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Où est ce terne western ?

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à tchaoum
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Message  à tchaoum Sam 5 Jan 2008 - 8:24

Euh j'vous préviens, c'est un peu long (Cassidy)


Prière du joueur : « Seigneur, faites que j'ai assez de jeu pour ne pas être obligé de tricher. » variante de la célèbre prière du pêcheur Irlandais : « Seigneur, faites que je prenne un poisson assez gros pour ne pas avoir à mentir quand je le raconterai au pub. »



« La scène représente un désert... »
Dans certains coins du Nouveau Mexique, on se demande bien pourquoi on est venu là, c'est aussi aride qu'une carte d'état major. L'homme en noir qui dirige le pas de son cheval dans cette étendue de caillasses et de cactus doit avoir une bonne raison pour y tenir le rôle de la crotte de mouche sur l'écran. Les sabots glissent sur la pierraille, les fers esquintés font claquer de mauvaises étincelles.
Un rattle-snake dérangé dans sa sieste se dresse teigneux entre les pattes du cheval effrayé, qui désarçonne son cavalier dont la tête frappe sèchement sur l'arête d'une pierre.
Il est mort et l'histoire s'arrêterait là ?
Il vaut mieux que le cavalier dégaine à la Roy Rogers sur son cheval cabré, et d'un tir d'une précision peu commune en dehors des westerns, fasse éclater la tête du crotale.
Histoire de souffler un peu et de laisser le temps de se calmer à sa monture qui n'aime pas non plus les coups de revolver, il allume un feu d'épineux, ou de ces buissons en boule qui traversent le champ pour faire monter le suspens, il y jette le serpent qu'il a pelé et dont il a prélevé le hochet de queue et quelques minutes plus tard, en se brûlant les doigts, il le mange avec d'autant plus de satisfaction qu'il a premièrement grand faim et qu'ensuite c'est très bon. Puis comme le soir ne va pas tarder, il disperse son feu moribond à coups de bottes, plus par réflexe que par précaution, et repart vers une ville à l'existence incertaine. La ville existe bel et bien, mais tout le monde ne le sait pas. Ce qui n'était au début qu'une poignée de cabanes pour des courageux ou des fous décidés à se satisfaire d'une terre misérable dont selon toute logique personne ne viendrait leur contester la propriété, est devenu la planque idéale pour tous les mal-à-l'aise du coin... Puis on est venu s'y planquer de plus loin et enfin, on n'y vient même plus pour se planquer, mais pour passer un bon moment entre gens peu scrupuleux. On y vient du Texas, du Colorado, de l'Arizona et de l'état de Chihuahua pour claquer l'argent d'un pillage de banque, de train, d'une razzia chez des fermiers ou les économies d'un convoi de colons trop naïfs. Le saloon et l'hôtel sont deux des endroits les plus prospères de tout l'état sans que le gouverneur n'en ait la moindre idée. Le saloon fait un peu hôtel, l'hôtel fait un peu saloon et tous les deux font bordel vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
C'est là qu'arrive à la nuit tombée le cavalier du début, et pour la première fois on le voit de face, au moment où il entre dans l'hôtel. Il frappe ses interminables jambes avec son chapeau et on ne sait pas bien si c'est pour enlever la poussière du chapeau ou du pantalon... Puis il dénoue le foulard qui lui a évité de manger autant de poussière que son pantalon et son chapeau et celui qui n'était qu'un simple nouveau venu focalise tous les regards :
Un prêcheur !
On ne voit plus que le col blanc dans le strict costume sale. Moins gras que Robert Mitchum, moins poupin que James Stewart, moins enfant de choeur que Gary Cooper, il nous dit tout de même quelque chose, on y regarde mieux et tac, ça y est, je le tiens, c'est Clint Eastwood ! Oui, c'est exactement lui ! Comme il s'avance vers la réception suivi par la dizaine de paires d'yeux présentes, le patron sort un fusil à canons sciés de sous son comptoir et, tirant deux coups en même temps d'une mitraille ravageuse, sectionne le prêcheur à hauteur de ceinture. La surprise s'inscrit une seconde et s'efface lentement dans le regard de Clint Eastwood pendant que sa moitié supérieure bascule et que le patron grogne :
« Sortez moi les deux morceaux de cette saloperie, on n'a pas besoin de ça ici à nous dire ce qui s'fait et ce qui s'fait pas ! » Puis contournant son comptoir, il crache sur le haut et sur le bas, pas de jaloux chez les deux moitiés du prêcheur mort.
Et ça se termine là mais ça fait encore un peu court comme histoire.
Ou alors le patron est aussi surpris que les clients présents à ce moment dans le hall de l'hôtel, il n'a pas le réflexe de sortir son fusil parce qu'il se demande qui est ce grand type à l'air familier, et qu'est ce qu'il peut bien venir foutre dans un endroit pareil. Bien qu'il ne s'intéresse qu'à l'argent et au présent ou au futur immédiat -ce qui lui a permis de réussir dans ce patelin- à la vue d'un prêtre, il se souvient des tours de con qu'il faisait pendant le sermon avec ses cousins et une espèce de respect de l'habit et de la fonction revient à la surface, qui n'avait jamais eu l'occasion de s'exprimer depuis des années. Ces années lui sautent aux yeux par l'intérieur comme des larmes, trente-cinq ans, plus, facile quarante-cinq, ouais ! Il sourit béatement attendri par ce flash de son enfance mais la surprise passée, le sourire se fait sardonique :
« Putain mon père, qu'est ce que vous venez foutre dans le secteur ? »
« Je cherche une chambre mon fils. »
Tout le monde se marre !
« Sortez moi ce guignol ! »
Le prêtre, empoigné par deux colosses, effectue un vol plané de quatre mètres et atterrit trois marches plus bas, renouant avec la poussière. A cette occasion, on peut remarquer que dans les films, quand un ivrogne se fait sortir d'un saloon, son premier réflexe est toujours de se relever pour y retourner. Comme si la chute était anodine alors qu'on peut se tuer en tombant d'une chaise ! Le prêtre pourrait très bien se briser les vertèbres et l'histoire serait de nouveau terminée. Coup de chance, non, on ne le jette pas brutalement dans la rue.
