces phrases hachées, sans liens véritables, ne sont pas de mon goût. je crois que je vais éviter de lire vos textes. Je n’arrive pas à franchir les obstacles dont vous vous plaisez à farcir vos écrits. Ceci étant, continuez ; les impressionnistes ont bien été critiqués à leur époque. Vous êtes trop en avance pour moi.

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Une envie de fenêtre Empty re : Rayé de la toile par Luluberlu

Message  Raoulraoul Mer 8 Mai 2013 - 8:30

C'est toujours un peu triste quand quelqu'un vous annonce qu'il ne vous lira plus. Impression d'être jeté à la corbeille, comme ces vieux papiers remplissant les bannettes (comme on faisait autrefois). Je voudrais préciser à luluberlu que je ne prends pas "plaisir à farcir mes écrits de ces obstacles". Je ne cherche pas à provoquer le lecteur, l'ennuyer. Ce n'est pas une "farce" indigeste dont je voudrais bourrer mes textes. J'écris sincèrement, en recherche toujours de ce qui pourrait être au plus près de moi. Justement réduire cet espace entre la sensation perçue et l'écrit. Ce manque de lien (relatif) qui insupporte luluberlu c'est peut-être pour moi ce mystère qui sépare "être" de "écrire". Le lien souvent me parait artificiel et par toujours indispensable pour une meilleure lecture. Il correspond d'ailleurs à une figure de style bien connue ; l'anacoluthe. Pour conclure je signale quand même à luluberlu que j'écris aussi quantité de textes avec du lien. Je ne m'enferme pas dans un système.
Au plaisir de t'inviter une fois encore pour raccrocher les wagons de la fiction...
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Une envie de fenêtre Empty Re: Une envie de fenêtre

Message  Invité Mer 8 Mai 2013 - 12:08

Surtout pas la corbeille. Ici c’est le modeste lecteur que je suis qui n’accroche pas. Je ne suis pas trop diplomate non plus. Comme je vous l’ai écrit : les impressionnistes ont bien été critiqués à leur époque. Vous êtes trop en avance pour moi. Il y a donc de l’espoir.
Cordialement.

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Une envie de fenêtre Empty Re: Une envie de fenêtre

Message  Anne Veillac Ven 10 Mai 2013 - 11:15

Si... si... il y a du lien dans ce texte.
Ce n'est pas vraiment un récit, il se lit un peu comme un poème, mais j'ai suivi le narrateur et je l'ai compris. Pour moi, ce texte est fluide, il se lit facilement.
Il m'a fait pensé au texte de Miléna Jesenska sur les fenêtres. très beau aussi.
Je vais aller voir sur le net ce que c'est qu'une anacoluthe...
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Message  Invité Ven 10 Mai 2013 - 12:51

dans cette "Envie de fenêtre", il y a comme une sorte de vigne vierge + poétique (surtout à partir d’ici : "Le lendemain je me sauvai pour m’enquérir d’une cabane,", ou le texte prend une autre tournure) qui se déploierait à partir du béton armé.
quelque chose d’intime et fragile qui continue à palpiter en côtoyant la chose publique et rude, exposée. le dehors (l’étranger) et le dedans se font écho…en même temps que les façades s’opposent aux racines.

je note plusieurs fois le mot "médailles", une focale pas innocente.
pourtant j’ai eu du mal me représenter ce terme, à le faire fonctionner concrètement au milieu du reste.

"Le vite aperçu nourrit les longs rêves."
ah oui, c’est bien vu !

deux fautes ici :
"Tendu mon linge, lancer ma corde, aux regards taiseux des immeubles ?"
"Des amours anonymes pour réparer mes manquements de hiver.
"

ici, j'aime beaucoup cette phrase que j'ai mis en gras, alors que le reste me semble un peu lourd:
"Ce sera alors que sur un ilot de tourbe marchera une femme,
sans cruauté, elle me roucoulera des histoires de grand-mère.
Toutes mes conversations muettes me seront rendues.
Si une ville je devais construire,
"

si tu permets cette suggestion...?
"Alors sur un ilot de tourbe marchera une femme,
sans cruauté, elle me roucoulera des histoires de grand-mère.
Toutes mes conversations muettes me seront rendues.
Si je devais construire une ville,[/i]"

pour conclure je dirais qu'il y a dans ce texte la présence de quelque chose de vraiment beau, un potentiel à mettre encore plus en valeur peut être, car pas aussi directement accessible que d'autres proses de toi. quelque chose qui reste à apprivoiser pour que la vigne vierge ne puisse pas être perçue comme du lierre.

bon en fait j'ai aimé te lire, une fois de plus.


