Mon amour

[Frédéric Prunier]

.........mon amour


les dieux sont écarlates

dans la nouvelle usine
de chrysalide sourde

en grande armée s’ébranlent
pilonnent nous martèlent
laminent nos désirs

les dieux sont écarlates
au creuset de la forge

sous leurs masques d’aveugle
ils soudent de brûlures
des balafres de blessures
charpentes dans nos chairs
et collent ainsi le fer

les dieux sont écarlates

à durcir
fabriquer du plaisir
en grande armée s’ébranlent
comme naguère ce forgeron

nous trempait dans un seau.

[So-Back]

qui du Dieu ou de la muse ( en l'occurrence l'eau écarlate)
lavera les pêchés des mortels que nous sommes


l'usine de chrysalide ( après le printemps les ouvriers sont mieux payés , cool)

et la grande armée s'ébranlent , çà change, des militaires qui se branlent

mais l'amour lui demeure, l'éternel toujours

[Sahkti]

les dieux sont écarlates
au creuset de la forge
(...)en grande armée s’ébranlent
comme naguère ce forgeron
nous trempait dans un seau.

J'aime tout particulièrement ces vers, que je trouve puissants et subtilement évocateurs.

[Yoni Wolf]

"Les dieux sont écarlates"


La formule est belle, la répétition est nécessaire, des dieux de braise pour des hommes durçis. La métaphore, parfaitement filée, nourrit le poème et lui donne de l'épaisseur.
C'est bien.

[Annie]

C'est magnifique.
J'admire tout spécialement la fusion des thèmes: je vois à la fois les dieux antiques et les coulées de fonte des aciéries lorraines.


Des bémols, mais tout petits : il me semble que le premier vers ".........mon amour" est superflu
et j'ai un peu de mal avec la construction grammaticale de cette strophe
"ils soudent de brûlures
des balafres de blessures
charpentes dans nos chairs
et collent ainsi le fer"
des balafres / de balafres ?
charpentes / charpentent ?
dans le dernier vers il y a 2 mots "vides" et collent ainsi, ça le raplatit.

[Frédéric Prunier]

merci à vous,

Annie,
en écrivant le titre mon amour,
je voulais dérouler une autre piste pour lire ce texte

... l'acte d'amour, le sexe de l'homme ... au creuset de la forge
jusqu'au seau d'eau jeté par les adorateurs du divin aux amants, comme on le fait pour séparer les chiens

(de cette façon, c.à.d. le texte parsemé d'images de fusion des corps,
j'ai regardé une boursouflure de soudure
un peu crûment
comme une blessure dans la chair,
la déchirure, la symbolique blessure de la femme, l'intrusion, le viol ???...etc.... )


ils soudent de brûlures
des balafres de blessures
(des) charpentes dans nos chairs
et collent ainsi le fer

[Annie]

Je n'y ai pas du tout pensé.... Mais bien sûr c'est ça aussi.

Un livre que je me promets de lire : Les bas-fonds de l'Antiquité de Catherine Salles (c'est sérieux!)

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