Tout le monde se marre et le patron dit :
« Une chambre ? Pas ici mon père ! Mon établissement n'est pas un établissement respectable et je n'ai aucune envie que vous me changiez ça ! »
Intraitable mais bon prince, le patron conseille au pasteur de se loger chez l'habitant ; quelques uns des « indigènes » subissent l'occupation des « touristes » avec fatalisme. Recevoir sous son toit un homme d'église sera une bénédiction pour un hôte habitué à héberger des visiteurs plus remuants.
Le prêtre fait alors connaissance d'un échantillon du peu d'habitants honnêtes du village. Des malheureux qui n'ont aucune solution de repli et qui vivent dans la crainte de représailles s'ils manifestent leur réprobation. Ils sont « assignés à résidence », aucun d'eux n'a pu quitter le village depuis que son usage s'est transformé. L'arrivée du pasteur leur est un grand réconfort. Pas longtemps. Après avoir passé comme un baume quelques bonnes paroles sur la détresse de son hôtesse, une petite vieille dont le mari a été tué dès le premier arrivage de truands, il monte se coucher avec une lampe à pétrole, ce qui ne l'empêche pas de se cogner le front dans l'escalier qui n'a jamais été prévu pour quelqu'un de sa stature. Il entre dans une chambre comportant un lit de cuivre, une table avec cuvette et broc, une chaise et un crucifix. « Pauvre mais propre » lui fait remarquer la vieille.
Ici, on a le choix, le pasteur s'affale à plat ventre sur le lit et ronfle dans la minute qui suit, ou il adresse un petit sourire narquois au crucifix quand l'hôtesse a refermé la porte derrière elle, puis s'affale à plat ventre sur le lit et ronfle dans la minute qui suit. On peut aussi envisager qu'il s'affale à plat ventre sur le lit et ronfle dans la minute qui suit seulement après s'être agenouillé pour dire quelques prières.
Mais l'épisode dans le hall de l'hôtel a fait le tour du village. Après un conciliabule entre patrons d'hôtel et de saloon, associés, employés et habitués, la décision est prise, on ne veut pas du prêcheur ici. On n'y tolère pas de shérif, c'est pas pour se laisser emmerder par un prédicateur, qu'est ce qu'il croit ? Pendant que le prêcheur ronfle, on converge vers chez la brave femme qui vient de se mettre au lit après avoir remercié le Seigneur de bénir sa maison en lui envoyant cet invité. Elle est traînée dans la rue sans ménagement. Des silhouettes fantomatiques se découpent et dansent dans la lumière des torches, on arrose la maison d''alcool, on y jette un brûlot. Le prêcheur se réveille, d'un pas il est à la fenêtre, mais une grêle de plomb lui interdit la sortie. La bicoque en vieux bois met moins de temps à brûler que le prêcheur à s'endormir. Le feu ronfle aussi. Il excite toujours, il amuse la foule, puis il faiblit, puis il s'éteint en même temps que la rumeur, les cris de joie et les coups de revolvers. Au matin, la vieille, prostrée devant le tas de cendres fumantes, se répète en boucle qu'elle venait tout juste de remercier le Seigneur d'avoir béni sa maison et les passants saluent la mémoire du prêcheur éphémère d'un amen aussi narquois que son sourire au crucifix.
THE END
Et puis non, c'est un peu trop dur.
On ne fout pas le feu à la baraque de la vieille.
On ne sait pas pourquoi, chez les fripouilles, il y a toujours une frontière entre le bien et le mal, qui ressemble à une manifestation de superstition. Il y a des choses qui ne se font pas, tuer un homme d'église, par exemple, ça c'est vraiment mal. Tuer un gosse à la rigueur, oui, mais un curé, ces gens là touchent au mystère, et on ne tire pas sur le mystère.
Sans doute l'intuition de la justice immanente avec la peur qu'elle inspire sont-elles dans le kit humain au départ. Bien sur, il y a les chiens fous, les mal programmés, les incomplets, mais ceux là, ils agissent tout seul, pas en foule. Ils font peur même à leurs collègues criminels.
Le matin suivant, le prêcheur a un mal de reins terrible, ça faisait tellement de nuits qu'il n'avait pas dormi dans un lit qu'il en a la colonne vertébrale toute endolorie, ce qui le fout de mauvais poil. Il prend le temps de retrouver la sérénité de sa fonction en faisant quelques mouvements d'assouplissement, puis descend reprendre sa conversation avec la vieille. Conversation, entendons-nous, il écoute, « faisant la chattemite », les jérémiades de la veuve qui, comme il n'en espérait pas moins, lui propose du linge de corps frais, les sous vêtements de feu son mari, qui n'était pas aussi grand que vous mon père, mais un honnête homme, dur à l'ouvrage et pieux, qui n'a jamais blasphémé de sa vie ni bu une goutte d'alcool. Pour les chaussettes, c'était pas du luxe et le prêcheur remonte même faire un brin de toilette avant de les enfiler. Des ulcérations naissantes lui signalent qu'il était temps, il rend grâce à Dieu d'avoir pourvu à son besoin. Il regarde autour de lui, cherche un endroit pour se débarrasser de ses chaussettes sales. Elles sont innommables et il ne peut pas les laisser dans la chambre. Un peu écoeuré, il les glisse dans sa poche. Pieds propres dans de la laine propre, c'est d'un pas confiant qu'il arpente la rue principale, la seule, jusqu'à la sortie sud, où se trouve l'édifice qui jadis tous les dimanches recevait la population entière (le village a compté jusqu'à quarante-deux personnes considérées comme globalement honnêtes avant de devenir la villégiature de la racaille des deux côtés de la frontière) ; un temple improvisé où à tour de rôle, les mâles adultes de chaque famille venaient louer le créateur et le remercier de leur avoir accordé ce coin de l'éden dont même les indiens ne voulaient pas.
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Message  à tchaoum Sam 5 Jan 2008 - 8:25