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Message  Louis Sam 11 Mai 2013 - 0:54

D’abord le cycle immuable des saisons.
Quatre saisons des façades.
La façade des immeubles. Leur face. Leur apparence. L’intérêt, en elles, n’est pas ce qui cache, ce qui ferme sur une intériorité invisible, mais au contraire ce qui ouvre, fenêtres et balcons, sur une intériorité.

Façades en hiver. Saison des jours nus, dépouillés, « Dans la nudité du jour » ; journées sans parure végétale ; journées limpides et transparentes sans obstacles pour le regard ; journées de « violence froide » quand on se jette tout à la face, quand on se jette un regard en face que rien ne vient aveugler.
L’hiver si net permet d’apercevoir des « visages » dans les ouvertures qui trouent les façades.
La face des immeubles laisse percevoir d’autres faces, humaines, vivantes. Le visage des immeubles s’ouvrent sur d’autres visages qui eux-mêmes, cachent et ouvrent sur une intériorité, sur toute une vie.
Hiver des « silhouettes vivement aperçues » qui donnent vie aux immeubles, qui « meublent les immeubles ».
Elles « embaument le regard », seules effloraisons hivernales, parfums d’hiver.
Silhouettes d’inconnus et « l’inconnu m’enchante ». Dans la limpidité générale, dans la clarté partout diffuse, il y a ces silhouettes, ces ombres, ces foyers sombres d’une vie à découvrir, à éclairer, à connaître ; il y a ces épaisseurs humaines opaques, exceptions à la froide transparence et qui attirent le regard, l’intérêt, et séduisent, émerveillent.
Silhouettes en écho de ce que Alessandro Baricco écrit dans le superbe Océan mer : « … par le simple et infini pouvoir de cet homme qui est fenêtre, lucarne, fente par où s’engouffrent à nouveau des torrents d’histoires, répertoire immense de ce qui pourrait être, déchirure sans fin, blessure merveilleuse, sentier foulé de milliers de pas où rien ne pourra plus être vrai mais où tout sera »

Le printemps est triste, triomphe de la « nature » végétale qui affiche sa gloire exubérante. Saison foisonnante, toute en obstruction au regard. Règne de l’opaque. Le végétal l’emporte sur l’humain qui « de jour en jour disparaît ». Tristesse végétale.
« Une fille ne tirait plus ses rideaux » : quand l’humain est prêt à se révéler, à se montrer dans son intimité ; quand le rideau de tissu n’est plus tiré, un autre rideau, végétal, s’interpose et condamne le regard, gêne la découverte de l’autre inconnu, empêche la communication qui pouvait s’instaurer dans le vis-à-vis, aussi une vie à vie, et un face à face, « Quel dommage, une vieille femme allait commencer à me parler », « un p’tit bonhomme me faisait des signes… »
Printemps, saison du feuillage, saison de feuilles, et ce sont toujours les feuilles qui masquent la nudité des êtres.
Si le printemps rend impossible le face à face, il reste le regard « par en-dessous », le regard à partir des rues, celui des yeux levés, l’humain se devine par transparence, « par transparence on devine tout ».
Mais le printemps demeure avant tout la fermeture au regard, « Les persiennes se ferment. Les stores descendent.»
Des inconnus peuvent être vus, rencontrés, connus dans les rues. Sans cloisons, la relation aux autres est plus directe, plus aisée aussi, mais le regard qui importe ici cherche à trouver l’autre, non dans l’extériorité de la rue, mais dans son chez-soi, dans son intimité, dans l’ouverture d’une façade vers un dedans, vers une intériorité. Les visages des inconnus sur les trottoirs sont des façades fermées ; ils sont hors de leur chez soi, jouent un rôle, affichent une apparence qu’exige la pression sociale.
D’une façade à l’autre, il est possible de combler la distance qui sépare, de tendre un fil qui assure le lien, « Tendu mon linge, lancer ma corde, aux regards taiseux des immeubles » Tendre son linge, c’est indiquer suffisamment que l’on se met à nu dans la relation, dans son intimité débarrassée de ses habits sociaux, d’un chez soi à l’autre, d’une intimité à l’autre. Alors que dans la rue, dans l’apparente proximité des humains, dans les contacts physiques, jusqu’aux heurts et bousculades, la distance semble difficilement franchissable.
Le printemps des façades n’est pas un authentique paradis, « Combien de temps allons-nous encore supporter ce paradis ? » Insupportable paradis. Paradis infernal.

L’été permet des « fulgurances » à travers l’océan végétal qui masque les façades. Quand le vent secoue les branches des arbres, une femme peut être furtivement entrevue dans l’embrasure d’une fenêtre. Une femme, un « amour », des « amours anonymes ».
« Le vite aperçu nourrit les longs rêves. » La femme entrevue gagne une dimension d’imaginaire, son apparence « intermittente » s’enrichit du rêve, son manque de présence est comblé par les fantasmes qui se projettent sur elle, déterminés par le désir.
L’été est ce qui a été, brièvement derrière une fenêtre par temps de grand vent, et qui perpétue son être dans l’esprit rêveur.

A l’automne, « Le béton retrouve ses visages » quand le feuillage disparait.
Tombent les feuilles, ressortent les visages aux ouvertures des façades. A l’automne, le béton reprend vie quand meurt la végétation. En octobre, les immeubles reprennent corps.

« Quelle joie ! » quand octobre revient, mais aussi quelle déception ! Le retour à la transparence du regard n’est pas un retour dans le passé ; le cycle des saisons n’est pas un retour au même. Le temps a passé, la façade en automne puis en hiver ne ressemblent plus à la façade du dernier automne, du dernier hiver. L’automne revient, mais ce n’est pas le même automne, et la façade revient au regard, mais ce n’est plus la même façade.
« Tiens, cette fenêtre à guillotine maintenant inerte ! », la fenêtre à guillotine a décapité la vie passée. Le temps s’écoule et charrie la mort. « La vieille femme nous a quitté en plein été. » Ce n’est pas l’automne qui est saison de mort, mais l’été, mais le mouvement du temps d’une saison à l’autre.

Devant un tel constat de la perte irrémédiable de l’hiver précédent, si lumineux, si limpide, si prometteur, « Alors on voudrait que le printemps revienne », le « triste » printemps, et que la végétation masque la « détresse », l’irréparable outrage des saisons.
Le temps de ce qui se montre est aussi le temps de la montre.

Le texte se situait dans l’éternel retour des saisons, dans son cycle immuable projeté sur les façades des êtres, il va se poursuivre désormais dans l’événementiel, dans l’acte singulier qui cherche à échapper à la répétition saisonnière, au « renouvellement des saisons fatigant, qu’il faut ignorer. »
« Le lendemain je me sauvai pour m’enquérir d’une cabane,
un tipi, une yourte, une roulotte… » L’événement singulier réside dans la tentative de changer d’habitat, et par là de se changer soi ; changer d’habitat pour être autre, parce que « L’habitat façonne l’habitant. »
Paradoxe : Changer pour échapper au changement des saisons ; changer de demeure, parce que rien ne demeure.
L’horloge se fait hors loge, hors logis stable, rupture de sédentarité.
Choisir une « barque » pour demeurer, dans une demeure qui est mouvement au fil de l’eau, dans l’écoulement du temps.
Plus d’illusion d’une demeure, non, mais le mouvement, le flottement, « Une barque… flottante. »
Flottante et « sans cloison ». Plus de murs, de fermeture, d’enfermement, une totale ouverture. L’habitat de la barque ne peut que façonner son habitant dans le sens d’un être totalement ouvert et flottant, totalement extraverti, mais ouvert sur le monde naturel plutôt que sur autrui, une ouverture qui n’en est pas moins une solitude, « Avec pour voisin les libellules, les rats d’eau, la clarté sans limite du marais. » Un nomadisme sans façades sédentaires. Une fuite en avant dans l’espace pour conjurer la fuite du temps.

Mais la barque n’est plus qu’errance jusqu’au dernier jour, et le texte se termine par l’errance de l’imaginaire.
Ce que seront « mes dernières planches » :
quatre planches de la demeure finale, d’une mort qui ferme à tout regard, sans façade ;
planches d’une scène finale, où l’on s’expose une dernière fois au regard d’autrui, dans un dernier « spectacle de soi ».
Scène finale d’une restitution de paroles.
Ce que serait une ville à construire :
Une ville, renouveau des relations à autrui, serait sans attente
Sans attente, parce que sans désir.
De paraître, ou de l’apparition d’autrui.
« Plus rien à séduire enfin. » Plus à plaire dans le paraître, plus à ravir dans l’apparition d’un être.
Etre enfin sans paraître. Sans faire voir, sans faire valoir. Sans montre. Sans heure. Sans saison.
Un monde sans spectacle.
Une mort.

Un désir de communication authentique est ainsi exprimé dans ce beau texte, avec ses réalisations manquées, ses difficultés, dans une sensibilité douloureuse au temps qui passe.