Il enjambe quelques joyeux fêtards qui dorment à l'endroit où leur énergie les a quittés dans des positions rigolotes, et un cadavre sur le front duquel on a fixé un brelan de valets avec des clous de charpentier. Le temple est encore debout quoiqu'en piteux état. La porte bat au vent poussiéreux qui vient du désert, des poules se sont installées dans la charrette qui a dû servir de corbillard, à travers les planches disjointes du toit filtre une lumière qui compense l'obscurcissement des fenêtres par les toiles d'araignées. Un chien à trois pattes continue à faire comme chez lui. Il a ouvert un oeil pour jauger le nouvel arrivant et se rendort rassuré.
Il a tort, le pasteur lui allonge un méchant coup de botte : il prend possession des lieux. La première grande douleur passée, le chien dérape sur la terre battue pour mettre de la distance entre lui et le dingue, gémit et boitille jusqu'à la rue en regardant craintivement vers l'arrière, la queue collée au ventre et l'échine voûtée. Il a survécu aux exercices de tir nocturnes des poivrots sortant du saloon et ne s'attendait pas à un pareil coup du sort. Il s'adresse au dieu des chiens et lui dit « Seigneur quoi merde, j'ai rien fait ». Le dieu des chiens se dit « c'est vrai quoi merde, il a rien fait », et le prêcheur qui, un temps, a eu l'envie de shooter le chien pour lui montrer qui était le nouvel occupant, le pousse simplement du pied pour passer entre la charrette et la cloison et continuer son tour du propriétaire. On fait l'impasse sur l'éventualité où le chien, qui n'est pas fin et n'aime pas être réveillé, lui gnaquerait rageusement la jambe au passage. Clint Eastwood pose une main sur la cloison pour en tester la solidité pendant que de l'autre il sort les chaussettes de sa poche. Il les laisse tomber derrière les restes d'un banc. Le chien s'éloigne de deux mètres et se demande s'il ne serait pas plus raisonnable de se mettre tout de suite en chasse d'un nouveau gîte, rester dans ces conditions n'est peut-être pas la meilleure alternative.
Le pasteur sort, fait quelques pas, se retourne et pose ses poings sur ses hanches pour jauger encore à distance : il y a du travail ! Pour remettre le temple en état il va falloir de l'argent. Il est temps qu'il songe au denier du culte.
Il remonte la rue jusque chez sa logeuse qui lui sert un deuxième café accompagné d'une tranche de lard, rance mais large comme la main, de quoi tenir la journée. Elle l'informe qu'il ne peut guère compter sur les villageois, qui n'ont déjà pas que quoi vivre. Même si les pauvres sont plus portés à partager que les riches, quand il les aura tous sollicités, ça ne lui fera toujours pas de quoi s'acheter une poutre. Tondre les brebis n'est pas vraiment l'idée du pasteur, s'il faut des sous, autant aller les chercher où ils sont. Le saloon et l'hôtel.
Les deux bâtisses se jouxtent et on circule de l'une à l'autre aussi bien par le trottoir de planches extérieur que par une passerelle couverte au premier étage, enjambant une ruelle où sortent pisser et vomir les clients des deux établissements. Le prêcheur connaissant déjà l'hôtel, l'attrait du neuf le pousse vers le saloon. Il entre et dans le silence qui se fait sur son passage -non pas un silence respectueux, mais la suspension momentanée des activités pour cause de surprise- il marche vers le zinc et demande un verre du raide local qui ressemble à du mezcal. Les alcools « importés » ne sont pas dans ses prix. C'est plus à Mitchum qu'il fait penser quand, profitant du calme relatif que son intrusion a causé, il se tourne vers la salle pour s'adresser à toute l'assemblée.
« Mes frères, aucun endroit au monde n'est oublié du Seigneur, qui a guidé mes pas jusqu'à vous. Je viens donner à cette ville ce qui lui manque, un lieu ou chacun puisse se repentir de ses pêchers et en recevoir l'absolution. Un lieu où vous arriverez l'âme noircie de toutes vos fautes, où je la lessiverai à la parole de Dieu. Un lieu d'où vous repartirez soulagés du poids de vos ignominies, pour reprendre une vie plus en accord avec les préceptes de l'église. Et vous irez vous faire pendre ailleurs si je n'arrive pas à extirper des plus misérables d'entre vous les racines par lesquelles le malin vous souffle vos forfaits. »
Dans le fond de la salle une voix proteste :
« Je l'avais dit qu'il fallait s'en occuper cette nuit ! On foutait le feu à chez la vieille et c'était réglé! »
Mais il semble que beaucoup soient intéressés par la suite :
« Ta gueule, kid, laisse le finir, qu'on s'amuse ! »
« Ouais ! Ouais ! Vas-y prêcheur, crache un peu tout ce que tu as dans la tête, comment tu vois les choses. »
« Mes frères, c'est avec votre aide que je veux rouvrir le temple sans lequel un village ne se distingue pas d'un campement de sauvages. »
On remarque au passage que même chez un homme de Dieu à l'époque, il existe les élus blancs et les autres. Un peu comme chez les Cheyennes qui divisent l'humanité en deux, eux les « êtres humains » contre le reste du monde ! Y a pas à dire, c'est un réflexe bien partagé.
« Mais pour l'ouvrir, ce temple dont vous avez tous si fortement besoin, il me faut d'abord le rendre plus accueillant. Comment Dieu pourrait-il venir écouter vos prières dans un taudis ? Pour le restaurer, mes frères, j'ai besoin de vos dons, pour acheter du bois, des clous et peut-être qu'une couche de peinture ne déplairait pas au Seigneur. »
Mitchum enlève son chapeau et, le tenant comme une sébile, continue :