Louis

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Message  humpf Sam 11 Mai 2013 - 9:20

Ce n'est pas trop mon genre de prose, le quotidien, le déroulement facile et prévisible des saisons, mais je dois avouer que j'ai lu ce texte jusqu'au bout, sans me dire "quand est-ce que c'est fini ?". C'est donc que ce texte peut tenir en haleine, malgré la longueur.

Pour ce qui est des images, je dirais qu'elles ont bien un lien entre elles, qu'elles s'enchâinent bien, sauf pour le passage de la femme sur les planches qui roucoule des histoires de grand-mère...

Je trouve que ce texte est bon, plus particulièrement la première partie, avant l'arrivée de l'été, parce qu'à ce moment là ca devient presque ridicule, jusqu'à l'automne qui me semble réussi. Je ne dirais rien quant aux mots que je n'ai pas compris, puisque c'est un peu de la mauvaise volonté de ma part, ni rien pour "les feuilles frétillent"... Bon en fait si je le dis : frétiller, ce verbe me donne l'image d'un poisson encore vivant qui sautent sur la poele... (C'est subjectif)

Voilà, j'espère avoir été suffisamment objectif
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Message  Invité Sam 11 Mai 2013 - 12:08

Anne Veillac a écrit:Si... si... il y a du lien dans ce texte.
Ce n'est pas vraiment un récit, il se lit un peu comme un poème, mais j'ai suivi le narrateur et je l'ai compris. Pour moi, ce texte est fluide, il se lit facilement.
Désolé, je ne suis pas très finaud. Je crois me souvenir que j’ai eu mon certificat d’étude ric-rac. (étude au singulier, je ne sais plus quelle matière, mais certainement pas le français… Radiateur peut-être ?). En option il n’y avait pas « devinettes » :-)). Mais bon, l’analyse de Louis éclaire le propos. J’étais passé complètement à côté d’autant que je suis resté à la saison 1 (il y en a 4, je crois, dans une année ?).

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Message  Anne Veillac Dim 12 Mai 2013 - 10:45

luluberlu a écrit:Désolé, je ne suis pas très finaud. Je crois me souvenir que j’ai eu mon certificat d’étude ric-rac. (étude au singulier, je ne sais plus quelle matière, mais certainement pas le français… Radiateur peut-être ?). En option il n’y avait pas « devinettes » :-)). Mais bon, l’analyse de Louis éclaire le propos. J’étais passé complètement à côté d’autant que je suis resté à la saison 1 (il y en a 4, je crois, dans une année ?).

Mon propos n'était pas une critique de ta critique. :-) Je trouve, qu'au contraire, il faut l'écrire à l'auteur quand on ne rentre pas dans son texte, on est là pour faire avancer l'écriture des uns et des autres, pas pour se passer de la pommade. Je voulais juste dire à l'auteur que moi je l'ai lu autrement.
Mais, je suis comme toi, je ne suis pas très finaude non plus. Il arrive souvent qu'un texte ait des louanges et que moi je n'y comprends rien du tout.
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Message  Invité Dim 12 Mai 2013 - 12:15

Anne Veillac a écrit:
luluberlu a écrit:Mon propos n'était pas une critique de ta critique. :-) Je trouve, qu'au contraire, il faut l'écrire à l'auteur quand on ne rentre pas dans son texte, on est là pour faire avancer l'écriture des uns et des autres, pas pour se passer de la pommade. Je voulais juste dire à l'auteur que moi je l'ai lu autrement.
Euh ! désolé, il s’agissait juste d’une « joke ». Je ne m’étais en aucune façon formalisé et je dis toujours ce que je pense (je sais, ce n’est pas bien). Pour la pommade, c’est ennuyeux, je n’ai jamais eu de stock :-).

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Message  Invité Mar 14 Mai 2013 - 9:21

J'ai souvent du mal à entrer dans vos textes mais celui-ci m'a énormément plu, il m'a donné à contempler ou bien à imaginer, je l'ai trouvé très poétique et je l'ai appréhendé comme un cadre pictural au double jeu intérieur/extérieur. J'ai pensé aux vues intérieures de certaines toiles de Vermeer et à "fenêtre sur cour" pour le côté voyeuriste et presque pulsionnel. C'est très subtil et habile d'y avoir mêlé la transformation végétale et les changements de saisons et comme le dit Easter on peut trouver à ce texte de multiples interprétations. Je vais adorer le relire alors non, certainement pas poubelle !

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Message  Anne Veillac Mar 14 Mai 2013 - 9:59

luluberlu a écrit: Euh ! désolé, il s’agissait juste d’une « joke ». Je ne m’étais en aucune façon formalisé et je dis toujours ce que je pense (je sais, ce n’est pas bien). Pour la pommade, c’est ennuyeux, je n’ai jamais eu de stock :-).

:-)
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Message  Invité Dim 19 Mai 2013 - 15:43

.....J’ai adoré ce texte, qui déploie par intermittences, passages, furtivités, le vœu d’une sincérité possible. La fenêtre, c’est — pour moi — cette frontière perméable entre l’observateur et l’observé, entre le sujet et l’objet, entre soi et l’autre, cette ligne de démarcation qui seule permet paradoxalement le lien entier, véritable, débarrassé. Le voyeurisme est ici salvateur : il permet de voir l’autre tel qu’il est. Car on ne joue pas lorsqu’on ne se sait pas observé, lorsqu’on est seul, lorsqu’on est surpris — « Je est un autre » bien sûr, mais parfois la conscience de soi se dilue dans le quotidien, l’automatique, dans ces petits gestes de l’ordinaire qui valent pour eux-mêmes. Le regard ignoré contre le regard posé donc pesant. On devient transparent, on n’offre plus son spectacle, sa représentation ou sa dramaturgie, il n’y a plus de pression sociale, plus de vêtements, plus de besoin de séduire, plus de honte (d’irrecevable). Le paradis s’éteint avec les illusions (les jeux, les masques, les cachettes). Son extinction fait s’allumer la nudité du jour, des choses, des êtres. La transparence désamorce par nature les fonctions oniriques du paraître. Le vrai rêve contient le cauchemar, le vrai rêve est un dévoilement, un dévoilement total, donc qui laisse apparaître autant les faiblesses que les forces, les laideurs que les beautés, les malheurs que les bonheurs. La transparence n’est ni bonne ni mauvaise puisqu’elle est absolue — « sans cloison », sans détours, dualités, perversités, faussetés — et donc impeccable — « sans cruauté », sans péchés, jugements, axiologies. Puisqu’elle n’occulte rien, la transparence peut être douloureuse, et parfois, quand elle laisse voir la part de noirceur dans l’intimité, on aimerait revenir sur ses pas et remplacer à nouveau l’entièreté par les illusions, la nudité par le théâtre du printemps (« Que les bourgeons masquent la détresse »). Si on trouve cette analogie entre l’opacité végétale et humaine (parure des arbres, vêtements de l’homme), c’est que « l’habitant façonne l’habitat », qu’il y a un déterminisme du lieu et du climat ; les saisons, comme l’autre qui nous regarde, doivent être ignorées, simplement vécues. Tout est altérité, rien n’est même, mais rien ne doit nous altérer. « Ne plus rien vouloir » c’est ne plus juger, ne plus s’imaginer un rôle pour être déçu ensuite, ne plus comprendre, « ne plus attendre » l’autre à la mesure de nos exigences et des siennes (l’exigence est intrinsèquement un préconçu). Le risque, c’est de tuer la réalité en la déshabillant : tout doit être entier (rien ne doit nous altérer), mais tout ne doit pas se désenchanter (si séduire revient à tromper, à mettre en scène, il faut encore pouvoir plaire). Naître ou être neuf, c’est mourir.

« […] si nous pénétrons l'objet, nous le libérons mais nous le détruisons ; et si nous lui laissons son poids, nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié. » Barthes

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Message  Invité Dim 19 Mai 2013 - 15:45

Pardon, je vous ai mal cité : « l'habitat façonne l'habitant », et non l'inverse.

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Message  Lizzie Lun 20 Mai 2013 - 6:47

J'ai lu et je n'avais pas laissé de trace de mon passage, mais enfin, c'était un tort, une paresse mal placée. J'ai lu ce texte comme l'errance d'un déraciné, de celui qui est au-dehors, toujours de l'autre côté, celui qui voit mais jamais ne vit, le spectateur des petites et grandes existences, celles qu'on aimerait tant partager, même dans leur banalité.
Un texte triste, selon moi, bien évidemment.
Sur la forme, le milieu m'a semblé un peu long, étiré comme pour remplir de façon équitable les saisons, dommage.
Le jeu des arbres et des feuilles devant les fenêtres est une très jolie idée, et puis m'éloigne des tableaux trop nets de fenêtres de Hopper.
La deuxième partie développe un thème légèrement différent, j'adhère peut-être moins, mais la toute dernière phrase est belle dans son renoncement qui sonne, malgré le "enfin", comme un regret. Merci !

Lizzie

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