« C'est pourquoi mes frères, je vais passer parmi vous afin de recevoir vos oboles. Soyez généreux et Dieu saura s'en souvenir. Cet argent consacré au culte sera votre premier geste de Rédemption. Ni Dieu ni moi ne voulons savoir comment vous vous l'êtes procuré, il sera, par le don que vous en ferez, lavé du sang qu'il a coûté. Ce bien mal acquis ne pèsera plus sur vous du poids du remords, en aidant le serviteur de Dieu, c'est à Dieu que vous rendez service. »
Sa tirade est suivie d'un énorme éclat de rire, on s'esclaffe, on se tape sur les cuisses, on éructe, l'opinion générale est que ce type ne doute de rien ! Jusque là, tout le monde est plutôt content de l'intermède. Une entraîneuse en maraude appuyée au comptoir, boudinée dans son corset vert acide, peau blanche et mamelle molle, se rapproche. Elle aime bien les grands mecs un peu secs. Le nez pointu et les joues piquées de deux irrésistibles fossettes, elle pense qu'elle ferait volontiers plaisir à Dieu en ne faisant pas payer son serviteur. Le propriétaire du saloon, les doigts glissés dans son gilet voyant, reprend la situation en mains.
« Pasteur, que ni Dieu ni vous ne le preniez mal, mais regardez autour de vous, vous êtes dans un tripot ! Nous avons aussi des commandements : ici personne ne donne de l'argent ! On le joue. L'argent, faut le gagner ! Après, que vous le claquiez en alcool, en femmes ou en temple, c'est votre affaire, du moment que vous respectez la règle, et la règle, c'est le jeu. Le jeu peut vous sourire, d'ailleurs, le Seigneur est-il avec vous, oui ou merde ? Et pensez à régler votre verre, la maison ne fait pas crédit. »
Hilare, il se tourne pour recevoir l'approbation de la salle qui pense comme un seul homme et si fort qu'on l'entend presque : « bien envoyé, patron ! »
Cette fois, c'est davantage Gary Cooper qui remet son chapeau, l'air un peu pensif et dépité, comme quand frappé par un coup du sort, il ne sait pas bien ce qu'il va faire. L'entraîneuse se rapproche encore, il est mignon comme ça, désemparé. Elle le couve du regard et le réchauffe de sourires qui creusent encore ses fossettes. Des sourires à réveiller l'homme dans le prêtre et le cochon dans l'homme. Mais il a d'autres problèmes à résoudre pour l'instant. Toute la salle attend sa réaction.
« C'est que mon sacerdoce n'enrichit pas celui qui l'exerce. » Il pose une pièce sur le bar. « C'est mon dernier dollar. »
« Embêtant. Remarquez, nous acceptons les lettres de créance, vous savez, des papiers grands comme ça avec écrit Wanted, une tête et des chiffres en dessous. Pas mal de joueurs en manque se font ouvrir un compte du montant de leur mise à prix... »
Derrière le bar, une galerie de portraits de joueurs malheureux témoigne du bon fonctionnement de cet étonnant système bancaire. Le prêcheur hoche négativement la tête.
« Alors c'est réglé, mon père. Ho ! Vous entendez vous autres ? Le prêcheur nous quitte déjà, il n'a pas un rond. »
« Ben comment qu'il va payer pour son ch'val ? »
C'est le maréchal ferrant qui vient de se lever. Il est roux, du format percheron et s'est spécialisé dans le maquillage des chevaux volés. Il est d'une ingéniosité incroyable pour brouiller les marquages et il adore ça, recouvrir un symbole, le transformer, il a une collection de fers à marquer absolument unique au nouveau monde. C'est un conceptuel qui s'ignore. Quand il n'a pas de travail, il fabrique des casses-têtes avec un vieux fer à cheval ou des clous. L'habileté et la précision avec laquelle ses gros doigts manipulent des pièces minuscules en font une célébrité locale.
« Hé bien, prêcheur, tout n'est pas perdu, j'apprends que vous avez un cheval ! »
À l'adresse du maréchal ferrant :
« Comment il est ce cheval ? »
« Un alezan un peu ensellé du dos, mais bien, sans marque, dans les quatre ans. Je l'ai referré, ça fait cinq dollars qu'il me doit, le prêcheur. »
« Et cet alezan, tu en tirerais combien, sans le brader ? »
« Dans les quatre-vingt-cinq, quatre-vingt-dix ? Pas moins de quatre-vingts en tous cas ! »
Là, Gary Cooper pourrait penser que ce gaillard s'y connaît et se dire qu'il s'est fait avoir puisqu'il a payé ce cheval cent dix dollars, mais non, il est surtout dépassé par les événements. L'entraîneuse s'est encore rapprochée, à le toucher. Elle le touche, de la cuisse qu'elle monte et descend le long de celle du prêcheur. Il la regarde rapidement mais elle a le temps de lire très clairement dans ses yeux que si le moment est mal choisi, l'idée est à retenir, avant d'être écartée d'une gifle par le patron agacé, qui reprend tout de suite un air débonnaire et empoigne le prêtre par le bras pour le tirer vers les tables de jeu.
« Je vous ouvre personnellement un crédit de quatre-vingts dollars, moins les fers évidemment ! »
Il a l'expression de quelqu'un qui sent déjà le cheval dans sa poche... Dans la salle, c'est proche du délire, le pasteur va devoir jouer, le pasteur va se faire niquer, le pasteur va se faire claquer sa gueule de pasteur ! Tout le monde aimerait être à la table où ça va se passer. Mais le patron se le réserve, pour lui et quelques gros joueurs de ses amis. James Stewart à l'air méfiant, il n'est pas convaincu qu'il doive jouer, mais il ne voit pas bien comment se sortir de ce guêpier. Toujours adossé au bar, il résiste à la traction qu'exerce sur son bras le patron qui l'exhorte :
« Allons, allons, mon père, le jeu est écrit dans la bible ! Les soldats jouent bien aux dés au pied de la croix, non ? Et Jésus ne leur pisse pas dessus, que je sache ?! »
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Message  à tchaoum Sam 5 Jan 2008 - 8:26

James Stewart, fataliste comme quand la situation le contraint à violer un serment qu'il s'est fait, rafle son verre et se laisse entraîner.
« Après tout, comme vous dites, Dieu est avec moi, Il sait que je travaille pour Sa gloire et la fin justifie les moyens. »
Ca y est, cette fois, il est ferré. On imagine déjà quand il aura perdu son cheval, certains se voient le raccompagner dans la rue principale, la seule, jusqu'au désert à coups de pompes dans le cul, d'autres pensent goudron et plumes, les plus méchants lui attacheraient bien une croix dans le dos comme à Burt lancaster dans Valdez et démerde-toi, l'envoyé de Dieu ! Envoyé pour nous faire fendre la gueule, oui, merci mon Dieu !
Il s'assied, pose son verre devant lui et ses mains à plat de part et d'autre sur le feutre vert comme pour en saisir les vibrations.
« Vous connaissez le poker, mon père ? »
« Je ne suis pas né pasteur ! Il faut bien connaître les démons pour pouvoir les combattre... »
Le cercle s'est formé autour de la table, un cercle compact de spectateurs au premier rang desquels l'entraîneuse continue à fondre comme du sucre. Les autres parties reprennent, celle là commence. Le prêcheur sort un petit cigare, décidément il pique tous ses plans à Clint Eastwood, c'en est presque trop ! Le patron, dont le cigare est au moins quatre fois plus gros est un peu surpris.
« Mais vous buvez et vous fumez, pasteur ? »
« Le serviteur de Dieu est un homme, et Dieu ne lui interdit pas les plaisirs des hommes, il l'engage simplement à en faire un usage modéré. Cartes ! »
À sa première main, il est assez perturbé : un brelan de valets servi. Mauvais. Il revoit le cadavre qu'il a enjambé ce matin, ce dit qu'il ne peut pas commencer aussi fort. Que d'ailleurs, c'est peut-être un piège. Il demande logiquement deux cartes mais casse son brelan en jetant deux valets. Il lui rentre le quatrième et un As. Double paire. Il est convaincu que ça gagne encore. Mais ce carré de valets au premier tour peut avoir plusieurs sens ; ou il faut faire vachement gaffe, le terrain est piégé, ou bien le Seigneur ne peut pas être plus clair, la table penche de son côté. Bien décidé à ne pas gagner cette donne, il passe, ça part en pot, parfait ! Le pot est comme un autel où celui qui dépose des offrandes est récompensé. Il tient son jeu très serré, il n'y jette que des coups d'oeil rapides pour éviter que tous les spectateurs derrière lui ne manifestent trop. Il y en a pourtant quelques uns à qui les trois valets n'ont pas échappé, aussitôt les autres joueurs interprètent leurs mines surprises ou interloquées. Pour l'un le prêcheur a fait une connerie dès le début, il est facile à battre, pour l'autre il sait ce qu'il fait et ce qu'il fait est surprenant, il faut donc s'en méfier. Chacun est déjà parti dans sa propre histoire.
Les soixante-quinze dollars en billets crasseux avancés par le patron s'amenuisent d'abord un peu, descendent jusqu'à cinquante et quelques, puis remontent, passent les cent, s'y stabilisent un moment, redescendent, repartent jusqu'à cent-quarante et continuent à ce rythme pendant deux heures. Le pécule du prêcheur progresse comme une mante religieuse.
Puis il passe à neuf cent !
Sur un pot de soixante dollars, ils sont trois à se relancer et monter jusqu'à deux cent, et le prêcheur ramasse le tout avec la double paire de valets et d'As qu'il a laissé partir au premier tour.
« Merci, Seigneur, je te reçois cinq sur cinq. »
À trois heures et demie, il a trois mille cinq cents dollars. Ça se tient, trois plaques et demie, l'image est fidèle, il se sent sur la bonne voie. On joue depuis un peu avant midi et sur les six joueurs du début, deux ont déjà laissé leur place. Un nouveau venu dans la partie a des manières trop désinvoltes. Clint Eastwood le surveille discrètement et il a la chance de le voir escamoter une carte. La chance, parce que c'était si bien fait et si furtif que si son oeil n'avait pas été posé juste là dans cette fraction de seconde, il était impossible de s'en apercevoir. Quand c'est au désinvolte de distribuer, il a les deux mains occupées. Le prêcheur lui écrase son cigare sur celle qui donne et le tire sur la table par l'autre poignet. On ne sait jamais, à plat ventre comme ça, il n'a plus accès à ses bottes, à sa ceinture, bref à tout ce qui peut se planquer sous une table. Dans un grand bruit de fauteuils qui frottent le parquet, tout le monde s'est reculé. Il extirpe de la manche du joueur non pas une mais deux cartes, des trois. L'enfoiré préparait un gros coup avec des petites cartes, celles dont on ne remarque pas l'absence sur plusieurs tours !
« C'est l'argent du temple que tu voulais t'approprier indûment, mon frère, mais puis-je encore t'appeler mon frère ? »
Le patron est d'autant plus furieux qu'il n'avait rien vu, trop occupé à surveiller le jeu du prêcheur ! Il est vexé de se faire souffler le contrôle de la partie, même un instant.
Il prend un air chagriné et sur un ton de reproche pour celui que maintenant plusieurs personnes maintiennent solidement :
« Voyons, il s'agit d'un jeu mon ami, et on ne peut pas jouer sans règles. Les règles du poker sont très simples, tu vois, d'abord il y en a un qui coupe, un qui donne, un qui blinde, un qui parle, un qui suit et ça tourne et ça monte, c'est comme une spirale qui fait venir l'argent. Ensuite tu peux tout se permettre, TOUT, mais tout à un prix, même ce que tu viens de faire. »
Le peau du tricheur ressemble à de la craie et ses yeux sont si exorbités qu'ils pourraient presque tomber sur les cartes ; le patron sort un Bowie knife de la gaine fixée sous la table et le plante dans la main valide du tricheur.
« On ne triche pas à MA table ! »
« Ni à celle du Seigneur » ajoute le pasteur avec une grimace douloureuse à voir la main mutilée.
Le tricheur s'évanouit tandis que le patron regrette d'avoir révélé la présence du couteau sous la table. Il s'en veut de s'être emporté. Il pose maintenant la question qu'il aurait du poser d'abord :
« Mon père, votre avis ? »
Mon père a beau jeu de calmer les esprits.
« La vengeance ne nous appartient pas ! Qu'il pisse le sang dans la rue me semble une pénitence suffisante, elle l'amènera peut-être à mieux peser ses actes, non ? »
Les autres joueurs voyaient ça plus sanglant, une petite pendaison ou écraser les doigts au marteau, ils sont un peu déçus, mais la lame du Bowie au travers de la main, c'est déjà pas si mal, le tricheur n'est pas près de retenir un jeu ! Le patron propose un break pour laisser passer, manger et permettre aux cartes de refroidir. Il faut aussi aux employés du temps pour changer le feutre, le cochon en a bien perdu un demi-litre sur la table. Et le pasteur a renversé la bouteille et deux verres en plongeant sur les mains du tricheur.
Il est plus à l'aise qu'au commencement de la partie, le pasteur. Il faut dire que trois mille huit cent quarante dollars dans la poche de sa veste, ça fait une jolie bosse, qui redonnerait confiance au plus démoralisé. Mais la partie n'est pas finie. Jusque là, il y a eu trois gros perdants et les volontaires se bousculent, déjà ils marchandent la place du tricheur. Les joueurs, le patron le premier, regardent le prêcheur d'un autre oeil. C'est n'est plus complètement un homme d'église. Il sait tenir les cartes, c'est un joueur comme eux, et plutôt bon. Ses coups sont corrects, il ne fait pas d'esbrouffe, il sait risquer et perdre. Évidemment, c'est plus facile quand on a déjà gagné une banquette confortable, mais au moins, on peut aller le chercher. Il ne bloque pas la partie comme certains trous du cul qui ne suivent plus rien à moins d'une couleur servie quand ils ont un peu de gain d'avance. Le problème du temple s'estompe, et en même temps l'hypothétique installation durable d'un prêtre indésirable. Il n'y a plus que le poker, et on veut se frotter au nouveau. La laiteuse entraîneuse de plus en plus hardie accompagne le prêcheur dans tous ses déplacements, allant parfois même jusqu'à lui prendre le bras. Il n'a pas l'air de s'en trouver gêné, mais ça énerve le patron qui lui recolle une gifle.
« T'as pas du boulot toi ? » Et se tournant vers le prêtre :
« À moins mon père, qu'en plus de fumer et de boire, vous ne pratiquiez aussi... »
Mais Clint Eastwood le coupe :
« Le célibat n'est pas une obligation de mon ministère, et j'ai quelques fois pêché. Mais si Dieu m'apporte encore son soutient dans l'épreuve qui nous occupe, et qu'il m'est possible de me fixer ici pour votre rachat, dans les liens sacrés du mariage, je fonderai peut-être un foyer. Ne vous éloignez pas mon petit. »
« Mon petit » ronronne et tire la langue au patron. Il se venge en facturant nourriture et boissons au prix fort. Un T-bone plus tard on retourne au jeu. Au prêtre qui s'étonnait de trouver une pareille viande dans une région où l'élevage ne produit que des ossements éparpillés par les chacals, on explique que bien des clients règlent leur note d'hôtel en bétail volé. Il n'est donc pas rare qu'ils aient payé la viande dans leur assiette avec la viande dans leur assiette. Les villageois récupèrent les peaux qu'ils travaillent et dont ils tirent des chapeaux, des ceintures, des bottes, des holsters, des chaps, des gilets et des vestes qu'on leur achète pas cher, juste assez pour qu'ils puissent se payer les bas morceaux et survivre. Le maréchal ferrant prélève tout d'abord la marque des bêtes pour s'informer et compléter sa collection.
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Message  à tchaoum Sam 5 Jan 2008 - 8:28

Il est cinq heures quand le pasteur fait le tour de la table avant de se rasseoir, en passant tout du long la main sous le plateau. On n'est jamais trop prudent. Le patron qui ne peut décemment pas y replacer son couteau propose que tout le monde dépose sa quincaillerie au bar, sous bonne garde. On rechigne mais on obtempère, et dans le lot, le pasteur dépose un Colt 45 que jusque là, personne n'avait remarqué. C'était pourtant visible, sous les pans de la veste, mais on ne regardait probablement que son col de chemise !

« Un revolver, mon père ? »
Le prêcheur lance sur le comptoir la « sonnette » du crotale, qui réveille quelques phobies dans l'assistance.
« Les créatures de Dieu ne savent pas toutes distinguer son serviteur des mécréants... »
Un ange passe, quelqu'un qui peut tuer un serpent au quarante-cinq inspire toujours le respect. À neuf heures, le prêtre a un gain de sept mille dollars environ, presque toutes les autres parties ont cessé, les joueurs, grimpés sur les tables, prennent des paris sur les donnes. Comme on joue de plus en plus gros, le prêtre, qui a le bon goût de perdre de temps à autre pour que chacun ait l'impression qu'il peut encore se refaire, amasse de plus en plus, un peu avant minuit, il a quinze mille dollars, à deux heures il touche enfin le full de dames par les huit qui lui faisait des clins d'yeux depuis une quinzaine de tours. Il ne suffit jamais d'avoir du jeu, encore faut-il qu'il y ait du monde pour suivre, et là se place le miracle : il emmène dans le même tour une double paire qui n'a rien compris, deux beaux brelans qui pouvaient y croire, une suite honorable et une couleur qui se voyait imbattable. Mais à cinquante-deux cartes, merde, full bat couleur, ça ne se discute même pas ! Cinq sur huit sur cinquante-deux pour le full, contre cinq sur treize sur le jeu complet pour la couleur, on est loin du compte. Avec les doigts en râteaux, il tire vers lui les mises qui portent son gain à vingt-sept mille ! On ne peut pas ne pas penser à l'abbé Pierre à "Quitte ou double", quand Zappy Max lui pose la question qui doit le faire perdre et dont il est en fait une des seules personnes à connaître la réponse (1). Quand le Seigneur s'en mêle, le hasard ne tient pas la route.
On saute la version où, pris en flagrant délit, il subit le sort qu'on réserve aux tricheurs, parce qu'elle ne nous mène pas très loin, il meurt sur la table de jeu, terminé.
Mais là, si on continue, on peut imaginer que tous les truands témoins de ce miracle reviennent à un mode de vie plus honnête. Que l'abbé Pierre retape effectivement le temple et que tous les desperados du coin sont présents à son premier sermon, qu'ils sont là penauds à l'écouter condamner la vie qu'ils ont tous mené jusqu'à son arrivée. Dans ce cas, il y a forcément un moment où seul dans le temple délabré, après cette partie infernale et avant de commencer les travaux, Clint Eastwood lève la tête vers la lumière qui filtre entre les planches du toit et dessine de très jolis rayons dans la poussière en suspension, enlève son béret d'abbé de choc et s'adresse au créateur :
« Merci Seigneur de m'avoir aidé à accomplir ton dessein. »
Ce à quoi le Seigneur répond en faisant sortir du chien à trois pattes une voix grave, indulgente et sévère à la fois :
« Oh, je n'ai pas fait grand chose, tu t'es très bien débrouillé tout seul, j'ai juste permis qu'ils ne regardent pas où il fallait aux moments où il fallait. »
Mais là, ça n'est plus Clint Eastwood, c'est Fernandel député des Vosges. Non, c'est peu probable.
Quand le prêcheur ratisse la table, la partie a duré plus de douze heures, tous les joueurs jettent l'éponge sauf le hargneux à la double paire qui vitupère :
« On ne quitte pas une table gagnant ! Ça ne se fait pas ! On ne quitte pas une table gagnant ! On ne quitte pas une table gagnant. »
Avec un bel ensemble tout le monde lui répond « ta gueule », y compris le prêtre, qu'heureusement personne n'a entendu.
Beau joueur mais mauvaise humeur, le patron glisse quand même :
« Vous n'avez pas de quoi réparer le temple, là, mais de quoi construire une ville. Pourquoi n'iriez-vous pas faire ça un peu plus loin ? »
« Mon fils, la nuit porte conseil. Pour l'heure, obéissant au Seigneur qui semble m'avoir entendu tout à l'heure, je vais fonder un foyer si vous voulez bien me servir de témoins. »
Et devant la faune du saloon ébahie, il sort une bible de sa poche intérieure et improvise une cérémonie de mariage saugrenue mais assez émouvante. Il y parle de Marie Madeleine, des larrons, de tous les traînes-misère que la rencontre du Christ a illuminé. L'entraîneuse pleure, ses collègues la jalousent et la félicitent, épouser vingt-sept mille dollars sur pieds, pour une pute, c'est une aubaine. Il conclut en désamorçant les rancoeurs et les doutes :
« Si l'homme d'église prône la tempérance, le marié offre une tournée générale de ce qu'il y a de meilleur dans ce lieu de perdition ! »
Sous les vivats, il récupère son artillerie sur le comptoir et monte l'escalier qui mène aux chambres en poussant devant lui sa jeune femme qui minaude en émettant des petits cris ravis quand il lui tapote le bas du dos pour la faire avancer. En bas tout le monde se dit qu'avec un prêcheur comme ça, on doit pouvoir s'entendre.
Certains prétendent que dans la nuit, on a entendu comme une musique angélique à l'étage, mais ces témoignages sont très très sujets à caution ; ils ont été recueillis auprès de deux frères voleurs de bétail alors qu'ils hésitaient dans la ruelle, ne sachant pas très bien par quel bout se vider, la tête appuyée contre le mur du saloon. Ils s'y sont ensuite endormis.
Un peu avant l'aube le pasteur se rhabille. La femme du pasteur dort à plat ventre. Elle a encore à la taille son corset vert acide délacé, ses bottines à boutons et ses bas à résilles qui lui tire-bouchonnent sur les mollets. Ses seins écrasés contre le dessus de lit piqué débordent généreusement sous ses bras en croix. Un oreiller sous le pubis fait saillir ses fesses qui ont viré du blanc au rose. Entre rêve et réalité, elle gémit :
« Hoooo mon père, qu'est ce que vous m'avez fait ?! »
« Dors, petit renard, et n'appelle pas ton mari mon père, ça sonne trop comme un péché. »
Il l'embrasse où elle est rose et sort sans bruit par la fenêtre. Il se laisse glisser dans la rue encore obscure. Il réveille le maréchal ferrant, lui fourre dans la main une poignée de billets.
« Les soixante-quinze dollars d'avance sur la partie d'hier, plus les fers ! »
Le percheron Irlandais a les paupières lourdes. Assis sur son lit, il regarde les billets, puis le prêtre, puis encore les billets, se dit que pourquoi pas, en plus demain-tout-à-l'heure il ira gueuler au saloon qui c'est qui va lui payer le ferrage de l'alezan du prêcheur pour faire bon poids ! Il glisse les billets dans sa chemise et se recouche heureux en marmonnant « amen ».
Dans l'escalier du saloon, quelques uns se disent qu'ils savent où trouver vingt-sept mille dollars faciles et montent en essayant de ne pas faire craquer les marches pendant que le prêcheur enfourche son cheval et quitte la ville par où il est venu. Il a le même sourire que pour le crucifix et se retourne un peu sur sa selle pour dire :
"A tchao, bande de ploucs !"
Évidemment, un crotale pourrait très bien se dresser devant les pattes de son cheval.
-o-


(1) Qu'on se souvienne, en mille neuf cent je sais plus combien, l'abbé Pierre qui vient de fonder la communauté d'Emmaüs a besoin d'argent pour la faire vivre. Il participe au jeu radiophonique "quitte ou double" et gagne gros. Si gros qu'on veut le faire perdre. Pour ça l'animateur lui pose une question impossible : combien y avait-il de députés à l'assemblée nationale en 1950.. À quoi l'abbé répond "facile, nous étions exactement ..." moi je ne me souviens pas du chiffre exact, mais lui, oui, il s'en souvenait, il y était à l'époque élu des Vosges...
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Message  Sahkti Jeu 10 Jan 2008 - 16:14

la célèbre prière du pêcheur Irlandais : « Seigneur, faites que je prenne un poisson assez gros pour ne pas avoir à mentir quand je le raconterai au pub. »
Evidemment, ça, d'entrée de jeu, c'est me prendre par les sentiments :-))

J'aime comme tu as réuni tous les ingrédients du genre, comme tu as rassemblé clichés et réalités pour en faire un texte qui sonne vrai. J'avais l'impression d'avoir un vrai film sous les yeux :-)
J'aime aussi comme tu abordes le phénomène de la fin, en disant "ça pourrait mais non, tout de même..."; je me dis que ça peut être sans fin en fait, qu'on trouvera toujours de quoi relancer le film et c'est plutôt plaisant.

De manière globale, j'ai trouvé ton écriture agréable, vive, plutôt attirante et j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire. Je n'entrerai pas dans un commentaire technique, d'autres le feront peut-être, mais je préfère esquisser l'impression générale qui ressort de la lecture de ce texte: un bon moment et plein de sourires! Bravo et merci :-)

La longueur a peut-être empêché les véliens de commenter... ils passent à côté de quelque chose!
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Message  Invité Jeu 10 Jan 2008 - 16:44

Merci Sahkti ! C'est vrai que la longueur m'avait découragée, et c'est vrai que je serais passée à côté de quelque chose !

Les clichés du western agréablement revisités, une bonne parodie !

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Message  à tchaoum Jeu 10 Jan 2008 - 18:53

merci-merci-merci Sahkti et Soque, et comme dit Claire, ça me plait que ça vous ait plu.
Pour être honnête, je crois bien que ce truc là, c'est la première fois que je le fais lire. Ça fait pourtant un bon bout d'temps que ça me dormait dans le disque dur. "Je suis tombé dans l'écriture à la suite etc, etc..." et c'est de l'histoire ancienne.
Ceci dit, c'est vrai que pour un premier pas sur vos ondes, c'est un "pavé" qui peut sembler indigeste, mais je vous rassure, je suis totalement incapable de tenir une plus grande distance.

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Message  Sahkti Jeu 10 Jan 2008 - 18:56

il peut paraître indigeste vu la longueur, mais il ne l'est pas du tout!
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Message  mentor Jeu 10 Jan 2008 - 21:21

Hé bien Dame Sahkti avait raison : je me suis RÉ-GA-LÉ !!
Pas une seconde d'ennui à la lecture de 8 pages A4 écrites serré
J'ai adoré ce pastiche, surtout au début avec ces bouts de scénario changeant, et aussi la suite, cette innénarrable partie de poker menteur, c'est savoureux !
Tu as vraiment le chic du texte visuel et palpitant parsemé de petites réflexions justes et humoristiques
J'ai relevé quelques phrases qui ont fait mouche pour moi :

"un cadavre sur le front duquel on a fixé un brelan de valets avec des clous de charpentier"
"Je ne suis pas né pasteur ! Il faut bien connaître les démons pour pouvoir les combattre..."
"Il n'est donc pas rare qu'ils aient payé la viande dans leur assiette avec la viande dans leur assiette"
"Il l'embrasse où elle est rose"

Alors donc un grand bravo pour cette chouette nouvelle digne de participer à un concours.
Et tu tiens une sacrée distance tout de même ! Je suis certain que tu pourrais réitérer si tant est que tu trouves un sujet qui t'inspire !
Merci beaucoup

un iota : je crois aussi que c'est le titre qui m'a empêché de me jeter sur la lecture ! A voir

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Message  à tchaoum Ven 11 Jan 2008 - 7:13

Merci aussi Mentor
mentor a écrit:[...]partie de poker menteur,[...] je crois aussi que c'est le titre qui m'a empêché de me jeter sur la lecture ! A voir
Ben... J'avais pas de titre, je ne m'étais même jamais posé la question d'en trouver un, alors j'ai mis ce qui m'est venu au moment d'ouvrir le fil (trahissant mon penchant pour les jeux de mots en rase-motte), mais peut-être que "Poker menteur", comme tu dis, ferait l'affaire ?

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Message  ninananere Ven 11 Jan 2008 - 11:47

J'ai suivi le conseil, j'au lu et sans avoir perdu mon temps.
Ce qui m'a plu c'est les différents noms-ref. de ton prêteur... Jusqu'à l'abbé Pierre, fallait oser !
Et les différentes possibilités qui s'offrent à l'histoire.
Oui, bravo
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Message  ninananere Ven 11 Jan 2008 - 11:48

ninananere a écrit:J'ai suivi le conseil, j'au lu et sans avoir perdu mon temps.
Ce qui m'a plu c'est les différents noms-ref. de ton prêteur... Jusqu'à l'abbé Pierre, fallait oser !
Et les différentes possibilités qui s'offrent à l'histoire.
Oui, bravo

Prêcheur... :-)
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Message  Invité Ven 11 Jan 2008 - 17:57

Il y a là un équilibre dans l'écriture , au delà du format "texte à tiroirs" qui n'en est pas un. Tes bascules incessantes entre les niveaux de langages sont stupéfiants de justesse car rien ne parait "trop-ci" ou "trop-ça".
M'en vais analyser ça avec ma machine à autopsier les textes.
En tout cas Bravo.Tu as déclenché la sympathie chez moi pour ton bonhomme. ce n'était pas gagné.

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Message  Loupbleu Ven 11 Jan 2008 - 21:28

Lu, et beaucoup aimé, à divers titre !

La construction et le rythme de tes phrases, leur ingéniosité à distiller une ironie subtile est un ingrédient qui relève beaucoup le texte. C'est long mais ça se lit tout seul, sans buter, et sans ennui. Bref, il y a du style !

Je tire mon chapeau (en cuir) pour la structure et l'équilibre du tout. C'est aussi bien sûr très visuel, très "palpable", aussi très "mis en scène". Et aussi d'un certain côté une approche réellement cinématographique : tu ne crées pas de moments psychologiques, tu ne te perds ni dans le temps ni dans l'espace, ni dans l'imaginaire d'un personnage... Mais c'est bien le thème de la nouvelle !

Ce qui m'a frappé, c'est la distance que tu gardes tout du long. A la fois assez loin pour montrer le cliché, s'en moquer gentiment, mais assez près, assez dedans pour te tenir l'histoire. C'est aussi toujours assez fin pour ne pas tomber dans l'excès ou la caricature.

C'est peut-être, non pas le reproche, mais la remarque que je ferais, qui est que par moment j'ai eu presque envie que tu bascules plus d'un côté (notamment que tu laisses plus aller la part digressive - délirante). C'est aussi une suggestion, j'ai l'impression que tu aurais aussi du talent pour ce genre de traitement.

Bravo pour ce texte, que j'ai trouvé vraiment très très plaisant, que j'analyse comme étant très "solide", et qui à mon sens est bourré de qualité ! Vivement le prochain !
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Message  Sahkti Sam 12 Jan 2008 - 11:04

Je le relis et oui, j'aime :-)
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Message  à tchaoum Sam 12 Jan 2008 - 14:00

Loupbleu a écrit:Lu, et beaucoup aimé, à divers titre ![...]Vivement le prochain !
Wahoo ! merci à toi et à tous, je ronronne d'aise. Après vos très flatteurs commentaires, je ne sais pas si je vais oser sortir autre chose, de peur de décevoir...

Arielle nous confiait :
Je n'ai bien sûr pas choisi celui de mes textes que j'aimais le moins pour ce premier envoi , soyons honnêtes ;-)
Je peux en dire autant, mais c'est aussi un de ceux que j'osais le moins faire lire... Je crois que... vous êtes les premiers (à part ma soeur qui comme vous le savez, compte pour du beurre). Enfin, je vais fouiner dans de vieilles disquettes, et si j'arrive à me relire sans déplaisir...
Encore merci, j'ai failli chialer, comme quand on est soulagé d'être enfin arrivé.

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Message  Arielle Dim 13 Jan 2008 - 10:41

"Quand le Seigneur s'en mêle, le hasard ne tient pas la route."

Tu es un seigneur du genre et j'aurais vraiment regretté de ne pas croiser ta route
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Message  Mano Lun 21 Jan 2008 - 8:42

J'arrive après la bataille alors que dire ? Que je me suis régalé ? Oui, sans doute. Seule la fin était un poil trop prévisible car tu n'as pas pu renoncer à la mythologie du héros mais en même temps il en fallait bien une... en fallait-il ? Dommage de la fermer à mon avis. Garder le modèle mis en place n'aurait pas nuis à mon avis.
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Message  à tchaoum Lun 21 Jan 2008 - 17:43

Mano a écrit:J'arrive après la bataille alors que dire ?
Bah ! Grouchy c'est bien pointé en retard à OK coral...
Mano a écrit: [...]car tu n'as pas pu renoncer à la mythologie du héros[...]
Luky Luke dans le soleil couchant ?
Je n'y ai jamais réfléchi. En fait j'ai pondu ça d'une traite (il y a une quinzaine d'années) en m'amusant tout du long de manière je crois assez décomplexée, le nez dedans sans prendre jamais de recul...
Mano a écrit:Garder le modèle mis en place n'aurait pas nuis à mon avis.
En fait si j'y pense maintenant, je pense à un héros arnaqueur, escroc... qui pourrait jouer dans d'autres films.
Maintenant qu'tu l'dis :-)

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Message  Arielle Lun 21 Jan 2008 - 17:57

En fait si j'y pense maintenant, je pense à un héros arnaqueur, escroc... qui pourrait jouer dans d'autres films.
Maintenant qu'tu l'dis :-)

à tchaoum
df[/quote][/quote]

Tu me gardes un petit rôle, dis?
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Message  outretemps Dim 27 Jan 2008 - 20:43

Bonsoirà tchaoum,
Ce soir j'attaque "ton pavé". C'est d'une longueur qui à mon âge impose la mise en la position foetale. Aussi j'ai imprimé.
Je te donnerai mon avis après lecture totale et complète. J'ai eu par Ebay, un Héléna, je sais pas si tu connais, c'est ringard à fond, polard truands pigalle années soixante, je me retrouve un peu déçu page 40. Heureusement j'ai via "itou" 2 Paris Hollywood de ces années. C'est pour Brénot, grans dessinateur de pin ups. Nous fallait pas grand chose quand même pour triquer.
Putain cette "Marylin", m'a fait un retour Western d'enfer.
Je comprends qu'elle rale, Claire, à voir les croutons gloutons s'agglutiner ainsi. Bonne nuit, je zape.A+
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Message  claire Lun 28 Jan 2008 - 7:51

outretemps a écrit:Putain cette "Marylin", m'a fait un retour Western d'enfer.
Je comprends qu'elle rale, Claire, à voir les croutons gloutons s'agglutiner ainsi. Bonne nuit, je zape.A+
Et keu non, je râle pas outretemps, moi je me bidonne quand même pas mal à voir des trucs gigoter comme ça. Eh! tu mets qui dans les "croutons gloutons" ??!!!!!! les mêmes que dans les "Misfits"?
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Message  outretemps Lun 28 Jan 2008 - 9:20


Les croutons, c'est tous les vieux que je suis, les autres me paraissent bien plus frais; Je dis gloutons, (juste pour la rime) juste des "trucs" comme tu dis encore, tout juste. Mais c'est plutôt bon signe.
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Message  outretemps Lun 28 Jan 2008 - 9:26

C'étaiyt vraiment super. pour les phrases les meilleures je pense comme Mentor, mai il y en a d'autres et surtout l'esprit; l'esprit du texte et la façon que tu narres que tu conduits l' histoire fausses hésitations, vraiment construit. la franche rigolade. le "divin farceur", je verrai. mais cela jetterait la suspicion dès le debut, bien que comme il arrive déja on voit qu'il est pas blanc de blanc.
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Message  Charles Lun 28 Jan 2008 - 11:07

Bien aimé aussi ! ça se lit avec un réél plaisir et la longueur du texte (qui fait un peu peur au début :-) est bien vite oubliée. Suis un fan de ciné et je me rappelle avoir eu ma période "western", j'ai adoré toutes les références que tu glisses dans ton texte, j'ai repensé à pas mal de films ...

Assez réussi également les petites fausses pistes que tu sers au lecteur pour ne pas être trop linéaire et "classiquement" narratif.
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Message  Invité Jeu 22 Juil 2010 - 5:07

Il s'adresse au dieu des chiens et lui dit « Seigneur quoi merde, j'ai rien fait ». Le dieu des chiens se dit « c'est vrai quoi merde, il a rien fait », et le prêcheur qui, un temps, a eu l'envie de shooter le chien pour lui montrer qui était le nouvel occupant, le pousse simplement du pied pour passer entre la charrette et la cloison et continuer son tour du propriétaire.
bonne harmonie entre la comédie et la narration.

C'est du beau boulot, assurément ! Je vais l'imprimer pour le relire.
Y'a des bouquins de poche qui se baladent sur Ve.

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Message  Invité Jeu 22 Juil 2010 - 6:22

J'avais aimé à l'époque, j'aime toujours, mais quand même je relève ça : « un lieu où chacun puisse se repentir de ses pêchers ».
J'ignorais que les arboriculteurs eussent tant à se reprocher...

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Message  silene82 Jeu 22 Juil 2010 - 16:32

Justesse de ton, ironie subtile et contrôlée, je suis admiratif et emballé. Le jeu constant est jouissif, la construction se dévoile au fil de la lecture, c'est réellement réussi. Bravo !
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